ZAHAAH & MATHRIEN - HIMINBJORG par SKEPTIKFLESH - 3316 lectures
Tout d’abord avant de lancer les questions, FELICITATIONS pour votre nouvel opus EUROPA, œuvre particulièrement aboutie et très personnelle !

Himinbjorg est né en 1996 avec pour membres fondateurs Zahaah et Elvan, rejoints en 1998 par Mathrien.



Pouvez vous nous présenter l’actuel line-up ? Est-il consolidé ?
ZAHAAH : Le groupe se forme actuellement de Mathrien (guitares), Zahaah (basse / chant), Kah (batterie) et Anton (guitare). Mathrien et moi sommes les deux seuls membres à part entière du groupe nous employons, Kah et Anton en tant que musicien session depuis trois ans, ce qui crée une complicité musicale naturelle.

MATHRIEN D. : Merci à toi pour ces compliments. Je pense qu'un line up n'est jamais consolidé, ce sont de phrases d'interview. Et il suffit souvent de dire ça pour se rendre compte lors de la suivante que le groupe a splitté ou que son line up a changé une fois de plus. C'est un peu comme le délire qui consiste, à chaque nouvelle sortie d'album, de dire qu'il est plus abouti que le précédent. Tout ça demeure un business. Le line up est ce qu'il est en 2005, mais il peut changer à chaque instant sur un coup de tête. Les gens se lient aussi facilement qu'ils se déchirent, la vie en décide…


Vous avez travaillé avec le producteur slave Tomasz « Yogi » Adamski sur Europa . En quoi a consisté son travail et comptez-vous renouveler l’expérience ?
MATHRIEN D. : Il a fait un travail sympa mais ne s'est pas vraiment cassé le derrière non plus. De toutes façons, il n'a assisté qu'à une partie des prises de son et j'ai fait les 90% de travail restant. Disons que le job de Yogi a surtout été de prendre du bon temps en France. Accessoirement il donnait son avis ou tournait un potard, mais pas trop brusquement. A part ça il est vraiment sympa. Pour avoir passé du temps sur les bandes, je pense pouvoir dire que l'on aurait pu économiser la somme investie sans aucun problème. Enfin ce n'est que mon point de vue…

ZAHAAH : Yogi a travaillé sur l'églisation des prises de son, nous avions comme objectif d'obtenir un son de guitare puissant et précis à la fois aussi qu'un son de batterie qui percute a l'attaque tout en gardant une tonalité naturelle, en fait Mathrien était finalement largement capable d'obtenir ce résultat seul. Disons que ça lui a allégé la masse de travail.


Europa s’adresse à tout le peuple du Vieux Continent. Etes-vous bien distribués à l’étranger ?
ZAHAAH : La distribution n'est pas un problème, tu trouves nos disques au Japon, ce qui manque c'est une dimension internationale au travail promotionnel, même si de ce côté là les choses progressent doucement. Une fois de plus c'est le travail et la ténacité des années pallient a cela et nous permettent d'être connus et reconnus au niveau international

MATHRIEN D. : Personnellement, je n'ai pas vraiment les éléments en main pour te répondre… Moins bien que si le job était fait par Nuclear Blast je pense (encore que…), mais mieux que si je devais m'en charger moi-même. Et c'est bien là l'essentiel. Après, je ne vois pas comment donner plus de détails. Ah si, comme je tourne parfois à l'étranger, je peux te dire qu'il m'arrive assez souvent de tomber sur des trucs à nous sur les stands…
Et puis le nom de Himinbjorg bénéficie également du travail très important effectué par notre ancien label qui, bien que délaissant la Franc,e avait assuré ailleurs sur nos quatre premières réalisations…


Europa allie majestueusement les mélodies oniriques de Haunted Shores à la brutalité guerrière de Golden Ages . Etes-vous arrivé naturellement à ce résultat ou était-ce un choix réfléchi ?
ZAHAAH : Tout c'est fait instinctivement, par besoin, c'est une continuité naturelle.

