Xavier, Marion, Ben, Antoine et Arno - OVERMARS par MRBEUBEU - 2926 lectures
Le label Appease Me… est, depuis quelques années maintenant, un des plus prometteurs en matière de musique expérimentale et bruyante (et français de sur crois, un peu de chauvinisme de temps en temps, ça ne fait pas de mal). Sa collaboration avec le fameux Candlelight anglais nous donne la preuve que les groupes qu’il héberge ne sont pas à négliger, OVERMARS est de ceux-là. Entretien avec une formation dont la musique combine émotion, puissance et retournement de tripes…

Interview de d'OVERMARS réalisée par email, réponses reçues le 8 décembre 2005



Salut à vous, pour les lecteurs qui ne vous connaissent pas, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre groupe OVERMARS ? D’où vient ce nom et pourquoi l’avoir choisi ? Y a-t-il un lien avec ce fameux joueur de foot hollandais Marc OVERMARS ;) ?
Xavier : Nous existons depuis le printemps 2001, résidons à Lyon, avons connu plusieurs changements de line-up, avons tourné un peu partout à travers la France et l'Europe, enregistré deux split CD avec DONEFOR et FUGÜE et avons sorti depuis peu notre premier véritable album. Aujourd'hui, OVERMARS est composé de Pierrick et Antoine aux guitares, Marion à la basse et au chant, Benjamin à la batterie, Arno aux projections vidéo, samples et chant et moi au chant. Quant au nom du groupe, il a un lien indirect à ce grand joueur de football mais les explications varient selon qui te répondra.
Marion : En l'occurrence si c'est moi qui répond, ça n'a rien à voir avec un joueur de foot... je ne cautionne pas cette version des faits même si je n'étais pas là pour le voir. C'est un principe !


Quelqu'un vous demande de décrire votre musique, vous lui répondez quoi ?
Xavier : Quand je veux faire court, je dis qu'on a une démarche assez proche de NEUROSIS, quand je veux être plus explicite, j'utilise des étiquettes à rallonge pour essayer d'être le plus précis possible mais au final c'est incompréhensible. Je pense qu'on brasse trop d'influences différentes pour être facilement catalogués.


D’ailleurs, de quelle scène vous sentez-vous le plus proche ?
Xavier : Hors musique, nos racines sont dans la scène Punk Hardcore Do It Yourself donc on s'en sent tous très proches même si la manière d'aborder ce milieu change d'un membre à l'autre du groupe. Musicalement… je ne sais pas trop. Personnellement, je m'ouvre de plus en plus à cette scène émergente qui mixe des influences Noise, Black Metal, (Post) Punk Hardcore, Doom. Je me reconnais pleinement dans la démarche artistique de groupes comme BLUT AUS NORD, KHANATE, SUNN O))), AXIS OF PERDITION, P.H.O.B.O.S., ULVER, les projets de Michael Gira (SWANS, ANGELS OF LIGHT, BODY LOVERS) et évidemment NEUROSIS et les groupes qui gravitent autour. Faut que ça joue avec les tripes, même quand ça peut sonner glacial. Sinon, nous nous entendons très bien avec IMPURE WILHELMINA, TANTRUM, YEAR OF NO LIGHT, AMANDA WOODWARD, DAITRO et MIHA EDRISCH. Mais ça tient plus à des rapports humains qu'à une réelle affinité musicale.
Marion : DIY sans hésitations. Aucun style en particulier, de l'authentique, du personnel en général.


