I-Snor & Igorrr - WHOURKR par COBRA COMMANDER - 2023 lectures
Histoire de donner la parole aux auteurs de l'album le plus atypique et remarquable de 2008, votre très dévoué serviteur est allé tendre son micro aux deux savants fous de WHOURKR


Salut à toi ! Avant de commencer cette fascinante interview où je te poserai des questions croustillantes sur tes mœurs intimes, aurais-tu la grandeur d’âme de pondre une petite bio de WHOURKR ? Quel âge a le groupe ? La discographie… Pis d’abord, ça veut
dire quoi WHOURKRK ? C'est le son d'un biscuit qu'on écrase ?
Igorrr : Salut ! Alors bon OK une petite bio. On a commencé WHOURKR en 2005 dans l'idée toute simple de faire la musique qu'on voulait entendre et qu'on ne trouvait pas. Et donc naturellement on a commencé à faire du brutal-death exclusivement à partir d'instruments acoustiques, sauf que très vite on s'est aperçu qu'il nous manquait des choses fondamentales, des trucs qu'on voulait absolument dire. Alors on a commencé à enregistrer les morceaux pour les détruire, et mieux les recomposer. Ca a été le début des enregistrements du premier album, "Naät", et c'est à cette période aussi qu'on a sympathisé avec mon prof de l'époque, -i snor, dans une école de musique à Paris. On a masterisé "Naät" avec lui, puis on l'a sorti en autoprod...

i snor : Oui, ils étaient venus me voir entre autres choses pour que je les aide à passer du studio à la scène, et comme Öxxö Xööx (qui chantait sur "Naät") est parti à ce moment-là pour se donner à fond dans son projet doom éponyme, on a décidé de continuer à deux avec quelques règles de base : pas de langage formulé, éviter au maximum toute forme de répétition, aucune limitation dans l'excès, enfin pas de préjugés et pas de susceptibilité quand l'un d'entre nous déclare à l'autre que sa partie n'est pas assez travaillée ou inspirée. Et puis comme Igorrr avait aimé les voix saturées et autres cris étranges sur mon premier album, je m'y suis mis, et voilà, hop, on a enregistré "Concrete" entre nos deux studios à Paris et Copenhague.
Ah! et WHOURKR c'est la retranscription du cri primaire tel qu'il sortirait de ta gorge si tu t'en donnais la peine. Le fait que ça fasse le même bruit que l'écrasement amplifié d'un biscuit est une pure coïncidence.


Votre nouvel album vient de paraître en autoprod, comment se présentent les ventes et quels sont les retours que vous avez eus ? Positifs ? Négatifs ? Aucun ?
Aaah les ventes. Bon tant qu'on est en autoprod, c'est très limité forcément vu qu'on n'a pas accès aux grands canaux de distribution. On a pressé 500 exemplaires de "Concrete" en visant les labels et les webzines dans un premier temps, les concerts ensuite. Les ventes ne sont que des demandes spontanées de gens qui aiment notre démarche, et qui ont entendu parler de nous soit par bouche-à-oreille soit en lisant des chroniques de l'album… Rien d'énorme donc mais on reste toujours aussi étonnés de recevoir des mails enthousiastes de gens qui souhaitent acheter notre musique. Les retours sont excellents sinon dans l'ensemble, des gens qui aiment et d'autres qui détestent, mais très peu d'indifférents et ça nous va très bien.


Votre musique est – vous vous en doutez – assez spéciale, comment définissez-vous votre style qui va au-delà du simple Spastic Grind Core à la sauce GIGANTIC BRAIN/PROTHETIC CUNT ? Quelle étiquette collerait au mieux à WHOURKR ? En clair, que dis-tu aux
gens quand tu leur dis que tu joues dans un groupe ?
On leur dit qu'on joue dans un groupe qui mélange astucieusement Death, Electronica et Breakcore, mais qu'il ne faut pas avoir peur de nous pour autant. En gros on n'utilise pas d'étiquette précise de type Cybergrind ou autre parce que ça correspond à d'autres groupes dans lesquels on ne se reconnaît pas vraiment. Pour se marrer on parle aussi parfois d'IDM pour Intelligent Death Metal, mais c'est plus une blague qu'autre chose…


Votre style n’est pas le plus accessible, j’imagine que les premières secondes sont déterminantes et que beaucoup de quiches vous zapperont… Qu’est-ce qui vous a poussés à vous engager dans cette voie aussi peu fréquentée ? Un ras-le-bol de la musique
conventionnelle ou est-ce venu par hasard, naturellement ?
Déterminantes en effet, sachant qu'on n'attaque pas l'album en douceur et que la plage la plus accessible au plus grand nombre se situe en fin d'album… Mais que le résultat soit plus ou moins accessible n'a pas d'importance pour nous, dans la mesure où on a essayé de faire un disque dont on puisse être fiers. On n'en est pas encore au stade du compromis, heureusement ! Ensuite ce qui nous y a poussé c'est d'une part le côté répétitif de tout style de musique dès lors qu'il est défini par des codes, et ensuite le besoin de balancer un maximum d'énergie sur un disque, sachant que pour nous on en trouve autant dans le death que dans le free jazz ou le breakcore. C'est donc un mélange des deux, pour répondre à ta question.


