Classé dans le death mélodique à ses débuts puis déplacé dans la case néo death à la sortie de « Spreading The Rage » en 2003, DISBELIEF a toujours été à part. Ni franchement death ni franchement néo, les allemands sont surtout méchamment torturés, géniteurs d’une musique sombre et brutale unique. Jochen Trunk nous donne quelques éclaircissements sur le dernier album du groupe, « Navigator ».

VS : Salut! Vous êtes de retour chez Massacre records pour le nouvel album, après une courte collaboration avec Nuclear Blast pour « 66Sick » il y a deux ans. Pourquoi ?
Vous sentez-vous plus à l'aise avec Massacre?
Jochen : Et bien, nous avions un contrat pour un seul disque avec NB, ils n'ont pas été satisfaits des ventes et n'ont donc pas voulu le renouveler. Massacre s'est intéressé à DISBELIEF très tôt, donc nous sommes de retour même si nous savons que leurs moyens sont limités pour nous promouvoir! Mais nous leurs sommes reconnaissants d'avoir donné la possibilité au groupe d'enregistrer « Navigator », les autres labels n'ont montré aucun intérêt !

Je trouve que « Navigator » est un album a deux visages : l’un est très groovy et brutal, l’autre très intense, sombre et torturé. Vos disques ont toujours montré ces deux visages, mais cette fois je trouve que c’est encore plus prononcé.
Ressens-tu la même chose?
Oui, en effet, ce sont des éléments très importants de notre son, et nous voulions qu'ils soient encore plus évidents. « Navigator » est une sorte de concept qui englobe le livret, les paroles et la musique, chaque élément exprime nos sentiments et notre attitude !

Comme je l’ai dit dans la question précédente, les chansons de DISBELIEF sont torturées, et les paroles jouent un rôle important dans ce sentiment d’intense souffrance qui émane de vos albums…Est-ce le reflet d’un réel malaise pour Karsten (Jäger, chant)?
Je pense qu'il peut atténuer son « malaise » grâce à son chant. Bien sûr, il transmet tous les sentiments et impressions qu'il a de certaines choses. DISBELIEF « vit » la musique, c'est de l'art, l'expression d'émotions très profondes.

Certaines chansons semblent très simples en terme d’écriture, et on a parfois l’impression que paroles et musique sont indépendantes, mais en ce qui concerne DISBELIEF, il y a un lien très fort entre la musique que tu composes et les paroles
écrites par Karsten. Vous influencez-vous l'un-l'autre ?
C'est le résultat de douze années passées ensemble dans le même groupe. Quand je l'ai rejoint, c'était la voix de Karsten qui m'inspirait beaucoup, mais toujours en lien avec un son qui vous touchait le cœur. Quand je commence à composer, j'ai toujours ses hurlements à l'esprit et j'essaie de construire la musique autour de ça. Ce dialogue est très important : DISBELIEF n'est pas un one-man-show, nous essayons d'impliquer chaque membre et parfois c'est dur mais quand nous y parvenons c'est la plus satisfaisante façon d'écrire !

Karsten utilise encore les voix claires sur cet album, est-ce une facette du groupe qui sera plus développée dans le futur, avec des chansons entières chantées en voix claire ?
Ça dépend toujours de la chanson, mais notre nouveau producteur Michael Mainx a été très touché par les possibilités de Karsten et il a vraiment eu envie de développer ça, mais toujours en combinaison avec les interprétations des chansons de Karsten. Au bout du compte, tout le monde a été satisfait du résultat et c'est un élément qui sera développé dans le futur !

Le nouvel album s’appelle « Navigator » alors… Euh… qui est ce navigateur? Y a-t-il une signification particulière ?
Le navigateur est le facteur constant de vos vies, vous pouvez l'appeler « conviction » si vous êtes intimement convaincu de toujours prendre les bonnes décisions. Vous pouvez compter sur lui dans les situations de dépression, perte, déception.

L’artwork (très joli) représente un vieux bateau appelé « Misery » (quelle surprise !) qui se bat contre une très sombre et violente tempête. Est-ce que le logo de DISBELIEF imprimé sur la voile représente la façon dont le groupe voit la vie ?
Oui, nous comparons la vie à une mer démontée, les vagues sont les hauts et les bas. L'orage essaie de déchirer les voiles, ce qui vous fait perdre le cap, mais le vieux navire « Misery » flotte toujours, il fait face à cette réalité parfois destructrice. En résumé, l'artwork représente notre engagement pour notre musique, parce que de nos jours c'est très difficile de garder un groupe comme DISBELIEF en vie, nous sommes loin d'êtres tendance et ne rentrons dans aucune catégorie !

