Alors que le troisième album du projet Meet Us at the Southern Sign va pointer son bouc en juin prochain chez Candlelight, VS a longuement questionné Infestvvs, le maître à penser de Glorior Belli. Interview fleuve en prévision.

Tu me disais par mail que le prochain album de Glorior Belli se rapprocherait plus de Verbia Daemonicus d'Obscurus Advocam que de Manifesting the Raging Beast.
Peux-tu développer cette mise en bouche? Quels éléments de ton travail as-tu affinés dans l'album à paraître?
On peut en effet trouver des points de comparaisons assez facilement entre le nouvel album de Glorior Belli, Meet Us At The Southern Sign et le premier et unique album d'Obscurus Advocam, Verbia Daemonicus. En premier lieu, dans la quantité de travail qu'ils ont tous les deux représentée. Manifesting… [deuxième album de Glorior Belli en date] était un album plus spontané, avec même un côté assez "brute" (moins d'arrangements, moins de transitions…) et c'est une qualité qui malheureusement avec le temps s'est un peu changée en défaut selon moi. Les 8 morceaux forment un pavé de noirceur que tu prends dans la face, c'est du 100% GB bien sûr, mais à la longue on ne retient que certains titres très accrocheurs et beaucoup choses de second plan… restent en second plan. Un deuxième point de comparaison assez évident, la richesse et diversité des morceaux, tant sur les arrangements que sur les ambiances qui cette fois sont 2 éléments bien présents. On obtient parfois jusqu'à 7-8 couches de guitares qui se superposent, des samplers ont été utilisés sous forme de messages/indices qui aident à la compréhension de certains titres, des effets à foison sur les guitares, des solos aux endroits propices et des guitares leads qui remplissent rageusement leurs fonctions… Il y a même des passages sans distorsion! Dernier point qui a aussi toute son importance: la basse. Cette fois-ci, tout comme sur Verbia…, c'est moi qui me suis occupé de ce formidable instrument qui n'a jamais été mis en avant dans Glorior Belli jusqu'à aujourd'hui. Eh bien maintenant c'est chose faite et le résultat est vraiment "groovy" à souhait (n'en déplaise à certains). Ce sont tous ces éléments (et même d'autres détails encore) qui me font affirmer que notre nouvel album Meet Us At The Southern Sign est de loin le meilleur, le plus personnel et le plus original qu'on ait jamais enregistré.

A quel moment est-il devenu évident que la rage de Glorior Belli et le (un peu) plus mélodique Obscurus Advocam devaient fusionner pour ne former qu'une seule entité?
Avais-tu l'impression de te répéter et qu'il valait mieux focaliser ton énergie sur un seul combo?
Obscurus Advocam est à l'origine un projet que j'avais en solo pour y exprimer des sentiments et envies que je ne pouvais pas forcément canaliser avec Glorior Belli. La première démo n'a d'ailleurs absolument rien à voir avec le premier et unique album dont nous avons parlé précédemment. Verbia… est le disque qui pour moi marque la fin d'une période "amateur" et symbolise une formidable collaboration avec Molokh (Vincent) et Antares. La beauté du moment étant passée et difficilement retrouvable, j'ai pris la décision avant tout d'arrêter pour ne rien gâcher. Trop de groupes de nos jours se reforment pour ne livrer qu'une médiocre performance à peine digne de l'ombre de ce qu'ils étaient et c'est une des raisons pour lesquelles je ne souhaitais pas continuer, de peur de sombrer dans cette spirale croupie. De plus, après avoir composé le nouvel album de GB et en écoutant attentivement les maquettes, j'ai senti que mon écriture était clairement différente aujourd'hui qu'elle ne l'était il y a quelques années. C'est normal après tout on évolue tous n'est-ce pas? (Quoique…) Donc en juin 2008 j'ai fait paraître un communiqué expliquant les raisons du split. Arrêter Obscurus Advocam c'était le seul moyen pour moi de pouvoir passer à la suite et gravir les échelons suivants avec GB. J'avais l'impression d'être scindé en deux, une partie plus réfléchie et posée, l'autre plus rentre-dedans et rageuse. Encore une fois c'est tout à fait symbolique mais la fin d'OA m'a permis de renouer avec une partie de moi plus curieuse et attirée par l'expérimentation et quand tu parles de "fusionner" dans le fond c'est vraiment le mot qui convient ici!

