Journaliste chez Rock One

Comment décide t-on de se lancer dans un projet aussi dingue que d'écrire une biographie en francais de OZZY Osbourne ? Comment et quand as tu eu cette idée et t'es tu lancé dans ce projet ?
Un petit peu sur un coup de tête à vrai dire ! Cela fait 18 ans que je suis tombé raide-dingue d'Ozzy Osbourne, après qu'on m'ait fait écouter l'album "no Rest for the wicked". Dès lors, je me suis attelé à tout acheter, à collectionner comme un malade 45t, vinyles, picture discs, pirates, tour-books, vidéos, et bouquins. Au fur et à mesure, j'ai amassé pas loin de 700 pièces ! Mais outre cette montagne de collectors, je voulais tout savoir sur le personnage, l'homme, le chanteur, et j'ai bien évidemment acheté tous ces bouquins qui pullulent sur lui outre-Manche et outre-Atlantique... il en existe une bonne trentaine, Sabbath compris, le meilleur de tous étant assurément l'un des tout premiers, "Diary of a Madman", écrit en 1985 par Mick Wall, la star de Kerrang! et Classic Rock, alors en colalboration avec Ozzy lui-même.
De plus, j'ai récupéré toutes les coupures de presse possibles et imaginables, françaises bien-sûr, mais aussi anglaises, américaines, voire d'ailleurs ! Et mon fantasme absolu était de tout posséder, ou tout du moins de proposer un ouvrage qui condenserait, avec force détails, anecdotes et précisions, la totalité de toutes ces connaissances, de tout ce savoir que j'acquérissais sur lui !
Donc quand ? J'en sais trop rien, l'idée ayant toujours été là dans ma tête... Ce que je sais, c'est que j'étais navré, terriblement dégoûté que personne en France ne s'y mette un jour. Alors j'ai su que ce serait "mon destin" !!! Et je suis assez fier d'être le premier instigateur d'une biographie en français ! Mais je dois aussi saluer le travail, il y a une bonne quinzaine d'années, d'un méga-fan de Gap, Fabrice, qui avait consacré toute son énergie à la réalisation d'un fanzine entièrement dédié à Ozzy !

Ton livre sort chez Camion Blanc, avais-tu tu signer un contrat ou obtenu des garanties de publication avant de t'attaquer à la redaction de ton livre. N'avais tu pas peur que ton travail finisse par rester sur ton disque dur ...
Figures-toi que j'ai commencé la première phrase une fois mon contrat signé !!! J'écris depuis longtemps : outre la presse, je suis un boulimique d'écriture et j'ai toujours couché sur papier des histoires, des conneries, des idées, ou des ébauches de romans. rien de publié ! Mais pour un tel projet, je ne voulais pas justement être le gars frustré qui s'était cassé le cul pour rien ! J'ai pu avoir un contact chez Camion Blanc, j'ai appelé au culot, ai proposé mon idée, on en a discuté une demie-heure au téléphone et quelques jours plus tard, mon contrat arrivait par la poste ! Qui ne tente rien...

Peux tu revenir sur les différentes phases de ton projet ? Depuis combien de temps es-tu entrain de rediger ce livre ? comment t'es tu organisé pour mener à bien ton oeuvre ?
Comme je viens de le dire, j'ai donc eu un contact, complètement par hasard : en juin 2005, alors que j'allais voir Nine Inch Nails en concert au Zénith, j'ai rencontré un gars, Antoine, qui achevait d'écrire en trio son premier bouquin sur Rammstein : on a bavardé, m'a encouragé à les appeler et à leur proposer un projet ! voilà ! On va dire que j'ai commencé fin juin début juillet, et ça m'a prit 6 bons mois, plus les corrections, et enfin la mise en page qui a quelque peu tardé.
Pour m'organiser, c'était le bordel dans mon bureau : j'ai ouvert tous mes classeurs d'archives, mes bouquins, tout : j'ai pris plein des milliards de notes, imprimé plein de trucs, surfé sur le net, tout relu ou presque et cherché tous les détails. De toutes façons, j'avais "la vie" d'Ozzy Osbourne en tête depuis très longtemps : je connaissais tout ! Me restait qu'à recouper toutes les infos, être pointilleux sur les dates, etc ! Ecrire une bio sur un artiste est finalement assez facile, bien plus que pour un roman, croyez-moi ! Tout est déjà écrit : il n'y a plus qu'à rechercher les détails, tout recoller et s'appliquer pour narrer tout cela avec son propre style sans rien paraphraser !

