Par le passé, vous avez établi le nom de Lyzanxia surtout aux USA grâce à votre signature avec Reality Entertainment. Sous-estimé en France par rapport à Scarve et Gojira, vous surprenez les néophytes avec l’émergence de ce side-project d’une amplitude te
David : Phaze I est un projet qui date d'il y a presque six ans. Je crois que je l'ai composé en parallèle du premier album de Lyzanxia « Eden ». J'avais besoin de créer quelque chose de plus violent et de plus conceptuel. C'est un projet qui au début était très personnel et que je faisais écouter très rarement. J'ai eu le temps de travailler petit à petit sur ce projet pendant toutes ces années et de le peaufiner au maximum. Une fois l'écriture finie, je l'ai fait écouter à plusieurs potes qui ont tous trouvé que c'était vraiment plus violent et underground que Lyzanxia mais que ça apportait autre chose musicalement. J'ai toujours voulu enregistrer Phaze I pour avoir un exemplaire fini entre les mains et pouvoir l'écouter en ayant une histoire et un visuel dans la tête. Mais je n'ai jamais trouvé le temps, ni le batteur adéquat. Quand Lyzanxia a signé avec Reality, j'ai complètement arrêté de travailler sur Phaze I car je n'avais pas le temps de m'y replonger. Ce n'est que l'année dernière en composant l'album de Lyzanxia, que mon frère et moi avons trouvé le temps de finir l'écriture et d'enregistrer le projet. Dirk avait lui aussi une période sans tournée, c'était donc le moment idéal pour faire naître la bête ! Ca a été un grand soulagement et une grande satisfaction pour tout le monde je pense.

Bien que certains éléments soient proches de Syl, votre metal se veut plus épique et nihiliste comparé au répertoire d’orfèvre de Devin. On ressent un vif malaise face à votre musique du fait qu’elle est basée sur une écriture martiale et guerrière. Tu pe
David : Je crois que Phaze I est simplement une histoire de science-fiction. Le concept est guerrier et apocalyptique. C'est la naissance d'une nouvelle espèce humanoïde terrifiante qui n'a qu'un seul but, celui d'exister. Une sorte de cerveau primaire qui obéit à ses instincts les plus primitifs, le tout contenu dans un corps presque humanoïde à tendance tribale. Ils détruiront sur leur passage tout ce qui les dérange et les empêche d'atteindre leur but. En parallèle il y a la résistance qui cherche à endiguer cette nouvelle espèce et cela mène le monde dans un univers de guerre et de chaos total. Ce qui est intéressant c'est qu'en lisant les textes tu peux te mettre à la place de ces mutants ou à la place des résistants, c'est simplement une question d'interprétation et d'état d'esprit dans lequel tu te trouves en écoutant l'album et en imaginant l'histoire.

A en croire les sessions d’enregistrement qui se suivent mais ne ressemblent jamais, on a la vive impression que personne ne rivalise dans l’hexagone avec l’insolent talent développé par Dirk. Tout en sachant son engagement avec Soilwork, pourquoi avoir v
David : Nous connaissons Dirk depuis plusieurs années et nous avons eu la chance de travailler avec lui en studio sur l'album « Mindcrimes » de Lyzanxia. Nous savions déjà qu'en live Dirk est un batteur hors normes et le travail en studio l'avait confirmé et affirmé, dans une atmosphère relaxe et néanmoins très efficace. Je pense qu'il faut avant tout se faire plaisir quand on enregistre et qu'il ne faut pas se prendre la tête. Dirk est un des seuls batteurs que je connaissais capable de jouer les parties batterie de Phaze I, en y rajoutant sa touche personnelle. Je savais aussi qu'il ne lui faudrait pas longtemps pour enregistrer et c'était quelque chose d'important. Je ne voulais pas qu'on réfléchisse trop, mais au contraire que l'enregistrement soit le plus spontané possible. Non pas pour une question de temps de studio puisque nous avons enregistré chez nous, mais parce que ça avait été le cas avec la composition, même si les arrangements ont été longuement travaillés. Nous avons enregistré les autres instruments et les voix dans la même optique, en restant très spontanés et en laissant nos instincts nous guider. Au début Phaze I n'a pas été conçu pour le live, nous savions donc que ça ne poserait pas de problème. Maintenant que nous recevons de plus en plus de propositions de concerts nous avons vraiment envie de jouer Phaze I en live, et je suis sûr que cela arrivera dés que les conditions seront réunies.

Si l’on creuse l’âme intrinsèque de cet album, on s’étonne devant un schéma artistique volontairement accès sur une structure d’ensemble alambiquée à outrance. Penses-tu qu’il est nécessaire d’optimiser le degré de violence à ce point afin de bâtir une te
David : Phaze I est en fait un titre de 40 minutes que j'ai découpé en huit parties pour que l'auditeur ne soit pas obligé de se taper l'album entier pour écouter son passage préféré, qui peut se trouver au milieu ! Comme je te le disais, ce concept a été composé très naturellement, spontanément et sans le poser de questions. Je pense que la violence et la brutalité sont intrinsèques au concept et que le degré de violence atteint son paroxysme à la fin, de façon naturelle. Quand je réécoute l'album cela me met des états différents les uns des autres, mais le sentiment le plus courant que l'on peut ressentir dans Phaze I c'est la colère. Je pense qu'à une certaine époque j'ai eu besoin de cette violence et de cette colère pour sortir une musique qui me ressemblait à un moment précis. J'aime la surenchère qu'il y a dans cet album, elle te fait étouffer et t'emmène vers des limites que tu n'attends pas.