Vous avez créé OVERMARS il y a quatre ans, quelles furent vos ambitions et vos motivations à l'époque ? Qu’est ce qui a amené le développement de ce projet ? Est-ce que l’état d’esprit a beaucoup changé depuis le début ?
Xavier : Bruno (qui était clavier il y a encore peu) et moi sommes à la toute base de ce projet. Le line-up s'est complété très rapidement avec Antoine et Pierrick. Arno s'est proposé pour apporter une dimension visuelle supplémentaire au groupe. A part faire de la musique, rien d'autre n'était réellement verbalisé même si je pense que chacun d'entre nous y a mis des affects et des intentions personnelles. C'est à la base une aventure humaine, une rencontre de potes ou de gens qui le sont devenus.
La question de l'état d'esprit se pose beaucoup entre nous ces derniers temps. La signature avec Appease Me… et par extension Candlelight, les retours grandissants et principalement positifs du public, les propositions de concerts, les offres de labels, le fait de toucher d'autres scènes que celle Punk Hardcore DIY, les multiples possibilités qui s'offrent à OVERMARS font que l'état d'esprit change. Comme je l'ai dis avant, rien n'était verbalisé auparavant. La situation actuelle et l'éventuel futur qui nous attend (et ce qu'on choisira d'en faire) rencontre des échos différents au sein du groupe. Nous sommes nombreux, nous naviguons donc sur des compromis afin de léser le moins possible tout le monde ici. Les décisions quant à la politique du groupe se prennent à la majorité et non à l'unanimité, ceci à cause de notre nombre. Nous sommes donc tous amenés à apprécier ce qu'est OVERMARS et prendre des décisions le concernant. Actuellement, nous sommes dans une position charnière où l'on travaille à maintenir un équilibre entre nous tous, entre le côté amitié et fun du groupe et celui plus pragmatique et organisé qui concerne davantage la gestion interne. Les motivations actuelles et l'état d'esprit diffèrent d'un membre à l'autre.
Ce que je vais dire maintenant n'engage que moi et moi seul. Quand j'ai commencé ce groupe il y a quatre ans, j'étais dans une optique Punk Hardcore DIY, très critique envers tout le music business. L'aspect politique du groupe était pour moi très cadré et conforme à une certaine éthique. Par exemple, l'idée de vivre de la musique (je ne parle pas forcément de celle que je fais) était inenvisageable. Mais depuis environ deux ans, au gré de différentes rencontres (à travers le groupe ou pas), à travers le travail que j'ai pu exercer dans une administration, à travers mes histoires de couple, face aux réponses qu'OVERMARS reçoit, je suis dans une période de sérieuse déconstruction. Il y a trop de trucs qui me semblent restrictifs, qui bloquent mon épanouissement personnel, qui m'empêchent d'avancer, de me retrouver et de m'accomplir. J'ai arrêté le boulot de con que je faisais. Inconsciemment, j'ai pas mal contribué à foutre en l'air une longue histoire d'Amour et les retours m'arrivent en pleine gueule depuis quelques mois. La psychothérapie que j'ai suivie il y a quelques années vient de faire remonter quelques merdes dont je me serais bien passé mais avec lesquelles je vais devoir composer. Réaliser que je suis une personne agressive et nerveuse alors que j'aspire au calme et ne supporte pas l'agressivité des autres a été quelque chose de dur à accepter. Réaliser que j'ai énormément de violence ou de rage (je ne sais pas comment appeler ça) en moi, sans savoir d'où elle vient, pèse un peu au fil du temps. Cette violence, je n'arrive à l'évacuer qu'à travers la musique, à travers les concerts (et un peu de sport quand même). Sinon elle reste en moi. J'ai un besoin viscéral de jouer, d'être sur scène et d'expulser tout ça. Pour l'anecdote, lors de notre tournée avec PLAYING ENEMY, je me suis explosé l'arcade (quatre points de suture) avec un pied de micro, pissé le sang pendant tout un concert et j'ai trouvé ça exaltant, quasi revigorant. La douleur n'est intervenue que quelques heures après m'être fait recoudre, une fois l'excitation passée. Ça peut sonner très con, gamin, evil de pacotille, poseur ou ce que tu veux mais c'est sincère à 100% et pas surjoué pour un sou comme peuvent le balancer certains chroniqueurs de concerts. Me donner à fond, me sentir défaillir sur scène car j'ai trop poussé mes capacités, hurler à m'en faire péter les sinus et les cordes vocales, cracher tout ce que j'ai, ressentir une certaine douleur, j'en ai besoin. Avec cet état d'esprit personnel, ce travail de déconstruction / reconstruction, forcément il y a des choses concernant cette scène Punk DIY auxquelles j'ai pu être attachées, sur lesquelles j'ai pu être radical et sans compromis, qui se retrouvent chamboulées ou qui volent en éclat. Ça ne m'empêche pas d'être toujours actif dans ce milieu, d'y être toujours très attaché mais mon regard a changé. Donc pour OVERMARS, je suis prêt à accepter beaucoup plus de choses que par le passé, prêts à certains compromis avec ''''Le Grand Capital'' si ça peut aider le groupe à pouvoir aller encore plus loin artistiquement, à se diffuser davantage, que ce soit à travers les disques, les concerts ou les interviews comme maintenant. Tant que l'intégrité artistique (à tout niveau) n'est pas touchée, tant qu'on ne nous impose pas tel ou tel plan concert ou promo foireux, tant que nous sommes seuls décisionnaires quant aux activités du groupe, le reste m'importe peu ou pas, je le vois juste comme de la pose. J'ai besoin d'OVERMARS pour m'accomplir, c'est quasiment la seule chose qu'il me reste actuellement et je suis prêt à me battre contre vents et marées pour faire avancer et vivre ce groupe. Je ne veux plus me sentir confiné dans un espace trop restrictif où chacun de tes actes est jugé conforme ou pas à la scène, je ne veux plus que ce groupe et ses membres galèrent pour tourner ou enregistrer à cause de sordides problèmes de thunes. J'ai une faim de loup et faut que je mange, sinon je dépéris. Je reprécise que ceci n'engage que moi et n'est pas forcément représentatif de l'état d'esprit général du groupe.
Ben : Pour ma part, évoluer dans le monde du Punk me suffirait amplement. Je ne ressent pas le moins du monde le besoin de m'ouvrir à d'autres public, d'autres scènes… c'est symptomatique d'OVERMARS… nous sommes six personnes à avoir tous des motivations différentes, ce qui donne lieu à d'interminables discussions sur les lignes politiques à suivre… beaucoup moins de liberté qu'au début c'est sur. Mais beaucoup de motivation et d'amour, sinon j'aurais lâché l'affaire depuis longtemps.
Xavier : Je ne suis pas du tout d'accord avec le ''moins de liberté''. Au contraire, on en a beaucoup plus qu'avant, largement ! Sauf qu'elle peut nous faire peur par moment car peut nous pousser à aller explorer d'autres sphères que nous ne connaissons pas. L'enfermement est beaucoup plus rassurant car au moins le terrain est balisé. Mais je le redis, évoluer en milieu clos et bien balisé ne m'intéresse pas.
Antoine : Je n'ai pas l'impression que tant de choses ont changé depuis nos ''débuts''. Chaque personne a évolué individuellement et cela se retranscrit forcément collectivement. En tout cas d'un point de vu strictement musical, je me sens plus à l'aise ''techniquement'' et intellectuellement pour expérimenter plus de choses mais les sensations que me procurent notre musique me font toujours un bien fou. La viscéralité de nos désirs et frustrations sont jetés pêle-mêle dans nos morceaux, chacun avec ses moyens, ses besoins.
Marion : Je crois que rien n'a été dit au départ. C'est les évènements, les propositions ou les coups durs qui font réfléchir, mûrir ou régresser. Pour ma part tout ce qui nous arrive ne fait que renforcer en moi l'idée que la musique est de l'ordre de l'autosatisfaction. Ce qui me plaît c'est quand quelqu'un s'amène vers moi après un concert, qu'on boive une bière ensemble et qu'il m'explique à quels degrés il s'est retrouvé dans notre musique ou pas. Apprendre ce que vaut notre musique avec un peu de mes tripes dedans dans une chronique de disque ça ne me fait rien. Je m'en fous comme de la critique du dernier Jackie Chan dans le Télérama du mois dernier. Pour moi ça ne sert à rien d'être diffusé plus que de raison. Ceci étant nos divergences dans OVERMARS à ce sujet n'ont jamais été suffisamment de tailles à menacer très sérieusement notre impulsion première et viscérale à continuer ensemble.


