Le FALL OF SUMMER, c'est le nouveau festival français. Situé à seulement 30 kilomètres de Paris à Torcy, le festival place sur la même affiche de vieilles gloires toujours aussi fringantes et des petits groupes undegrounds aux dents longues.

Présentation du festival avec la programmatrice (entre autre) Jessica Rozanes.

Salut Jess, peux-tu te présenter ainsi que la structure qui est à l’origine du Fall of Summer ?
Avant de commencer à parler du festival, je m'occupe de toute la partie metal de la Korporation, qui est un ensemble de 4 établissements sur Paris : le Black Dog, le Klub, la Mécanique Ondulatoire et la Manufacture. Donc deux bars et deux salles de concerts. Et je suis la madame metal de l'entreprise. Le festival s'est monté un peu autour de la Korporation, même si c'est un projet à part, puisque le grand producteur derrière est le grand patron de la Korporation, Alexandre Drosne. Même si ça reste des activités dissociées, mais amies. Sur le festival, je m'occupe de la programmation avant tout, mais je supervise la com', la billeterie… En fait on ne peut pas faire qu'une seule chose, on n'est pas le Hellfest ou le Wacken héhé

Pas encore…
Ce n'est pas forcément le but de devenir un festival énorme. Donc je m'occupe de la partie programmation et communication du festival.

Présente nous maintenant le festival, et l’identité que tu as voulu lui donner.
Ce qu'on a voulu faire avec le Fall of Summer, c'est quelque chose de cohérent. C'est un vrai ensemble. Il y a déjà la programmation bien sûr, qu'on a voulu assez cohérente, même si plus éclectique. Ce n'est pas un festival de black metal ou de death metal. On a beaucoup d'extrême, mais on a aussi beaucoup de doom, avec PENTAGRAM, ou des choses moins extrême comme ARTILLERY, qui n'est pas le thrash le plus extrême qui soit. Mais on veut un esprit old school, avec des groupes qui ne sont pas venus depuis longtemps en France, des groupes qui sont pour nous important dans l'histoire de cette musique qu'on aime. A part la programmation, il y a aussi la période, c'est le premier week-end de septembre, donc peut-être, voire surement le dernier festival pour beaucoup de personnes. En open-air en tout cas, car après ça devient la période des festivals indoor. Le nom aussi, parce que maintenant on est un peu coincé, Fall of Summer, on ne peut pas le bouger en mai. Aussi l'esthétique graphique, la communication qu'on a voulue maitrisée, diluée petit à petit pour avoir quelque chose qui nous ressemble et qui donne, j'espère, une identité particulière au projet.

Parlons un peu des groupes, plutôt que faire la liste des groupes qui vont jouer, j’ai des questions un peu plus précise. Quels sont les groupes dont tu es la plus fière d’avoir sur l’affiche ?
Bien sûr je suis fière de VENOM. Surtout que finalement, ça n'a pas été si compliqué que ça. Ils ont été très réceptifs au projet. Je suis fière aussi de faire venir pour la première fois AHAB, même si c'est beaucoup plus petit, parce que je pense qu'il y a beaucoup de monde qui aime AHAB en France, donc on se demande pourquoi ils ne sont pas encore venus. SODOM ne passe pas souvent non plus, 1 fois par an, et encore. Mais c'est surtout les groupes qui ne viennent jamais, et qui pourtant sont bien contents de venir. Alors est-ce que c'est parce qu'on ne leur a pas demandé avant ? Ca a été très facile de les booker et le public a l'air ravi. Comme EXUMER, par exemple, ça a été booké en 1 heure à peu près, on a eu une confirmation très très rapide. Je ne pense pas que les groupes soient si difficiles à convaincre, du moment qu'ils sont disponibles et qu'ils aiment le projet. Si je suis fière de quelque chose, c'est de ne pas avoir chopé les tournées qui passaient et d'avoir aligné des groupes qui seraient moins chers et évidents à booker sans que je les ai choisi.

Et est-ce qu’il a des groupes qui t’ont posé des difficultés ou que tu n’as pas réussi à avoir ?
Alors les groupes qu'on n'a pas réussi à avoir, c'est surtout pour des questions d'agenda. On n'a pas eu de refus catégorique du genre « mais vous êtes qui vous ?». Il y a des groupes qu'on voulait avoir mais qui sont en enregistrement, ou qui ont déjà quelque chose ce week-end là, même de l'ordre personnel. On n'a pas eu de problème particulier.

