A l'occasion de la sortie de leur nouvel album "Les sacrifiés", MOURNING DAWN vous propose d'en savoir plus sur cet opus via une interview Track By Track.




Titre de l'album :

Le titre est tiré de la chanson de Craonne, chanson très emblématique des mutineries de la grande guerre et dont le refrain se trouve être :

Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés

Finalement, je trouve que cela résume bien le contexte historique qui inspire Mourning Dawn dans ses atmosphères, tout en renforçant l'identité française du groupe. Du doom/black made in france, hein Mr Montebourg ? Plus globalement, la thématique du groupe jusqu'à maintenant tourne autour du patriotisme et de la jeunesse sacrifiée au nom des valeurs de l'époque. Pour ne pas oublier, se souvenir de ceux qui se sont battus pour ce que nous sommes actuellement, cela a affreusement tendance à se perdre ces temps-ci...

Artwork :



réponse de l'intéressé, David Cragne : L'artwork représente l'essence même de cet album: les sacrifiés, ces hommes et ces femmes, morts dans l'anonymat, unis dans le but commun de prolonger la vie des êtres chers. D'ou cet amalgame de corps recouverts de mousse qui finalement donne naissance à un arbre en plein milieu d'un ancien champ de bataille, même si dû à l'ajout de végétation on le distingue mal. La transcendance de la souffrance pour donner la vie.

Production / Studio :

L'album a été enregistré aux Hybreed studios. Je connaissais Andrew pour avoir enregistré le deuxième album de Inborn Suffering avec lui, et j'avais bien apprécié son travail. Ambiance décontractée, et surtout, surtout, travail souple et hyper adaptable en fonction des horaires de chacun. Concrètement, il a su écouter nos désidératas pour proposer une prod' à la fois ample et directe, ce qui dans ce style assez riche se révèle parfois difficile. Si l'on devait recommencer, je pense que nous ferions ce même choix. En plus c'est toujours assez marrant d'enregistrer un disque d'extrême à côté de groupes de zouk, ou de hip hop.
Il n'y a que les voix que j'ai enregistrées seul, dans notre studio à Pantin : murs décrépits, électricité douteuse, lumière blafarde. Un paquet de clopes, et une bouteille de Ricard, et l'ensemble fut spontanément torché en 2 jours. Tu veux de la sincérité vocale ? Écoute l'album.

Musique, Cinema/DVD, livres, jeux ?

L'album ayant été enregistré en différentes phases, un paquet de skeuds sont passés par nos oreilles. Étant gros amateur de death old school, je peux te parler de l'album de Krypts qui m'a collé une sacrée claque ou bien encore du dernier Supuration qui m'a rappelé que la France possède toujours quelques fleurons qui mériteraient une bien meilleure exposition.
Sinon quant aux influences de l'album, laisse tomber, je suis incapable de dire quoi, je reste passionné par la scène dépressive mais je dois avouer n'avoir rien entendu de bien bon ces derniers temps. Idem en scène doom, à part les derniers Ataraxie et Mournful Congregation. Sinon, là maintenant je m'écoute du Blueneck, et je vais sûrement enchaîner avec Shannon Wright, artistes plutot "post" folk mais avec une atmosphère à faire pâlir bien des groupes dits dépressifs.
Niveau bouquins, je recommanderais, en rapport avec l'album, "A l'ouest rien de nouveau" d'Erich maria Remarque, un classique mais très évocateur. Je pourrais citer également "Ceux de 14" de Maurice Genevoix qui m'a particulièrement marqué...
Je ne joue pas aux jeux videos, par manque de temps principalement je dirais.




Track by Track :
1. The watchers.
C'est l'intro en fait. La mise en musique des colonnes de soldats partant au front. J'avais pas mal écouté Godflesh à ce moment, et le coté riff unique et gros refrain incantatoire me branchait bien. Niveau ambiance, je crois que cela pose bien. On sait tout de suite dans quoi on met les oreilles, vocalement notamment.

