Interview de Bjorn Peterson (Guitares) - DISFEAR par DUNGORPAT - 1925 lectures
Formation de crust bourrin relativement confidentielle pour beaucoup d'entre nous il y a une dizaine d'année, DISFEAR a vu sa notoriété augmenter en flèche avec l'arrivée de Tomas Lindberg (AT THE GATES, ex-SKITSYSTEM, ex-NIGHTRAGE) au chant pour l'album "Misanthropic Generation". Quatre ans plus tard, revoilà les suédois, plus remontés que jamais, encore plus mélodiques mais également plus rageurs, avec ce qui sera certainement l'un des albums de l'année, "Live The Storm". Bjorn Peterson nous en dit un peu plus...


VS : Salut Bjorn! Cela fait presque cinq longues années que « Misanthropic Generation » est sorti, mais ça en valait la peine ! « Live The Storm » est excellent !
On a l'impression que vous l'avez écrit sous le coup d'émotions très sombres, avec une grande colère mais également avec un grand plaisir ! Vois-tu ce que je veux dire ? Es-tu d'accord avec moi ?
Björn : Premièrement, merci pour ces compliments ! Je suis vraiment heureux que tu aimes le nouvel album… Oui, je vois ce que tu veux dire et je suis d'accord. Pour nous, le principal est de prendre du plaisir et de jouer la musique que nous aimons vraiment. Mais dans le même temps, il y a trop de merdes qui arrivent autour de nous et les gens devraient se réveiller et voir ça. C'est évident qu'ils ne le sont pas et ça nous frustre. Je suppose que c'es là que notre colère et nos idées noires prennent forme, le tout mêlé à nos problèmes personnels…


Le son de DISFEAR a beaucoup changé à partir de « Misanthropic » en 2003 : il est devenu plus mélodique, plus rock’n’roll dans un sens.
Vous avez presque entièrement laissé tomber les riffs crust/HxC des albums précédents en même temps, y a-t-il une raison à cela ?
On ne s'est pas dit, après « Every Day Slaughter », que nous devrions faire quelque chose de différent, si tu vois ce que je veux dire. Je n'aime pas tellement parler d'évolution naturelle, c'est une expression tellement ennuyeuse. Mais le son a changé avec l'arrivée des nouveaux membres. Le fait est que j'ai commencé à écouter beaucoup de groupes que je n'avais pas écoutés pendant des années a sûrement joué aussi, je pense. J'aime toujours jouer les vieux titres live et peut-être que le prochain album marquera un retour en arrière, je ne le sais pas encore. Ce que je sais, par contre, étant donné que nous aimons tous la musique intense et brutale, c'est que nous ne baisserons jamais notre froc et ne jouerons jamais une musique que nous n'aimons pas.


La même année (2003), GENOCIDE SS a également sorti un album plus « mélodique ». Y avait-il une sorte d’envie de quelque chose de plus mélodique dans la scène crust/HxC suédoise ?
Je pense que c'était juste une coïncidence en fait. Ils sont de très bons amis et nous avions l'habitude de nous réunir et d'écouter les mêmes trucs à cette époque. Peut-être que nous avons tous évolué vers un crust/hardcore plus mélodique à cause de ça, je ne sais pas trop. Il y avait également beaucoup de groupes de rock qui éclosaient et toute cette vague « rock » est devenue très populaire avec des groupes comme les HELLACOPTERS en Suède. Leurs premiers albums, ainsi que ceux de TURBONEGRO (« Ass cobra » et « Apocalypse Dudes ») nous ont certainement amenés à faire quelque chose de plus mélodique. Je suppose que je dois également citer ZEKE, ils nous ont beaucoup influencés à une époque.


Qu’est-ce qui vous a décidés à enregistrer le nouvel album avec Kurt Ballou (CONVERGE)? (Le fait est qu’il vous a donné un son très sauvage et puissant !)
Nous voulions quelqu'un qui serait impliqué à 110% dans l'enregistrement parce que nous avions travaillé durement sur ces chansons. Après le dernier concert de notre tournée aux USA, en mai/juin 2006, nous avons visité les studios God City. Je pense que chacun de nous a instantanément senti que c'était l'endroit idéal, que Kurt était la bonne personne, et nous étions heureux, c'est un euphémisme, de pouvoir revenir pour enregistrer l'album là-bas. Il y a beaucoup de forts caractères dans le groupe et nous avions besoin de quelqu'un dont nous serions sûrs qu'il voulait vraiment faire cet album, qui aurait des opinions, des idées, et qui pourrait nous guider afin qu'on donne le meilleur de nous-mêmes. J'ai senti depuis le début, et nous l'avons découvert assez tôt, quand nous avons commencé à envoyer des démos, que nous devions le faire à Salem, MA, pour rendre justice aux morceaux.


