Fred - SUPERSTATIC REVOLUTION par GREGORY GODIN - 2638 lectures
Superstatic Revolution a sorti pour moi le meilleur album de ce debut d'annee 2005. Il est donc normal et incontestable de leur ouvrir nos pages afin de mieux les connaitre.


D'où vient le nom du groupe SUPERSTATIC REVOLUTION ? Il y a t-il un concept caché derrière ?
Nous voulions quelquechose d'antagoniste. Par extension, Superstatic Revolution veut dire 'Every revolution leads to another state of static nature'.
C'est-à-dire que chaque révolution, de quelque nature qu'elle soit, sociale, humaine, etc... inéluctablement retombe sur un état stagnant qui à son tour, mènera à une autre révolution. C'est bien par l'héritage éducationnel, politique et social que les us et les coutumes se perpétuent en bien et en mal. J'ai des potes qui contestent ce point de vue. Le débat est ouvert !!
En ce qui nous concerne plus précisément, la scène, quelle qu'elle soit est encrée dans le même concept. On retrouve à chaque nouvelle génération les mêmes habitudes de consommation, les mêmes étroits d'esprit, sectaires, opportunistes, le même business de masse qui écrase la sophistication artistique et l'envie de proposer autre chose anéantie par une logique qui n'appartient pas au même monde. Nous parlons bien d'art, pas de marchandises.


Pour ceux qui ne connaissent pas SUPERSTATIC REVOLUTION, peux-tu faire une courte présentation du groupe ?
On est parti d'un projet parallèle au groupe Morgue. C'était en 1999. Nous étions quatre et sommes maintenant trois. Seuls Jean-Michel (batteur) et moi-même (guitares/chant) sont des membres originaux puisque Max et parti en novembre 2003 et Cyril a été remplacé par Mathieu en 2002. Nous avons sorti un split 7/cdep, un maxi cd et un album.


SUPERSTATIC REVOLUTION a été initialement formé pas des membres de MORGUE. Pour quelles raisons avez vous eu envie de former un autre projet ?
C'est le reflet de l'intarrissable soif de musiques de toutes sortes et de tout horizons. Cela nous motive et en quelque sorte nous guide vers des envies. Je peux autant apprécier un bon couplet vocalement mélodique suivi d'un bon refrain de Queensryche période The Promised Land qu'un bon grind de Dead Infection. J'écoute de la musique, des notes, une humeur à un instant T et ma perception change aussi selon mes humeurs et le moment ou je l'écoute.
De ce fait, Morgue était devenu trop restrictif mais devait garder sa spontanéité et changer plus sereinement dans la longueur du temps. Maintenant, SR développe une musique que je qualifie plus de progressive.


Vous sentiez vous à l'étroit au sein de MORGUE ou vous étiez vous fixé des limites ?
Etroit peut-être. Les limites n'existent pas chez nous, tout peut passer, c'est une question de coloration et d'arrangements par rapport au reste.


As tu déjà imaginé à quoi pourrait ressembler votre musique si vous combiniez les 2 identités de MORGUE et SUPERSTATIC REVOLUTION pour ne former qu'un seul groupe ? Est il possible qu’un des 2 combos disparaisse pour n’en former plus qu’un ?
Non ca ne m'est jamais venu à l'esprit. Ce sont vraiment, en tout cas de l'intérieur, deux entités différentes pour nous. D'un point de vue logistique, ca serait vachement plus simple. Je pense qu'on arrêterait Morgue si on ne trouvait plus le temps, car Sr est vraiment le groupe des deux ou nous sommes tous impliqués musicalement.


Si je te dis que former un projet parallèle démontre un manque d'audace en ne donnant pas toute liberté à sa musique. Comprends-tu ce point de vue et qu'as-tu envie de répondre?
Je comprends très bien ce point de vue mais il ne s'est pas posé en ces termes pour nous. Nous ne pensions pas faire de SR quelquechose de sérieux, c'est l'intérêt porté à ce groupe par des tiers qui nous a donné envie de le poursuivre. Maintenant, en 2005, et ca a commencé quand Morgue a supprimé sa direction 'gore', les deux n'ont cessé de s'ouvrir. C'est bien donc 2 groupes libres en question ici.