2. About pride
C'est à mon sens le morceau le plus abouti et tordu. Un de ceux sur lesquels nous avons tous bossé. T'y trouveras un paquet d'atmosphères différentes, d'où la présence en son sein de différents guests. Il y a d'abord Jo d'Ataraxie qui a pas mal joué avec nous, j'ai toujours trouvé que nos voix se mariaient bien. Pour les dix ans d'Ataraxie, il m'a renvoyé la balle et j'ai chanté un morceau avec eux, cela ressemblait à une espèce de contest du beugleur le plus taré de la place. J'aime ça. Tu trouves également Daniel d'Ahab sur la partie hyper doom. Ce type a une voix tellement caverneuse... Je me souviens de la gueule d'Andrew au mixage façon "euh les gars vous êtes sûrs que vous voulez mettre ça ?" Du coup il l'a appelé "le passage DesTop". L'image colle bien. Le final est un de mes préférés, avec un retour sur une atmo plus black et la voix d'Olivier de Temple of Baal qui permet de finir un morceau-histoire de 15 minutes qu'on a choisi d'utiliser comme morceau teaser, peut-être à tort, mais dont la durée de vie est à mon sens vraiment longue. Textuellement, le titre dit tout non ?

3. A stone that bleeds.
Morceau sur la perte d'espoir. Plus up tempo, certaines atmos rappellent shining dixit certains amis. Signe des temps, t'y trouveras même un refrain en chant clair : "For when a man has no hope, there shall be a stone". C'est la première fois qu'on y travaille les voix comme ça, et ça préfigure probablement de l'avenir.

4. Les sacrifiés
Celui là est difficile à se digérer mais comme About Pride, dis-toi qu'il n'y a pas une note jouée au hasard. Je voulais en faire un morceau pavé, lent et lourd tout en conservant cette atmosphère inspirée du black dépressif. du coup, le chanter en français me paraissait naturel... Le refrain en revanche est en anglais car il est chanté par Kostas de Pantheist. J'aimais bien son timbre et malgré certaines réticences, sa voix nasillarde pouvait bien coller et donner ce côté "oldy" propre au chant de l'époque. Tu y trouveras tout ce qu'on sait faire : du doom, de l'harmonie glauque, des vocaux arrachés, du black bien speed, un solo déjanté etc... Tout en gardant ce côté terne que tu pouvais trouver sur l'album précédent.

5. A childish thought
Le single quoi, 8 minutes et des bananes hé hé... C'est à mon sens le morceau le plus mélo, peut-être inconsciemment inspiré de mes années avec Inborn Suffering ? Le passage central larmoyant en atteste, tout en contraste avec le riff death qui s'ensuit. Et si tu veux te marrer, le refrain a été créé (ouais, encore, ça craint) après avoir écouté du... Biohazard. Comme quoi... Le texte traite d'une discussion que j'ai eu avec un enfant à mon travail au sujet de la mort et des personnes âgées. A la fin de la discussion, le gamin me tue en me disant que finalement, "les gens c'est comme les fleurs, à la fin on retourne dans la terre".

6. Echoes of loss
Le premier morceau que j'ai composé après For the fallen. A nouveau un morceau très riche en ponts et autres variations. A l’époque, j'écoutais pas mal de trucs dits "post" et j'ai eu envie d'en faire un passage aussi, que tu retrouves sur le final de ce morceau. Y a une paire de cris là dessus où j'ai vraiment failli vomir...

7. False hopes
Titre final assez conceptuel, coupé en deux parties. Une première, très inspirée par la marche funèbre, centrée autour d'un accord unique, autour duquel se greffent différentes leads, puis une seconde partie illustrant la volonté de retour des soldats auprès de leurs familles. De faux espoirs. Simple et direct, alternant entre voix hurlées d’obédience Deinonychus et la voix claire de Kostas qui donne une couleur désolée à l'ensemble.
Je voulais finir l'album par le chant des cigales, mais je me suis pris un veto général. Du coup je les ai tous virés, puis finalement bon, ça sera sur le prochain.