Tu revendiques une biographie sans rumeurs, avec des informations verifiées. Comment t'es tu assuré que tout ce qui est dans ton livre est vrai ?
Tout simplement en ne faisant confiance qu'aux meilleures sources. Et parfois à son instint lorsqu'on est si intimement convaincu de connaître son artiste préféré, très naïvement !!! Non, c'est surtout un gros boulot fastidieux pour tout regrouper et s'assurer que la version définitive des faits que tu veux rapporter est juste. Lire des centaines d'interviews sur telle ou telle époque, qu'elles soient d'Ozzy ou de son entourage. J'ai écarté tout ce qui m'apparaissait "limite" ou complètement monté !

Au sujet des rumeurs, quelles sont les plus folles que tu as entendue sur Ozzy Osbourne ?
Je crois que tout ce qui concerne le satanisme ou les exagérations sur ses massacres d'animaux sont grotesques ! Cependant, il y a eu tellement de faits outrageants, de décadence, de pêtages de plombs, d'orgies, de conneries et, oui, de massacres d'animaux quand-même, que tout est encore plus démesuré que les pires rumeurs !!! Mais par pitié, arrêtons avec le satanisme ! Cela dit, lisez le livre : il y a un assez gros lot d'histoires invraisemblables !

Ton live n'a pas été "autorisé" par Ozzy et son entourage, tu n'as pas pu l'interviewer pour completer ton bouquin. Te sens tu frustré par cela d'une certaine maniere ?
De toutes façons, en général, et à part l'inégalable "The Dirt" du Crüe, il n'y a pas pire que les bios autorisées : la vérité est souvent gommée ! Tout est assez formaté et politiquement correct ! Rien ne vaut selon moi le travail méticuleux du fan. Le seul revers, et tu as raison, c'est la frustration : manquent cruellement LES confidences, la proximité humaine de l'artiste que tu admires avec lequel tu passes des centaines d'heures à enregistrer des conversations sur des souvenirs, des états d'âme, etc !!! Cependant, je pense en plaisantant que je pourrais plus en apprendre sur Ozzy Osbourne à Ozzy lui-même que l'inverse vu qu'il ne se souvient de quasiment plus rien d'après ses aveux !!!! Blague à part, je souffre comme un gros naze de ne l'avoir jamais rencontré !! Je me suis rattrappé avec deux bonnes heures avec Zakk Wylde à boire des binouzes !

Tu viens de rencontré ton idôle lors d'un passage promo à Londres, alors ... raconte ?
Milieu de la première semaine d'avril, on m'avertit officiellement par e-mail que deux jours de promo auront lieu à Londres la semaine suivante !!! Excitation, branle-bas de combat, caleçon foutu. Sony-BMG proposait donc aux happy-fews d'écouter le nouvel album "Black Rain" en avant-première et peut-être d'interviewer Ozzy, en mini-groupes autour d'une table-ronde ou en tête-à-tête, privilège suprême accordé à une très stricte minorité. Travaillant depuis peu chez Crossroads, je me doutais qu'un gros sujet pourrait les intéresser donc j'ai tout fait pour être sur la liste des guests !!! Une semaine à ne quasiment plus dormir, à n'avoir que ça en tête ! Merde : je n'ai pas le CV de Philippe Manoeuvre, mais je commence à avoir déjà interviewé quelques-unes de mes idôles, mais là, Ozzy Osbourne, au bout de vingt années de fanatisme incontrôlé, et quelques semaines après la sortie de mon bouquin, c'était juste énorme !
Jour J, grosse pression sur mes frêles épaules : peur de l'annulation, peur d'être déçu, peur de déconner, peur de foirer le truc, peur d'être naze, ridicule, incompétent, bref, la flippe ! L'écoute du disque (aaaah ce disque !!!) a lieu dans le studio N°2 d'Abbey Road (un peu célèbre...) : nous sommes tous assis à attendre sa Sainteté. Lorsqu'il arrive ne serait-ce que dans la pièce, c'est la boule d'émotion. Il est là, à quatre mètres, timide, resplendissant, débarrassé de son image de croûte qu'il campait malgré lui dans cette horrible série. Pour moi, c'est retour à mes quinze ans, encore une fois l'émotion est très grande. Après, mon interview, qui est bien, pour le plus grand de mes honneurs, en face-to-face, démarre à 18h15. La tension est plus grande que jamais pendant les heures précédentes. Puis la grande attachée de presse british vient me chercher... et me présente à Mr Osbourne. Magnéto enclenché, serrage de mains moites, premiers mots maladroits étonnant donnée l'intimidation de la présentation. Mais Ozzy est cool, agréable, me met à l'aise, et c'est parti pour 25 minutes d'interview à bâtons rompus. Je le trouve aussi drôle, fascinant, terre-à-terre et lucide que très étonnament en grande forme !
Désolé de saouler, mais je pourrais en parlant des heures tant le moment a été fort. Je me suis octroyé 2 ou 3 minutes de plus pour immortaliser l'instant et lui faire signer quelques CDs : non je ne pouvais par décence pas emmener un billion de collectors ni m'embarrasser de vinyles lors du voyage; je n'ai que très simplement choisi ses pochettes d'albums solo !

