Que de chemin parcouru par Michael Poulsen depuis le split de DOMINUS et la création de VOLBEAT en 2001. Qui donc aurait pu imaginer que les danois seraient aujourd'hui une potentielle tête d'affiche ? On avait senti le coup venir après la sortie de "Beyond Hell / Above Heaven" et je vous en parlais dans la kronik du live sorti il y a deux ans, mais le fait est que VOLBEAT poursuit aujourd'hui son ascension fulgurante vers les sommets, quitte à y laisser quelques plumes en route. Si la population de fans continue de s'accroître aux quatre coins du globe, l'un d'entre eux s'est mis en tête qu'il pouvait lui aussi exploiter le filon VOLBEAT, je veux bien sûr parler de Rob Caggiano, à la base simple producteur de "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies", mais devenu depuis le second guitariste du groupe, en remplacement de Thomas Bredahl. Quitter ANTHRAX pour VOLBEAT ? Hérésie crieront les puristes! Et pourtant, Rock Am Ring, Hellfest, headliner au Wacken, tournées sold out, en moins d'un an Caggiano a dû vivre des moments qu'ANTHRAX ne connaîtra probablement plus jamais. Je l'aurais bien taxé d'opportuniste, voire d'arriviste, mais il ressort de ces prestations scéniques une certaine cohérence qui nous montre un bonhomme simplement heureux d'être là et de faire partie de l'épopée VOLBEAT.

Le souci avec ce genre de groupe, c'est l'attente qu'il suscite chez les fans. Dès lors il devient extrêmement difficile de satisfaire les anciens et de combler les nouveaux. C'est là tout le problème de "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies". Si le néophyte se laissera facilement charmer par les aspects catchy et volontairement mainstream de "The Nameless One", "Cape Of Our Hero", "Our Loved Ones" ou bien encore "The Sinner Is You", les vieux briscards en revanche risquent de le prendre comme un crime de lèse-majesté. Et personnellement je ne les blâmerai pas pour les futurs réprimandes auxquelles devront faire face ces morceaux ultra calibrés. Que Poulsen se prenne pour un crooner est une chose, on y est d'ailleurs habitué, mais que les riffs passent au second plan en est une autre. S'ajoute à cela l'ambiance western quasi permanente puisqu'il s'agit de la thématique principale de l'album. Sur le fond ces morceaux sont toujours marqués au fer rouge par le style VOLBEAT, sur la forme par contre le metal s'y retrouve beaucoup trop en retrait. Quand en sus il est remplacé par du rockabilly pour un duo avec Sarah Blackwood sur "The Lonesome Rider", il devient presque légitime de se demander si le groupe n'est pas en train de saborder ce qui lui a permis de gravir les échelons, à savoir un metal puissant et énergique délicieusement parsemé de rock'n roll.

Fort heureusement "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" ne se résume pas à cela. Au milieu des morceaux plus ou moins insipides précédemment cités, se cachent quelques hits en puissance dont seul VOLBEAT a le secret. "Dead But Rising", "The Hangman's Body Count", "Black Bart", voilà du VOLBEAT gonflé par de la grosse rythmique, du VOLBEAT comme on l'aime! Mais le summum est définitivement atteint par la mise en musique de la fusillade d'O.K Coral avec "Doc Holliday" et le featuring de King Diamond sur "Room 24". Alors oui, je ne vais pas vous mentir et vous avouer que "Room 24" ressemble plus un featuring de Poulsen sur un titre du King que l'inverse, mais le résultat n'en demeure pas moins totalement jouissif comme pouvait l'être le featuring de Barney sur le précédent opus.

Sur un plan purement personnel s'il y a bien deux titres incontournables sur ce skeud ce sont sans nul doute les hommages rendus aux "Shady Ladies" avec "Pearl Heart" et "Lola Montez". Le premier, derrière son aspect basique, n'est rien de moins que le tube de l'année, la définition parfaite du terme catchy, le lead de Poulsen, le riff des couplets et ce refrain imparable, voila qui prouve que le VOLBEAT plus accessible peut être tout aussi bon que ne l'était l'ancien. Même recette pour "Lola Montez" avec en bonus une structure d'intro similaire au tube du précédent album: "Fallen".

Au final "Outlaw Gentlemen & Shady Ladies" marquera un tournant dans la carrière de VOLBEAT, si certains fans de la première heure avaient déjà quitté le convoi après "Guitar Gangsters & Cadillac Blood", ce nouvel album fera office de scission beaucoup plus nette. A l'instar de quatre cavaliers qui 1991 s'ouvraient au public, VOLBEAT est un train de se tracer une voie royale qui les conduira en tête de charts.


Rédigé par : wasted | 14,5/20 | Nb de lectures : 13502