Pour être honnête, le premier opus des américains ne m’avait pas immédiatement convaincu. Sur le papier, cet assemblage suspect de super pointures du prog avait tout du coup médiatique initié pour faire le buzz autour d’ex-gloires en mal d’exposition.

Mais des écoutes répétées bien après la kronike ont eu pour effet d’ébranler mon scepticisme. Bien plus encore, c’est le live (le DVD surtout) qui a définitivement éloigné mes doutes et fait apparaître au grand jour la naissance d’un véritable groupe aux ambitions proportionnelles aux qualités techniques de ses membres - qualités immenses pour ne pas dire sans limites eu égard au C.V de chacun.

Donc ce qui ne semblait être au départ qu’une formation éphémère et un album « one shot » se révèle bel et bien un projet consistant et durable. La preuve par 9 avec ce second album à l’artwork signé Hugh Syme. Certains disent avoir connu le graphiste en meilleur forme. Moi, je la trouve plutôt sympa et fraîche cette pochette. Mais bon, les goûts et les couleurs…

D’abord la surprise ! Car à l’écoute du premier titre ("Open Up Your Eyes") et comme de nombreux auditeurs d’ailleurs, j’ai cru m’être trompé et avoir glissé dans le lecteur un album de Transatlantic. Cette confusion/comparaison auditive n’est ni gratuite ni désagréable tant le mimétisme entre les 2 groupes est immédiatement perceptible sur cette ouverture de 12’. Tout rappelle en effet le style du quartet transnational. La grandiloquente ouverture au piano, le développement qui suit, l’entrée en lisse de la guitare et son chorus en guise de refrain, tout ceci évoque l’intro des « épics » de Transatlantic. Rien d’étonnant finalement quand on sait que les 2 formations se partagent les 2/5e du linup et que Neal Morse en est l’un des principaux artisans.

Voilà en tout cas une entrée en matière qui promet. Si Flying Colors premier du nom en avait déçu quelques uns par un contenu pop-rock trop marqué, Second Nature peut-il les rassurer en annonçant la couleur d’un propos majoritairement progressif ? Pas vraiment ou pas complètement ! Il semble que le melting pot soit en train de s’installer comme la marque de fabrique du groupe. Bien dosé et maîtrisé certes, il navigue entre les Beatles ("The Fury of My Love" une ballade assez moyenne tout de même), Deep Purple ("Bombs Away" 5’), Muse ("Masks Machine" 6’) pour l’aspect plus direct de l’affaire.

Quant au volet prog, comme on l’a dit plus haut Transatlantic tient la corde et S.Beard n’est pas très loin. Tout ça reste bien entendu de la même veine grâce (ou à cause) de Neal Morse bien présent à la baguette. Confirmation de tout ceci avec le titre de clôture ("Cosmic Symphony" 12’) dont le nom et la durée ne tromperont personne sur ses intentions. C’est du prog pur jus. Oui, mais ce titre est moins bon que "Open Your Eyes". Ça tient à pas grand-chose mais il se montre moins bien construit que son devancier et il manque d’envergure. On aurait souhaité un développement plus ample. En bref, il laisse un peu sur sa faim.

Fort heureusement, dans l’ensemble cette faiblesse passagère et bien excusable est compensée par des arrangements enrichis. On sent que le groupe a soigné son travail en accentuant la dimension symphonique sans négliger le rock voir le hard enlevé qui y tiennent toujours bonne place. Cependant, la pièce qui a particulièrement retenu mon intérêt se nomme "Peacefull Harbor". 7 minutes de beauté bercées par la voix enfin sincère et mature de Casey McPherson et surtout par les arpèges cristallins de Steve Morse. Un pur joyau !

Il ressort de tout ceci que tous les musiciens semblent avoir trouvé leur juste place sans trop en rajouter. Chacune de leurs interventions se fait dans l’harmonie d’un groupe maintenant sûr de lui, homogène et qui ne tardera pas à devenir une référence sur la scène prog rock internationale. Pour certains d’entre vous, c’est même peut-être déjà fait !




Rédigé par : Karadok | 16/20 | Nb de lectures : 11360