On s'est plusieurs fois demandé quel titre pourrait-on donner à notre album... Depuis le début du groupe nous cherchons à créer un métal lent et lourd très axé ambiant. Les morceaux n'ont pas une histoire commune mais chacun raconte la sienne dans un univers commun: un espèce de trip spatial, industriel alternant sans cesse passages lourds et aériens. Tout ça dans un tempo relativement lent. Ensuite il faut savoir que nous avons passé un temps fou de l'écriture des morceaux, en passant par l'enregistrement jusqu'au pressage des CDs. Tout ça était nouveau pour nous donc c'était la découverte et la galère totale! Toute cette période a demandé énormément d'investissement, de patience et d'énergie de la part de tout le groupe.
Toutes ces péripéties que nous avons vécues pour sortir cet album font qu'au final le titre SUTRAH est très approprié car il résume bien l'identité du groupe.
Artwork :
Pour toute la partie graphique (typo/cd/photos), nous avons fait appel à Mickaël Barret. Nous nous sommes rencontrés autour d'un verre et toute la soirée nous avons parlé de l'univers de l'album, notre ressenti en jouant, notre vision de la musique et nos goûts artistiques. Nous lui avons filé le master cd et lui avons laissé carte blanche. On s'est revu et il nous a proposé plusieurs pistes de visuels. On a carrément flashé sur son dessin en "dot" car il résume parfaitement la musique de l'album. La pochette intrigue au 1er abord mais après l'écoute des morceaux tous les détails prennent leur sens. L'intérieur de la jaquette est un « blueprint » du visuel qui est sur le cd. On aurait aimé partir sur un support cartonné en relief et sérigraphié par une boîte spécialisée chez nous mais le coût n'était pas le même...
Production/studio :
Nous avons travaillé avec Éric Dorléans, qui en plus d'être un bon pote, avait déjà mixé et masterisé nos démos. Éric est un ingé son freelance sur Toulouse, dans une configuration type "studio mobile" (c'est à dire qu'il se déplace pour faire les prises de son). Il est venu avec tout son matos et nous nous sommes occupés de la location d'un local. Il y a un gros parti pris sur le son de l'album. En effet nous avons une approche du son assez rock, travaillé, axée medium et où tous les instruments sont à leur place et audibles. De plus, nous avions comme objectif d'avoir un son entièrement naturel avec notre propre matos. Donc pas de trig, d'édition de piste à outrance, d'émulation d'amplis et autres artifices ; tout est fait par nous-mêmes et sonne avec notre matos. Exception faite des arrangements/samples qui d'ailleurs ont été conjointement réalisés avec Éric. En résulte un album dont le son est très proche du rendu live, avec ses défauts, ce qui participe à son identité et son charme!
Musique, Cinéma, Livres, Jeux... :
Point de vue influences musicales et particulièrement dans le genre saturé, on écoute beaucoup de choses différentes au sein du groupe. On a quand même un tronc commun et ça s'entend: Gojira! Déjà on est du même coin et puis quand tu as 16 ans, que tu commences à écouter du métal et que tu as Gojira (depuis l'époque Godzilla) qui passe régulièrement dans les fêtes de villages ben ça te marque! Je pense que pour tout le groupe Gojira est un pilier de notre culture musicale. La riche scène métal française nous est aussi très influente (Hacride, Klone, Trepalium, Manimal, Psykup etc...). Sans oublier Meshuggah qui nous met tous d'accord, spécialement en voiture! Depuis le début de SUTRAH, nous avons évolué chacun de notre côté et en vrac je dirai le rock, le djent, le hardcore, le sludge, le doom etc... On a une même base mais des influences très variées et comme on compose tous ensemble, on mélange toutes les idées jusqu'à tomber d'accord. Pour le reste et concernant l'univers que l'on a créé sur l'album je dirai tout ce qui touche à la SF, le monde des machines, Big Brother etc...
Track-by-Track :
1. Asided Pits
Le point d'entrée dans l'univers de l'album. Ce morceau traite d'explorateurs qui se rendent sur un étrange caillou de la taille d'une planète apparu dans leur système solaire sans raison et émettant d'étranges signaux. Avec le point de vue d'un des astronautes, nous suivons l'arrivée de l'expédition et les débuts de l'exploration. Ils y découvrent une ancienne planète en ruine, vidée de toutes ses ressources et marquée par de gigantesques forages (cf. mine à ciel ouvert). Le morceau le plus "gojirien" de l'album et qui termine avec un interlude très planant posant les bases de notre univers...
2. Architects
On enchaîne directement par une rythmique syncopée, répétitive avec un retentissement de tôle industrielle qui nous donne de suite le ton. L'auditeur se retrouve au milieu d'un process industriel où des milliers de bras robotiques travaillent indépendamment dans une cadence infernale. Pour la petite histoire le son métallique provient d'un reportage sur Tchernobyl et le son n'est autre que le bruit de la construction du dôme censé recouvrir le réacteur en fusion. Le morceau le plus direct et le plus court de l'album.
3. First Transmission
Nous avons écrit ce morceau comme un discours de propagande façon « 1984 » de George Orwell. C'est un oratoire émis par des machines sous forme de codes. Le taping suit cette ligne directrice car construit sous forme de pyramide de notes (1 11 1 1 11 1 1 1 11 1 1 11 1 11 etc…), rendant le tout semblable à un code binaire.
4. Hunger Exile
On arrive au morceau central de l'album. Un début aérien coupé net par un gros riff avec une nappe de double pédale. Ensuite le chant rentre et c'est parti pour la musique la plus viscérale de l'album. « L'exile de la faim », le titre est assez explicite et on traite bien d'hommes ou de machines (ça marche aussi), brûlés par le soleil et errant dans un désert sans fin à la recherche d'un bout de steak!
5. Ignition
Plus conceptuel que les autres dans les paroles. Il décrit la mise en route d'une gigantesque machine qui énonce toutes les étapes de sa séquence de démarrage. Elle devient autonome, prend conscience de son existence et diverge de son fonctionnement initial. Instrumentalement nous avons tenté de refléter cette progression.
6. Lost 2.0
A la base "Lost" est le tout 1er morceau que nous avons composé au début du groupe en 2009. On s'est dit que ça pouvait être sympa d'entièrement le revisiter et l'adapter à la thématique de l'album. Bon au final il ne reste que le riff du début de la version originale... Un morceau avec beaucoup beaucoup de double, faut bien que le batteur rentabilise ses investissements! On a gardé la thématique des paroles de la 1ère version qui traite de l'introspection. On l'a adapté à une machine (en l'occurrence celle évoquée dans "Ignition"), un cerveau mécanique où les neurones sont des rouages, le tout baignant dans une huile noirâtre.
7. When Giants Pierce Clouds
L'ovni de l'album! Il est le dénouement et l'élément transitoire de cet univers. Loin d'une thématique mécanique, on est ici plongé dans un océan de nuages… Ce monde est dominé par des géants qui, à la manière d'enfants, tentent d'attraper les « humains » fuyant vers le ciel. On est donc ici dans un univers clairement organique. Etant le dernier morceau enregistré, on l'a vécu comme un exutoire et nous nous sommes donnés au maximum afin de lui donner vie.