Peut on revenir sur le départ de Max Lobier? Comment avez vous appris et géré son départ ? Que fais Max aujourd'hui, êtes-vous toujours en contact ?
Pour tout le monde, fan de Morgue ou ceux qui simplement connaissent un peu l'histoire du groupe, je comprends que cela peut apparaître anodin. Mais c'est bien là une vraie révolution que nous avons vécue.
Cela fut un peu brutal. Il nous l'a simplement annoncé de vive voix, assurant les derniers concerts que l'on avait. Il a terminé sur l'ouverture de Napalm Death au transbordeur de Lyon. Comme toute disparition ou départ, le deuil a suivi. Nous avons mis près d'un an à gérer son départ, retrouver des marques à trois et rebalancer une dynamique nouvelle du fait du manque et surtout à devenir plus adulte quant à la façon d'avancer et les vraies envies de chacun. Nous le voyons souvent, dans des teufs. Il est serein.


Les deux premières sorties de SUPERSTATIC REVOLUTION ont été des formats courts, un Split et un EP. Pour quelles raisons aviez vous choisi ces formats ? Etiez vous encore à la recherche de votre identité ?
Nous voulions sortir les titres qui se correspondaient un peu dans la même galette. Ils ont été composé à la même période, quand on composait vite car on jouait peu et que nous étions tous plus ou moins étudiants. Je veux dire qu'on composait vite pour les 2 groupes. Deux petits formats c'est court pour SR mais il faut ajouter un album de Morgue à la même période. En France, nous avons commencé à tourner vers 2002 et le rhytme nous a vite empêcher de composer vite comme avant. En outre, la précipitation n'est pas bonne, elle est néfaste au développement d'un morceau. Nous rentrons vraiment dans un titre après des mois de répétition, il est toujours trop lent, trop fébrile, etc, jusqu'au jour ou il va sortir impeccable et on pourra se dire, c'est bon il tourne avec le bon flow et le bon tempo.


Dans quel état d'esprit avez vous abordé la composition et l'enregistrement de ce premier album?
Après le Christmas In Noise tour fin 2003, nous avons décidé de ne plus donner de concert pour au moins 6 mois. Ce délai était nécessaire non seulement au vide laissé par le départ de Max, mais aussi au temps de maturation des titres et au temps de discuter de la direction que nous voulions prendre aux vues de nos envies personnelles.
Enfin, nous avons pris la décision de revenir à un accordage plus conventionnel, de La à Si. Contrairement au passé, nous avons énormément jammés ensemble et crée les titres à partir de ces jams. Auparavant, nous arrivions Max et moi avec des plans déjà montés, parfois des moitiés de titres. En règle générale, je calcule plus l'assise et la trame mélodique à la guitare et jean-mi et mat groovent dessus. J'ajoute les paroles ensuite. Ce qui fait l'album de SR, c'est le choc de notre héritage musical. C'est parce que nous avons chacun des horizons musicaux différents que la musique de SR est telle.
Quant à l'enregistrement, nous n'avons pas changé nos habitudes de studio. 3 ou 4 prises live pour chaque titre, tous ensembles, sans guitare témoin. J'ai mis un ou deux overdubs guitares pour enrichir la rythmique quand il le fallait puis les voix. Elles ont été plus travaillées que par le passé, avec plus d'articulation et surtout plus de modulations.
Nous sommes très contents du résultat des prises de sons mais surtout du mix auquel nous avons, contrairement au passé encore une fois, pas participé. Nous avons laissé la bête à plume qui a mixé les 11 titres et tout ce qui est sorti de SR depuis le début.
Avec le recul, je peux te dire que nous pensions composer un album beaucoup moins violent et agressif. Mais il est sorti plus hargneux qu'au départ.


Quels objectifs vous êtes vous fixé avec ce disque ?
Nous nous sommes fixé des objectifs de réalisation et de production comme énoncé plus haut. Nous ne voulons pas conquérir un public toujours plus grand...


