Depuis le temps que Cyril Glaume nous bassinait avec GOROD par-ci, GOROD par-là, le nom du groupe bordelais avait fini par faire parti du paysage de VS. Le lavage de cerveau de l'ami Cyril n'a pas fonctionné pendant un temps et puis... on s'y est mis nous aussi. GOROD c'est du tout bon et leur place dans ce héro du jour n'est que la réparation d'une injustice. Apôtres d'un death faussement simpliste, Arnaud et Mat ont bien voulu se plier à un interrogatoire dans les règles. Espérons que ça calmera le Glaume pour un temps.

Alors ça y est, votre deuxième album est enfin disponible en France depuis que Candlelight collabore officiellement avec Willowtip. Ça doit être une grande satisfaction pour vous que de voir « Leading Visions » enfin disponible dans les bacs de ce côté-ci
de l'Atlantique ?
Arnaud - C'est clair on sait maintenant que l'on va pouvoir faire une promo efficace en Europe et surtout en France!

Une question que je me posais était de savoir si l’album allait bénéficier d’une licence européenne ou simplement d’une distribution (ce qui serait déjà un progrès en soit) ?
Mat - Il y a effectivement une licence européenne, le CD a été repressé. Par contre on ne peut quand même pas se considérer comme un groupe Candlelight à part entière. Nous ne sommes pas en lien direct avec Candlelight. C'est Willowtip qui négocie avec eux.

J'imagine que ça a été quelque peu frustrant pour vous de voir votre album sortir dans l'indifférence générale de votre pays d'origine alors que les excellents retours arrivaient en nombre des USA…
Arnaud - C'est clair y'a pas plus frustrant!! On commence à se faire un petit nom aux USA mais en Europe c'est vraiment pas ça. On va vraiment bosser sur la promo de « Leading Vision » maintenant qu'il est disponible. Etant donné que nous ne pouvons pas jouer aux USA tous les week-end, c'était vraiment nécessaire de se faire un nom ici.

Racontez-moi un peu de quelle façon vous vous êtes retrouvés chez Willowtip. Vous aviez fait la démarche de contacter directement le label ?
Arnaud - Ça s'est fait le plus simplement du monde. Nous étions à l'époque signés chez Deadsun Records(pour « Neurotripsicks ») qui, malgré son manque de moyens, a réussi à porter l'album jusqu'aux oreilles de Jason (WIlliwtip) qui nous a contactés dans un premier temps pour rééditer "Neuro" pour les Etats-Unis, et ensuite pour un contrat sur deux albums.

Il semble difficile à croire qu'un groupe comme le vôtre suscite d'avantage d'attention aux USA qu'en Europe. Faut-il en conclure que GOROD pratique un type de death metal technique qui n'a pas de public potentiel sur le vieux continent ? Pourtant les
reformations et concerts de vieilles légendes comme ATHEIST ou CYNIC attestent du contraire...
Mat - Bah le truc c'est plutôt que personne ne nous connaît ici. C'est dur de susciter de l'attention. WillowTip fait un super boulot de promo aux USA et je pense que c'est ça qui paye. Tu vois NECROPHAGIST, personne ne s'intéressait à eux avant qu'ils aillent tourner aux USA, et même aujourd'hui, ils restent pas longtemps en Europe.

Effectivement mais malgré votre exil forcé et le peu de concerts que vous donnez, vous avez réussi à vous attirer les faveurs d’un petit « following » acharné ? Quel est ce prodige ? Vous les payez ou quoi ?
Arnaud – (rires) ! Tu parles de Cyril (NDLR : Cyril Glaume du Forum), là!! Bon on le remercie vraiment chaudement mais juré on l'a pas payé!! Depuis peu on s'occupe un peu plus de la com (Myspace, Youtube etc.) donc ça va plus vite forcément. Quant à l'acharnement, je pense que ça doit être aussi frustrant pour les gars de jamais nous voir en live près de chez eux. Je suis persuadé que d'ici peu les gars comme Cyril vont pulluler !!