Gene Hoglan de SYL récemment interviewé me confiait que la fougue et l’intelligente appréhension dont fait preuve Dirk dans ses différents placements rythmiques, dénote d’un potentiel infini de combinaisons. Tout laisse à penser que vous avez une perle ra
David : Dirk est un chewing gum ! Il est capable d'à peu près toutes les figures rythmiques. Il groove, joue très vite quand c'est nécessaire, possède un son propre à lui-même, il a une frappe constante, une mémoire monstrueuse et il est très inventif. Effectivement il a un potentiel de combinaisons infinies tellement il connaît la technique, sans pour autant s'enfermer dedans. C'est un des meilleurs batteurs au monde.

A l’occasion de la sortie de ce premier volet, vous avez eu la chance de réaliser un clip mettant en scène un concept futuriste peu réjouissant annonçant la naissance d’une race supérieure voué à notre propre extinction. Peux-tu nous conter le story-board
David : Nous avons fait ce clip sur le titre « Screams Of Dying Dogs » avec le réalisateur Guillaume Pin qui a déjà réalisé le dernier clip de Lyzanxia « Medulla Need ». Le scénario se situe dans une usine au décor post-apocalyptique. Il y fait apparaître une sorte de gourou à deux visages qui annonce l'arrivée imminente de cette nouvelle race à un groupe de résistants. En parallèle on voit une shaman qui ressent la naissance de cette nouvelle espèce, le tout ponctué par des images de l'humanoïde en train de naître et de constituer son armée prête à envahir l'endroit dans lequel se trouve les résistants. L'esthétique de ce clip est très travaillée et le montage est très dynamique et crescendo, on peut penser au film Avalon en voyant les images. C'est exactement la vision que nous avions de cette partie de l'histoire !

Le graphisme de la pochette sous-entend la déjà dite émergence de cette espèce mutante au sein de votre univers. Traduit-elle de votre point de vue une certaine volonté humaine de n’entrevoir le futur qu’à travers l’Apocalypse ?
David : La pochette et l'artwork ont été créés par le plasticien Alain Tréhard. Je lui ai donné le texte et carte blanche pour la couverture. Après plusieurs essais, c'est ce projet de couv' qui est sorti et nous avons tout de suite été emballés par cette idée. Cela résume parfaitement l'idée du concept et définit l'atmosphère que la musique dégage. Même si Phaze I reste de la science-fiction, je pense effectivement que l'Apocalypse est bien réelle et qu'elle arrivera un jour. En revanche je ne sais pas quand elle arrivera, et pour quelles raisons. Beaucoup de gens n'ont pas conscience que le monde n'existera plus un jour ou l'autre. C'est très dur à imaginer et à concevoir, mais ça va arriver. Espérons que ça soit le plus tard possible ! Il faut rester optimiste malgré tout !

Phaze I est en tout point un groupe qui ose prendre des risques et explorer de nouveaux territoires tout comme Gojira. Penses-tu que votre musique est si évidente d’accès à première écoute ?
David : C'est difficile d'avoir du recul et de savoir si Phaze I est une musique accessible ou non. Les gens qui connaissent Lyzanxia n'ont pas de mal à écouter Phaze I parce qu'ils connaissent nos directions musicales et retrouvent un style qu'ils reconnaissent dans Phaze I. Il est évident que la violence fait de cette musique quelque chose d'assez underground et reste pour un public averti, mais d'un autre côté, il y a énormément de mélodie, et quelqu'un qui apprécie la musique pour la musique s'y retrouve en écoutant l'album. Pour l'instant les réactions sont très positives et de plus en plus de gens s'y intéressent. C'est très encourageant !

On pense bien évidemment au prochain disque, aimerais-tu développer d’autres thématiques ou veux-tu poursuivre l’évolution de votre art à travers uniquement des paysages cyber industriels dénués d’espérance ?
David : Mon frère et moi pensons à composer un deuxième album vu les réactions suscitées pour ce premier disque. Nous aimerions développer davantage ce concept et trouver une suite logique à raconter. Sans pour autant rester dans exactement le même univers, mais au contraire trouver de nouveaux éléments et une nouvelle évolution de l'histoire. J'espère simplement qu'on ne mettra pas autant de temps à trouver un créneau d'enregistrement !

Lyzanxia vient enfin de signer sur un label efficace français de surcroît, ne crains-tu pas la ressemblance trop directe avec tes compatriotes de Scarve qui pratiquent un puissant alliage des genres ?
David : Nous venons de signer avec Listenable Records, le prochain album « UNSU » sortira le 23 septembre en Europe. J'ai vraiment hâte de sortir cet album qui va étonner pas mal de monde ! La musique de Scarve et celle de Lyzanxia ne se ressemblent pas. Ce sont deux groupes compléments différents avec un concept différent, une image différente, un line-up différent, un son différent… Je crois que peu de gens vont faire un amalgame entre Lyzanxia et Scarve, si ce n'est que ce sont 2 excellents groupes français ;-) !