Es-tu actif dans d'autres projets actuellement ou as-tu décidé de totalement te consacrer à Glorior Belli? N'as-tu pas envie de t'exprimer musicalement en dehors de l'univers de Glorior Belli?
Je ne peux plus me consacrer à d'autres projets que Glorior Belli, par manque de temps déjà, mais surtout parce que je n'en ai pas/plus envie. Une énergie trop dispersée même pour quelqu'un de très productif c'est un réel problème. Mieux vaut tout concentrer sur un seul et unique projet et se donner à fond. Fini donc pour moi les "Wolfe" et compagnie, même si encore une fois je n'ai pas de regrets sur ce qui a été accompli. C'est juste que ces choses-là ne font plus partie de mon chemin.

Glorior Belli a dû annuler plusieurs dates au printemps (deux en Hollande et le Black Metal is Rising à Paris) à cause du départ d'Antares.
Les intermittents au sein de Glorior Belli semblent avoir du mal à rester longtemps. Te considères-tu comme exigeant? Perfectionniste? Comment, selon toi, doit fonctionner la relation entre toi et les autres membres du projet?
Les membres se succèdent et ne se ressemblent pas… Je ne considère pas être TROP exigeant, mais il faut tout de même une certaine rigueur pour avancer dans de bonnes conditions, ça c'est certain. Si d'autres groupes fonctionnent sur la base d'un modèle démocratique, ce n'est pas et n'a jamais été le cas de Glorior Belli. Je n'ai appris à déléguer et faire confiance que récemment et cela UNIQUEMENT avec des personnes qui me sont proches. Tu sais il n'y a pas de secret: la clé d'un groupe qui réussit, c'est le travail. Les gens ne se rendent pas compte des efforts que ça demande. Faire une critique ça oui, c'est bien l'esprit français (on ne citera pas le désormais célèbre « g pa écouT mé c dla merd ! ») mais quand il s'agit de s'investir et faire des sacrifices bizarrement les candidats s'envolent. Quand on a commencé, tout le monde criait au scandale mais aujourd'hui je n'ai plus rien à prouver. Glorior Belli est incontestablement un des représentants les plus actifs de la scène black metal française. C'est simple et ça se passe de commentaires. On ne doit cela qu'à nos efforts, une énorme dose de travail et de motivation. C'est dans les moments creux que l'on se remet le plus souvent en question et c'est toujours dans ces périodes de "transitions" que le line-up a évolué... Je te laisse réfléchir là-dessus. Un autre détail qui a son importance: lorsque l'on publie une annonce pour une recherche de membre (je vois que tu mentionnes cela dans ta question suivante), le lendemain en consultant la boîte mail du groupe, je peux y lire une dizaine de réponses d'Américains qui humblement (en sachant qu'ils partent perdant vu qu'on cherche un candidat européen, n'ayant pas franchement le budget pour les faire voyager à l'œil) nous envoient leurs références et nous font part de leur motivation pour la musique en général, et pour Glorior Belli en particulier. Je pense que cet exemple prouve bien (en ce qui nous concerne) que l'investissement des Français n'est pas des plus exemplaires, même si j'ai eu vent dernièrement des embauches de certains dans des groupes norvégiens et je leur dis fièrement: "Bravo les gars!". Et aux pleurnicheurs, FUCK OFF. Tous les membres de Glorior Belli qui se sont fait virer ou bien qui ont pris congé devraient également se remettre en question au lieu de rejeter la faute sur mes qualités de dictateur. On est tous amené à faire des choix et des sacrifices un jour ou l'autre et il est vrai que j'ai parfois du prendre les devants et certaines décisions à la place des gens mais toujours dans l'unique intérêt du groupe.

