Shawter - DAGOBA par VSGREG - 6210 lectures
Si nous avions interviewé Dagoba à plusieurs reprises tout au long de leur carrière, nous n'avions jamais eu l'opportunité de nous entretenir avec son chanteur, Shawter. C'est chose faite aujourd'hui pour la sortie de leur nouvel opus, "Post Mortem Nihil Est".



1. La sortie de "Post Mortem Nihil Est" approche et tout ce qui se passe autour de cette sortie donne le sentiment que ce disque va être un cap important pour Dagoba, je me trompe ? Quel est ton état d'esprit aujourd'hui ?

Écoute, je le souhaite en tout cas !
Tu sais, chaque fois qu'un groupe sort un album, en tout cas je l'espère, c'est pour franchir un cap. Qu'il soit d'envergure petite, moyenne ou grande, c'est à chaque fois une renaissance, une excitation et un nouvel espoir.
Aujourd'hui nous sommes confiants, nous sommes bien entourés, lors des démarches pour trouver des partenaires nous n'avons connu aucune embûche majeure, tout roule comme on le désire, nous sommes donc dans un excellent état d'esprit, nous répondons au maximum de requêtes, et préparons en sous-marin sans trop nous enflammer une chouette tournée qui je l'espère nous emmènera toujours plus loin plus longtemps. Car la route est dans l'ADN du groupe depuis le début.


2. Beaucoup de choses viennent d'arriver pour Dagoba en quelques mois, je te propose de revenir là-dessus.
On commence par le changement de guitariste Izakar. Ce dernier a clairement mis son départ sur ton dos et donc ta responsabilité.
On va pas jouer aux commères mais comment en êtes-vous arrivé là après plus de 13 ans de collaboration ?

Je n'aime pas trop parler de cela, car pour moi le linge sale se lave en famille, mais je vais le faire une dernière fois ici, afin de clarifier la chose aussi proprement que possible.
J'ai découvert en même temps que tout le monde qu'il partait pour des différends qu'il avait avec moi. Lorsqu'il nous a prévenus en réunion, il nous a parlé d'avenir familial ou je ne sais plus quel baratin que nous avions tous simplement accepté, même si ça nous faisait chier de perdre un membre. J'ai depuis entendu et lu de tout, et je préfère pas y prêter trop attention. Que ces merdes viennent de lui ou d'autres m'importe pas du tout.
Je n'ai qu'un seul but : faire progresser le groupe. Composer, écrire, trouver des partenaires, enregistrer, acheter du matos, etc, etc... je vais pas faire un exposé sur ma dévotion pour Dagoba.
Mais il était clair en tout cas que le groupe ne pouvait plus avancer avec lui en son sein.
Il ne voulait clairement pas jouer ce nouvel album. Pour preuve : nous avons toujours sorti un album tous les 2 ans, et là, il s'en est écoulé 3, sans que nous annulions aucun concert. Ce n'est donc pas la recherche d'un nouveau gratteux qui nous a pris du temps.
Au bout d'un moment il a bien fallu que la machine se remette en marche. J'avais des compos depuis septembre 2011, il fallait au moins les essayer il me semble. Je vais également faire la lumière sur un point que peu de gens savent, mais qui a son importance ici. Nous avons sur "Poseidon" demandé à notre producteur (Dave Chang) de mixer la guitare plus en avant. Sa réponse m'a fait froid dans le dos : "Votre guitariste n'est pas assez précis pour cela".

Bon.
Évidemment que je voulais bien tolérer un mec qui était pas le meilleur guitariste du monde, c'est pas grave ça, on joue pas nous plus un truc super compliqué, mais si en plus tu veux même plus jouer les nouveaux titres on fait quoi ?! On se regarde et on sort les cartes ?
Non. On avance. Et tant pis s'il faut décider. C'est la vie d'un homme de décider.
Il est parti et très certainement j'ai laissé transparaître mon ras-le-bol. Mais je ne m'en plains pas, car le cap dont tu parlais on le franchit sans lui, et le bien du groupe passera toujours à mon sens bien avant celui de l'individualité.
Je lui souhaite toute la réussite possible mais je remarque que s'il avait tant aimé le groupe que ce qu'il le prétendait, il serait pas parti en essayant de semer la zizanie.

