GOLDEN BULLET est un jeune groupe formé en 2005 et « Downfall Of Humanity » est leur premier album. Malgré ça, GOLDEN BULLET est déjà un groupe indispensable car il nous fait revivre les plus belles heures du H8000, crew qui faisait la loi sur la scène hardcore européenne dans la deuxième partie des années 90. « Downfall Of Humanity » fait office de machine à remonter le temps, une espèce de DeLorean hardcore qui ramène 15ans en arrière tous ceux qui y grimpent. La pochette mettait déjà la puce à l’oreille avec sa gravure épico-démoniaque signée Gustave Doré, illustrateur fétiche de la scène edgemetal d’antan, son logo écrit en typo « gothique » et son titre tout en négativité. On marche en terrain connu et on se remet à espérer. Espérer quoi ? Un retour au son typique de ce petit bout de Terre béni des dieux.

Dès les premières notes, tous les espoirs sont permis. Le premier riff du titre d’ouverture « Faster Than The World » est dantesque de simplicité et d’efficacité. Impossible de ne pas se casser la nuque au bout de dix secondes. Le riff est destructeur, l’ambiance générale du titre est belliqueuse et fleure bon le désespoir et la violence physique. L’effet madeleine de Proust est immédiat et on se remémore l’époque des premiers Congress avec ce son presque oublié depuis mais ressuscité par ces cinq jeunes Flamands qui ont visiblement décidé de reprendre le flambeau. Bon maintenant, il ne faut pas s’enflammer, on en est encore qu’au premier titre, attendons la suite. La suite justement est encore meilleure et préfigure la claque que va être cet album. Les morceaux suivants « Medicine Turns Into Disease » et « Cold » atténuent le côté « plagiat de Congress » et découvrent les influences plurielles du groupe, lui forgeant ainsi une véritable identité. Entre hommage et évolution. Loin de se cantonner au son made in H8000, le groupe nous rappelle aux bons souvenirs de la scène bruxelloise en introduisant des ambiances et des cavalcades guitaristiques à la Length Of Time et certains riffs assassins dignes de la période straight edge (la seule, le vraie) d’Arkangel. Les années 90 à leur meilleur en gros. Histoire de ne laisser personne sur le carreau, les mecs se permettent des passages parlés et quelques parties de guitares rappelant furieusement les excellents et méconnus Facedown.

Le groupe, s’il accumule tout ce qui fait un bon disque de edgemetal classique, se démarque de cette scène en allant puiser du côté d’un All Out War afin de renforcer sa force de frappe et ramener une touche encore plus evil à leur son. La voix dénote un peu elle aussi avec un timbre à la limite de la rupture, tout en gorge, comme si les cordes vocales de Tonny étaient enrouées et sur le point de claquer, apportant une urgence et un sentiment de dépit encore plus profond. GOLDEN BULLET se fait fort d’insérer une touche hardcore classique un peu plus poussée que chez ses aînés en incorporant plus de chœurs de bûcheron, de moshparts ravageuses et même quelques petits passages two-step sur « My Blood Burns » par exemple. Tout cela mis ensemble donne un condensé de ce qu’a été la scène hardcore belge ces vingt dernières années. Avec un son et une production plus moderne mais respectueuse de la vibe de cette époque. Les triggs et les murs de grattes construits sur Pro Tools peuvent aller se faire foutre, tout sent le vrai, le vécu, la sueur et la haine old school. On sent parfaitement que les mecs ne se forcent pas et ne font pas une musique « à la manière de ». Non, ils ont ça dans le sang.

« Downfall Of Humanity » est vraiment un album à l’ancienne. Mid tempo, dur, haineux, négatif. La simplicité apparente des riffs n’a d’égale que sa capacité à créer une vraie atmosphère noire sans pour autant sombrer dans la misanthropie à outrance comme le font parfois les pandas tristes à picots. Non la noirceur de GOLDEN BULLET est plutôt de celle qui incite à se bastonner pour sa vie, à tout donner même à 10 contre 1. La noirceur de celui qui n’a plus rien à perdre et se lance dans un dernier baroud d’honneur.

Ce premier album de GOLEN BULLET a tout ce qu’il faut rejoindre les classique du H8000 et là, comme ça, après de nombreuses heures d’écoutes je ne lui trouve pas de défauts majeurs si ce n’est, peut-être de sonner un peu trop « Best of Belgian Edgemetal » mais après, c’est fait avec tellement de respect, de classe et de talent que je serai le dernier à leur en tenir rigueur. Un album qu’on se repasse encore et encore et qui, au fur et à mesure des passages sur la platine, dévoile une richesse insoupçonnée et une vraie puissance « evilcore » qu’on n'avait plus vu depuis Congress justement. Ajoutez une attitude honnête et forte qui évite le prêchi-prêcha habituel, des textes nébuleux se rapprochant du « Dead Man Walking » d’Arkangel et ça donne le meilleur album de hardcore belge qu’on ait vu depuis… pfff depuis un bon bout de temps. Un vrai petit chef-d’œuvre parti pour durer si vous voulez mon avis. Maintenant on arrête de lire, on « like » et on va vite s’acheter la merveille. Surtout que le groupe et le label vous le font au prix d’un EP.


Rédigé par : Seb On Fire | 18/20 | Nb de lectures : 14277