Quand tu lui a montré le livre que tu as ecris sur lui, quelle a été sa réaction ?
Je crois qu'aussi bien à travers mes questions que mon attitude "captivée" et "émue", il a quand-même réalisé qu'il avait affaire à un fan et non à un journaliste "de plus", sans condescendance aucune (juste que j'estimais pour le coup devoir marquer le coup). Donc en lui prouvant le plus simplement et naturellement du monde que j'étais vraiment un grand admirateur, il semble avoir été touché par le fait que j'ai dédier autant d'énergie et de travail à un bouquin sur sa vie. Il m'a chaleureusement remercié, et même si je sais à 99,9% qu'il ne le lira jamais et que cet exemplaire finira archivé sur les étagères de son inventaire de mémorabilia personnel, seul le geste symbolique de le lui remettre en mains propres a été très fort. Pour moi, et je pense que le courant est passé pour lui puisqu'il avait aussi l'air très satisfait du titre du livre qu'il m'a demandé de lui traduire ! Et bien-sûr, il m'a personnellement dédicacé mon exemplaire !!!

Revenons à Ozzy et son histoire, tu disais l'avoir découvert avec 'No rest for the wicked" qui est un piètre album à mes yeux. Qu'est ce qui t'a emballé sur ce disque ?
Piètre album ? Je ne sais pas, non... pas le meilleur, c'est certain, mais assurément un retour à un son plus metal par rapport aux égarements des mid-80's... En tout cas je ne pouvais pas faire le connaisseur à l'époque, car je l'ai donc découvert en septembre 89 et ça ne faisait qu'environ 6 mois que j'avais découvert le metal, en écoutant Maiden ou WASP... Mais là, dès le riff monstrueux de "Miracle Man" et surtout ce timbre de voix unique, je ne sais pas, j'ai ressenti un vrai coup de foudre, instantané, bête, naïf. Alors oui, je reste très attaché à ce disque, et hormis il est vrai 3-4 gros titres de remplissage (OK, sur 9...), il y a de gros brulôts comme "Miracle Man" et "Crazy Babies" qui sont ultra-accrocheurs (impossible à nier !), ainsi que d'autres titres très mélodieux comme le mésestimé "Fire in the Sky" ou "Hero" qui sont des pépites pour moi !

Quel est selon toi la meilleur periode de l'artiste : Avec Black Sabbath ou en solo ?
Impossible de choisir, même si ma collection est à 80% axée sur le solo : je trouve les pièces plus intéressantes. Mais artistiquement, je suis incapable de choisir. C'est un tout, unique, graduel, complémentaire, historique, avec ses hauts et ses bas qui font de sa carrière une des plus remarquables de toute l'histoire de notre musique... Je vis juste citer quelques chapitres de sa vie qui me paraissent ultra-excitants, artistiquement et biographiquement :
- les premiers pas, de Earth début '69 à "Paranoid" en décembre 1970, après la première tournée US
- l'intervalle entre l'enregistrement de "Volume 4" à LA en 1972 et la tournée "Sabbath bloody Sabbath" en 1974
- les abysses après son évicition de Sabbath en 1979 jusqu'à sa rencontre avec Randy Rhoads et le début de ses premières tournées solo en Uk et aux US
- la tournée "Diary of a madman" de fin 81 à mi-82
- la tournée "bark at the moon" en 1984 avec Mötley Crüe. Orgiaque.
- Toute l'époque "No more tears" de septembre 91 à la fin de la pseudo-tournée d'Adieu en novembre 92