Peux tu expliquer la signification du titre "Goodbye, Mr Wanton"? Qui est ce Mr Wanton ?
Mr Wanton c'est le personnage de Max et de tout ce qu'il a apporté aux groupes en tant que compositeur (Morgue et SR) et parolier (Morgue) afin que les 2 groupes se développent et grandissent. Il était le teigneux, le méchant et celui qui avait le plus de tenacité dans le groupe à imposer son style et ses avis. Plus que moi, alors que je suis assez dur déjà ! Voilà c'est juste un clin d'oeil et le plus important c'est que nous n'avons pas eu à lui expliquer, il a compris que le titre lui était destiné.
Ensuite ce titre c'est aussi une façon de nous dire lorsqu'on a composé cet album qu'on pouvait se la jouer moins énervé qu'avant pour groover un peu.


Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos paroles ?
Rien d'extraordinaire. C'est le récit de sensations et émotions de la vie. Lesquelles font
partie de notre construction individuelle. Mes textes restent abstraits et ouverts à interprétation. En revanche, certains titres sont plus explicites (pour moi en tout cas). C'est le cas de 'Like the patron saint' qui parle d'une journaliste qui m'a un peu gonflé en 2003. Le groupe et les proches du groupe savent qui c'est. Y'a pas de quoi s'attarder plus sur elle mais elle méritait une chanson. 'Both 28' parle d'un couple d'amis qui s'est séparé après 9 ans. 'Little boy photograph' parle du suicide d'un gosse... Ce qui est commun à tout les titres c'est qu'ils sont racontés sous forme d'histoires courtes qui se terminent par une chute négative d'une phrase.


Pensez vous que votre musique peut être comparée à celle jouer par d'autres groupes? De quels groupes vous sentez vous proche ?
On peut facilement comprendre dans la musique de SR des plans qui sonnent comme un autre groupe. Keelhaul et Isis sont deux exemples. Pris dans l'ensemble, c'est plus difficile. Musicalement nous nous sentons proches de Playing enemy, Botch, Keelhaul, Isis, Old Man Gloom, Kiss it goodbye, Today is the day, Burnt by the Sun...


Quels retours avez vous pour ce premier album de la part des medias et du public? Avez vous peur de ne pas être compris ?
Pour le plus large public, c'est le conformisme de la musique qui triomphe et les grands médias suivent cette réalité et la véhiculent (n'y sont-ils pas à l'origine aussi ?). L'excentrisme a peu de place pour s'exprimer justement parce qu'il est décalé et que par définition il ne peut trouver sa place dans un contexte conformiste. Il n'y a que le public qui tranche et les activistes de la scène indé et underground. Je leur fais confiance. Les grands médias nationaux sont d'une aide importante pour la visibilité des groupes et en tant que manager de label, je joue le jeu. Je joue le jeu car nos disques sont distribués en magasins et que pour qu'ils se vendent un minimum, il faut passer par l'exposition dans les grands médias. Pour le fond de la chose, c'est-à-dire, devons-nous fleurter avec eux même si nous sommes un label indé et alternatif et que nous avons une certaine éthique ?
Les deux circuits sont très différents et servent un public lui aussi différent. Je fournis les disques aux deux circuits, la scène underground parce c'est celle que j'ai choisi de coeur, et le circuit commercial car je ne vois pas pas pourquoi je ne vendrai pas un disque de n'importe quel artiste de BAI à un gars qui achète aussi du Slipknot. C'est son problème, pas le mien. De plus, les grands médias sont soumis à d'autres règles que nous et ces règles font qu'il faut qu'ils commercent pour vivre.
Nous n'avons pas ce problème de rentabilité. Des jounalistes nous soutiennent et je les remercie.
C'est une exposition très grande en un claquement de doigts qu'ils nous offrent. Je ne suis pas d'accord avec le mainstream et le mass média mais je m'en accomode.


Ce nouveau disque sort sur Basement Apes, votre propre label. Avez vous démarché d'autres labels avant de sortir votre disque ?
Aucun autre label. La question ne s'est même pas posée.


