Lionel (basse) et Mathieu (chant) de - LETHAL MIND par DUNGORPAT - 2196 lectures
LETHAL MIND fait partie de ce qu'on pourrait appeler les jeunes pousses de l'underground français. Ils savent ce qu'ils veulent, mettent les moyens pour y arriver et surtout, ont la tête bien calée sur les épaules comme en témoigne l'interview qui suit...


VS : Salut à vous ! LETHAL MIND a été formé en 2003, mais je pense que, comme moi, la majorité de nos lecteurs ne vous connaissent pas ou peu, alors cédons au rituel de présentation :
qui se cache derrière LETHAL MIND, quelles sont vos ambitions, etc. ?
Lionel : Salut ! Donc comme tu l'as dit, on s'est formés en 2003 à Paris, on a fait une démo nommée « A Thousand Voices » en 2006, et là on vient de sortir notre premier EP début 2009. Dans le groupe, on a Mathieu au chant qui a officié dans quelques petits groupes sur Grenoble il y a quelques années, Cédric à la guitare qui est là avec moi depuis le début, Chee Salis du groupe KORTEX à l'autre guitare, et Rachid à la batterie, qui joue également avec moi au sein de CORROSIVE ELEMENTS. Et dans PERVERT ASSHOLE aussi, mais ça faut pas le dire, il a honte ! Pour ce qui est de nos ambitions, en ce moment on cherche surtout à promouvoir au maximum le EP et à jouer le plus possible, en France voire ailleurs si l'occasion s'en présente. Après, on a des projets d'album, mais à mon avis c'est plutôt pour 2010… il y a encore beaucoup de boulot avant !


Dans votre bio, vous précisez que la réalisation du EP vous a demandé plus de six mois de travail acharné…
Êtes-vous partis d'une feuille blanche ou avez-vous utilisé des idées plus anciennes, voire des morceaux qui n'apparaissaient pas sur votre première démo?
Mathieu : En fait on a repris certaines idées anciennes, « Without Eyes » est un morceau que nous jouons depuis longtemps par exemple. Des fois certaines idées longtemps mises de côté raparaissent. On ne fait jamais réellement table rase.
Lionel : Ouaip, « Without Eyes » a été composée quelque part en 2004 pour être plus précis, et le premier jet de « When Logic Fails » date de la même période, donc comme tu peux le voir ça ne nous rajeunit pas ! Et à côté, t'as « Confined » qui a été terminée un mois ou deux avant l'enregistrement, et l'interlude qui a été composé en plein milieu des sessions…


Vivez-vous tous à Paris ? Comment composez-vous généralement ? (chacun de son côté, pendant les répétitions..)
Mathieu : On vit tous sur la région parisienne, oui. Pour la composition c'est Lionel qui en fait la majeure partie, il s'occupe d'abord de la partie instrumentale et on voit ensuite ensemble la partie chant (paroles et placement des lignes, nuances de style, variations...).
Lionel : En général c'est moi qui écris les structures et les riffs, puis Rachid arrange ses parties de batterie, les guitaristes écrivent leurs solos, et je fixe mes lignes de basse en fonction de tout ça… du coup ça peut prendre un certain temps ! En fait, en répète, on ne fait que bosser la mise en place : on a juste un créneau de 2h par semaine, donc s'il fallait composer pendant cette période-là, on ne s'en sortirait pas !


Le style que vous pratiquez, un thrash « technique » et mélodique, qu’on peut rapprocher de celui du MEGADETH de la grande époque, était très en vogue il y a une vingtaine d’années, mais est beaucoup plus confidentiel de nos jours.
Pensez-vous malgré tout réussir à tirer votre épingle du jeu dans un marché du disque toujours plus sinistré ?
Hmm… perso je réfléchis pas trop comme ça, sinon je ferais du metalcore comme tout le monde ! Nan bon, plus sérieusement, c'est sûr que je ne m'attends pas à ce qu'on vende des millions de CD... Mais déjà ce n'est pas le seul moyen de diffusion possible, perso je compte beaucoup plus sur les concerts et sur les sites communautaires au niveau où nous en sommes. Et pour ce qui est du style, c'est clair qu'on est des gros fans de la Bay Area entre autres, mais on n'est absolument pas dans une optique « rétro » et on ne cherche pas franchement à sonner comme les groupes de l'époque. Surtout qu'on a juste une démo et un EP, je pense que notre style a encore le temps de s'affirmer ! Puis bon, regarde tous les groupes comme MUNICIPAL WASTE ou BONDED BY BLOOD… ça pousse comme des champignons en ce moment, pourtant c'est du pur thrash old-school et on est en 2009 !