Quelles sont vos sources d’inspiration, vos influences musicales ? Pour pondre votre son, il faut – je crois – un certain bagage musical… Quels ont été vos parcours ? D’autres projets avant WHOURKR ?
Igorrr : Moi au niveau métal c'est pas mal de CANNIBAL CORPSE, MESHUGGAH, KAST DAYS et d'autres trucs qui envoient bien le poney comme ça, sinon au niveau musiques électroniques je suis plutôt dans du AUTECHRE, du APHEX TWIN, VENETIAN etc, et au niveau musique classique ou baroque, j'adore Bach, Rameau, Chopin, Beethoven etc. Sinon j'ai mon projet solo "Igorrr" depuis plusieurs années, je bosse avec des groupes comme CITY WEEZLE, INDIAN SONIC, UHT° ou ÖXXÖ XÖÖX et je travaille comme ingé-son dans un Studio à Paris.
i snor : Bah moi j'ai jamais trop écouté de death en fait, du métal oui mais plutôt du thrash ou alors du FANTÔMAS à leurs débuts. Sinon je suis plus dans le jazz expérimental et le classique contemporain, l'électronica abstraite, la musique électroacoustique et toute la scène improvisée. Par ailleurs, j'ai fait pas mal de musique pour le cinéma, le théâtre et la danse contemporaine, ainsi que du live électronique sous mon nom –i snor. Tout ce calme et cette recherche de dissonances subtiles devenait insupportable, et c'est donc avec un plaisir insurpassable que je me suis mis à gueuler dans WHOURKR.


WHOURKR a tout d’un groupe bicéphale Metal + Electro. Comment se passe le processus de composition ? Quelle couche vient en premier ? Metal puis Electro, l’inverse ou les deux en même temps ?
En fait les deux se font en même temps, c'est réellement un tout. Par exemple quand on attaque un morceau les découpages façon electronica sont directement faits sur les guitares à peine enregistrées, ils sont pensés dans le riff. Pareil pour les batteries façon breakcore, elles ne viennent pas à la fin pour remplacer des rythmiques qu'on aurait jugées trop molles… De manière générale tout ça fait donc partie d'un même processus, et on ne peut en aucun cas parler d'effets en plug-ins ajoutés à la fin pour faire électronique, ni de grosses guitares à satus ajoutées pour faire metal. Un tout, bon dieu, c'est un tout.


WHOURKR est un duo de deux personnes (balaise, hein !) comment se répartissent les rôles, qui fait quoi ?
i snor : Ah oui c'est fort ! Bon pour faire simple, ça se passe par allers/retours, en gros Igorrr compose une base prémixée avec des grattes, des parties rythmiques, des coupures électro et tout, il me l'envoie et selon ce que ça m'inspire je bosse des parties de voix, des coupures électro, éventuellement des bouts de sons synthétiques, etc. Ensuite je le lui renvoie, il me dit que j'ai été mauvais alors je recommence… Là paf ça l'inspire à mort et il remet une couche de guitares ralenties ambiance zombie fondu (non sans avoir démoli mes parties de voix au préalable), puis il me rebalance le bébé pour que je me venge. Bien sûr je suis énervé alors je gueule trois fois plus jusqu'à vomir dans mon micro, etc. Enfin, quand on a fini de se venger mutuellement, il finalise le mix et je fais le mastering.

Igorrr : Il fait aussi très bien la vinaigrette mais seulement quand le besoin s'en fait sentir.


Combien de temps passez vous sur un titre avant de dire ça y est, celui-là est terminé ? A quel moment savez-vous qu’un titre est fini ?
Disons 6 mois par titre, sachant qu'il y'a des morceaux qui on demandé plus de temps. Tout dépend du résultat voulu, parfois, on est tellement dedans qu'il nous est impossible de prendre la moindre décision sans être sûrs de notre coup. Il faut alors prendre un peu de temps pour le recul et passer a un autre morceau pour revenir plus tard. Un morceau de WHOURKR, on sent qu'il est fini quand à un moment donné ca fait PAF dans le cerveau, comme si tous les neurones s'étaient remis en ordre d'un coup haha… C''est un signe que l'idée de base est là et bien précise.