MATHRIEN D. : Ouais c'est naturel, mais il faut dire que sur Haunted Shores, j'avais composé la moitié des morceaux. Je pense que le côté mélodique commun avec Haunted Shores vient aussi beaucoup de mon travail au niveau des guitares, d'arrangements de cordes ou leads. C'est de ce mélange entre le songwriting et les arrangements que naît notre son.


Composez- vous les parties de façon indépendante ou plutôt tous ensemble à l’instinct et au feeling ? Dites nous en plus sur votre façon de composer.
MATHRIEN D. : Personnellement, je compose seul. Les morceaux composés lors de mises en commun des idées de différentes personnes sonnent trop souvent « référendum » à mon goût.

ZAHAAH : Mathrien et moi composons chacun de notre coté, et puis lorsque nous montons les morceaux avec le reste du groupe, chacun peut faire des propositions.
Personnellement je compose seul, la composition est un grand moment avec soi même durant lequel je n'aime pas être troublé par une intervention extérieure.


Votre musique semble avoir aussi mûri, incorporant des éléments plus progressifs . Est-ce le signe d’une évolution musicale annoncée ?
ZAHAAH : Je n'en sais rien, nous ne prévoyons pas à l'avance. Notre prochain album sera le reflet de ce que nous vivons aujourd'hui. Et parfois la musique elle-même qui permet d'avoir une perception à posteriori plus précise d'une période que j'ai traversée

MATHRIEN D. : Vu que rien n'est jamais calculé quand je prends ma gratte, j'aurais du mal à te répondre… Cependant, partant du principe que mon seul morceau sur ce cd est assez prog, tu peux en déduire que mes créations sont à son image. En outre, quand tu ne poses qu'un titre sur un disque, tu dois forcément le torturer un peu pour qu'il colle au reste.


La variété du chant sur Europa est saisissante : le déclamé guerrier, le chant clair, black et même death. A t-il demandé un travaille supplémentaire par rapport à vos précédents albums ?
ZAHAAH : Ce qui prend du temps c'est de finaliser agencer les voix les unes par rapport aux autres. Encore une fois tout cela est venu naturellement.

MATHRIEN D. : Plus il y a de pistes, plus c'est long et compliqué…


L’album Europa possède une tonalité profondément grave et dramatique comme s’il avait été composé dans un état d’esprit mêlant nostalgie et amertume… Etait-ce le cas et pouvez-vous nous en dire plus ?
ZAHAAH : Amertume oui, le monde actuel, ses représentations, ses valeurs ne me plaisent pas, je n'appartiens pas à ce monde, je le subis et en plus on me demande de payer mes impôts et de fermer ma gueule.. Ça ne risque pas. Alors je combats.
Et oui je suis triste de constater que les européens d'origine indigène se détournent de leurs ancêtres et pour des idées sans valeurs, artificielles et décadentes pour l'esprit.

MATHRIEN D. : Nostalgie, amertume et « aigritude » sont mes grandes amies, elles ne m'ont jamais lâché, de bien fidèles compagnes... Normal donc de les ressentir pointer leur nez dans la musique à laquelle je participe.


L’excellent titre « My Daily Desillusions» s’articule autour d’une phrase caractérisant une pensée torturée et misanthrope . Quelles sont vos désillusions quotidiennes ?
ZAHAAH : La liste serait longue…

MATHRIEN D. : Bah, je dirais que nous sommes tous, en tant qu'hommes, des raclures en puissance dans un domaine ou dans un autre. L'homme n'est qu'un amas de pourriture, le plus douloureux c'est de se dire qu'on en est partie intégrante…
Pour en revenir au morceau, c'est mon unique titre sur cet album, texte court et idée brute, je n'imagine plus les choses autrement à présent. Je n'avais pas envie de traiter d'autre chose en plus.


Himinbjorg a toujours montré une fascination pour les mythes, l’histoire de nos ancêtres et leurs coutumes. Que vous inspirent-ils ?
ZAHAAH : Ca n'a rien d'une fascination, c'est simplement la voie de transmission normale d'un peuple des anciens aux plus jeunes qui fait que l'esprit d'un peuple se perpétue à travers le temps, il trouve incarnation dans les nouveaux êtres qui le constituent.