3. Vous avez intégré Yves Terzibachian juste après, il s'agit d'un de tes proches. Il est connu que tu es le compositeur principal des riffs de Dagoba. Quel a été l'impact de ces changements de line up sur la composition de ce nouveau disque ?

Il n'y a pas eu d'impact, car Yves Z est arrivé l'été dernier, or l'album dans son intégralité été déjà écrit depuis septembre 2011. Il a eu beaucoup de choses et de titres à travailler afin que le groupe n'annule aucun show durant la période de transition. Et nous en sommes très reconnaissant.
Son impact par contre est énorme humainement. Il est réducteur de dire qu'il est seulement un de mes proches. En fait, nous l'avions sondé il y a 14 ans afin qu'il intègre le groupe bien avant Izakar. Nous avons donc retrouver celui qui aurait dû être notre guitariste originel.
C'est un choix de groupe.


4. Tu parles de choix de groupe, mais avec la discrétion de Werther et la gentillesse et simplicité de Franky, tu représentes le leader médiatique - et pour tes détracteurs une grande-gueule - de Dagoba. Assumes-tu ton leadership ou Dagoba fonctionne-t-il vraiment comme une démocratie ?
Et pourtant si tu t'y penches bien je suis loin d'être le plus médiatisé d'entre nous.
Bien évidemment que je fais de mon mieux et tout mon possible pour défendre les intérêts du groupe et faire en sorte que celui-ci continue de nous faire tous vivre. Mais jamais je ne cherche à capter la lumière plus qu'un autre. Je ne me suis jamais battu pour un intérêt personnel. Jusqu'à présent j'ai toujours gardé pour moi le fait que je composais la musique du groupe en grande partie, sur les crédits des albums tu pourras lire jusqu'ici "music by dagoba" par exemple, et en coulisse le partage était d'ailleurs également ainsi fait.

Tu ne trouveras nulle part telle confession.
Sur le plan artistique, crois-moi le but est également de contenter tout le monde. On se concerte, et d'ailleurs ça ne fonctionnerait très certainement pas si le groupe marchait autrement, nous serions triste à voir jouer.
Nous avons mis au point un droit de véto sur chaque riff, et même si j'étais pas toujours ravi de devoir rentrer chez moi et retourner à mes études pour proposer quelque chose qui convenait mieux au groupe, eh bien j'ai toujours respecté ce mode de fonctionnement.
Des concessions, on en fait chacun tous les jours, mais nous sommes tous animés par l'envie de bien faire, et cela est très réconfortant.
Démocratie ? je sais pas, avec de la proportionnelle alors.


5 - Nombreux limitent le style de Dagoba à un batteur très en avant mais avec une basse et une guitare noyées dans le mix. C'est un constat que l'on peut faire sur "Poseidon". Quelle est ton opinion à ce sujet ?

Il me semble avoir en partie répondu à ton interrogation précédemment.
Nombreux sont les producteurs à nous avoir révélé que bien souvent l'élément en avant dans un mix est celui qui donne la garantie d'une certaine clarté.
Le mix de "Post Mortem Nihil Est" est totalement différent pour cette même raison.



6 - Tu disais le 22/10/2012 dans une communiqué sur VS : "On veut tenter un son ricain sur notre musique". Il semble que le choix de Logan Mader à la prod découle de ce souhait. Qu'appelles-tu un son ricain ? Qu'est-ce que cela signifie pour la musique de Dagoba ?
Ça signifie mettre des gants de plomb sur les poings de Mike Tyson !
On a fait 2 albums en Angleterre, et 2 autres au Danemark, il est normal de vouloir essayer d'autres formules avec le temps.
Je pense que notre musique nécessite un gros son, nous faisons du rentre-dedans, pas un truc technique ou à mesures composées, notre école c'est celle de la baston, du gros riff qui tache et qui fait headbanger, Logan sait faire ça, les Ricains savent faire ça, il y a une certaine culture de ce type de son, et la nature des compos sur "Post Mortem..." nous a encouragés à aller dans cette direction.