En créant une musique aussi peu académique j’imagine que vous devez essuyer pas mal de quolibets débiles de la part des talibans du Metal et de l’Electro qui ne supportent pas le moindre métissage, est-ce que ça vous touche ? Vous acceptez la critique ou
vous préférez rester dans une bulle pour éviter toute cette pouillerie ?
Hahaha c'est vrai un peu, mais en même temps on a toujours su qu'on ne ferait pas l'unanimité avec cette musique, et encore moins avec cet album, "Concrete". Bon bien sûr il y a des gens qui nous rejettent en prétextant qu'ils ont horreur du metal ou de l'électro en général, ou tout simplement que c'est trop bruyant pour eux… Mais on reste honnêtes avec nous-mêmes, si on pense un morceau, on ne va pas se priver de l'enregistrer parce que c'est trop décousu ou pas assez dans les rails pour certaines personnes, non mais. Bref on fait juste ce qu'on sent, et par bonheur il semble qu'il y ait un public bien réceptif à notre démarche, si si !! Après on accepte la critique hein, si une personne n'apprécie pas, eh bien on l'écoute mais ça ne remet pas en question notre travail : nous on est sûrs de ce qu'on fait, si ça ne plaît pas, c'est dommage de ne pas pouvoir partager… Et si ça plaît alors c'est réussi !


Quel public vous apporte le meilleur soutien ? Les gens issus du Metal ou ceux de l’Electro ? Accordez-vous une importance à l’origine de votre auditoire ?
Aaaaah question assez délicate, mais on n'a pas vraiment ressenti qu'un public nous soutenait plus qu'un autre pour le moment. Bon les métalleux sont bien présents, et la plupart de nos chros sont sur des webzines axés metal pour le moment, mais le public issu des musiques électroniques extrêmes est très présent aussi, notamment lors de nos concerts… Difficile à dire, peut-être qu'on retrouve moins de public zouk ou salsa dans la fosse c'est vrai, mais pour nous l'origine n'a aucune importance : l'important est que l'on arrive à partager ce qu'on fait.


J’ai lu pas mal de kros élogieuses de vos disques, est-ce que cela vous a permis d’ouvrir quelques portes ? Distro/labels/etc. Penses-tu que de bonnes kros suffisent pour percer ou faut-il plus vendre ses fesses (faire de compromis) pour créer un buzz ?
i snor : Il y a plusieurs facteurs apparemment, mais une bonne chro mise en avant et bien écrite – ce qui fait beaucoup de conditions réunies déjà - fait une certaine différence, oui. L'accès aux labels/distros n'est pas si évident et c'est de pire en pire, mais c'est aussi vrai que ces gens lisent les bonnes chros…

Igorrr : Par exemple être dans les sélections VS pendant plus d'un mois a réellement eu un impact sur la fréquentation de notre page Myspace, voire nos ventes ! Après non, ça ne suffit pas, et on pense vendre les fesses de -i snor à l'avenir car elle sont très délicates et subtiles, très vendeuses donc. Ca sera beaucoup plus efficace que n'importe quelle chro.

i snor : Enflure.


Comment envisagez-vous l’avenir ? D’un point de vue business, essayez-vous de grossir ? (en chopant un label, etc) Quel est votre objectif commercial ? Et d’un point de vue artistique pensez-vous aller plus loin ? En écoutant « Concrete » je me suis dis,
là, on a atteint des limites, difficile d'aller plus loin ! Comptez-vous faire évoluer WHOURKR si oui, comment ?
Oui bien sûr qu'on pense aller plus loin, le chemin continue. "Concrete" est le fruit de 2 ans de travail dans une direction particulière, mais tout évolue et il est toujours possible de faire plus, ou différemment. La première fois que tu as écouté du Pantera ou du Sepultura quand t'étais tout petit tu t'es pas dit : merde alors c'est un peu trop là ? Aujourd'hui ce sont de gros groupes cultes mais la norme de violence musicale est passée un niveau au-dessus quoi. Si on pouvait entendre ce qui va se jouer dans 50 ans, on en chialerait probablement de terreur, hahaha. Sinon commercialement, oui, on est en négociation avec des labels en ce moment, dans le but non déguisé de devenir plus gros et de tourner plus facilement dans les festivals de nos rêves.


Est-ce que WHOURKR est capable de faire du live ? Si oui, comment décrirais-tu cela ?
Oui, on fait du live, le prochain à Budapest d'ailleurs. Que dire ? Nos concerts sont pleins de gens qui sautent partout contre des murs et croient qu'on les comprend alors que non. On y est deux, avec des machines, un micro et éventuellement des guitares. Etonnamment on a plus joué dans des soirées breakcore que metal pour le moment, mais ça ne nous pose aucun souci. On espère juste jouer le plus possible en 2009, surtout dès que notre objectif de choper un label pour "Concrete" sera atteint.