La promotion d’un groupe qui débute (et même celle d’un groupe confirmé) passe souvent obligatoirement par les concerts. Parvenez-vous à trouver facilement des dates?
Qui s'occupe de gérer ça dans le groupe d'ailleurs ? Avez-vous chacun une tâche précise ?
Mathieu : C'est variable. Souvent ce sont des potes à nous qui nous proposent de participer à une affiche. Le Metal ça passe souvent par ce genre de contacts. Après faut entretenir de bonnes relations avec les gens (les inviter quand ils t'ont invité sur une date par exemple) afin de faire marcher la scène et permettre de la consolider. On a des groupes parisiens qui valent le coup à l'heure actuelle et on est contents de participer à ce mouvement. Ils parlent de nous, on parle d'eux, et qui sait peut-être un jour ça nous mènera assez loin pour qu'on fasse une tournée européenne entre potes.
Lionel : On n'a pas de répartition précise des tâches pour ce qui est des concerts. Mathieu arrive régulièrement à trouver des plans, typiquement pour le Raismes Fest c'est lui qui avait le contact. Quant à moi, j'organise de temps à autre des petits concerts sur Paris, histoire de faire jouer des potes ou de monter un peu plus souvent sur scène lorsque peu d'occasions se présentent à nous…


On peut le voir sur votre page MySpace ( http://www.myspace.com/lethalmindmetal ), vous recherchez activement des concerts afin de promouvoir votre EP.
C'est le moment de faire un peu de pub gratuite pour le groupe à l'attention des organisateurs qui nous lisent, je vous laisse la parole!
Allez, bookez-nous, on ne mord pas ! Plus sérieusement, on est à la recherche de dates sur toute la France. Tant qu'il s'agit de plans suffisamment sérieux, a priori on est intéressés… Et à partir de la rentrée, j'aimerais bien commencer à organiser quelques échanges de dates avec des groupes de province. On joue déjà le 20 septembre à Paris avec notamment HOLY CROSS, un putain de bon groupe de heavy de Saint-Etienne qui sort son premier album à la rentrée, et on ira sûrement faire un tour dans leur région en octobre/novembre même si rien n'est confirmé pour l'instant. S'il y a moyen de caler d'autres échanges du même genre, on est preneurs !


Le CD est en vente pour la modique somme de 5 euros ; comptez-vous rentrer dans vos frais, ou voyez-vous plutôt « When Logic Fails » comme un support promotionnel?
A ce propos, le EP est-il disponible dans les magasins, au moins sur Paris ?
Perso, je le vois surtout comme un moyen de nous faire connaître, un support pour la promo comme tu le dis, et aussi une façon parmi d'autres de diffuser notre musique. Donc le fait de rentrer dans nos frais n'est pas vraiment prioritaire. Après, je ne pense pas que ça soit impossible non plus, c'est juste que ça ne se fera pas à court terme… mais bon ça tombe bien, on n'est pas pressés ! Pour ce qui est des magasins, le souci c'est qu'on n'a pas de distributeur, donc ça limite pas mal nos possibilités, du moins pour les grosses enseignes. On a quelques contacts avec des magasins en ligne et avec quelques disquaires indépendants, maintenant il faut qu'on s'organise et qu'on réfléchisse un peu à la meilleure façon de procéder. Mais bon, tant qu'on n'a pas une promo digne de ce nom, ça ne sert pas forcément à grand-chose, donc…


Nous sommes en plein dans une période de débat sur le téléchargement. Comment percevez-vous la chose, vous qui êtes directement concernés par le téléchargement illégal ?
Pour de petits groupes, par exemple, on peut penser que l'échange de fichiers peut aider à se faire connaître et ce, plus facilement et rapidement qu'au moyen d'un support physique…
Mathieu : Le piratage c'est du vol ! Nan je déconne. A notre niveau on n'est pas excessivement touchés par ça. Faut dire que souvent le processus de développement et de réputation d'un groupe dans le milieu underground ne se fait pas par des pubs à la télé ou à la radio donc il nous faut passer par d'autres moyens et si les personnes qui aiment notre musique peuvent faire découvrir à encore plus de monde alors c'est gagnant/gagnant.
Lionel : C'est clair ! A mon avis, le téléchargement n'est pas vraiment un problème à notre niveau, au contraire même. Ce n'est pas comme si les ventes de CD représentaient l'essentiel des rentrées d'argent d'un petit groupe ! Même pour des groupes un peu plus importants, je ne suis franchement pas convaincu que l'impact du téléchargement soit aussi négatif que certains le disent, ne serait-ce que vu le nombre de groupes que j'ai découverts grâce à Internet ! Après, c'est comme pour tout… t'auras toujours des abrutis pour dire « ouais, moi je nique le système, je paie pas la musique ! » et qui vont pomper indistinctement la dernière sensation de chez EMI et le dernier album d'un groupe obscur qui est en licence chez un petit label et qui y a mis 5000 euros de sa poche, mais bon… en même temps, est-ce qu'ils soutiendraient davantage la scène si on les empêchait de télécharger ? J'avoue que j'ai pas mal de doutes…