Je sais qu’à la base, OVERMARS n’était qu’un side-project de DONEFOR, pourquoi avoir voulu monter un projet pas si éloigné musicalement ? Comment se fait-il qu’il ait dépassé le simple état de projet pour en devenir un véritable groupe au point que DONEFO
Ben : J'étais déjà batteur dans DONEFOR et crois-moi, les deux groupes étaient très différents. La musique d'OVERMARS est beaucoup plus lente et dépressive… DONEFOR, finalement, c'était vachement plus festif. Et puis il y a aussi les gens. On s'entendait beaucoup moins bien dans DONEFOR que dans OVERMARS. Mais par dessus tout, je crois que ce qui a flingué DONEFOR, c'est le fait qu'OVERMARS a tout de suite joui d'une bonne réputation. Je ne me l'explique pas vraiment d'ailleurs… alors qu'avec DONEFOR, on était beaucoup plus noyé dans la masse. Donc forcement, OVERMARS a commencé très vite à faire plus de concerts que DONEFOR et à partir de là, étant donné que ce n'est pas notre métier, il a fallut faire un choix.
Marion : Mais... c'est pour pouvoir m'intégrer dans le groupe, bien évidemment !
Arno : Je chantais dans le groupe, et quand les autres ont formé OVERMARS, ça leur servait de soupape, il y avait trop de pressions internes dans DONEFOR, certains étaient persuadés qu'on faisait de la merde, limite s'excusaient devant le public de les emmerder avec leur musique. A la fin j'en étais persuadé aussi. Donc forcement ça s'arrête.


Pour ceux qui ne connaissent pas la musiquer de DONEFOR, comment la décrierais-tu par rapport à celle d’OVERMARS ?
Ben : C'était du Hardcore teinté d'un peu d'Emo… j'ai réécouté le split avec OVERMARS l'autre jour, et ben ce n'était pas si mal.
Antoine : Ouais la description de Ben est pas mal. J'ai toujours trouvé que sur disque la musique de DONEFOR était classe, mais sur scène, je n'ai jamais vraiment accroché. Comme dirait Mathieu, notre pote qui fait le son, cela manquait un tantinet de groove.


Quel est globalement le but du groupe, avez-vous des idées précises, un fil conducteur qui vous fait avancer ? Que vous apporte ce groupe ?
Xavier : J'ai donné mon point de vue en question 4 concernant ce que m'apporte le groupe. Son but…? Basiquement se faire plaisir je pense. Personnellement, j'aimerais qu'OVERMARS puisse servir de lien entre une scène underground très peu exposée et un public plus large. J'aimerais qu'OVERMARS, à travers nos réalisations, nos interviews, nos concerts, amène les gens à s'intéresser à d'autres scènes, à des groupes plus obscurs, aux réseaux underground (et aussi de s'y impliquer). On aborde aussi quelques points socio-politiques à travers nos paroles et nos essais (présents sur le site et sur des fanzines que nous distribuons aux concerts) et sans vouloir donner de leçons ou porter de jugements de valeurs, si des gens qui ne sont pas sensibles aux problèmes de rapports de forces et de hiérarchie liés au capitalisme, à l'homophobie ou au sexisme (et d'autres formes d'intolérance, bien sûr) sont amenés à s'y intéresser grâce à nous, j'en serais extrêmement heureux.
Ben : Pour moi, c'est de créer quelque chose qui échappe à la société de consommation (un peu raté tu me diras !) je suis obsédé par l'idée de faire des choses qui ne rentre pas dans le cadre de ce que l'on attend de moi. OVERMARS m'apporte un élément de satisfaction à cette attente. Moins que ce que je voudrais, mais ce n'est déjà pas si mal.
Arno : Le groupe m'apporte énormément, c'est une soupape, une détente, on part entre potes, se défouler sur scène, rencontrer des gens bien, faire de la route … J'ai besoins de tout ça, c'est une vraie soupape.
Antoine : Physiquement c'est indispensable. Je ne peux pas décrire ni vraiment expliquer ce que cela me procure mais je n'avais jamais ressenti cela avant de jouer dans OVERMARS. Ces sensations corporelles, charnelles m'aèrent le cerveau, m'ouvrent des portes intellectuelles très enfouies. Ce qui est classe, c'est que cela rejailli sur ma propre histoire personnelle, j'ai moins peur d'écrire, de décrire.
Sinon la scène, les tournées qui sont toujours, quoi qu'il se passe, des moments uniques.
Marion : Le fil conducteur, en gros, c'est que tout est permis. Il n'y a pas de limites objectives aux orientations musicales que le groupe va pouvoir être amené à choisir. Notre but c'est donc d'exprimer nos envies et nos sensibilités à l'infini pour en faire quelque chose d'encore plus rare. Ce groupe pour moi c'est tout autant un exutoire qu'une torture. C'est un terrain dans un sens, où plus rien n'a d'importance que ce qui vient des tripes, mais c'est aussi le seul endroit où je ne me pardonne aucune faiblesse. C'est le seul endroit (ou presque) où je me sente finalement exister, dans tout ce que ça comporte de contraintes et de perspectives.