Beaucoup de titres de "Naät" et "Concrete" sont écrits dans une langue qui m’échappe… quelle est-elle ?
i snor : Le langage que j'utilise sur "Concrete" est fondé sur l'énergie et pas sur le sens des mots. Dans nos albums la voix est un instrument, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de message : dans chaque morceau de l'album, la voix décrit la folie d'un animal qui se prend pour un humain au mauvais sens du terme, comme par exemple sur "Antzcrowzing", qui parle d'une colonie de fourmis devenues ivres d'accélération dans le travail et d'un individu qui pète les plombs au milieu de tout ça.


Ce qui m’amène maintenant à te cuisiner sur le concept du groupe. Y a-t-il derrière tout ça un concept, une idée centrale ? Sur votre Myspace, on voit que vous avez collé Greenpeace en top friend. Est-ce lié au trip de WHOURKR ? Quel message désirez-vous
faire passer ?
Igorrr : Le concept du groupe, à travers tout ce blast et tout ces hurlements, c'est, comme vient de le signaler mon subtil camarade, d'exprimer la folie ambiante qu'on peut ressentir en regardant simplement autour de nous. L'être humain détruit beaucoup de choses dans son propre univers, y compris lui-même, et agit de telle sorte qu'il se crée ses propres névroses : son cerveau peut facilement bugger quoi. Et ça arrive. Et pas qu'un peu. Donc oui pour nous Greenpeace est clairement lié à notre idée de départ.


Un message vert transmis par des machines et une musique en partie dérivée de la branche Indus, c’est un peu paradoxal, non ?
On peut voir ça comme de la dénonciation plus que de l'opposition, et puis c'est pas parce que notre musique est violente que nos idées le sont nécessairement – le propos lui-même sur "Concrete" n'est pas spécialement tendre mais il sert un objectif clair, en tout cas pour nous. Et puis l'écologie n'est pas l'apanage d'une forme de musique particulière… Tu reveux du steack haché ?


Au-delà d’un message, quelles émotions voulez–vous faire ressentir à vos auditeurs ? J’ai mis le pluriel parce que votre zik brasse large entre nappes de piano feutrées et mélancoliques et musique à la Mario Bros (titre 9).
Alors là tu demandes de décrire avec des mots ce qu'on s'est fait chier à exprimer avec le maximum de précision pendant 2 ans en musique... Mais oui, c'est un message un peu large qu'on a essayé de faire passer, une certaine folie non dénuée de sentiments, une déstructuration très organisée avec un certain rentre-dedans qui exprime notre vision des choses. Sache juste que "Cera Pollutea" (la 9 donc) n'a rien à voir avec un quelconque jeu vidéo, c'est une reprise acoustique d'un morceau de "Naät" matinée de noize pour vieux.


Question Bob le Bricoleur : sur quel matos bossez-vous ? Comment enregistrez-vous ? Home studio ?
On bosse dans 2 studios, un à Paris pour les parties instrumentales et le mixage, et un autre à Copenhague pour toutes les voix, les grosses machines super et le mastering. Et niveau matos, on utilise en tout et pour tout : un grille pain, 7 casseroles et un rouleau d'essuie-tout.


Mode TF1 : je pose les questions que l’on me demande de poser : Quel est le poids de vos tignasses ?
Merci de poser cette question de ta propre initiative : le poids de nos coiffures respectives oscille entre 21.7 et 22.1 grammes, tout dépend de la saison. En hiver les cheveux gonflent un peu à cause du froid, ils gagnent donc en poids.


Quart d’heure pignole : vendez-vous ! Soyez prétentieux et vendez votre disque !
Notre disque est fantastique, il respire la joie de vivre et les matins provençaux. Il reluit et scintille de toute son entité, et lorsque l'on l'introduit dans le lecteur, votre vie prend tout son sens et votre salon est empli d'une fraîcheur lavande délicate et incroyablement subtile.


Si WHOURKR était un film…
Si WHOURKR était un ustensile de cuisine ce serait une bassine bien sûr, mais un film...


Bon, c’est fini, si tu veux ajouter un truc, saluer tes proches, insulter les lecteurs de VS, vas-y carte blanche :
Ah oui, notre premier album "Naät" va ressortir sur le label Suprachaotic Records/Dan's Crypt en février 2009, avec dessus un nouveau morceau de 5 minutes façon "Concrete"… Voilà c'est tout, merci à toi mec !


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