7 - En affirmant cela, tu sais très bien que l'on dira que Dagoba sacrifie son identité pour rentrer dans un moule de type de son. Est-ce le cas sur "Post Mortem Nihil Est" ? La Dagoba-touch est elle encore là ?
Je sais surtout que quoi que l'on fasse, il y aura quelque chose à redire. Et c'est normal, on ne pourra jamais plaire à tout le monde. C'est un peu le risque que tu prends quand tu fais ce type de métier.
Je détesterais plaire à tout le monde, je me méfie de ceux qui espèrent pouvoir le faire. Ça génère bien trop de frustrations.
Nous ne sacrifierons pour aucun label, aucun directeur artistique, aucun producteur, aucun fan, aucun journaliste notre identité. Notre liberté de créer est bien trop précieuse à nos yeux. Et au fil de ces 5 albums, nous avons toujours voulu proposer quelque chose de différent, tout en restant dans notre style, nos capacités, nos couleurs.
Il en est de même pour notre dernier album.
Les éléments qui font Dagoba sont toujours là, la grosse caisse, les growls, les refrains clairs, les orchestrations, les sonorités indus, etc...
Mais il y a un nouveau guitariste, et j'ai doublé les parties grattes également. Le mur est plus épais, plus solide ainsi.
Quant aux plus pointilleux qui diront que nous allons chez les Ricains pour convaincre les Ricains, je leur répondrais que si Logan Mader avait été mon voisin de palier, pour des raisons financières et logistiques cela m'aurait plutôt arrangé.


8 - Pourtant ce son "ricain" a l'air de bien marché vu votre contrat avec eOne et votre nouveau managment US ! Comment avez-vous abouti à une telle double signature ?

Nous avons changé de management suite à l'enregistrement de cet album. En cela nous avons vu certaines portes s'ouvrir et des opportunités jusqu'alors trop éloignées se présenter à nous. J'ose espérer que la qualité des titres y est pour quelque chose aussi, ce serait réducteur de dire que seul le son de la prod nous a fait signer sur eOne...
Il suffirait sinon d'envoyer n'importe quel groupe dans un studio monstrueux en Californie pour lui assurer un avenir radieux sur le sol de l'Oncle Sam..?
Je n'y crois pas une seconde.
A vrai dire, nous avons monté notre set up de productions et de bookers très efficacement, et l'album a convaincu une équipe suffisamment solide pour je l'espère faire gravir un échelon au groupe.

9 - Dagoba s'est surtout focalisé sur la France par les concerts pour les 2 derniers opus, allez-vous changer de cap avec ces nouveaux deals ?

Je ne pense pas que nous nous soyons focalisés surtout sur la France ces derniers temps. Nous avons bien sûr assuré avec plaisir nos dates françaises, mais nous avons continué à nous exposer et à explorer l'Europe et l'Amerique, puisque nous avons joué au Canada, aux USA, mais aussi en Russie, Scandinavie, Europe de l'Est, Espagne, etc.
Nous avons toujours voulu nous exporter car nous sommes curieux et férus de nouvelles choses, et nous garderons ce cap encore une fois. Peut-être pourrons-nous simplement le faire mieux et dans de meilleures conditions.


10 - Pour pas mal de monde en dehors de France - surtout les USA - vous allez être un groupe nouveau découvert par ce nouvel opus. Comment ressens-tu cela ? C'est agréable d'avoir un relationnel tout neuf et vierge à créer ou... c'est une frustration de se dire que tout ce que vous avez fait avant ne compte pas pour eux ?