Vous avez à ce jour sorti un album et trois splits, pouvez-vous me parler de l'évolution que vous y voyez à l'heure actuelle ?
Xavier : Ça nous coûte de plus en plus cher à chaque fois !
Ben : Il y a une évolution musicale bien sûr, on sait quand même mieux jouer aujourd'hui, même si ce n'est pas encore folichon. Pour moi, l'évolution est aussi plus profonde. Par exemple, on commence à se demander ce que les gens attendent de nous. La question ne se pose pas en ces termes. C'est plus insidieux que ça, mais c'est réel.


Pouvez-vous me dire ce que vous pensez de toutes ces réalisations ? Avez-vous des regrets ?
Xavier :Chacune représente une époque précise du groupe, avec ses défauts et ses qualités. Même si certaines choses auraient pu être améliorées, je ne regrette rien et referais le même parcours avec le même enthousiasme.
Ben : Mon plus gros regret, c'est la pochette du dernier CD. Navette (un copain tatoueur) nous avait fait un mortel dessin, et au final, la pochette est moche. Il y a eu des problèmes de communication et on a mal géré tout ça. C'est une belle connerie parce que c'est quand même notre premier album mais on ne se laissera plus avoir par ce genre de problèmes.
Antoine : Moi je garde que des bons souvenirs de tous nos enregistrements, à chaque fois pour des raisons différentes. Quand je réécoute ces disques où que je les regarde, ces souvenirs me reviennent et je ne peux pas être objectif sur ce que j'entends où ce que je vois. Par contre pour la pochette de l'album, beaucoup de personnes ont merdé, nous les premiers. A nous de faire notre propre mea culpa avant de blâmer certaines personnes. Tu sais, sept gugusses qui discutent graphisme, c'est vraiment l'enfer…
Marion : Mon seul regret c'est de ne pas avoir passé six mois au Rec Studio avec ce bon Serge… On aurait sorti un septentruple album dont on pourrait être fiers !


Pouvez-vous nous éclairer sur la signification du titre de votre album “Affliction, Endoctrine… Vertigo” ?
Ben : C'est le fruit de longues discussions entre nous. On se retrouve un peu tous dans ces mots. Dans l'absolu, ils seraient plutôt à prendre séparément les uns des autres mais je crois qu'ils ont chacun une valeur différente pour nous. Quant à l'interprétation des gens, c'est à eux de voir ce qu'ils veulent y mettre… Leur propre expérience, leurs chagrins, leurs peines, leurs déceptions… mais pas leur amour.


Aussi, vous avez choisi d’accompagner cet album d’un DVD, pourquoi une telle démarche ? Pouvez-vous nous en expliquer le contenu et surtout le court-métrage “Le Cerveau” ?
Arno : J'ai proposé aux autres ce DVD en complément de l'album, déjà parce que moi aussi je voulais être de l'aventure, je voulais aussi montrer qu'OVERMARS est bien plus que juste un groupe de musique. Ainsi, sur le DVD, il y a du live, des photos, de l'art, de la vidéo. Ça ne parle pas forcement d'OVERMARS, mais ça en fait parti. Pour ce qui est du court-métrage, c'est moi qui l'ait réalisé, et en même temps que le DVD, donc je me suis dit qu'il pourrait être pas mal dans le DVD a cause son ambiance.
Antoine : Ce que je rajouterais par rapport au court métrage, c'est qu'il a été tourné exactement à la même période que notre enregistrement. C'était notre premier album, mais aussi le premier court d'Arno. De fait, nous étions tous dans l'inconnu, l'excitation, mais aussi un peu flippés. Je pense que ce DVD retranscrit assez bien ces sentiments conjugués.


Comment se passe le processus de composition ? Quelles sont les différentes étapes de l’élaboration d’un morceau d’OVERMARS ?
Ben : Tout ce qu'il y a de plus classique : un riff de départ. Ensuite, on prend des quantités importantes de drogue dure et le reste vient tout seul. Par contre, tout est très lent chez nous car comme tout le monde donne son avis et qu'on est six, il y a toujours un truc qui ne va pas.


Quelles sont les principaux concepts, thèmes développés par le groupe ?
Xavier : Principalement les rapports entre les êtres humains. Les rapports de force, de soumission et de domination, très souvent en lien avec l'environnement social et politique dans lequel nous évoluons. Finalement, c'est ce que nous vivons tous les jours que nous connaissons le mieux. Mais tout y est vu et abordé selon le point de vue de l'auteur, que ce soit Benjamin ou moi pour les paroles, ou les autres membres du groupe pour les essais, avec sa propre sensibilité. Il y a aussi des questions d'identité ou plutôt de quête d'identité qui sont abordées dans nos paroles. Nous possédons tous une identité sociale, construite autour du sexe, de l'âge, de la catégorie socioprofessionnelle, etc. A travers certains textes, j'aborde plus ou moins maladroitement le fait que nous ne sommes pas uniquement identifiables à travers notre CSP, âge, sexe, etc. Mais aussi à travers tout un panel de choix, d'émotions, de traits de caractère. De plus, cette identité est conditionnée par notre éducation, notre environnement social. C'est très dur de réellement savoir qui on est sans faire un véritable travail d'introspection. C'est un peu ce que j'aborde en question 4. C'est un thème très important pour moi ces derniers temps.