MATHRIEN D. : Les belles légendes inspirent parfois de belles chansons…


Des références à la mythologie scandinave sont faites dans Europa, connaissez-vous bien le peuple Nordique ?

ZAHAAH : Oui un peu mais mon intérêt principal porte plus précisément sur l'étude du Futhark traditionnel sur lequel je travaille depuis de nombreuses années, c'est pourquoi je peux me permettre de faire référence à Odin sans que ça prenne l'allure d'un mimétisme stérile comme c'est parfois le cas chez d'autres.

MATHRIEN D. : Non, mais je n'y fais pas référence, cela ne m'intéresse vraiment pas plus que ça. J'en ai été écoeuré entre 98 et 2000, j'en soupais matin midi et soir sans pour autant y être attaché. Et puis je ne suis pas nordique mais français donc… On s'est justement beaucoup détourné de cet aspect des choses depuis In The Ravens' Shadow d'ailleurs.


Pensez-vous que puiser dans l’histoire de nos ancêtres, qu’il soient vikings, celtes ou gaulois, peut nous aider à survivre dans notre société ?
ZAHAAH : Mais c'est la base ! Les traditions authentiques contiennent la connaissance qui permet à un homme de devenir un homme, vertébré, digne et courageux. Et à l'époque ou nous vivons le discernement et courage sont peut être les deux seules choses qui nous restent, tout repose sur nos épaules en ce qui concerne l'avenir de notre peuple, c'est une question de prise de conscience et dévotion.

MATHRIEN D. : La transmission de mes ancêtres s'est effectuée de manière orale et directe, j'ai appris de mes grands parents et de mes parents et ça ça aide, c'est directement enrichissant. La seule chose externe à cela qui exerce une fascination sur moi c'est la nature. Je n'apprends pas dans les livres. Je n'apprends pas d'ailleurs, je préfère ressentir les choses. Les références historiques ne sont que secondaires à mes yeux, et seul l'héritage direct conserve la viabilité du sang qui le transporte selon moi…
Ce qui m'apparaît évident, c'est que 90% des goupes « pagan » actuels sentent plus le mini métal show business que l'écorce. C'est rigolo et pathétique à la fois. Un peu comme l'idée de mettre une cape ornée de fibules pour faire des photos dans la forêt. C'est dans ce genre de clichés que se retrouvent beaucoup d'ados en mal de Norvège et on nous reproche d'ailleurs souvent de ne pas jouer ce jeu. C'est tout simplement parce qu'il ne prend pas avec nous. Etant d'origine rurale on rigole vraiment en voyant ce genre de trucs. Ça sent le gazoil et les fumées d'échappement à plein nez. Pas très naturel quoi… Et puis à quoi bon jouer le viking quand on en est pas un ? Tout ça c'est du même niveau que le revival celte/pagan folk à 10 balles. Je cherche toujours le côté profond dans tout ça sans encore l'entre-apercevoir.


Vous avez joué le 24 février dernier, à la Loco, avec Vreid et Enslaved . Comment avez-vous vécu ce concert ?
ZAHAAH : C'était grandiose ! Le public s'est autant éclaté que nous ! L'accueil a été royal et l'ambiance était terrible ! De plus le concert d'Enslaved était mémorable, ça restera pour moi la meilleure soirée de tous les concerts que j'ai faits.

MATHRIEN D. : Je ne serais pas aussi positif…Le problème est que nous ne faisons que quelques concerts par an, pas assez en tous cas pour acquérir la même maturité et la même expérience que des groupes plus rompus aux tournées. De plus, étant assez éloignés géographiquement les uns des autres et ayant tous des activités extérieures, nous ne répétons pas assez. Donc, personnellement, lorsque je descends de scène et que je vois à leur tour s'exprimer des musiciens doués d'une telle sensibilité (Enslaved), j'ai plutôt envie de me faire sauter le caisson. C'est très déprimant de travailler en te disant que ça le fait et de réaliser que tu n'es pas au point sur scène. Je ne veux pas dire que nous jouons comme des merdes, on s'en sort très bien, mais on ressent tout de même le fait que nous ne sommes pas assez rôdés. Cela me fatigue à la longue…J'aimerais beaucoup que nous ayons les moyens techniques et financiers nécessaires à l'élaboration d'un show complet et totalement maîtrisé, cependant, compte tenu du travail investit, le résultat me semble très satisfaisant. La date de Paris était agréable, jouer sur la grande scène de la Loco étant un grand honneur. Avec une vraie balance ça aurait été mieux. Il me faut ajouter que nous étions assez stressés et statiques vu que c'était notre première date pour la promo de Europa et que, mis à part une petite fanbase sur le devant de la scène, le public attendait surtout Enslaved et est resté assez statique également.


