"Kheros", dernier album de FURIA, est une nouvelle étape dans l'évolution du groupe. Adoré par les uns, détesté par d'autres, une chose est certaine : ce disque n'a pas laissé indifférent ! Il suffit, pour s'en rendre compte, de lire les commentaires liés à la chronique publiée par VS il y a quelques semaines. Même si le groupe a accepté de répondre à la plupart des critiques qui lui sont adressées, qu'on se le dise, il en faudra beaucoup plus pour arrêter FURIA dans sa soif d'innovation !

Il est peut-être un peu tôt pour en faire un bilan, mais quel est le retour de la presse par rapport à « Kheros » ? Et du public ?
On a affaire à des réactions assez mitigées, en fait. Certaines personnes ont été surprises par notre évolution. Ceux-ci s'attendaient sans doute à ce que l'on sorte "Un lac de larmes et de sang" N°2…Beaucoup n'ont pas digéré notre évolution. On s'attend à perdre des fans de la première heure, certains nous ayant appréciés avec "A la quête du passé", sans doute. Mais bon, relativisons…je pense que d'autres sont susceptibles d'accrocher à notre nouvelle direction. On peut dire qu'on est dans une période de transition. Du coup, on est à nouveau obligé de refaire nos preuves, presque repartir du début. On attaque quelque chose de nouveau, c'est compréhensible.

Mi-2005, vous avez sorti le EP « Rebirth »…quel était le but, puisque deux des titres ont fini sur « Kheros »…ressentiez-vous le besoin de préparer votre public à l’évolution du son ?
Effectivement, l'idée était d'amorcer l'évolution musicale qui allait être la nôtre. Faire patienter le public était également notre but. Un certain temps s'est écoulé entre les deux albums. On savait qu'on allait rechercher un nouveau label pour ce nouvel album, donc ce EP était l'occasion de terminer notre job avec Adipocère en sortant un disque sympa. Mais marquer la transition était une vraie volonté avec ce EP. Déjà, le titre, « Rebirth ». Puis, cet évolution de logo… On voulait également sortir un objet un peu « hors trilogie », car c'est quelque chose qui commençait à nous peser un peu.

Question un peu futile mais…pourquoi un nouveau changement de logo, alors que celui-ci avait déjà changé entre le deuxième album et le EP ?
Toujours cette idée de transition…Bon, on doit aussi admettre qu'on était pas totalement satisfait de cette version, car on avait été un peu pris par le temps à cause du pressage. Mais je trouve que c'est finalement une bonne manière de marquer la transition.

Un des autres gros changement depuis le deuxième album, c’est la signature chez Season of Mist…comment cela s’est-il passé ? Que vous apporte ce nouveau statut ?
On se déplace maintenant en jet privé !
Plus sérieusement, "Kheros" avait déjà été enregistré avant notre signature chez Season of Mist. On avait même prévu à l'origine de le sortir en autoproduction, et de le faire distribuer sous licence, histoire de se libérer d'une quelconque influence. Entre l'enregistrement (en janvier 2005) et la sortie de l'album, il s'est écoulé quasiment 1 an. Les propositions sont tout de même arrivées, dont celle de Season of Mist. On se connaissait un peu auparavant. On est allé rencontrer le responsable du label à Marseille, ça a collé, on a signé !
Season of Mist nous a apporté une certaine garantie d'exposition à l'étranger, et pas seulement en France comme c'était surtout le cas jusqu'alors. Et puis, au niveau de la promo globale, on peut dire qu'on est assez satisfaits du boulot effectué !
Cela dit, je tiens à dire que le boulot d'Adipocère pour nos précédents albums a été remarquable !

Vous avez déjà un retour de cette distribution à l’étranger ?
C'est encore un peu tôt. On sait qu'on est distribué dans une cinquantaine de pays, et ça c'est une vraie progression ! L'album est sorti le 23 janvier en France, le 24 partout ailleurs. C'est notre première incursion à l'étranger avec cet album, je pense donc que ça pourra prendre du temps avant d'avoir un vrai retour sur une quelconque reconnaissance. Je pense que notre prochain album sera plus significatif à ce niveau.

En faisant la chronique de « Kheros », j’ai cité quelques groupes connus, histoire de situer un peu FURIA pour les lecteurs qui ne vous auraient jamais entendu : DARK TRANQUILLITY, CHILDREN OF BODOM, SOILWORK, THE KOVENANT, etc. Etes-vous d’accord avec ce
Ouais, ça tourne autour de tout ça ! La scène suédoise est intéressante, c'est certain, même si ça commence à tourner en rond. On nous a par exemple accusés de pomper une partie de cette scène…c'est quand même un peu exagéré. Nos influences sont multiples et vont des groupes que tu cites à Mötley Crüe !

La question qui fâche : suite à ma chronique sur VS, il y a eu de nombreuses réactions, les plus négatives s’exprimant avec plus de ferveur. Essayons de les prendre point par point :
Pochette ratée
Déjà, on peut préciser que la version finale a une erreur d'impression ! En gros, le rouge a disparu. On avait à l'origine des nuances de violet, de noir, etc. Elle est ressortie bleue ! En gros, la première version était beaucoup plus sombre, le personnage du fond à peine visible, ou alors juste son ombre…tous ces détails ne te pétaient pas à la gueule comme sur la version définitive. Même la femme au premier plan avait beaucoup moins d'importance.
Notre management, ainsi que d'autres observateurs extérieurs, trouvaient cette version beaucoup trop sombre. De modification en modification, on a obtenu cette image finale assez éloignée de l'idée de départ…même à 100000km de ce qu'on aimait au départ !!

