Je ne sais pas encore combien on va en avoir, mais si j'évoque les termes 'Suède', 'heavy metal', 'Mercyful Fate', 'Retro', vous voyez déjà à peu près dans quelle veine se situe Noctum ? Oui, il s'agit bien d'un nouveau combo en provenance cette fois d'Uppsula, 4ème ville de Suède. Le quatuor s'est fait repérer durant l'été 2011 par Metal Blade, quelques mois après la parution l'année précédente d'un premier album (« The Seance »).

Noctum c'est donc quoi précisément ? Du heavy/doom occulte ? Oui, ça semble être la bonne 'étiquette'. En influences premières, il y' a bien entendu Mercyful Fate, King Diamond (le riff de « Void of Emptiness » fait croire à une cover de « Gypsy » !), pour les ambiances, les parties de guitare et la voix claire, parfois haut perchée de David Indelöf, qui a ce petit grain mystique et incantatoire en sus. Quelques pincées de Maiden, de Pentagram et dans les groupes plus récents, on pense à Ghost, voire Witchcraft (tout deux étant déjà suédois). De là à dire que Noctum n'est que recyclage, pompage et inutilité, il y' a un fossé, car tant bien même « Final Sacrifice » sent le rétro et l'hommage à plein nez, c'est un album bourré de qualités.

La production réalisée par Lawrence Mackrory (qui est déjà l'actuel chanteur de Scarve, Darkane, F.K.U entre autres !) est monstrueuse de clarté, et pas gonflée à fond comme celle de « Infestissumam » (Ghost), la différence entre chaque phase de guitare est nette, le chant parfaitement audible, mais point trop en avant et puis le traitement réservé à la section rythmique, pfiouuu... la basse réglée au poil, très distincte et la batterie a ce son old school (les parties de double notamment), mais pas vieillot, qui lui donne un aspect authentique et très prenant (le break angoissant de « The Revisit » par exemple). D'ailleurs le batteur de Noctum (depuis cette année 'seulement') est un certain Fredrik Jansson, ex-Count Raven, ex-Abramis Brama et aussi ex... Witchcraft.

Les compos reposent en grande partie sur une atmosphère sombre et inquiétante, à l'image de l'excellente ouverture « Conflagration », riche dans ses riffs, impeccable dans ses alternances de tempo, les soli sont magistraux et que dire de l'harmonie de guitare qui va crescendo à partir de 4'10, un bijou musical ! Y aller de ma petite description de chaque morceau serait long et ennuyeux, mais « Final Sacrifice » regorge d'excellentes idées (le riffing de « Liberty in Death », les intonations dramatiques sur « Resurrected in Evil »), la présence de quelques tempos rapides évite la monotonie, je pense à la doublette entraînante « A Burning Will »/« Temple of the Living Dead », dont les riffs irrésistiblement attirants évoquent sans gêne le heavy metal anglais. Les leads hypnotisants du premier cité ou les chœurs possédés du second (voire ses riffs un peu thrash), voici quelques éléments qui transcendent davantage ces morceaux. Un petit mot également sur l'instrumental « Deadly Connection », qui contient certains plans de guitares bien inspirés Iron Maiden. L'ensemble est assez classique, mais très chaleureux et pétillant.

Noctum prend plus de 'risques' avec 2 pièces atteignant et/ou dépassant les 7 minutes ; se présente en premier « The Revisit », nouveau morceau à l'ambiance fort pesante, ambiance impossible sans l'excellent boulot des guitares (pas besoin de nappes de clavier) encore une fois et les intonations vocales somptueuses de David sur le refrain. L'apport en plus de quelques notes de flûte, jouées par Terese Sporrong (qui a déjà œuvré pour F.K.U), ne transcende pas vraiment le morceau, mais ne gâche en rien le résultat. « Azoth » est l'autre pièce légèrement à tiroirs, qui me fait fortement penser à du Ghost (qui sonnerait plus heavy) au moment du refrain. Moins 'étoffé' que « The Revisit », ce titre n'en reste pas moins une conclusion idéale de l'album, qui reprend un peu tous les éléments caractérisant Noctum (tel ce break mené tambour battant par les guitares à partir de 4'45 et ce durant une minute infernale).

Si Noctum évoque sans gêne l’œuvre de King Diamond, il y' a une grosse différence avec un groupe comme Attic, qui s'inspire et sonne (plagie ?) comme le maître danois. « Final Sacrifice » ne repose pas sur un vent nouveau, sur quelque chose d'original, mais concentre l'attirail nécessaire pour pouvoir publier un excellent album de heavy metal : production au poil, performance remarquable du chanteur, des compos à défaut d'être toujours inspirées, pourvues de nombreux éléments intéressants, parmi les plans de guitares, les rythmiques et surtout les ambiances. En conclusion, c'est l'une des toutes meilleures productions européennes pour le genre, sortie cette année.




Rédigé par : gardian666 | 16,5/20 | Nb de lectures : 13073