Quelques mois après la sortie de l'excellent "Replika", un petit bilan s'imposait avec DIVISION ALPHA. J'ai donc posé quelques questions à Philippe (Guitare/chant). L'occasion pour ceux qui ne le connaîtrait pas encore de découvrir un groupe atypique...

Peux tu présenter DIVISION ALPHA aux lecteurs qui ne vous connaîtraient pas encore ?
Tout d'abord merci beaucoup pour l'interview Sheb. DIVISION ALPHA existe depuis 1998. Frédéric FIEVEZ et moi-même avons crée le groupe dans l'optique de réaliser la musique que nous rêvions d'écouter depuis toujours. Une musique à mi-chemin entre l'industriel, l'électro et le métal. Chacun y peut voir les influences qu'il veut mais personne jusqu'ici n'a cité les mêmes groupes. Alors je dis que nous faisons du DIVISION ALPHA, ça mettra tout le monde d'accord. Dès le premier album "Fazium One_mankind prototype", nous avons écrit une fiction inscrite dans la science-fiction. Nos albums sont la mise en musique de cette histoire. Elle se décline sur quatre chapitres donc sur 4 albums.

Votre musique est difficilement descriptible mais je dirais qu'elle se situe à la croisée de l'electro, de l'indus et du metal. Que penses tu de cette description ?
C'est tout à fait ce que l'on pense. Nous croisons les genres. Nous aimons la musique en général. Pour satisfaire nos envies artistiques, nous prenons à notre manière les éléments les plus intéressants de ces styles pour créer l'atmosphère particulière qui se dégagent de nos albums. La musique et les textes sont étroitement liés. De ce fait, nous composons nos albums comme une musique de film en structurant les chansons comme des titres "rock", avec de l'énergie ou de l'ambiance selon les titres. C'est ce qui rend notre musique si particulière je pense.

De quelle scène te sens tu le plus proche ? La scène indus ou la scène metal ? D'aucune ? On vous sent beaucoup plus ouverts d'esprit que le metalleux de base, ça ne vous dérange pas de bosser avec des artistes qui donnent dans la jungle ou dans des genre
Au fond, on se sent plus proche de la scène indus dans la démarche. On est effectivement ouvert d'esprit. Ca nous empêche de nous scléroser musicalement. Si je ne sais pas apprécier ce qui se fait autour de moi, ca me donnerait l'impression de m'enfermer et de me conforter de ce que je suis et du coup, ca ne me fait pas évoluer. Ca peut expliquer pourquoi on retrouve sur le CD bonus de Replika des artistes aussi divers que variés. C'est d'abord une histoire humaine et ensuite, la musique parle d'elle-même. Lorsque qu'on a rassembler tous les remixes de "From Fœtal...", on était stupéfait d'écouter notre musique retravaillée par des artistes qui pour la plupart n'ont pas le même background que nous. A travers l'identité des remixes, on reconnaissait tous les titres originaux. C'est très positif puisque ca nous a donné la preuve que notre musique est adaptable à différents styles. C'est plutôt paradoxal de dire que notre musique est difficilement descriptible et malgré cela assez riche pour être adaptés par d'autres.

N'as tu pas peur qu’à cause de cette ouverture d'esprit, DIVISION ALPHA ne trouve jamais vraiment son public ? Qu’il soit jugé trop indus par les metalleux et inversement ?
Les puristes s'y retrouvent moins. Nous allons de l'avant. Nous pourrions très bien faire ce qu'il se fait mais on ne trouve ça pas intéressant ni pour le public ni pour nous. Un groupe de plus. A quoi bon! La démarche personnelle est plus honnête envers le public. Pour tout te dire, je déplore ce qui se passe en ce moment musicalement et cela à tous les niveaux. Je ne sais pour quelle raison, la musique n'évolue plus depuis plusieurs années. Elle a même tendance à tourner en rond. Certains font évoluer les styles (je pense à Devin Townsend ou Skinny Puppy) mais ils restent malgré tout minoritaires. Nous nous sentons proche de cette attitude. Notre public pour le moment est composé de gens ouvert et ca me rassure. Pas de phénomène de mode, un public vrai! Ouvrez vos oreilles et laissez vous emportez!

Revenons un peu sur "Replika", votre troisième album. Ca fait maintenant quelques temps qu'il est sorti, comment a t'il été accueilli ?
Très bien. La critique fut conquit et le public ravit. Replika se veut plus abouti et plus travaillé. Au final, l'album sonne plus acceuillant qu'avant! C'est clair. Notre démarche s'inscrit dans le concept Fazium. On part de la machine austère au sentiment humain... il y a un monde !

Cet album montre une certaine progression par rapport à ces deux prédécesseurs. Il est plus facile d'accès, plus humain, plus mélodique... C'était une volonté dès le départ ou quelque chose qui s'est imposé à vous au fil de la composition ?
C'est une volonté car l'histoire évolue dans ce sens. C'est la fin de Replika, la machine, la libération de la population. Donc l'aspect hermétique des deux albums précédents a laissé place à l'émotion et à l'intensité.

La composition justement... Peux tu nous en détailler un peu le processus ?
On a travaillé sur l'album durant huit mois. Nous nous sommes laissés guidé par notre inspiration. Nous avons beaucoup composé à la guitare et à la basse sur des boucles que nous élaborions dans notre studio. Nous possédions une vingtaine de titres jusqu'à ce qu'on en sélectionne les meilleurs pour les creuser, le triturer pour en sortir l'essence de Replika. Nous arrangions également les morceaux jusqu'au mix final. Nous y avons mis tout ce que nous voulions y mettre pour créer l'ambiance de Replika. Des titre énergiques, ambiant et des plages musicales afin de développer l'aspect narratifs de notre démarche. Nous avons fait parler Replika et les personnages principaux sur l'album.