Musicalement parlant, DISFEAR semble avoir trouvé son propre son depuis l’album précédent. Je suppose que vous saviez déjà comment le nouveau matériel devrait sonner, alors quel est le rôle d’un producteur pour un groupe comme le vôtre ?
Oui, nous savons à peu près comment les morceaux doivent sonner, mais nous avons besoin de quelqu'un qui le matérialise. C'est également nécessaire pour nous d'avoir des avis extérieurs, c'est trop facile de ce braquer sur de mauvais points pendant que nous construisons les morceaux. Encore une fois, il y a de fortes volontés dans le groupe et nous avons besoin de quelqu'un qui nous guide et nous aide à donner le meilleur de nous-mêmes.





Il y avait des invités sur « Misanthropic » qui ont fait quelques solos. Avez-vous à nouveau invité quelques-uns de vos potes pour le nouvel album ?
Non. La dernière fois nous avons enregistré à Örebro et c'était presque une obligation d'inviter des potes à faire des trucs en studio. Nous nous sommes vraiment éclatés à faire ça et je pensais que ce serait super d'avoir des coups de main sur les solos ou les backings. Cette fois, c'était un peu différent cependant. Nous n'avions plus besoin d'aide pour les solos, par exemple, puisque nous avons maintenant Uffe (NDLR : Cederlund, ex-ENTOMBED). C'est un guitariste très talentueux, et même si nous avions des potes dans le coin à Salem, nous n'avons pas pensé que c'était nécessaire. Le fait que Kurt ne veuille pas trop de monde dans le studio et que nous l'avions déjà fait a dû également peser dans la balance.


Je trouve que les nouveaux riffs, mélodies et solos sont très bons et inspirés, mais en ce qui concerne les rythmiques de guitares, elles sonnent souvent de la même façon. Avez-vous décidé de donner plus d’importance à la voix de Tomas et aux riffs ?
Hm, je dirais oui et non. Tout au moins pour certains riffs, dont les rythmiques sont directement tirées. Pour les vocaux, ça ne s'est pas passé comme ça. Quand nous écrivons de nouvelles chansons, neuf fois sur dix nous commençons par écrire la musique, enregistrons une démo, l'envoyons à Tomas qui écrit les paroles et fait les arrangements vocaux. Nous nous réunissons ensuite dans la salle de répèt et voyons ce que ça donne puis changeons ce qui doit l'être. Bien sûr, il arrive qu'Uffe ait des idées pour les lignes de chant quand il écrit les morceaux, mais nous prenons généralement en charge les riffs uniquement. Il peut cependant arriver que nous écrivions quelque chose tous ensemble et je préfère quand ça se passe comme ça, parce que nous sommes plus créatifs et efficaces quand nous sommes réunis…


Tomas écrit habituellement les paroles quand il est dans un groupe. Est-ce que tout le monde a son mot à dire, ou cela reste-t-il son domaine réservé ?
Non, il est carrément ouvert à toute proposition, mais la plupart du temps ce n'est pas la peine de changer quoi que ce soit de fondamental. C'est plutôt de petites modifs pour faire mieux coller les backings, des trucs comme ça. Depuis qu'Uffe a rejoint le groupe, il écrit des paroles également. Le morceau « Fiery Father » a été entièrement écrit par lui, paroles et musique par exemple. J'espère et pense qu'il contribuera encore plus aux paroles dans le futur puisque je trouve que c'est aussi un excellent parolier.


Je peux te poser la même question concernant la musique : c’est généralement toi qui écrit tout, mais les autres sont-ils également impliqués dans les différentes étapes de la composition ? Par exemple, leur joues-tu les riffs afin d’avoir leur opinion?
Et bien, j'écrivais toute la musique avant. Depuis qu'Uffe a intégré le groupe début 2004, nous nous partageons le travail cependant. Normalement, quand l'un ou l'autre a des idées de riffs pour un nouveau morceau, nous les jouons aux autres en répèt. De là au morceau terminé, la route est longue cependant. Chacun a son mot à dire et nous partons de là pour jouer, faire les arrangements, enregistrer et essayer d'analyser ce qui va et ce qui ne va pas. Donc c'est un peu comme si Uffe et moi faisions un embryon de morceau que les autres nous aideraient à développer jusqu'à donner la chanson finale.