Cherchez-vous toujours un batteur permanent ou envisagez-vous d'embaucher un batteur de session comme c'est le cas de Mortaeus pour la tournée américaine?
N'était-il pas possible de faire venir Mortaeus ou d'embaucher un batteur de session européen pour les dates annulées?
Pour le moment, rien n'est vraiment décidé. J'ai envie de prendre le temps cette fois d'étudier TOUTES les candidatures et tous les cas de figures qui se présentent. On est assez intéressé par un batteur suédois qui nous a contactés, même si j'ai encore certains doutes pour le moment. Les dates annulées ne nous laissent malheureusement que trop peu de temps pour former un nouveau membre et le budget proposé n'est pas vraiment suffisant de toute façon pour faire venir Mortaeus. Trop de logistique et de complications pour pas "grand-chose" (pardon public). Encore une fois, nous avons choisi de prendre notre temps, c'est le meilleur moyen d'éviter de faire des conneries.

J'ai lu que tu travaillais d'abord le concept, allant jusqu'à des représentations visuelles abouties, avant de commencer l'écriture des morceaux.
Et que tu abordais la composition comme la création homogène d'un album. Est-ce ainsi que tu as procédé pour le prochain opus?
Oui, en effet. On peut même parler d'un concept album avec Meet US…, tout comme ses prédécesseurs d'ailleurs. Lorsque j'attaque la phase de composition, j'ai déjà tout en tête. Pas forcément les moindres détails mais une bonne partie du concept. J'aime bien dissimuler des éléments qui poussent à la réflexion ici et là, comme par exemple dans le titre: "Meet Us At The Southern Sign" qui fait référence à plusieurs choses. En premier lieu "Southern" c'est l'Enfer par définition. C'est également le terme utilisé pour qualifier une scène musicale désormais célèbre et dont je suis un énorme fan depuis toujours. Une façon pour moi de présenter les nouvelles influences de Glorior Belli dans ce qui caractérise le plus un album: son titre. Certains y verront même un éventuel clin d'œil à notre précédent label Southern Lord mais c'est loin d'être le point le plus important ici aussi je ne m'attarderai pas dessus. En tout cas le fait d'avoir toutes ces données dès le commencement permet de conduire à un album solide et cohérent.

L'annonce parue lors de votre recherche d'un bassiste pour les live ne laissait planer aucun doute sur l'importance que revêt la spiritualité à tes yeux (sans parler forcément de croyances, mais de philosophie).
Tu es un représentant affirmé du Lux Ferous. Je te retourne donc la question de l'annonce: que représente "Lucifer" pour vous? Peux-tu nous en dire plus sur ta philosophie?
Hé bien tu sais, cette simple question qui a fait tant de bruit nous a permis de faire le tri, en quelques instants à peine, entre ceux qui ont fait l'effort d'y réfléchir plus de 10 secondes et ceux qui ne se sont pas vraiment donnés la peine de faire fonctionner leurs méninges. Les qualités requises pour être un bon représentant de Glorior Belli sont le respect, la discipline et la réflexion. Pour faire simple, Lucifer est le porteur de la véritable lumière et le père de la connaissance en opposition au Démiurge qui nous retient prisonnier de par ses mensonges et limites imposées. Lucifer pour Glorior Belli, c'est la matière de base, l'étincelle qui fait naître le doute et ronge les murs de nos prisons, l'adversaire qui s'érige au bénéfice de la vérité. On me demande souvent quelle est la différence avec Satan et pourquoi avoir choisi de représenter Lucifer. En ce qui nous concerne Lucifer et Satan sont deux notions décrivant différents aspects de la même force spirituelle. Le mot "Lucifer" est utilisé pour décrire l'effet de notre père sur ceux d'entre nous qui sommes en harmonie avec sa doctrine spirituelle. Tandis que le mot "Satan" décrit l'effet de notre père envers ceux qui ont une foi aveugle en Dieu. C'est uniquement une question de perspective au final, Lucifer étant la notion qui s'applique le plus au message véhiculé par Glorior Belli, symbole de l'illumination. Peu importe les noms que revêt le premier fils des ténèbres. S'incliner en faveur de Set, Apep ou encore Azerate, c'est se vouer à la même puissance illuminatrice et s'opposer au Démiurge. Lux Ferous est un collectif artistique autour duquel gravitent des groupes qui ont les mêmes valeurs et engagements. Nous partageons nos opinions et connaissances, j'ai récemment aidé Jeremy Christner dans la composition de son nouveau livre en échange de quoi il nous a dédié un texte qui figure sur le nouvel album d'ailleurs The Blazing Darkness (Of Luciferian Skies). Cette philosophie, c'est une force qui te guide et ne te quitte jamais, une flamme qui te consume et te libère. Et lorsque je ne suis pas en train de composer ou d'écrire des textes, j'ai toujours d'autres occupations plus secrètes qui s'y rapportent. C'est un travail de toute une vie qui ne fait que commencer.