Votre disque est il disponible à l'étranger ou faites vous une croix sur certains pays ?
Le disque est disponible à l'étranger uniquement pas VPC dans tous les pays étrangers. Ces
'distributeurs' sont approvisionnés par la voie des échanges donc ils ont leur mots à dire sur telle ou telle référence. J'essaye de trouver des distributeurs magasins, notamment en Suisse, Allemagne, Angleterre et Espagne mais aucun n'a montré d'interêt à prendre le catalogue BAI en distribution pour l'instant.


Vous avez participé aux Festival Undergrind organisé par VS. Quels souvenirs gardez vous de ce concert ?
Nous n'étions pas dans nos bonnes baskets car Max était parti un mois auparavant, ce qui fait que nous avons présenté un set très lent et presque psychédélique avec de l'improvisation.
Nous ne convenions pas à l'affiche. Mais pour nous le reste de l'affiche était bon et nous avons joué à Paris pour la première fois autour de beaucoup de potes de la scène venus pour le festival. C'était bon de se voir tous là-bas... et puis l'organisation rôdée, sur le qui-vive, attentionée et disposée à entendre et à participer aux discussions colorées d'accent du sud...


Morgue vient de participer au Sacre Grind 2. Peux tu juste revenir sur ce qui s'est passé dans la salle à l'occasion de votre prestation ?
Des fans de Gronibard chantaient des refrains de ce même groupe pendant notre set. Bon y'a pas plus à dire... nous sommes passé au-dessus depuis, une anecdote de plus à raconter. Sur le coup, ça met un bon coup à ton égo !


SR vient de conclure une mini tournée avec Membrane. Comment se sont déroulées ces dates ?
Très très bien. Ils sont cools ces gars, les gens rentrent vite dans leur trip. Par contre, il faudrait qu'ils changent leur vidéo qu'ils passent en jouant... celle d'Overmars et 1000 fois mieux !! Pour ma part, leur gentillesse, leur humour et leur amitié me donnent envie de me bouger le cul royalement pour eux dans tous ce qui nous lient au niveau du label.


C'est toujours aussi difficile de tourner en France ?
It is a pain in the ass !! Les tournées des groupes étrangers mangent un peu nos possibilités de faire jouer nos contacts, mais il faut bien qu'ils tournent aussi !
Disons que si nous avions un tourneur, nous nous en porterions que mieux. Je ne suis pas bon pour vendre ni SR ni les groupes du label, je laisserai bien le soin de le faire à quelqu'un d'autre ! Il faut perséverer.


Fred, tu joues dans 2 groupes et gère un label. Te reste t il du temps pour autre chose en dehors de la musique ? As-tu un travail en dehors de tout ça ou es tu intermittent ? N'as tu jamais eu envie de baisser les bras ?
Oui j'ai le temps de prendre du temps avec ma copine. C'est important car nous avons des projets tous les deux. J'ai instauré des horaires strictes pour le label pour pouvoir gérer ma vie personnelle car elle serait bouffée par le temps que j'y passe.
Je taffe et dès mon retour du taf, je prends d'une demi-heure à une heure pour le label, sauf le mardi et le jeudi car on répète. J'ai mon Mercredi off, ce qui me permet de soit bosser sur le label, soit de faire autre chose. Abel, chanteur des Spinning Heads m'a rejoint dans le label et m'allège la part de travail. Je ne baisserai pas les bras parce que c'est dur de tout concilier, j'arrêterais si jamais je n'ai plus le temps de tout gérer. A terme, l'autre solution c'est de se sortir les doigts du cul et de se donner les moyens d'en vivre en développant des activités annexes au label comme mon activité de graphisme. J'ai le projet de monter une micro-entreprise bientôt.


Comment vois tu l'avenir pour tes 2 formations et ton label ?
On se la joue cool sans pression, c'est mieux que de speeder. Je me plais bien dans ces groupes et nous lachons du leste quand il le faut, histoire de ne pas se faire bouffer. Le label lui se développe tranquillement, sans prétention mais avec beaucoup d'envie d'agrandissement de l'équipe et de l'activité. Nous n'avons plus des âges ou l'on peut se permettre de ne faire que jouer en vivotant à travers des études universitaires. Nous avons bien profité de cette période-là quand même. Mathieu a un enfant maintenant et moi bientôt donc nous devons aussi nous consacrer à notre famille et nous avons le temps !!


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