Nous avons eu la chance d'être distribués depuis 4 albums sur 53 pays, via Season of Mist, puis XIII Bis, et maintenant par Verycords, Earmusic et eOne. Donc nous avons toujours eu une certaine visibilité de partout.
Bien entendu aujourd'hui la puissance de feu d'un eOne va nous permettre de faire un bond en avant notamment aux USA, et d'ailleurs nous le ressentons rien que sur le travail de promo, de passages radio, etc.
Mais tu sais, avec internet, facebook et tout ça, chacun peut faire entendre sa voix là où il l'entend. Et même si nous n'étions pas énormément distribués là-bas, eh bien une frange du public nous sollicitait toutefois.
Nous encourageait à venir chez eux.
Aujourd'hui nous sommes vraiment contents, car nous pourrons déjà honorer de meilleure façon la confiance de ceux-là !
Et s'il nous est donné l'occasion d'accroître la notoriété du groupe n'importe où, je ne vois pas pourquoi nous nous gênerions.
Après pour ce qui est de la frustration, je n'en ressens aucune. Après tout, les paroles s'envolent, les écrits restent et au final, nos albums précédents eux aussi sont gravés. Celui qui voudra découvrir notre passé pourra aisément le faire.
Il m'est souvent arrivé de remonter le temps de la carrière d'un groupe dont je découvrais le dernier album, sûrement que d'autres le feront dans le cas de Dagoba.

Je me sens un peu dans le cas du marié qui s'apprête afin de voir son épouse sur l'autel : je la connais déjà, mais je suis prêt à sceller une union que j'espère belle.



11 - Parlons de "Post Mortem Nihil Est", pourquoi ce titre ?

Tout simplement car je trouve ce titre fort. J'ai lu certain commentaires hilarants qui disait que c'était pour faire intello. Drôle. Un titre en français ça fait bobo, un titre en latin ça fait intello, et les Américains nous cassent les couilles avec leur suprématie... bref, tu vois où je veux en venir : le particularisme franco-français.
On pourra définitivement jamais plaire à tout le monde.
Quant à sa définition : c'est un précept qui me tient tout à fait à cœur, raccord avec mon mode de pensée et de vie : à la fois nihiliste et épicurien. Puisqu'il n'y a rien après la mort, alors je compte bien profiter de ma putain de vie.

11bis - C'est quoi ce délire avec les Incas ? On dirait que vous avez pris cela au serieux ?

Je n'ai bien évidemment pas pris au sérieux cette histoire de fin du monde, nous sommes marseillais, mais pas débiles, hein.


12 - Parlons enfin musique, alors quel est le nouveau visage de Dagoba en 2013 ? De tes précédentes réponses je déduis déjà qu'on va plus entendre la guitare rythmique, qu'en est-il du reste ? Quelle est la couleur de cet album ?

Effectivement, on va plus entendre la guitare rythmique, mais aussi la basse, chose qui me tenais à cœur car je suis assez fan de cet élément (gros fan de Newsted et Rex Brown).
J'essaie de varier d'album en album ma façon d'aborder la voix, donc je pense que là aussi on peut sentir une différence. Les growls sont plus bas, plus orientés death, et les passages mélodiques sont par contre totalement clairs, sans grain rock.
Tout ceci donne quelque chose de très contrasté, parfois vraiment solennel et grave et parfois très lumineux et aérien.
Il y a en ce sens une prise de risque, mais je m'ennuierais bien trop si nous n'en faisions pas.

13 - De laquelle de vos précédentes sorties peut-on le plus rapprocher "Post Mortem Nihil Est" ?

De toutes et aucune à la fois. Chacun de nos album a sa spécificité, l'éponyme est cru et très électronisant, "What Hell is About" a affirmé notre penchant pour les atmosphères pesantes et les orchestrations, "Face the Colossus" est très ambiant, plus recherché dans les harmonies et les structures, "Poséidon" est un concept album où nous avons accéléré le tempo, tout en simplifiant les structures pour plus de clarté, et celui-ci sera très contrasté et sûrement le plus brutal de notre discographie.
Mais ça reste du Dagoba et on joue avec la même envie de tout donner qu'auparavant, donc vous n'aurez aucun mal à nous reconnaître.