Les Norvégiens d’Enslaved pratiquent une musique dont l’esprit est proche de la vôtre, sont-ils une source d’inspiration ?
ZAHAAH : Une source de plaisir oui, mais l'inspiration je la trouve dans ma propre vie.

MATHRIEN D. : Pour ma part, je dirais oui. Leur musique me fascine… J'aime ce côté un peu rock et prog à la fois. Et quelles ambiances, quels claviers, quels riffs de gratte… Les derniers albums me plaisent d'ailleurs plus que les premiers à part Vikinglygr Veldi, une pièce fabuleuse. Et puis il y a aussi Mardraum et Monumension… Isa est aussi tellement agréable à écouter. Je crois en fait que les deux albums qui m'ont le moins marqués sont Eld et Frost, certainement parce qu'à l'époque j'en avais marre d'entendre ça à toutes les sauces…


Quand partez-vous défendre ce nouvel opus sur scène ?
ZAHAAH : Bien ça a déjà démarré, non ?
Même si il est vrai que nous ne faisons pas énormément de dates, à cela plusieurs raisons :
• Le label n'a pas les moyens de financer une tournée européenne de trois semaines.
• On ne suce pas la bite du 1er connard venu pour tisser des relations hypocrites dont le but serait d'être bien en vogue dans le « milieu », très peu pour nous, merci.
• Nos idées déplaisent fortement à plein de monde.
• Et ceux à qui elles plaisent ont rarement les moyens de nous payer nos cachets qui sont sommes toutes très modestes.. !


MATHRIEN D. : Aucune autre date n'est prévue à ce jour. Je pense qu'on aura plus de dates le jour où on la fermera un peu plus et où on fera les efforts marketing nécessaire à un décollage des ventes. Mais pour l'instant, on ne triche pas, on fait ce qu'on aime… En outre, je ne suis plus preneur des plans loose en tous genres. J'en ai marre de galérer 2 jours et de racker pour jouer ¾ d'heure. Je l'ai déjà assez fait par le passé. En outre, l'occasion m'est bien souvent donnée de partir en tournée en tant qu'ingé son sur des plans assez importants, je n'ai par conséquent aucune soif de tournée. Souvent on nous propose de faire 800 ou 1000 kms pour jouer 1h00 devant 100 personnes, le tout à nos frais bien entendu. Je ne le ferai plus. Et pas la peine de nous dire « c'est pas underground comme attitude ». L'underground est bien gentil mais pas quand il pompe mon temps, mon énergie et mon blé.



Un dernier mot pour conclure ?
MATHRIEN D. : J'ai envie de dire à plein de gens d'aller se faire foutre mais ça ne serait pas correct je suppose…
Alors je préfère faire un clin d'œil aux formations suivantes qui méritent le détour :
CRYSTALIUM, NEHEMAH, HATE SUPREMACY, HYSTERIA, AD HOMINEM, ARKHON INFAUSTUS, ETERNAL, ATROPHY, HELL MILITIA, MALICIOUS SECRETS, ORDALIA, DYING WISH, MIND RIPPER, ABORYM, BLODSRIT, NEBEL...


Je vous remercie encore une fois pour le temps que vous consacrerez à mes questions.
MATHRIEN D. : C'est moi qui te remercie de t'intéresser à notre musique et d'y consacrer du temps...

ZAHAAH : Allez bon courage et vive la France… Merci à toi !


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