Au fait, avez-vous trouvé un bassiste ou un second guitariste pour la scène?
Au jour d'aujourd'hui, le line-up fixe est constitué d'Alastor (guitare) et de moi-même. Nous avons recruté un bassiste en effet uniquement pour le live en revanche. Alastor est le seul à m'accompagner aux States et nos 2 autres compères sont originaires d'Iowa City (toute ressemblance avec … etc…).

Tu prônes une certaine ouverture musicale, n'hésitant pas à intégrer des éléments par exemple post-hardcore dans tes titres.
Quels sont les albums ou les groupes qui t'ont accompagné (voire inspiré) pendant l'écriture du nouvel album? A moins que tu ne préfères t'isoler pendant la phase de composition pour ne pas créer sous influence?
Je préfère définitivement m'isoler c'est clair. Mais dire que l'on a la tête libre d'influences à 100% serait mentir. En tout cas en ce qui me concerne, j'ai toujours une mélodie qui traîne sans pour autant qu'elle ne soit une source de créativité. "Prôner" l'ouverture musicale serait un grand mot (NDR: effectivement, j'y suis allé un peu fort) mais je possède des goûts assez éclectiques c'est vrai. Et ce que j'écoute va du blues le plus déprimant au death à la Centurian, en passant par des groupes plus difficilement définissables (post-hardcore on va dire) comme Cult Of Luna par exemple que j'ai vu en concert la semaine dernière, Mastodon, Unearthly Trance, Neurosis… Des groupes qui se sont forgés une identité au fil des années et à grands coups de pieds dans les clichés. Et c'est en cela qu'ils sont source d'inspiration.

A quel moment et dans quelle mesure interviennent les musiciens qui t'accompagnent?
Bonne question... Il n'y a que 3 personnes qui sont vraiment intervenues jusqu'ici et dans une certaine mesure: Antares, Alastor et Molokh. C'est un travail de finition en général, comme bosser des solos, revoir des structures, réfléchir au concept et tout simplement parfois même donner son avis. Même si dans l'ensemble c'est plus de l'ordre du "détail", c'est tout de même une mission importante et il ne faut pas non plus oublier le gros travail de soutien et d'investissement derrière tout ça.

Musicalement, ton travail se rapproche de la scène black dite orthodoxe. Ecoutes-tu des groupes de cette mouvance, comme Watain, Funeral Mist, Ondskapt ou Ofermod?
Les 4 groupes que tu cites font partie des groupes que j'apprécie/çiais, même si ça fait un bon moment que leurs disques n'ont pas tourné dans ma platine. Et pour être franc, je ne suis plus tellement attiré par les albums et groupes de black metal depuis un bon moment. Je n'aime pas cette étiquette de black "orthodoxe" (mais tu dois le savoir ça et je te soupçonne même fortement d'avoir posé la question avec une idée derrière la tête (NDR: Moi?? Naaaan)). Dans le cas présent "orthodoxe" signifie "qui se conforme à la doctrine". Hors nous sommes plutôt hors limites du genre, musicalement en tout cas. Ce qui nous rattache uniquement à cette scène, ce sont nos croyances spirituelles, nos convictions et la façon dont nous les exprimons au travers d'une imagerie religieuse (en tout cas à nos débuts pour l'imagerie). En ce qui me concerne, l'art de Glorior Belli reste indéfinissable et chaque album est un œuvre différente, le seul lien étant le fait que je les orchestre à chaque fois.

En parlant de la scène orthodoxe, Glorior Belli utilise un son assez similaire, organique et lourd, avec des guitares qui laissent couler le miel gras de la distorsion.
Comment conçois-tu l'univers sonore de Glorior Belli? Quels éléments sont importants dans le son du projet et quelles sont les évolutions auxquelles on peut s'attendre à ce niveau pour le prochain album?
L'univers sonore de Glorior Belli est assez hypnotique, noir et dissonant, le gros du travail étant sur les guitares et le chant. Le nouvel album conserve ces 3 caractéristiques, mais cette fois on a mis un frein au Gain ce qui nous a permis de gagner en clarté au final. Chaque instrument est à sa place et le mix respire. On discerne absolument TOUT dans les moindres détails!