Que doit-on attendre de l'évolution musicale et conceptuelle pour la suite ?
Ben : un retour au source ! Hé hé. Non, la question que tu poses est difficile car nos avis divergent sur ce point là. Pour résumer, un pan du groupe, dont je fais partie, serait plus pour refaire quelque chose de plus brutal, de plus basique, de revenir à quelque chose plus proche du Punk Rock. Un autre pan du groupe, voudrait plus continuer à expérimenter… je crois qu'on va tout simplement laisser fusionner ces deux extrêmes. C'est souvent de cette mixité que nous tirons nos forces vives.
Marion : Il faut s'attendre au pire... euh non, je veux dire, il faut s'attendre à tout !


Quels sont vos projets dans un futur proche pour le groupe ?
Xavier : Nous savons quand nous tournons (Europe en Avril 2006) et c'est déjà pas mal. Le reste… on verra bien.


Je suppose que, comme beaucoup de groupe, vous avez une certaine affection de la scène. Pour quelqu’un, qui ne vous a jamais vu, à quoi doit-on s’attendre d’un groupe comme le vôtre ? Quel(s) sentiment(s) ressentez-vous quand vous vous retrouvez devant ce
Xavier : Sueur, passion, don et abandon de soi, crachats, cheveux et éventuellement sang. La scène, c'est l'incarnation physique de tout ce qu'on a dans le bide. Avec le temps et pas mal de plans foireux, on a appris à faire relativement abstraction du public mais quand l'interactivité s'instaure, c'est pour moi un véritable orgasme.
Ben : J'aime bien la scène (même si je dis souvent le contraire) mais ça n'est absolument pas vital pour moi. On pourrait tourner beaucoup moins, je ne pense pas que ça me manquerait plus que ça. Ce qui me plait dans les tournées, c'est de partir avec mes amis pour rencontrer d'autres gens. C'est quelque chose que je n'arrive pas à faire autrement. Il n'y a qu'OVERMARS qui m'autorise ça. C'est un sorte de thérapie pour moi, et qui plus est, une thérapie que j'adore suivre. Quant à ce qu'on fait sur scène, je n'ai pas assez de recul pour en juger.
Arno : Je ne suis, par ma fonction dans OVERMARS, que pour la scène. C'est le but ultime, le point d'orgue entre nous tous. Quand ça fonctionne, et qu'il y a la passion sur scène, c'est assez magique.
Antoine : Ce qui est assez barge, c'est comment nous arrivons à ressentir ce que vivent certaines personnes lors de nos concerts. Sans déconner, je crois beaucoup à la chimie corporelle et ce que nous recevons, ce que les gens reçoivent, on le prend en pleine gueule et eux aussi. On donne souvent l'impression d'être un groupe d'autistes sur scène, mais cela tient au fait que lorsque l'alchimie est là entre-nous, je pense sincèrement que nous pourrions ne faire qu'un. Dans ces moments là, il faut nous voir comme une entité. Mais cette entité est réceptive, beaucoup même, de ce que les gens renvoient, de ce qu'ils vivent.


Pendant vos concerts, vous cumulez musique et vidéo, n’avez-vous pas peur que les gens s’imprègnent de la vidéo et en oublie de faire attention à la musique que vous êtes en train de jouer ? De plus, cette pratique semble de plus en plus courante, pensez-
Xavier : Non, vraiment pas. Un copain m'a dit qu'il se passe déjà tellement de choses sur scène que la vidéo pourrait être optionnelle. Bon, ce n'est pas sympa pour le travail d'Arno mais au moins ça signifie que notre présence scénique ne tient pas uniquement aux images et c'est plutôt positif et rassurant. Et puis les images sont rythmées sur la musique, cela forme un tout. Sans elle, elles n'ont finalement que peu d'impact. Sinon, ça ne me gêne pas plus que ça que cette pratique se fasse plus courante. Devenir une mode, je ne sais pas… A vrai dire je m'en fous. Si ça apporte quelque chose de plus au concert, c'est très bien. Si c'est juste pour le plaisir de balancer des images sans aucun rapport avec ce qui se passe sur scène, je ne vois pas l'intérêt.
Arno : Je travaille sur le mixe vidéo pour qu'il ne soit pas en avant, mais plus comme un décors vivant de scène. Un décor qui change tout le temps et a chaque morceau. Après, le spectateur fait ce qu'il veut, bloquer sur les images, Ben qui tronçonne ses fûts, Scotch et ses multiples pédales, Xavier qui fait la ballerine… Ou tout ensemble. Bref Il y a moyen de nous voir plusieurs fois et de jamais voir la même chose, ce qui est plutôt pas mal je trouve.
Pour la mode du videomix, hé bien oui c'est à la mode, et je m'en fous pas mal aussi.
Marion : Je n'envisage pas une seule seconde de jouer sans les vidéos d'Arno. Elles sont vitales. Elles nous portent juste à l'endroit où l'on veut aller, c'est un truc de barge ! Bon, et pour les autres, bah ils font ce qu'il peuvent/veulent… La plupart du temps, j'apprécie bien les groupes qui jouent avec des vidéos à condition qu'elles soient bien bossées. C'est la moindre des choses nan mais !