Avant de parler de "Leadin Vision", je voudrais connaître les motivations qui vous ont poussé à choisir un nom d'origine russe comme GOROD ? Pour faire les malins, pour viser un marché russe potentiel ou pour être certains de ne pas avoir encore à
changer ?
Arnaud - Nan, si tu veux, on voulait pas trop changer la forme du logo donc on a cherché des noms qui étaient semblable à notre premier nom "Gorgasm". Comme tu l'as dit, Gorod est un mot russe qui signifie "quartier" ou "cité" . Nos textes parlent d'une ville futuriste bâtie à la suite d'une apocalypse nucléaire par les dernier survivants humains. Le nom "Gorod" s'est imposé de lui-même. On a même modifié un peu l'histoire géographiquement pour continuer dans ce sens.

Cette réponse nous amène directement au concept derrière les textes de «Leading Visions» qui est assez poussé mais n’est-ce pas un peu superflu lorsque l’on sait que amateurs de métal négligent immanquablement les textes pour se concentrer
principalement sur la musique ?
En d'autres mots, n'avez-vous pas le sentiment de donner da la confiture aux cochons en vous creusant les méninges à trouver des idées qui ne seront pas forcément appréciées à leur juste valeur ?
Mat - Pour moi, c'est un tout. Quand tu achètes le CD, tu achètes aussi la pochette et c'est mieux quand tout (textes, musique, visuel) est lié et cohérent. Après, je suis d'accord avec toi, il est probable que peu de gens comprennent quoi que ce soit ou soient intéressés par ça mais c'est une volonté personnelle. On s'est un peu fait cassés à ce sujet pour le premier album et il me semblait important de corriger et d'améliorer cet aspect.

Je me demandais tout de même si ce concept n'était pas un prétexte ? Je veux dire par là, cette histoire de cerveaux est-elle secondaire par rapport à la musique et n’est-ce pas tout simplement une façon d’écrire des paroles sans tomber dans des clichés
déjà moult fois remués dans tous les sens ?
Mat – Tu as vu juste ! Effectivement, on est pas spécialement porté sur les sujets d'actualité et surtout je ne pense pas que ce soit notre propos. Les textes sont là pour planter un décor, créer un univers ou faire marcher l'imaginaire... On n'a pas la volonté de faire réfléchir les gens sur tel ou tel sujet, c'est plutôt le côté musical et artistique qui nous importe.
De plus, c'est un plaisir d'imaginer et de concevoir ces histoires, Barby (note de Tonton : Ben, le bassiste) et moi étant de fervents amateurs de SF.
Arnaud - Ce qui n'exclut pas que nous ayons des convictions politiques en dehors de la musique...!

On pourrait presque faire un parallèle entre votre démarche et celle de SYMBIOSYS même si le style des deux groupes n'est pas similaire... L'histoire n'est là que pour servir la musique et pas l'inverse.
Mat - C'est exactement ça !

Parlez-moi un peu de la gestation de ce deuxième album. J'ai le sentiment que vous avez voulu mettre toutes les chances de votre côté dans l'élaboration d'un disque à la fois très technique et pourtant facile à appréhender. C'est un peu ce qui vous
différencie des formations actuelles plutôt axées sur des trames complexes jusqu'à l'incompréhensible ou le blast à répétition
Mat- « Lending Vision » a été composé sur à peu près deux ans, après la sortie du premier album chez Deadsun records. La musique a surtout été axée sur le groove et l'efficacité justement pour se démarquer des groupes de brutal death à qui on était apparentés avec « Neurotripsicks ». Perso, je préfère comprendre un morceau du premier coup, ne pas avoir à l'écouter dix fois pour l'intégrer.
Sur scène, c'est important que le public réagisse au quart de tour. Si tu lui envoies des choses trop compliquées rythmiquement, il reste juste là à regarder tes doigts sans vraiment apprécier ou rentrer dedans. Les mélodies que je développe sont csensées, justement, alléger l'ensemble et capter l'attention, et presque faire oublier l'aspect technique de la musique en la rendant abordable. Pour les spécificités de cet album par rapport au précédent, je dirai qu'il a été conçu de manière plus sage, avec plus de recul que sur « Neurotripsicks » qui était plus une collection de titres sans réelle orientation stylistique.

