2010 fut, globalement, une bonne année pour les amateurs de bourrinage hardcore et plus spécialement de beatdown. Tout un tas de bonnes sorties ont permis bon dérouillage de jambes et autre décrassage des cages à miel à l’amateur de violence musicale et de moshpart assassines. Malheureusement le genre a aussi connu quelques déceptions dont ce nouveau SIX FT DITCH qui était pourtant fort attendu. Du moins par moi. Certes le groupe ne possède pas que des partisans au sein même de la scène hardcore mais leur son aussi bas du front que rugueux couplé à une attitude tellement tough guy qu’on se demande encore s’ils sont premier ou second degré a su attirer les faveurs des plus sauvages d’entre nous.

« Recreational Violence » a tout de l’album raté. Premier échec : le son. Un son d’une mollesse et d’une faiblesse désespérante. Bien sûr le groupe a toujours eu des prod très moyennes mais cette fois c’est le pompon je trouve. Par le passé, le son flirtait avec l’amateurisme mais ça collait bien avec l’ambiance « bas fond » voulue par le groupe mais ici plus que la production a proprement parlé c’est le mix qui est à chier en fait, tellement étrange et bas que j’ai eu du mal à reconnaître la voix de Matthi de Nasty, c’est dire. Tout en grave et en basse comme si on écoutait le bestiau avec du coton dans les oreilles, ça s’avère vite désagréable au bout de quelques écoutes. Les guitares en pâtissent énormément et ne sonnent ni tranchantes ni lourdes mais ce n’est rien comparé au son de batterie complètement foireux et mollasson à en mourir. Comparé à la prod d’enfer du dernier Nasty ou du Cold Hard Truth, ce « Recreational Violence » fait pas mal pitié. Reste la voix de Peachey toujours bien reconnaissable et qui, bizarrement, ne souffre pas des mêmes défauts, comme si elle avait été enregistrée et mixée séparément, ailleurs. Elle est d’ailleurs poussée très en avant mais ça ne passe pas trop mal finalement.

Niveau compositions, c’est loin d’être la panacée non plus. Déjà sur les 13 titres faut en virer 5 qui ne sont que samples ou instrumentaux. Sans crier à l’arnaque, ça a toujours fait partie de l’identité du groupe, ça donne un album sacrément décousu et bordelique empêchant l’immersion, du coup, on déconnecte souvent. La plupart des morceaux sont (un peu) plus fouillés que par le passé et on sent que le groupe a voulu passer au stade adulte en devant « sérieux » mais ça ne marche pas, les lacunes de compositions sont trop évidentes que pour noyer le poisson. Les titres sont mous, désordonnés, sans pêche, sans panache et la brutalité passée a bel et bien disparu faisant sonner de façon presque respectable. Il reste bien quelques titres à sauver comme « V is for Vengeance » bénéficiant du feat de Stickman de Fury Of Five/Boxcutter, « Mark My Words » ou la reprise du fabuleux « Just Another Victim » qui sans atteindre la qualité de l’originale signée du duo Helmet/House Of Pain, reste tout à fait correcte, le reste n’a que très peu d’intérêt finalement. Je ne parle pas des moshparts en carton faisant passer Stone et Charden pour du Bulldoze. On retiendra aussi les samples sympas et la thématique des serial killers… et c’est tout. Le groupe avait du matériel suffisant pour sortir un EP correct, au lieu de ça ils sortent un album raté, faiblard, mollasson et qui ne ferait même pas peur à un fan de Jena Lee. C’est triste, « Recreational Violence » et SIX FT DITCH a perdu tout ce qui faisait son charme et sa réputation. La bande de jeunes marlous sans foi ni loi capable de rétamer la gueule à coups de batte laisse place à une gentille bande de caids des bacs à sable qui vont cafter à la maîtresse à la première occasion. Un peu comme si Francis Begbie s’était transformé en Johnny du Miel Et Les Abeilles.


Rédigé par : Seb On Fire | 08/20 | Nb de lectures : 13018