14 - Personnellement, comment as-tu placé ton chant sur cet album ? Plus de growls, plus de parties chantées, plus de refrains catchy ou un peu de tout cela ? Penses-tu avoir encore progresser dans ce registre ?

Pour le chant j'ai fait un gros travail en amont. J'ai beaucoup discuté avec un ami qui connaît sur le bout des doigts les arrangements des Beatles, un groupe que je ne connais vraiment pas assez, et je me suis longuement penché sur le travail de Freddie Mercury en studio.
En recueillant ici et là des documentaires, des écrits, des interviews, pour savoir comment il en venait à faire et gérer tous ces chœurs et comment ces nappes devaient sonner pour lui.
Je suis un fan absolu de Queen, et sans jamais vouloir copier ni vouloir atteindre le Maître, j'ai essayé de faire ma petite chorale dans mon studio. Je suis très content du résultat, et ça m'a quelque part réconcilié avec mon grain clair, que j'hésitais jusqu'alors à trop utiliser.
J'espère avoir progresser, c'est le but de chaque musicien qui se respecte je crois.


15 - En plus d'être chanteur, tu es guitariste... mais je ne me rappelle pas t'avoir vu la guitare autour du cou en live (je me trompe peut-être). Pourquoi ?
Je voue une passion illimitée pour la guitare, et même si je ne suis pas très bon, j'essaie de maintenir un niveau suffisant pour jouer du Dagoba correctement. En répète je ne chante jamais d'ailleurs, par souci d'économie pour mon capital-voix, mais je me régale à jouer de la guitare, et encore plus maintenant avec Z car je sens que ça ne le fait pas chier.
Au contraire, nous sommes complémentaires et c'est cette complémentarité que nous avons ensemble voulu faire sonner sur l'album.
Un plaisir indéfinissable.
Pour ce qui est du live, il m'arrive de jouer notamment les petits chorus de Dagoba, et je jouais sur de précédente tournée des morceaux entier, comme "The world in between" ou "The things within". on verra bien si la logistique nous permettra d'embarquer un deuxième set de guitare, un deuxième ampli et donc si je pourrai jouer quelques titres supplémentaire en live.
Je suis du genre à passer des heures à regarder des vidéos de guitar heroes, à baver devant Michael Romeo ou Andy Mckee, mais je n'ai malheureusement pas le temps de trop m'exercer car tout le reste de mes activités est très chronophage.



16 - Tu viens de rappeler que tu possèdes ton propre studio d'enregistrement, n'avez-vous pas été tenté par l'autoproduction jusqu'au bout comme de nombreux artistes ayant acquis une solide expérience de par leurs précédents opus ?

En effet, Franky et moi possédons nos propres home studio (Serial Drummer et Eagle Black Studio), ce qui nous permet de faire nos propres prises et mettre strictement tout ce que nous voulons en boîte. Mais nous ne sommes toutefois pas encore assez expérimentés pour pouvoir gérer un mix aussi conséquent que le nécessite notre musique.
Il y a beaucoup de pistes dans chaque chanson, non seulement beaucoup d'éléments accoustiques (batterie, basse, guitare...) mais aussi plein de pistes d'orchestrations (violons, cor, violoncelles, flûtes, piano...) et indus qu'il faut savoir mixer avec harmonie.
C'est un métier, que certains font bien mieux que nous.
Nous nous contentons d'assister à chaque étape afin de donner une orientation au son du groupe.


17 - Vous avez travaillé avec Logan Mader. Laquelle de ses précédentes réalisations vous a donné envie de bosser avec lui ?