Le précédent album (hormis les parties de batterie de M:A Fog) avait été enregistré en France, à une époque où pas mal de groupes se payent le même son au Necromorbus en Suède.
Glorior Belli a annoncé récemment la fin de 3 semaines d'enregistrement, mais où êtes-vous allés cette fois? Etes-vous retournés au Hybreed Studios? Avez-vous bénéficié d'un budget plus conséquent qui vous a ouvert de nouvelles portes?
Pour avoir rencontré et discuté avec Tore, même si nous n'avons et ne mettrons jamais les pieds chez lui, je respecte énormément son travail et il a vraiment du talent. Nous sommes en effet retournés au Hybreed Studios pour ce nouvel album et on peut même dire que toute notre discographie y a été enregistrée hormis la batterie de M:A Fog sur Manifesting… pour des raisons de logistique (NDR: Enregistrement en Italie, patrie du batteur). Le budget était en effet plus conséquent, sans pour autant atteindre des sommets, la réalité des tarifs studios étant assez cruelle. Mais dans le cas présent, cela nous a effectivement permis de passer un peu plus de temps là-bas. Andrew G. s'est véritablement investi dans l'album comme s'il faisait partie du groupe et avec le temps on a appris à bosser ensemble, c'est très efficace à deux ! Glorior Belli évolue et c'est agréable de voir que notre studio lui aussi en même temps. J'aime quand on réécoute nos anciennes prods avec un léger sourire et qu'on se dit que cette fois on les a toutes surpassées. Coup de chapeau à Andrew encore une fois qui a vraiment assuré!

Après le premier album "Ô Laudate Dominus" qui était sorti chez le label italien Eerie Art, Glorior Belli s'est tourné vers les Etats-Unis et Southern Lord.
Pourquoi Southern Lord à cette époque? Est-ce par affinité musicale ou par absence d'offres intéressantes par ailleurs?
Southern Lord, c'était LE label pour moi à l'époque, et même encore maintenant d'ailleurs. Dire qu'on a été signé chez eux par absence d'autres offres, ce serait faux mais c'est vrai que l'on n'a pas eu une montagne d'offres. Replaçons les choses dans leur contexte tout de même, ils nous ont contactés environ deux semaines à peine après avoir quitté le label italien…

En tant que spectateur, j'ai l'impression que les Etats-Unis représentent quelque chose de particulier pour Glorior Belli.
Autant dans la signature chez Southern Lord que dans tes profondes affinités musicales et spirituelles avec des musiciens américains. Comment le ressens-tu? Suis-je dans le faux?
Touché. C'est vrai que les States, c'est un peu un rêve de gamin qui se réalise en ce qui me concerne. La signature avec Southern Lord nous a clairement ouvert le marché du nouveau continent et les réactions ont été bien meilleures qu'en France par exemple, notre propre pays. Je ne saurais pas vraiment expliquer cette différence, si ce n'est qu'une grande majorité de nos compatriotes est plus préoccupée par la critique et surtout rongée de jalousie. En tout cas, Glorior Belli jouit d'une bonne réputation transatlantique et c'est l'opportunité pour nous de fréquenter la scène américaine, qui n'a plus rien à démontrer en terme de qualité et d'innovation. J'entretiens de nombreux contacts avec des musiciens, des fans, des labels, des gens intéressants tout simplement là-bas.

Vous montez encore une marche avec le prochain album, puisqu'il sortira carrément sous l'étendard de Candlelight.
Comment Glorior Belli s'est-il retrouvé dans cette grosse écurie? Ne crains-tu de devenir un petit parmi les grosses signatures?
Nous avons toujours été des petits parmi les grosses signatures, mais la différence se fait sur la qualité et non sur les ventes, même si ça sonne assez idéaliste. Ca fait toujours un putain d'effet quand le boss de Southern Lord par exemple te dit que Manifesting… est le meilleur album black metal qu'il a entendu depuis longtemps et qu'il est fier de t'avoir signé. Idem chez Candlelight qui ont eu EUX la chance d'avoir déjà écouté le nouvel album et sont bluffés de sa qualité.