Il semble que le style musical dans lequel vous évoluez devient de plus en plus apprécié, des groupes comme le vôtre, NEUROSIS, ISIS, CULT OF LUNA ou PELICAN font de plus en plus parler d’eux, d’après vous, d’où cela vient-il ?
Xavier : Peut-être de la forte charge émotionnelle que ce genre de groupes peuvent dégager. On a atteint tous les extrêmes. On ne pourra pas jouer plus vite ou plus lentement. On ne fera pas de musique plus brutale ou plus technique. Le côté performance qui vire au concours de bite n'est plus de mise. Les gens qui ne veulent pas bouffer de la soupe ou qui ne se contentent plus de la performance extrémiste ont besoin de musique qui prend les tripes, qui parle à l'âme et au cœur. Pas étonnant que l'Emo se soit autant développé (avec la tonne de merdes et de clichés que ça draine), pas étonnant que des groupes comme GODSPEED YOU BLACK EMPEROR !, MOGWAI, SIGUR RÓS et à proportion plus réduite, NEUROSIS ou ISIS rencontrent un accueil grandissant et s'ouvrent même les portes du grand public sans pour autant prostituer leur musique. A l'heure où on nous sert de la merde continuellement et où on nous montre même comment on nous la chie (Star Ac', Pop Star & Cie.) et nous l'emballe, certaines personnes ont encore heureusement besoin d'un peu d'authenticité.


J’ai même entendu parlé de Neurot style dans une de vos chroniques, trouvez-vous ça péjoratif (car trop restrictif) ou plutôt élogieux ?
Xavier : Ça me va car c'est un label que je respecte énormément et qui prend des risques artistiques. Il n'y a pas deux groupes pareils et ils ont tous une personnalité très prononcée. Plus élogieux que restrictif, donc !


Des questions plus personnelles maintenant. Quels furent vos parcours depuis vos premiers pas dans la musique ? D'où vous vient ce goût pour la musique et surtout pour cette musique ?
Xavier : Comme tout le monde, en primaire avec une flûte à bec. J'ai fait un peu de solfège, tenté les cuivres (héritage familial), appris les bases du clavier quand j'étais gamin. J'ai toujours aimé la musique, depuis que je suis tout petit. Mon père écoutait beaucoup PINK FLOYD et le Rock de l'époque (70's) à la maison. En revanche, ma mère écoutait du Classique et de l'Opéra et je n'ai jamais pu aimer ça. Mes parents divorcent très tôt donc je ne profite pas des LP de mon père et passe une enfance entre Top 50 et la vague des J.M. Jarre et Vangelis. La première vraie révélation fut PINK FLOYD en 1988 avec un live retransmis à la télé. Une claque énorme. J'ai demandé à ma mère de m'acheter leur live ''''Delicate Sound Of Thunder'' et je l'ai écouté jusqu'à plus soif. En 1990, je découvre IRON MAIDEN avec ''''Live After Death'' et, là aussi, c'est la claque. Et à partir de là, c'est l'enchaînement avec ANTHRAX, METALLICA, KREATOR, puis la vague Death Metal des early 90's. J'ai décroché du metal vers 1996 et l'arrivée en masse d'une scène Black Metal que je trouvais idéologiquement nauséabonde (NSBM) pour m'orienter vers le Hardcore et plonger véritablement dedans en 1997. Depuis, j'ai assimilé beaucoup de styles, me suis ouvert à des sons que je détestais avant par principe et fais un petit retour dans l'univers du Metal depuis peu, découvrant certaines choses que j'avais ratées il y a dix ans. Pour la musique que nous jouons, PINK FLOYD a du poser certaines bases pour moi et NEUROSIS avec ''''Through Silver In Blood'' a fait grandir tout ça. Ça n'a pas été la révélation tout de suite, il a fallu un peu de temps mais finalement, c'est un disque très important pour moi. Il sait toucher certains aspects sombres de ma personnalité et les sublimer en quelque chose d'exaltant. Il sait me parler, trouver les mots justes au bon moment. C'est un disque qui me fait beaucoup voyager aussi.
Ben : Perso, j'ai des grands frères… Ça aide. J'ai été élevé avec les WHO qui passaient en boucle sur un magnéto à bande. Donc j'ai aimé très tôt la musique, mais, plus que la musique, c'est l'univers décalé, indépendant, libertaire et alternatif du Punk Rock qui a été un vrai déclic pour moi. Le jour où j'ai découvert le Punk, la musique a cessé de jouer un rôle primordial pour moi. Les musiques extrêmes vont de paire avec ce mouvement, donc c'est aussi celles que j'écoute.
Arno : En résumé : TELEPHONE, MADONNA, IRON MAIDEN, SLAYER, NAPALM DEATH, GORILLA BISCUIT, DISRUPT, NEUROSIS, DEAD BROTHER.


Quel regard portez-vous sur vos carrières personnelles ?
Xavier : Heu… Dans la musique ? Ben si on peut appeler ça une carrière, j'en suis content, j'ai accompli plein de choses que je voulais faire, auxquelles je rêvais. C'est un bilan plutôt positif. Mais je pense que j'ai encore beaucoup à faire. Aujourd'hui, je suis très fier d'en être là avec OVERMARS et très heureux d'avoir trouvé les bonnes personnes pour m'accompagner dans ce projet. S'il n'y avait pas cette bonne entente entre nous tous, je ne pense pas qu'on en serait là aujourd'hui. On n'a jamais rien provoqué consciemment, tout nous est tombé dessus progressivement sans que l'on demande quoique ce soit à quelqu'un (sauf quelques plans concerts évidemment) et je trouve cela très gratifiant.
Ben : Tout ce vers quoi je tends est à l'opposé du mot ''carrière''. Je suis déjà surpris (mais très fier, pas la peine de se voiler la face) de ce que l'on a fait avec OVERMARS. Jamais je n'aurais cru faire tout ce qu'on a fait. Si demain OVERMARS meurt, je n'aurais aucun regret.