Tu l’as dit, c’est le dernier festival de la saison, est-ce que ce n’est pas un danger pour l’affluence, par rapport à tous les autres festivals qui vous précèdent ?
C'est un danger dans le sens où certaines personnes n'ont plus le budget en septembre. Mais le bon côté c'est cette tentation de sortir sa tente une dernière fois. Je pense que tout festivalier qui se respecte est un peu triste une fois qu'il a fait son dernier festival. Ca permet d'avoir une dernière chance. On n'a pas un festival très cher. Bien sûr ça dépend d'où viennent les gens. Pour les franciliens, ça ne revient à pas grand-chose en transport. Et finalement la place est moins chère qu'une place pour AC/DC ou BLACK SABBATH. Il y a deux jours, 28 groupes, ça coute moins cher que certains concerts sur Paris parfois. On a un camping gratuit aussi. Il y a la question de l'argent bien sur. Mais comme on a annoncé tard, ça permet aussi que les gens puissent en parler sur les autres festivals. Et puis le reste de la saison est un peu full, on est assaillis par les informations (ndlr : les autres festivals), ça permet de respirer un peu plus en septembre.

Pourquoi le choix de Torcy ? Quelles infrastructures le festivalier va retrouver sur place ?
A la base ça ne devait pas se faire à Torcy, c'est pour ça qu'on a annoncé tard. On devait le faire ailleurs en Ile-de-France, on a du trouver une solution de repli, et finalement Torcy s'est trouvé être peut-être une meilleure solution que la première, puisqu'on est vraiment à côté des RER, on est à moins de trente minutes de Paris. C'est super accessible en voiture, il y a une sortie d'autoroute dédiée où il est bien écrit « base de plein air de Torcy ». Il y a un vrai bon gros parking, il y a un lac pour se baigner. Par contre l'accès est payant, ce n'est pas inclus dans le festival. Mais on a la vue sur le lac. On a deux scène, une qui est dos au lac sur la plage, avec du sable. Il y a un petit côté nature, ce ne sont absolument pas des scènes posée en bas de HLM, comme pourrait le penser certaines personnes. On est sur une base de plein air faite pour avoir de gros espaces verts, c'est-à-dire pas un parc, mais un vrai espace de nature. C'est 350 hectares.
En termes d'infrastructures il y a deux scènes. Mais ce qui intéresse surtout les festivalier : bien sûr il y aura à boire, à manger. On essaie de tout faire pour que les prix ne soient pas les prix parisiens. D'ailleurs on n'est pas à Paris même. Des pris normaux et raisonnable pour des festivals. Il y aura des douches pour ceux qui campent. On est en train de voir aussi pour améliorer tout ce qui est choix de boissons et de nourriture, pour que ce ne soit pas une fête à la saucisse.

Est-ce que tu as déjà une liste d’exposants qui viendront ? Parce que le festivalier aime bien boire et manger, mais il aime aussi acheter des disques et des tricots.
On a pas mal de demande d'exposants, ce qui est sympa. Comme on a une programmation assez ciblée, c'est ce que voient certains labels assez underground. Ce n'est pas que des gros trucs de merch, même s'il y en a un peu, mais c'est surtout du vinyl, du CD, des choses un peu plus underground, surtout dans l'extrême. D'ailleurs on a des demandes de gens qui viennent d'Angleterre, de Hollande, de Grèce. Je ne peux pas donner une liste, mais on la mettra pas longtemps avant. On a pour l'instant une vingtaine d'exposants.

Au niveau de l’affluence, tu attends combien de festivaliers ? Est-ce que tu as déjà un aperçu des différentes nationalités qui seront présentes ?
Le problème c'est qu'on ne peut pas être sûr de rien. On a une capacité assez grande, après c'est pas ce qu'on attend, quoi que. Si on fait 3500 personnes on serait sold-out et on serait très heureux, mais ce n'est pas l'objectif. On est sur un objectif un peu plus bas, on aimerait bien avoir 2000 personnes par jour. Depuis qu'on a mis les tickets collectors en vente, à la base sur Paris, mais comme il y a moyen de commander et payer sur Paypal, je suis passée à la Poste tout à l''heure pour en envoyer quelques uns. C'est assez sympa on a déjà des commandes en Irlande, en Belgique, en Italie, en Espagne. On a été contacté par des Russes, qui ont déjà pris leurs places. On a eu des messages de Chiliens, d'Argentins, vraiment un peu partout. Il y a un Suédois que j'ai du aider à acheter son billet. Donc pas mal d'étrangers, ce que je prends comme un compliment en tant que programmatrice, parce que ça donne vraiment envie aux gens de bouger d'aussi loin et de prendre l'avion pour venir à notre modeste petit festival. Ca fait plaisir.