Petit moment de satisfaction, es-tu fier du chemin parcouru avec Glorior Belli?
Si on t'avait dit à la création du projet que tu serais un jour signé chez Candlelight et que tu tournerais aux US, tu aurais signé des deux mains? Quelles sont tes attentes pour cette tournée US?
Le jour de notre première répétition, j'ai annoncé sur fond de plaisanterie semi-sérieuse qu'on "irait un jour en tournée aux States!". Aujourd'hui, c'est chose faite et évidement je suis très fier du chemin parcouru. Mais tu sais encore une fois, ce n'est pas lié au hasard. J'ai voué les 6 dernières années de ma vie entièrement à la musique. Ironiquement, j'ai toujours su que je voulais en arriver là. Et si c'était à refaire, je le referais sans hésiter. Pour avoir écouté le nouvel album d'Absu que je trouve monstrueux, c'est avant tout un énorme honneur de pouvoir les accompagner sous la même bannière. On a reçu déjà énormément de messages de "fans". Certains m'apprennent carrément qu'ils adorent écouter Glorior Belli pendant leurs Gym parce que c'est très stimulant (véridique) et qu'ils ont hâte de nous voir sur scène, d'autres ont peur qu'il ne reste plus assez de merch quand on arrivera dans leurs villes et d'autres encore affirment ne se déplacer que pour nous… Enfin tu vois, c'est quand même un univers assez différent. La réaction du couillon de base face à ce genre de messages, c'est de les prendre du haut de toute sa prétention mal placée, mais pas nous. De par notre philosophie je suis pour le dialogue lorsqu'il est constructif (sinon crois-moi je le ponctue très vite) avec les gens qui le souhaitent. Il en résulte bien souvent des conversations aussi intéressantes qu'inattendues et c'est une bonne leçon de respect et d'humilité encore une fois.

Puisque nous sommes dans les souvenirs, j'avais évoqué avec toi les conditions "fabuleuses" de la date de Vincennes.
Tu m'as dit que c'était ton second pire souvenir de concert. Quel est donc le numéro un? Y a-t-il prescription pour que tu puisses nous en parler?
Cette date à Vincennes c'est en effet un des concerts les plus moisis qu'on ait eu l'occasion de faire, tant par notre prestation assez mauvaise que par les conditions. (NDR: Arrivée de la police, suite aux plaintes des voisins, qui coupe l'électricité empêchant Merrimack de jouer plus de deux morceaux. Du grand art.) Ce sont des choses qui arrivent et auxquelles il faut savoir faire face. Le top des pires concerts, c'est le Barroselas Fest au Portugal. Là, les conditions n'étaient pas horribles du tout. Mais pour des raisons de logistique encore une fois, nous n'avions pas pu répéter une seule fois avec notre batteur (à l'époque, M:A Fog) qui s'est complètement planté dans les structures au point que je ne pouvais même plus chanter. C'était vraiment une très mauvaise expérience, d'autant que beaucoup de gens voulaient nous voir et je pense qu'ils ne sont sûrement pas prêts d'en redemander. Ceci prouve néanmoins que j'ai raison lorsque j'affirme que la clé du succès, c'est avant tout le travail. L'essentiel, c'est d'aller de l'avant. Ca nous a permis de tirer les conclusions qui s'imposaient et de procéder à d'éventuels changements…

Certains pensent que les groupes de black metal perdent leur aura de mystère en se produisant en live.
Certains pensent au contraire que le black metal doit s'exprimer au travers de décibels rageuses au cours de grands rassemblements. Le choix de Glorior Belli est clair puisque vous êtes sur scène depuis des années. Quel plaisir prends-tu à diffuser ta musique en live? Sur quels critères es-tu satisfait d'un concert du groupe?
Pour l'instant, le seul concert dont je peux m'avouer assez satisfait est celui de Londres, avec un line up réduit (3) qui nous a vite imposé ses limites. On a pas mal assuré cette fois-là malgré un incident de corde et un public assez "hostile" au début. Pas de langue de bois: je pense que le gros point noir de Glorior Belli jusqu'à aujourd'hui est les prestations live. C'est aussi pour cette raison que l'on se concentre uniquement sur la préparation de la tournée en ce moment et ne rien laisser au hasard cette fois. Je ne pense pas que le fait de jouer en live fasse perdre l'aura d'un groupe. Nehëmah par exemple s'en sortent à merveille. Pourtant on ne peut pas en dire autant des récentes prestations d'Ondskapt (là encore c'est un exemple parmi tant d'autres)... Ce qui prouve que c'est vraiment une question d'expérience et de feeling. Au fond, c'est comme tout ça se pratique.