Qu’attendez-vous de la musique ? Vous apporte-t-elle quelque chose en tant qu’homme ? Le musicien et l’homme sont-ils deux personnes différentes en vous ou la musique représente-t-elle tout pour vous ?
Xavier : Qu'elle me fasse vibrer, qu'elle me parle, qu'elle m'apaise, qu'elle m'exalte ! Elle m'apporte un certain équilibre, une certaine quiétude, en permanence menacée par des éléments extérieurs. Je ne suis pas vraiment musicien, je ne fais qu'hurler dans un micro. Disons que le Xavier ''''musicien'' est une extension très importante et indissociable du Xavier de base.
Ben : J'attends de la musique qu'elle soit représentative de quelque chose ou de quelqu'un. J'attends de la musique qu'elle soit tout sauf un produit. J'attends de la musique qu'elle me fasse comprendre un tout petit peu plus la mort, ou l'humanité. J'attends de la musique qu'elle ne soit pas, justement, que de la musique.
Antoine : La musique m'apporte des réponses aux questions que je n'oserais même pas forcément me poser, verbaliser.
Marion : La musique est le moyen de communication que j'ai choisi pour me sortir hors de moi, me dépasser, et recevoir des autres ce qu'ils ont à m'offrir, à m'apprendre. En dehors de ce langage, je ne suis pas très à l'aise.


Quels sont les projets que vous avez en plus d’OVERMARS ?
Xavier : Si tu parles toujours de musique, actuellement aucun. Mais ce n'est pas exclu que j'essaie d'autres trucs dans un futur plus ou moins proche.
Ben : Rien.
Arno : Mon projet, c'est de faire comme Ben, comme ça on sera deux.
Antoine : SUN GOD MOTEL. On n'a pas encore commencé mais il y a déjà un pote de Marseille qui nous a calé une date à Marseille fin Janvier. Gloups…
Marion : Terminer mes études, lire la biographie de Sarah Kane, faire deux ou trois bons concerts au sein de DAÏTRO, arrêter de fumer, mûrir, mourir… un jour, c'est à peu près tout en ce moment…


Quelles sont les choses qui vous influencent quand vous écrivez ?
Xavier : Je vais paraître égocentrique mais la réponse est moi, ma vie, mon environnement proche. Je suis le sujet d'écriture que je connais le mieux.
Ben : Bien sûr, on ne peut voir le monde que par ses propres yeux. C'est une sorte de malédiction d'ailleurs.


En tant que musicien, quel est votre idéal ? Aviez-vous un modèle quand vous avez commencé à jouer ?
Xavier : Au début, pas vraiment de modèles musiciens. Plutôt des modèles de gestion de groupe. J'aimais beaucoup la façon dont BAD RELIGION menait sa carrière quand j'étais ado, ainsi que FUGAZI et NEUROSIS. Vu que je ne joue d'aucun instrument, ce sont plutôt des personnages qui m'ont influencé par leur discours ou leur attitude. Rollins a beaucoup compté pour moi à une époque. CONDENSE aussi. Actuellement, même si je ne joue toujours pas d'un instrument, j'apprécie beaucoup la démarche de gens comme Justin K. Broadrick, Stephen O'Malley, Steve Austin, James Plotkin, Aaron Turner et les gens de NEUROSIS, BLUT AUS NORD et ULVER. Ce sont des aventuriers du son et j'adore ça.
Ben : CONDENSE, sans hésiter… Après, pour la musique, je ne suis pas un musicien. Je ne m'intéresse pas aux batteurs, ni à la technique, ni aux instruments, ni aux dernières trouvailles technologiques… il m'arrive d'être abasourdis par le jeux de certains batteurs, évidemment, mais je sais que je ne serais jamais de cette trempe là.
Antoine : Pour l'envie de faire des concerts, CONDENSE, également sans hésiter.


Y-a-t-il quelqu’un avec qui vous aimeriez travailler ? Un musicien avec qui vous aimeriez jouer ?
Xavier : Il y a pas mal d'ingés son avec qui j'aimerais faire bosser OVERMARS mais vu le nombre et la distance qui nous sépare d'eux, ça tient plus du fantasme qu'autre chose. En vrac, Billy Anderson, Steve Albini, Matt Bayles, Steve Austin. Côté musiciens, Ben Carr de 5IVE, Stephen O'Malley, les gens de BLUT AUS NORD, Michael Gira.


Quel matériel utilisez-vous ?
Xavier : Un Senheiser bas de gamme que je malmène ou les micros dispos dans les salles.
Ben : Une batterie, deux baguettes.
Arno : Un portable et un synthé 10 touches.
Antoine : Un ampli, une guitare cinq cordes et des petites boîtes avec des boutons pour faire des sons très rigolos.


Y a t'il des sujets d'actualité qui vous touchent ? Une cause à laquelle vous adhérez ?
Xavier : L'incompétence des autorités US à régler leur crise à la Nouvelle Orléans ainsi que la différence entre les Blancs qui cherchent à manger les Noirs qui pillent me laissent rêveur. Les politiques de Villepin sur le chômage et les contrats à périodes d'essai de deux ans me font bien flipper aussi. Et vu qu'on met trois mois à répondre à cette interview, les récents évènements dans les banlieues. Ça me rappelle mon ancien taf et ça ne me surprend nullement. J'ai même trouvé étrange que les banlieues de Lyon n'aient pas réagi plus tôt. Sinon, je n'adhère pas vraiment à des causes si ce n'est à plus d'activisme et d'ouverture dans les milieux musicaux underground.
Arno : Je n'adhère a aucune cause, mais pour la première fois de ma vie je pense voter pour qu'un fils de putes comme Sarkozy ne passe jamais au pouvoir ce qui me semble malheureusement bien parti.
Antoine : Pfff... Ta question est sans doute trop ouverte. Ben évidemment, récemment, l'explosion des banlieues m'a vraiment fait cogiter. De par mon travail associatif et militant, justement, dans les quartiers en difficultés, du fait que je me trouvais à Berlin au moment où ça pétait et que les allemands hallucinaient complet sur ce qui se passait en France. La ligne politique de l'UMP sur le traitement à court et moyen terme de ces évènements est tout simplement effrayante. Quand tu vois qu'au même moment, le PS s'arrache la gueule sur des motions toutes plus pourries l'une que l'autre avant leur grande messe du Mans, je commence très sérieusement à flipper pour l'avenir de notre jeunesse, et pas que ''banlieusarde''.


