Toujours aussi triste de se dire qu'en 2013 il est encore impossible d'évoquer le nom de SATYRICON sans qu'un grincheux, appelons le "c'était mieux avant", ne vienne vous rabâcher que ce groupe "fait de la crotte" depuis quinze ans. Alors mon ami "c'était mieux avant", je conçois parfaitement ta déception, voire ta colère, mais ton acharnement à venir nous infliger tes états d'âmes sur un groupe qui n'a cessé d'évoluer d'album en album, ça, j'ai un peu de mal à le comprendre. J'ai bien pris conscience qu'à l'ère numérique le cogito a lui aussi évolué pour devenir "je laisse un commentaire donc je suis", mais à un moment il faut savoir dire stop. La démarche de SATYRICON entreprise depuis 1999 est telle que le "c'était mieux avant" ne devrait même plus se donner la peine de s'intéresser au groupe norvégien et pourtant… Chaque annonce de nouvel opus signé Satyr & Frost fait ressurgir chez le "c'était mieux avant" une lueur d'espoir, celui d'avoir enfin entre les mains le digne successeur de "Nemesis Divina"! Et au risque de te choquer, je te dirais mon cher "c'était mieux avant", que cet album tant attendu existe déjà et il se nomme "Rebel Extravaganza"! Ce n'est point à l'ordre du jour que de te le démontrer, mais je le ferai prochainement via une kronik remember.

Pour les mous du bulbe qui n'auraient strictement rien saisi à cette introduction: non, ce nouvel opus, simplement intitulé "Satyricon", n'est pas un retour aux sources! C'est juste la même merde insipide et mollassonne que nous sert Satyr depuis maintenant plusieurs années.

Voila, le "c'était mieux avant" ayant sûrement fermé son Netscape, on va maintenant pouvoir causer sereinement, entre fans de SATYRICON. Ce n'est pas un secret, j'avais personnellement été conquis par les deux précédents albums, respectivement "Now, Diabolical" (2006) et "The Age of Nero" (2008), donc la perspective de retrouver aujourd'hui un SATYRICON, revigoré de ses cinq années de pause, me mettais déjà l'eau à la bouche.

Autant le dire de suite, "Satyricon" n'aura pas mis longtemps à combler mes attentes, son entrée en matière se révélant en tout point magistrale! Ce "Tro Og Kraft" d'ouverture est tout simplement l'un des meilleurs morceaux, non seulement de l'album, mais aussi de SATYRICON. Profondément épuré, terriblement lancinant, ce titre est une pure merveille de metal noir estampillé SATYRICON. Si musicalement il fait allégrement rimer simplicité et efficacité, il n'en reste pas moins remarquable pour ce chant norvégien d'un Satyr dès plus cinglants. D'ailleurs ce prélude norvégien que constitue "Tro Og Kraft", n'est pas si anodin sur "Satyricon", il sert en effet de transition directe avec le "Den Siste" qui concluait "The Age Of Nero". On y retrouve donc le même metal, d'aucuns diront ce fameux "prozac metal", mais pour les autres il marque le retour des atmosphères pesantes (accentuées sur "Satyricon" par des claviers) si caractéristiques au groupe.

Cependant sur cet album éponyme, SATYRICON a tenu à densifier ces fameuses ambiances, ce qui concrètement se traduit par de nombreux breaks languissants mais ne dénaturant en rien la musique du groupe, bien au contraire. Ce que fait SATYRICON sur ce huitième album, il le faisait déjà à la grande époque. Personne n'a oublié le légendaire break de "Mother North", la différence est qu'aujourd'hui cela n'est pas suivi par une accélération brutale de Frost. L'album garde ainsi une certaine cohérence qui aurait pu frôler la perfection si nos compères norvégiens ne s'étaient pas fourvoyés avec des titres comme "Walker Upon The Wind" et surtout "Nekrohaven". Le premier, bien que possédant la structure type avec l'obligatoire passage calme, se démarque une peu trop du reste de l'album de part ses riffs thrashisants. Quant au second, il s'agit d'un bon, voire d'un excellent morceau de SATYRICON, mais qui avait clairement plus sa place aux côtés de "The Pentagram Burns" sur "Now, Diabolical" que sur "Satyricon". Certes cela n'a rien de vraiment préjudiciable, mais cela confère tout de même l'impression d'avoir un album coupé en deux et qui plus est occulte l'excellent final sur "The Infinity Of Time And Space".

Bien évidement j'ai gardé le meilleur pour la fin, le morceau de la discorde qui a déjà fait couler tant d'encre: "Phoenix". Ce n'est pourtant pas faute de vous avoir prévenu via une newz en mai dernier que Sivert Høyem, le vocaliste de MADRUGADA, apparaîtrait en guest sur cet album! Le résultat, bien que surprenant, est à classer avec "Tro Og Kraft", soit l'un des meilleurs morceaux de la galette. Et j'en reste le premier étonné, mais la symbiose entre la musique de SATYRICON et son chant est telle qu'on en réclamerait presque plus.

"Satyricon" est au final un bon album, avec une production organique totalement jouissive, mais je persiste à croire que le groupe aurait dû aller au bout de sa démarche et de ne pas y inclure les titres que je mentionnais plus haut. Dans tous les cas je continuerai de saluer la volonté de Satyr de ne jamais sombrer dans une redite poussive de son glorieux passé.


Rédigé par : wasted | 16/20 | Nb de lectures : 19555