Il est clair que l'on sent bien que l'album a été conçu autour des guitares puisque tu l'as composé toi-même. J'imagine que les morceaux sont ensuite échafauder autour des bases que tu leur donnes. Est-ce une façon de composer que tu souhaites voir
évoluer pour le prochain album ?
Mat - Ca s'est toujours passé comme ça et je pense pas que ça changera pour le 3ème album. Il faut quand même dire que je ne fais pas non plus ce que je veux: j'essaye de rester toujours en phase avec les autres, j'imposerai jamais quelque chose que personne ne sent, les autres membres du groupe amènent toujours leur "patte" aux morceaux à tous les niveaux.
De cette façon, les morceaux gardent toujours une cohérence, un axe.

Je ne sais pas s’il faut vraiment mettre l’accent dessus mais l’une des spécificités de GOROD c’est d’avoir une fille derrière les fûts. Tout le monde sait que sexisme et métal font bon ménage ? ça doit faire grincer certaines dents de voir une fille
s'acquitter de ce rôle et de façon aussi réussie…
- Arnaud Bizarrement, je trouve que c'est super bien "accueilli" par les gens en général. Il n'y a que les batteurs qui sont jaloux en fait ! Son jeu est soit trop ceci ou pas assez cela, mais je t'assure qu'en général on la respecte. Certes elle est née femme... mais bon on choisit pas! Elle joue super et c'est ce qui compte.

Je serais curieux de savoir si vous faites des efforts particuliers vis-à-vis de Sandrine. Après tout, faut la bichonner cette petite. Seule au milieu d'un groupe de brutes...
Arnaud - Et c'est là que je te révèle notre secret ! ... On n'est pas des brutes! Ca peut tourner à la prise de tête pour elle. Les parties sont assez chiantes (et je suis très content de jouer de la gratte du coup !) mais comme les autres elle bosse et à la fin on arrive à faire de la musique ! Et t'inquiètes pas on la bichonne.

C'est une bonne chose. ça m'aurait ennuyé de descendre à Bordeaux juste pour vous botter le cul!
Arnaud – Non, non, on est des gentlemen… parfois

Pour changer de sujet, vous avez joué cette année au fameux Maryland Death Fest. Je suppose que ça a été un grand moment pour vous. Pour un groupe qui ne donne pas beaucoup de concerts vous deviez avoir bien les boules en montant sur scène.
Raconte-moi un peu ça.
Arnaud – C'était génial y'a pas d'autres mots ! L'accueil a été incroyable. Le public chantait les paroles. C'était hallucinant! On n'a même pas eu le temps d'avoir les boules tout s'est enchaîné super vite. Bon je ne te cache pas qu'il y a eu des problèmes de matos, que tout le monde était super speed… Mais au final, ça l'a fait et on en est super fiers! Une semaine de périple pour jouer 30 petites minutes mais putain c'était trop bon ! Vivement une vraie tournée américaine.

Justement, avant de nous quitter, je voudrais savoir quels étaient vos projets pour le groupe. Maintenant que le disque est disponible en Europe, j’imagine que vous allez vous sortir sérieusement les doigts pour assurer une bonne promo mais qu’en
est-il sur le plan des concerts et du prochain album ?
Arnaud - Alors nous avons quatre morceaux entièrement finis pour le troisième album. Et pour l'instant nous avons donc le Death Feast Open Air en Allemagne et le Grindfest au Portugal en prévision. Nous venons juste d'avoir une distribution européenne donc tout reste à faire en France et en Europe ! Pourquoi pas le Hellfest l'an prochain ? On verra…

Qu'est-ce qu'on peut vous souhaiter pour terminer cet entretien ?
Arnaud - Une bonne année 2008 riche en concerts et en rencontres!! Ce que je te souhaite aussi!

Liens en relation :

http://gorod.free.fr/
http://www.myspace.com/gorod
http://www.willowtip.com/