Quel album d'Ozzy recommanderais-tu à un néophyte ?
Pour un néophyte, assurément les deux premiers avec Randy Rhoads : "Blizzard of Ozz" et "Diary of a Madman". Ce choix n'est pas original mais ce sont tout simplement deux joyaux incontestés du classic hard-rock, aussi mélodiques, virtuoses, accrocheurs et un brin cinglés. Pour la période plus récente, "No more tears" en 1991.

Quel album de Black Sabbath recommnderais tu à un néophyte ?
Pfff, t'es dur... Il y aura autant de débats que de combinaisons possibles... mais j'ai peut-être un faible très personnel pour, allez, "Volume 4" en 1972. Sinon, pur le néophyte à nouveau je dirai "Paranoid", car c'est un essentiel, un incontournable de toute discothèque rock et qu'il résume à la fois la musicalité et la philosophie du groupe.

Es-tu fan de la musique d'Ozzy avant d'être fan du personnage et de ses multiples facettes ?
Bien évidemment ! comme je l'ai dit, lorsque j'ai immédiatement accroché sur "No rest for the wicked", je n'avais jamais, mais alors vraiment jamais entendu parler d'Ozzy Osbourne. J'avais 13 ans, dans un collège de Biarritz,e t j'étais le seul à m'auto-initier au metal... si ce n'est qu'un ou deux gusses avaient 3-4 cassettes par hasard qu'ils m'ont filé par hasard également, dont Ozzy... Je me rappelle qu'un mois après j'ai acheté en 33t "The ultimate Sin" chez un disquaire à Bayonne, et à partir de là, je me suis dit : "il me faut tout". Petit à petit, avec mon maigre argent de poche, j'ai, en 1 ou 2 ans acheté toute sa discographie officielle. Entre temps j'ai découvert les premiers articles dans Hard-Force ou HRM, et me suis ainsi initié à toutes ses "petites histoires et légendes" !!!! Enfin, c'est grâce à "Boulvrock' N'Hard" sur M6 que j'i découvert le clip de "Miracle Man"... toutes ces petites choses, découvertes très innocemment petit à petit n'ont fait que nourrir mon intérêt pour lui et sa musique. Mais une chose est sûre, si je peux raffoler de sa folie, des milliards d'anecdotes, de l'homme lui-même (sa simplicité, sa maladresse, son manque de confiance, ses démons), rien ne passe avant l'énorme émotion que me procurent sa voix (même si c'est un piètre technicien, il y a chez elle quelque chose d'unique) et la musique...

T'a t-il déjà été embarassant d'avouer ton fanatisme ultime envers ozzy ? Si Oui raconte ?
Embarrassant jamais : j'en suis très fier. Car si j'ai mis plus d'une adolescence à me construire, aujourd'hui je suis amplement capable d'aller envoyer se faire foutre ceux qui me dérangent ou qui ont un problème. Et par-dessus tout, j'assume tout ! Donc oui, je suis fier de cette passion, j'ai toujours emmerdé les modes, et même si le metal se veut souvent prétendument anti-fashion, il est bourré de principes parfois cons en ce qui concerne l'ouverture d'esprit au sein de ses propres sphères !!!! Donc on peut me railler sur mes choix : fuck off ! Je ne pense pas être le fan débile qui perd toute dignité : non, je suis respectueux mais passionné, et je le montre. Il y a tellement de blasés ou de gars qui perdent une certaine fraîcheur, qui se disent passionnés mais qui sont souvent aigris et sans éclats que je suis encore plus heureux de pouvoir montrer mon enthousiasme. Ca ne m'empêche pas de rester professionnel. Emu, digne, discret, et professionnel !