Je trouve le son de « Navigator » plus cru que celui de vos deux albums précédents (produits Andy Classen et Tue Madsen), ce qui lui donne une touche agressive mais d’un autre côté le rend moins puissant. Etes-vous satisfaits de la prod ?
Nous sommes très satisfaits du son, je ne pense pas qu'il soit moins puissant. Nous avons vraiment bossé ce son très clair, de sorte que l'auditeur puisse discerner toutes les couches de guitares, voix et harmonies. C'est peut-être la raison pour laquelle tu trouves qu'il manque de puissance.

J’ai acheté le CD il y a quelques semaines, mais j’ai lu dans quelques chroniques que les copies promo envoyées par Massacre contenaient des samples anti copie sur toutes les chansons.
Ne pensez-vous pas que cela détruit les fantastiques atmosphères des chansons ? Comme si un roman était envoyé aux critiques littéraires avec des pages manquantes…
Nous avons été obligés de mettre ces "voice-overs" sur les CDs promos. C'est une conséquence du passé, quand des albums comme « Spreading The Rage » et « 66Sick » se retrouvaient sur le net, téléchargeables plus d'un mois avant la sortie officielle. Ça nous a foutus en rogne, parce que la seule source possible était la presse spécialisée qui recevait les promos plus tôt. Tu as raison dans le sens où ce n'est pas la meilleure façon de découvrir un album pour le chroniquer, mais je pense que nous les avons placés de telle sorte qu'ils ne nuisent pas à l'identité des chansons !

Il y a une édition spéciale du nouvel album contenant votre show du Summerbreeze 2005 sur un DVD bonus. Préférez-vous jouer dans les festivals ou faire des concerts « normaux » ?
DISBELIEF est tellement intense que cela peut-être difficile de jouer parmi des groupes appartenant à tant de styles différents !
DISBELIEF aime jouer live, peu importe que ce soit dans le cadre d'un festival ou d'un concert normal. Sur un festival, tu as l'opportunité de faire connaître ton son et de faire de nouveaux adeptes, dans un concert en club/salle, c'est toujours très intense et tu peux facilement entrer en contact avec tes fans… nous aimons les deux configurations et surtout chacun des shows qu'on peut faire!

« Navigator » est votre septième album, et ce DVD bonus que j’évoquais plus haut est le premier dans l’histoire du groupe. Y a-t-il une raison expliquant que vous n’ayez pas encore sorti de « vrai » DVD live à ce jour ? Comptez-vous le faire bientôt?
C'est toujours une histoire d'argent, bien sûr que nous voudrions enregistrer un DVD live, et je pense que dans le futur nous y parviendrons !

Vous êtes le premier groupe dans lequel je retrouve ce mélange unique de brutalité et de souffrance qu’il y avait dans MORGOTH, particulièrement dans leur chef-d’œuvre « Odium » (Kro dans la section Remember ).
Vous sentez-vous proche d'eux ? Est-ce l'une de vos influences ?
« Odium » est un album fantastique et leur son était vraiment unique. Nous sommes influencés par différents groupes dont l'intensité est proche de celle de DISBELIEF!

En ce qui concerne vos influences, quels sont tes/vos groupes favoris ?
DEATH, SLAYER, DEFTONES, NEUROSIS, CROWBAR et ainsi de suite, au début KREATOR, VOIVOD - ce sont tous des groupes vraiment uniques, avec leurs propres styles et sons, comme DISBELIEF!

J’ai vu des liens vers des webzines sur votre site, que devrait faire VS pour y être ajouté ? Est-ce qu’une bonne chronique ( Ici ) du dernier album suffirait ? ;o)))
Peu importe que la chronique soit bonne ou mauvaise, ça ne dépend pas de ça, avec ces magazines nous avons une relation spéciale qui dure depuis des années et durera dans le futur. Et bien sûr je vais aussi ajouter ton Zine!

Merci pour tes réponses ! As-tu quelque chose à dire à vos fans français?
Nous essayons vraiment de faire des concerts en France, mais c'est très difficile de trouver des organisateurs locaux qui veuillent faire jouer DISBELIEF. Mais nous promettons de faire tout notre possible pour venir en France cette année, alors gardez un œil sur DISBELIEF et merci beaucoup pour votre support ! Cheerz from Germany, Jochen and DISBELIEF.