Le visuel et la jaquette sont très beaux ! Orion Landau est le graphiste de Relapse et a déjà bossé CEPHALIC CARNAGE, GENOCIDE SS et ELECTRIC WIZARD, entre autres… Il semble être quelqu’un de très talentueux et ne fait presque jamais le même artwork !
Avez-vous travaillé avec lui pour créer les illustrations de « Live The Storm »?
Oui, c'est même la deuxième fois que nous travaillons avec lui. Nous étions satisfaits de son boulot sur « Misanthropic Generation » et avons décidé de l'embaucher à nouveau. Certaines sorties Relapse ont depuis les deux dernières années un côté… hum, comment dire « photoshopesque » et nous ne voulions pas de ça cette fois. Ce n'est pas que les artworks soient mal faits ou soient moches, nous voulions simplement quelque chose de totalement différent. Au final, le visuel rend bien, mais il y a malheureusement de très bonnes idées qui ont dû être écartées. Avec un peu de chances, elles pourront être utlisées si le label décide de faire un pressage différent ou un truc du genre…


Nous avons tous encore en mémoire la tragédie qui est arrivée en Thaïlande, il y a trois ans, et bien sûr la mort de Mieszko Talarczyk, votre ami et producteur.
L'album lui est dédié, mais est-ce que son titre est un autre message que vous vouliez lui envoyer ?
Cela n'a pas été pensé dans ce sens, comme s'il pouvait être quelque part autour de nous. Tout au moins, nous n'avons pas parlé de cela quand nous avons trouvé le titre de l'album. « Living The Storm » n'est pas vraiment quelque chose que tu subis mais plutôt un mode de vie. Nous traversons cet orage à travers la résistance, le non-conformisme, en croyant à quelque chose par delà le système. Traverser l'orage, nous le faisons chaque jour, à travers le groupe, à travers l'honnêteté de notre musique et de nos paroles. Mieszko était définitivement un gars qui s'inscrivait dans ce mode de vie aussi, et il n'était pas nécessaire d'envoyer un message dans ce sens. C'est plus un message envoyé à ceux qui ont besoin d'ouvrir les yeux afin de voir ce que nous sommes en train de préparer pour les générations futures sur cette planète…


Le visuel au dos du boîtier montre une énorme vague autour de laquelle il y a quatre crânes. Une référence au Tsunami ?
Non, pas vraiment en fait. C'est plus une référence au titre de l'album et à ce dont il traite. Ce n'est pas que je veuille parler de concept album, mais les chansons parlent de la même sorte d'émotions. J'aime à penser que l'album est plus inspiré que le dernier, un peu plus « allez, on peut changer le monde », ce genre de sentiment… Traverser l'orage peut être douloureux, mais cela vous procure une immense satisfaction.


La plupart des paroles semblent avoir été écrites dans l’intention de donner de violents coups de pieds au cul et de réveiller nos consciences avant qu’il ne soit trop tard :
''The Cage''-The longer we dwell in Silence, the less that we question ourselves, the next generation, our children, will have no rights left to protect.

''Deadweight''-You say we are the future, Yeah whatever will be left, A generation wasted, Cynical and bored to death.

Est-ce que cette colère est la véritable essence de DISFEAR, sans laquelle le groupe n'aurait plus de raison d'exister ?

Je pense vraiment que beaucoup de gens méritent qu'on leur foute des coups de pied au cul pour qu'ils se réveillent et voient ce qui est en train de se passer autour du globe. Nous ne sommes pas forcément les plus actifs, aux premiers rangs derrière les barricades, mais tout le monde peut faire de petits changements dans sa vie quotidienne afin d'arrêter de polluer et d'enrayer le réchauffement de la planète. On ne parle pas de politique et de crier à l'anarchie, nous sommes simplement en train de détruire la Terre. Nous n'avons pas hérité la Terre de nos ancêtres, nous volons celle de nos descendants… Aussi longtemps que le monde continuera dans cette voie, nous aurons assez de raisons de gueuler pour les années qui viennent. Si jamais il arrivait que les choses tournent bien et que tout le monde soit heureux, vive une vie saine et qu'il y ait une justice équitable pour tous, nous pourrions arrêter ou au moins changer nos paroles et faire quelque chose de plus positif. Je suis attristé de dire que je suis à peu près sûr que ça n'arrivera pas dans les années qui viennent pourtant…


Merci pour tes réponse ! As-tu quelque chose à dire à tes fans français ?
Quelques-uns des meilleurs concerts de DISFEAR se sont déroulés sur le sol français. Nous espérons vraiment pouvoir revenir dans l'année !! Avant ça, écoutez le nouvel album !! Merci pour cette intéressante interview !!


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