Les visuels de la pochette et du livret apportent aussi beaucoup au concept et à l'ambiance de l'album. Peux tu nous en dire plus sur ces visuels ? A qui les doit-on ?
La pochette et le verso sont le travail de Wilhelm Steiner. C'est un artiste autrichien qu'on a découvert récemment. Il possède une galerie www.deaddreamer.com. Son travail nous a séduit et on l'a sollicité pour la pochette de l'album. Nous lui avons envoyé des éléments sur ce que nous voulions sur la pochette, ainsi qu'un texte expliquant tout le concept de Psykron afin d'avoir plus de détails sur ce monde. Tout s'est déroulé sur le net! aucun CD, que du téléchargement. Faute de temps, il n'a pu s'occuper de tout le visuel. Etant moi-même passionné d'images, j'ai réalisé l'intérieur du livret. Je me suis inspiré des textes de l'album. Chaque illustration correspond à un titre. Par exemple, une image dessine une ville détruite sous le feu. Elle correspond au titre Burning Metropolis. Ecoutez ce titre en regardant l'image du livret, vous comprendrez! Pour le reste, je vous laisse découvrir...

On peut concevoir l'écoute de votre discographie comme la vision d'un film... Quels sont vos références cinématographiques et littéraires pour la création de votre univers ?
Nous sommes passionnés de SF et de fantastiques en général. Wells, Huxley, Bernard Werber, Dick etc...sont des auteurs que nous aimons. Pour nous, la science-fiction est un moyen de s'évader. Des films comme Alien, Minority report, 1984, Dark City sont pour nous des références en la matière.

D'ailleurs il y a, comme d'habitude, un clip sur le CD. Peux tu nous parler de cette video de "Suspended lives" ?
C'est un clip qu'on a réalisé pendant la création de l'album. Nous avons adapté le texte en images. Les personnages du clip ont atteint l'état de folie après avoir vu des citoyens changer littéralement de comportement et devenir des Drones (les serviteurs de la machine) et tuer des civils. Nous l'avons réalisé dans l'optique de l'album. Nous avions une idée précise du style de clip. Une version compressée est d'ailleurs visible sur notre site.

Parlons un peu de la scène... Le duo devient alors un trio... Peux tu nous parler un peu de Paul qui vous accompagne lors des concerts ?
Ca fait maintenant 3 ans que Paul joue avec nous. C'est un bon musicien il a un bon feeling et on s'entend très bien. Pour Replika nous voulions pousser le trio chant/basse/guitare/synthé jusqu'au bout. Et ça fonctionne bien, nous dégageons la bonne énergie pour la musique de DIVISION ALPHA. Sur scène Paul se donne à fond.

j'ai eu l'occasion de vous voir pas mal de fois sur scène ces derniers temps. Tout n'a pas toujours été parfait. Parfois des lights assez inexistants (Gand) parfois des problèmes de son (Chalons) mais parfois heureusement tout se passe bien (Saint-André).
En effet, toutes les conditions n'étaient pas réunies à chaque date. En aucun cas ça affecte notre concentration avant et pendant le concert. On est là pour donner le meilleur de nous-mêmes. C'est vrai que toutes les conditions étaient réunies à Saint-André pour donner un bon concert et ça l'a fait.

Y a t-il encore des choses que vous souhaiteriez développer au niveau scénique ?
Oui. Nous débordons d'idées concernant la scène. Maintenant, il nous faut les moyens de les appliquer. Je ne peux pas en parler pour le moment.

"Replika" est sorti dans une version limitée 2CD. Peux tu nous dire plus sur ce CD bonus ? D'où vous est venue cette idée ?
Après " THE DEKTA RELEASE", nous avons passé pas mal de temps au studio pour réaliser de nouvelles bandes live et participer à des projets de remixes et d'arrangements. Certaines versions live de DIVISION ALPHA ont donné naissance à des remixes. Nous avions assez de matériel pour offrir à nos fans un cd bonus. Nous en avons parlé autour de nous et pas mal d'amis ont trouvé l'idée intéressante. SUP, UNDOO, REORG...tous nous ont offert de superbes versions remixes de DIVISION ALPHA. On y retrouve aussi des remixes qu'on a fait au PSYKRON studio, un titre live et un morceau inédit avec Thierry BERGER, le batteur de SUP.

Question de Izma: De quoi parle "sulfurous impulse" le titre inédit du second CD de Replika ?
C'est un sujet que nous n'avons jamais traité: la sexualité. Quel rapport l'homme entretien avec la sexualité, le secret? A quoi cela sert-il?...Nous nous sommes inspirés de l'œuvre de Stanley Kubrick "Eyes wide shut". Ce film est incroyablement subtil.

Je suppose que tu sais déjà comment va finir la quadrilogie de Fazium mais as tu déjà idée de la teneur que prendra la musique de ce quatrième volet ?
Absolument. Nous avons écrit la fin de la quadrilogie avant même d'écrire "Fazium One". De ce fait, nous avons déterminé la direction artistique du prochain album. je ne peux pas t'en dire plus pour le moment. Ca sera du DIVISION ALPHA !

Avez vous déjà des idées pour "l'après Fazium" ?
Oui...C'est encore trop tôt pour en parler !

Qu'est ce qui tourne sur ta platine en ce moment ?
Gary Numan: Pure. Disbelief, Kraftwerk...

Le dernier film que tu as vu ?
Immortel: grandiose. Je vous le conseille. C'est le dépaysement total !

Le mot de la fin...
Merci à toi Sheb pour cette interview et à toute l'équipe de VS pour toutes vos activités!...Et n'oubliez pas de venir visitez notre site Internet: http://www.divisionalpha.fr.st