Il y a pas mal de petites assos qui accusent les festivals en général de piquer les « clients » des concerts le reste de l’année. Il y a tellement de festival qu’on est effectivement tenté d’économiser pour les festivals et de ne pas aller en concert le reste de l’année. Toi qui organise à la fois des petits concerts et un festival maintenant, quelle est ton opinion par rapport à ce genre de logique, est-ce que tu as vu les choses comme ça, ou est-ce que c’est complémentaire.
Je pense que, comme je l'ai dit, on a un prix très abordable. J'essaie toujours quand je fais des petits concerts au Klub de faire la place le plus bas possible. Comme il y a quelques jours, j'ai fait INQUISITION, on a fait sold-out en avance, la prévente était à 12€, je sais que ça serait parti à un prix plus élevé. Mais je demande toujours aux groupes de faire des efforts, même si ça dépend de leurs cachets, parce que pour moi, un petit concert au Klub ne doit pas être cher. Et pour moi un festival doit pas être cher non plus. Comme je disais, 65 euros pour 2 jours, c'est moins cher qu'une place pour AC/DC ou BLACK SABBATH. C'est aussi deux concerts au Divan du Monde, il y a pas mal de concerts là-bas à 30€, voire même 35€. Nous par exemple le ticket du vendredi est à 35€ et à 35€ tu vois VENOM, AURA NOIR, ROTTING CHRIST, IMPALED NAZARENE, BÖLZER, etc. Je pense que ça vaut largement les 35€. On est sur un festival à taille humaine et qui se veut humain dans ses prix. C'est pour ça qu'on essaie de baisser pour les boissons, etc., parce que pour moi, le but, c'est vraiment pas de se faire de l'argent sur le dos des gens, mais le but c'est plutôt de ne pas en perdre. Comme je fais au Klub, j'essaie de vraiment baisser les prix au maximum pour que les gens puissent se faire plus de concerts dans l'année. En tant que cliente, que metalleuse, je sais que le budget est limitée. Je ne râle pas sur les festivals, après il y en a qui abusent.

En tant qu’organisatrice de concerts, pourquoi as-tu fait ce pas supplémentaire ?
Comme je l'ai dit, et c'est pour ça qu'on n'empiète pas sur les concerts, on fait jouer des groupes qui ne passent pas sur Paris. C'est pas comme si on prenait tous les groupes qui passeraient dans l'année. VENOM, demande leurs de faire une date one-shot à Paris, ils ne le feront pas. Ils veulent vraiment jouer sur des festivals, où il y a projet, une ambiance derrière. SODOM, c'est exactement pareil, en France en tout cas. La preuve, ils ne passent pas avec KREATOR en Décembre. Donc c'est pas comme si on piquait une partie des concerts qui auraient pu passer. Pour moi c'est quelque chose de complètement différent, c'est ce que devrait être un festival à la base : pas être un conglomérat de groupes à droite à gauche pour que les gens se disent « ah j'ai payé tant pour tant de groupes, donc c'est tel prix par groupe ». C'est complètement bête, car généralement, on voit pas tous les groupes. Même si chez nous on a deux scènes qui jouent en alternance, donc les gens pourront tout voir. Mais ce n'est pas pareil. Pour moi, un festival doit vraiment avoir une âme, c'est ce qui est important. C'est pour ça que j'aime bien les festivals comme le Keep It True, qui a un vria esprit derrière. C'est pas juste mettre des groupes ensembles et boire de la bière. C'est sympa, mais s'il peut y avoir un esprit en plus, c'est encore mieux.

Même si le festival n’a pas encore eu lieu, est-ce que tu as déjà des plans pour 2015 ?
J'ai plein de plans. Déjà tous les groupes qui n'étaient pas disponibles en 2014 haha. On a eu de très bons retours, comme je disais, des groupes eux-mêmes. Il y a certains groupes importants de l'affiche qui nous ont demandé directement, on n'est pas allé les chercher. On a quelques très bonnes pistes oui, et toujours dans le même esprit.

Et toujours sur deux jours, ou est-ce que tu prévois d’élargir le temps de festival ?
Deux jours c'est bien je pense. La grande question des deux jours était surtout « vendredi-samedi » ou « samedi-dimanche » ? Je pense que le dimanche pour se reposer après c'est pas mal, surtout que les concerts finissent tard. Certaines personnes tiquent parce que ça fait tard, mais on a beaucoup de groupes d'extrême, donc comme on fait de l'open-air, il vaut mieux profiter de la nuit. C'est là que c'est mieux d'être début septembre que fin juin, parce que fin juin le soleil se couche tard et l'ambiance n'y est pas forcément pour un groupe comme ASCENSION. Ou WATAIN en plein jour, c'est pas terrible. C'est pourquoi les concerts finissent assez tard, samedi, dernière note de BÖMBERS à 3h du matin, et dimanche tout le monde peut rentrer tranquillement. On prévoit de faire des afters après les concerts, donc même les fêtards pourront veiller et le lendemain pourront se remettre tranquillement, prendre quelques aspirines et rentrer à la maison. Deux jours c'est pas mal oui.

Je te laisse le mot de la fin. Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ? Et dis un petit mot aux lecteurs de VS.
On peut me souhaiter que tout se passe comme prévu, parce même sur les festivals rodés il y a toujours des imprévus. On essaie de tout prévoir. Et pour le public, si l'affiche vous intéresse, venez, et ne vous posez pas trop de questions. On fait venir des groupes assez vieux qui ne passent pas souvent, et on espère que les gens nous soutiendront cette année pour pouvoir continuer l'aventure.