Vous conservez une image black metal assez traditionnelle en live (corpsepaints, tout de noir vêtus, capuche, clous, etc.).
N'as-tu pas envisagé de faire évoluer le visuel du groupe en live ou est-ce ainsi que cela doit être?
Pour tout t'avouer, c'est actuellement ce sur quoi nous sommes en train de travailler, faire évoluer l'aspect visuel du groupe en live. Avant, nous étions trop limités aux critères imposés par le genre. Mais cette fois, nous repoussons les limites artistiques dans l'ensemble et pas seulement musicalement.

Quand pouvons-nous espérer revoir Glorior Belli sur les planches en France?
A mon avis, pas avant fin 2009 voire même pas avant l'année prochaine. En tout cas pour l'instant, rien en vue avec les problèmes de batteur. Mais je ne doute pas qu'une occasion finira par se présenter.

Glorior Belli est présent dans l'univers virtuel. Comment perçois-tu MySpace et les autres sites communautaires?
Un moyen de toucher directement le public sans intermédiaire ou la boîte de Pandore où chacun devient musicien du jour?
J'y vois un moyen de promotion assez énorme, même si dans le fond il faut savoir raison garder… Un exemple concret: imagine si au moins la moitié de nos "amis" achetaient une copie de nos albums? Pourtant les chiffres ne mentent pas, c'est loin d'être la réalité. Mais je pense que ça permet en tout cas de jouir d'une excellente réputation et surtout c'est vraiment pratique d'avoir toutes les informations sur un groupe qui tiennent en 1 page. On a accès à la musique, aux visuels, aux dernières infos, aux dates de concerts, au merchandising... J'ai même commencé à voir depuis un moment des "sites" officiels de groupes qui se construisent sur la même structure. Des gens qui deviennent musiciens chaque jour, il y en aura tout le temps. Et même si ces sites communautaires les rendent facilement et rapidement accessibles du monde entier, ça ne leur donne pas pour autant plus de talent. Quand la musique est bonne, elle parle d'elle-même et MySpace c'est un peu l'univers du jetable… Si tu n'aimes pas, tu changes de page et tu oublies. Je ne suis vraiment pas de ceux qui se plaignent qu'il y a trop de groupes et je ne vois pas en quoi c'est dérangeant quand on sait faire la part des choses. Au contraire, la diversité des plus "petits" permet de renforcer les positions des "leaders" au sein du genre.

Question purement intéressée: te reste-t-il des exemplaires de la démo Evil Archaic Order? Va-t-elle faire l'objet d'une réédition?
Cette démo tape, je ne savais même pas qu'elle était épuisée pour tout te dire… Je n'y prête plus attention depuis bien longtemps. C'est assez difficile pour moi de réécouter ce genre de morceaux tant je ne focalise mon attention que sur les erreurs et les choses à refaire. Mais j'imagine que pour les die-hard, c'est un objet de collection. Donc en tout cas ma réponse est NON, il ne m'en reste plus. Mais les morceaux seront peut-être inclus sur une réédition de notre premier album aux States par Ajna. News qui reste à confirmer étant donné que les droits pour la réédition ne sont pas bien définis, ça se dispute dans le business.

Merci pour ton temps et tes réponses. Je te laisse les derniers mots, si tu veux ajouter quelque chose.
Pour la première fois, nous tenons sincèrement à remercier les gens qui nous soutiennent et j'invite tous ceux qui sont curieux et intéressés par notre philosophie à entrer en contact avec nous via l'email du groupe. Meet Us At The Southern Sign, c'est aussi un hommage à notre public, une phrase qui s'adresse directement aux fans les plus avides de connaissance qui ont su lire entre les lignes et comprendre le message de Glorior Belli. Murderers of the former faith, here's to your illumination!