Comment avez-vous vécu le départ de Judicaël, votre précédent guitariste ? Avez-vous facilement trouvé un remplaçant ? L’intégration de Chee Salis aura-t-elle une influence sur les nouveaux morceaux ?
En fait ça s'est relativement bien arrangé, puisque Judicaël nous a prévenu près d'un an à l'avance qu'il comptait partir au Canada, et qu'on n'avait pas de dates de prévues immédiatement après son départ, donc on a eu tout le temps de gérer ça tranquillement. Et pour l'arrivée de Chee, ça s'est fait simplement aussi : il connaissait Rachid, il nous avait déjà vus sur scène et il nous a contactés dès qu'il a appris qu'on cherchait un guitariste ! On l'a auditionné, lui et deux autres personnes qui avaient répondu, et bon… quand on a vu qu'il avait appris "When Logic Fails" en deux ou trois heures en déchiffrant le solo de Judicaël à l'oreille, on s'est dit que c'était pas trop la peine de stresser ! Sinon oui, son arrivée aura sûrement une influence sur les nouveaux titres, mais vu qu'on commence seulement à les mettre en place, c'est encore un peu tôt pour savoir à quel point…


Parlons des morceaux du EP justement ; on vous sent beaucoup plus à l’aise que sur votre première démo, ce qui peut sembler logique.
Les morceaux ne sont cependant pas simplement plus techniques, ils sont également très accrocheurs, preuve d'une certaine maturité. Sentez-vous que vous avez progressé ? En quoi ? Avez-vous changé votre approche de la composition entre la démo et le EP ?
C'est simple en fait : sur la première démo la plupart des titres ont été écrits à nos débuts, or entre-temps on a eu une bonne grosse période bien galère où il n'y avait plus que Cédric et moi dans le groupe. Du coup, ça aide pas trop pour composer des morceaux avec une identité bien affirmée, quand dès le début tu ne sais même pas qui va les jouer ! A l'inverse, sur « When Logic Fails », ça faisait déjà un bout de temps qu'on jouait ensemble, et on a vraiment pris notre temps pour travailler les morceaux. Perso, par rapport à avant, j'ai aussi passé beaucoup plus de temps sur les structures. Le morceau « When Logic Fails » a été une vraie prise de tête pour ça, il y a tellement de riffs… j'ai dû reprendre complètement la structure au moins trois fois avant d'arriver à ce qui est sur le EP ! C'est sans doute ça qui fait que ça sonne plus accrocheur, ça plus le fait que les lignes de chant sont un poil plus mélodiques que sur la démo…


Comme je l’ai évoqué dans la kro, le seul véritable point faible du EP est le chant, qui semble beaucoup moins naturel que les instruments et ce, étonnamment, plutôt dans un registre « entre-deux »
que dans les parties les plus mélodiques et les plus agressives qui sont plutôt bien maîtrisées. Ressentez-vous la même chose ? Pensez-vous modifier le chant dans le futur ?
Mathieu : Faire des morceaux avec un chant comme les autres formaté et entendu 1000 fois, non merci. Ce chant fait partie de l'identité du groupe et je pense que comme toute voix les gens accrochent ou n'accrochent pas mais au moins il ne laisse pas indifférent.
Lionel : Disons que le chant est un élément essentiel de la personnalité d'un groupe, et c'est clairement un domaine dans lequel on essaie de se démarquer. Après, je pense qu'on a encore de la marge de progression, vu que Mathieu travaille beaucoup sa technique vocale... par rapport à la première démo, on a déjà cherché à introduire plus de nuances, et je pense qu'on continuera dans cette voie. Après, c'est comme pour tout : y'a pas de secret, c'est beaucoup de boulot !


Avez-vous d’ores et déjà planifié la réalisation de votre premier album ou laissez-vous les choses se faire à leur rythme ?
Mathieu : A priori on devrait sortir notre premier album l'an prochain.
Lionel : Si tout se passe bien oui ! Après, pour l'instant on n'en sait pas beaucoup plus… on commence seulement à bosser les nouveaux titres en vue de l'album, et on a vraiment plein d'idées à essayer, donc c'est encore un peu tôt pour faire un planning précis. Surtout qu'on a encore des détails à arranger dans notre répertoire actuel, et que la promo du EP est loin d'être terminée...


Quels sont les groupes et/ou albums qui vous ont influencés ou desquels vous vous sentez le plus proches?
Lionel : Houla, c'est difficile comme question ! Comme je te disais on a plus ou moins tous des racines heavy et thrash assez affirmées dans LETHAL MIND, mais à part ça on a chacun des goûts différents. Pour te faire une idée, typiquement Rachid est assez branché death old-school, alors que Chee adore les groupes français du style GOJIRA ou NO RETURN… Perso les deux groupes qui m'ont le plus marqué ces dix dernières années ça doit être DEATH et NEVERMORE, et sinon j'ai eu une grosse période death/thrash technique, où j'écoutais plein d'ATHEIST, CORONER ou WATCHTOWER… Et le pire, c'est que je me rends compte que tous ces trucs-là passent d'une manière ou d'une autre dans la musique de LETHAL MIND, tu m'étonnes que ça soit le bordel après !


Merci d’avoir répondu à cette interview, je laisse ces dernières lignes à votre disposition, en souhaitant voir un album débarquer très bientôt !
Lionel : Merci à toi pour ton soutien, et à tous ceux qui sont venus nous découvrir sur scène ou sur CD ! Et continuez à soutenir le métal français, il y a tellement de groupes qui le méritent !


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