Chant en inadéquation avec la musique
Ça, c'est, somme toute, un avis plutôt subjectif ! Et puis, de quel chant parle-t-on ? Il y a tellement de variations…L'idée, c'était de faire évoluer le groupe. Il aurait été très facile de n'utiliser que des chants black, criards ! Ça, on a déjà fait. Mais voilà, les voix claires, ça nous semblait pertinent de les intégrer à cette évolution. Peut-être qu'on ne les maîtrise pas encore, mais on l'a senti comme ça au moment de composer, et c'est naturellement que ça s'est imposé ! Que les gens prennent la peine d'écouter nos morceaux dans leur ensemble, et non seulement pour la voix. Ce qui a été dommage, c'est de lire des chroniques où on nous disait que le chant clair était insupportable. C'est difficile à comprendre…Il est vrai que sur les deux premier albums de FURIA, le chant n'a jamais autant été mis en avant. On a voulu rectifier le tir en les poussant un petit peu plus, certains ont visiblement mal accepté cette évolution.

Synthés et samples mal intégrés
Ben…même chose que pour les voix…ça n'est pas l'avis du groupe ! Au contraire, sur "Kheros", les synthés ont vachement été épurés. Par rapport aux premiers albums, il n'y a effectivement plus autant de violons, mais véritablement, on a épuré les synthés !! On a l'impression à ce niveau de ne rien avoir mis d'inutile, que chaque note de clavier apporte quelque chose aux compos. Et puis, il va falloir s'y faire, parce que ce type d'accompagnement risque d'être accentué.

Production pas assez puissante
Ça, c'est vrai ! On a connu pas mal de galères lors de l'enregistrement. On a commencé à enregistrer dans un studio à Mâcon qui était en travaux. On a été obligé de migrer vers un autre studio pour les prises de son, puis de revenir pour faire le mix. Le résultat de ces premières prises de son nous plaisait vraiment. Une excellente acoustique, un son puissant…bref, ce qu'on recherchait ! Puis, de retour à Mâcon, plus rien ne sonnait pareil. On est resté un moment à s'interroger afin de trouver d'où venait le problème, sans vraiment comprendre. On a même pensé tout réenregistrer !! Bref, lieu différent, son différent !
Toutefois, la prod est claire, on entend tout…mais on doit bien admettre qu'elle manque de patate !

Evolution pas assez aboutie, mûrie…
Ben…donnons raison à cette critique. Elle n'est pas aboutie car c'est une évolution en cours ! Le prochain album sera évidemment plus abouti que "Kheros", même chose pour le suivant. On a voulu tenter beaucoup de nouvelles choses sur cet album, et on a tout fait de manière spontanée. C'était notre volonté de départ. Mais, encore une fois, ça n'est pas faux de dire que l'évolution n'est pas encore aboutie, car bien que satisfait de cet album, je pense qu'on peut faire beaucoup mieux. Cet album a été un vrai terrain d'expérimentation, on tirera les conclusions sur le prochain disque, et on fera le tri entre ce qui a marché et ce qui n'a pas marché selon nous.

A quelle évolution doit-on maintenant s’attendre pour les prochaines réalisations ? Le groupe va-t-il aller vers une musique encore plus « cyber », façon The Kovenant ? C’est ce que semble annoncer Kheros…
Pas forcément plus "cyber"…plus moderne, certainement ! Sincèrement, je ne considère pas cet album comme étant si éloigné que ça de nos deux premiers albums. Les fans des précédents disques, s'ils écoutent attentivement "Kheros", peuvent retrouver des éléments qu'ils ont appréciés par le passé.
N'oublions pas non plus que nous avons maintenant un nouveau guitariste qui va lui aussi apporter ses idées. Le prochain disque sera donc marqué de l'influence de ce nouveau membre. FURIA est une somme de personnes différentes aux influences variées. Tu sais, si on se lâchait vraiment, on pourrait pondre des trucs vraiment surprenants. On a par exemple des morceaux non publiés inspirés par le MEGADETH des années 80, mais aussi un autre avec des claviers à la Charlie Oleg (rires)…

Tous les fans s’accordent à dire que FURIA est un groupe qui dégage tout son potentiel sur scène…quels sont les plans de tournée ? Quelques incursions à l’étranger ?
Rien de prévu à l'étranger. Globalement, on ne peut pas dire que les choses soient totalement planifiées à ce niveau. Très honnêtement, on a l'impression d'être à une période charnière de l'évolution de FURIA. Les organisateurs de concert qui nous contactaient jusque là pour des affiches plus « métal classiques » sont un peu plus frileux depuis la sortie de "Kheros". Parallèlement, ceux qui sont susceptibles d'être intéressés par notre nouvelle orientation ne nous connaissent pas encore ou nous assimile encore à un groupe d'heroïc fantasy. On a un gros travail à faire de ce côté-là, afin de toucher ces gens là.
Et puis, il est encore un peu tôt…on attend encore beaucoup de retour sur l'album…

Les plans futurs du groupe ?
FURIA s'est remis à composer pour le prochain album. On a quelques ébauches dont on est assez satisfaits. On risque encore de surprendre…
Franchement, rien n'est prémédité. On ne peut pas forcément dire à quoi ressemblera le prochain album. Qu'on aime ou pas notre musique, il y a une chose qu'on ne peut pas nous retirer : FURIA est un groupe intègre, qui écrit sa musique comme il le sent ! Que nos détracteurs sachent que ça ne changera pas !!
Tiens, le prochain album sera du true black… à moins que ce ne soit de la polka…c'est une idée…