Que faîtes-vous quand vous ne travaillez pas pour OVERMARS ou vos autres projets ? Avez-vous des métiers plus “conventionnels” ?
Xavier : OVERMARS n'est pas un métier dans le sens où ça ne paye pas les factures, bien au contraire. Mais vu le temps et l'énergie que j'y investis, c'en est presque un. Accepter cet état de fait n'a pas été facile mais vu que j'y prends beaucoup de plaisir, ça me va bien. Sinon, je suis chômeur et conduis de temps en temps des groupes en tournée avec mon van histoire d'arrondir les vingt cinq derniers jours du mois.
Ben : Je travaille dans un cinéma indépendant où je donne des cours d'analyse filmique à des enfants et j'essaye de m'occuper le mieux possible de ma femme et de mon petit garçon (qui est vraiment minuscule hé hé). Le peu de temps qu'il me reste, je le passe à me détruire à petit feu en mangeant trop, en fumant trop, en buvant trop et en pensant peut-être un peu trop aussi.
Antoine : Je bosse dans une association où nous intervenons via un réseau important d'étudiants bénévoles, dans de nombreuses actions. Une grande partie de notre engagement porte sur les publics demandeurs d'asile. Tiens, voilà encore un exemple de plus de la barbarie (et je pèse mes mots) que nous pouvons rencontrer dans le pays des droits de l'homme. Tous les jours nous sommes face à des situations quasi surréalistes et pourtant…
Marion : Je suis (pour) toujours étudiante… Et en ce moment c'est sur les bancs de la fac de psycho que ça se passe…


Dernières questions, quelles sont vos playlists actuelles et quelle musique écoutez-vous généralement ? Pouvez-vous nous donner vos Top 5 avec quelques commentaires sur vos choix ? Avez-vous un artiste ou groupe à nous conseiller, tous styles confondus ?
Xavier : Ça change tout le temps. Là, j'écoute CAPRICORNS. Leur album est vraiment incroyable ! En ce moment, j'écoute beaucoup le dernier SHORA, EARTH, DIRGE, KILL THE THRILL, DITHER, GODFLESH, DOWN, PRIMORDIAL, Johnny Cash, SIXTEEN HORSEPOWER, ONEMILE NORTH, DEATHSPELL OMEGA, DATURAH. Pas vraiment de Top 5 et pas vraiment de groupe à conseiller si ce n'est tous ceux que moi ou les autres membres d'OVERMARS avons pu citer tout au long de cette interview.
Ben : Ma copine écoute une musique radicalement opposé à la mienne. Donc j'écoute vraiment de tout. Mais la plupart du temps, c'est quand même du Punk et du Hardcore. En ce moment, je me fais un revival power violence : SPAZZ, DROPHEAD, Jean Seberg, ÖPSTAND, POINT OF VIEW, mais aussi ASSUCK, DETESTATION, ANTI PRODUCT et tout les trucs de Crust de salon un peu hype : TRAGEDY, HELLSHOCK, HIS HERO IS GONE, EKKAÏA et les GASMASK TERRÖR, etc, etc. Mais dans deux semaines, j'écouterai sûrement des trucs de Doom… CORRUPTED et consorts… un peu de tout donc.
Sinon, je ne saurais trop vous conseiller d'écouter CONDENSE parce qu'ils sont incontournables, aussi bien pour la musique qui part dans tous les sens et qui à subit sur trois albums une évolution de malade, que pour les paroles d'une intelligence et d'une modération rare, sans toutefois faire le moindre compromis… Un véritable tour de passe passe.
CATHARSIS à cause de la grandiloquence et du romantisme que ce groupe dégage, de cette voix avec un timbre aux contours si pathétiques et désespérés et de la maestria des compositions.
AMANDA WOODWARD, pour l'énergie, la façon qu'ils ont de mêler Emo, Punk Rock et Dub, et les textes de Gérômes qui sont, de loin, ce qui se fait de meilleur en ce moment ; une façon d'écrire qui aurait pu être celle de Baudelaire s'il avait vécu en 2005.
Et KNUT, si vous êtes fan de frappes chirurgicales… Le cinquième, trouvez le vous-même, je n'ai plus la force d'écrire.


Je vous remercie pour le temps passé à répondre, il est temps de conclure cet entretien, je vous en laisse le soin, vous avez peut-être quelque chose à ajouter, n'hésitez pas. A très bientôt j’espère !
Xavier : Merci beaucoup pour ces questions riches et pertinentes, ça fait vraiment plaisir. En espérant ne pas avoir été trop long par moment. J'invite les lecteurs de VS à supporter le plus possible leur scène locale, à investir l'underground et à en devenir des acteurs actifs. C'est primordial pour la survie des musiques indépendantes et sincères.
Ben : Merci beaucoup pour cette interview et ton intérêt.
Arno : See you next show, and thanks for the Motorhead (ceux qui connaissent comprendrons et rigolerons).
Marion : Merci !

www.destroyalldreamers.org
Daniel Sayag : www.sand-rose.blogspot.com


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