Toutes en ce qui concerne le metal, mais ce qui m'a particulièrement rassuré c'est qu'il est très bon aussi pour gérer des orchestrations, puisqu’il fait beaucoup de musique de jeux vidéos et de movie scoring.
C'est compliqué pour nous de trouver le mec qui saura à la fois sonner un groupe très gros, et y incorporer toutes ces pistes additionnelles. Nous avons sonder à peu près tous ceux qui ont fait leurs preuves là-dedans, mais Logan a vraiment tout fait pour que notre venu dans son studio soit possible. Le projet l'a emballé.


18 - Vous avez fait le voyage aux USA pour superviser et participer au travail de Logan. Comment s'est déroulé le séjour là-bas, avez-vous pu faire des rencontres ? As-tu des anecdotes pour nos lecteurs ?

Le séjour s'est super bien passé, c'était un rêve éveillé.
Nous avons dû compter nos deniers il est vrai pour pouvoir s'offrir un tel voyage, mais s'il fallait le refaire, je le referais cent fois. Logan est adorable, très fin et gentil. Nous avons rapidement trouvé des affinités autres que la musique, car nous sommes tous les deux très attachés à la mer. Lui est passionné par la pêche sportive, qu'il pratique au Mexique, et pour ma part je suis chasseur sous-marin et apnéiste, donc nos histoires de poissons nous ont rapprochés.
Nous sommes quasi tous les jours en contact, et nous espérons pouvoir collaborer ensemble dans le futur.


19 - Parlons enfin de la pochette de cet opus. Peux-tu en dire plus sur l'artwork et votre collaboration avec Seth Siro Anton ?

C'est Franky qui a eu l'idée de contacter Seth.
Nous étions parti sur totalement autre chose, mais en nous concertant nous avons trouver l'idée super, d'autant plus que nous sommes fans de Septic Flesh, et Seth voulait faire une pochette pour Dagoba depuis longtemps.
Nous ne voulions pas acheter un artwork tout fait, et lui voulait absolument faire quelque chose de créatif pour nous. Nous nous sommes entendu sur un code couleur qu'il n'utilise pas trop, afin de le pousser là où il ne serait pas naturellement allé. Et nous sommes absolument enchantés par cette pochette.
Pareil, c'est un peu un choix du cœur aussi cette collaboration, car nous sommes assez proches avec les Septic Flesh, et d'ailleurs il devrait y avoir quelques rapprochements dans les temps à venir entre nos groupes.


20. Dagoba a toujours eu des tonnes de détracteurs - notamment sur VS - vous avez droit à la total au fil des années : on vous a traité de fils à papa, on a dit que votre musique était supra basique, que vous étiez prétentieux etc.
Comment as-tu vécu et vis tu tous ces reproches et autres racontars ?


Ça ne fait jamais plaisir de lire ce genre de conneries, mais avec l'expérience on commence par en rire, puis au final ça ne fait plus rien. On a rien à prouver à ceux qui bavent leur jalousie ou leur envie de nous voir chuter pour une raison X ou Y...
On fait notre chemin, nos vies de musiciens et d'hommes, on sait qui on est, qu'on a jamais volé le sac d'une petite vieille ou tué qui que ce soit, que les réflexions les plus acerbes ne sont pas distillées par les plus malins non plus.
Je me contente de lire et quand j'ai l'occasion de pouvoir dialoguer entre adulte je le fais, pas pour défendre mon bilan, mais juste parce que je suis intéressé par la critique constructive.


21. Aujourd'hui une nouvelle génération de groupe voit en Dagoba une référence, un exemple à suivre. Quels étaient les exemples à suivre au sein de la scène métal française quand vous avez commencé en 1997 ?

Quand nous sommes arrivés, nous avons mis un point d'honneur à ne pas suivre les leaders français, car nous ne nous sentions pas proches de leur mouvance... la Team Nowhere, tout ça, le hip hop en français, c'était pas notre école du tout.
On a cherché à nous décourager, à nous faire croire que nous n'irions nulle part avec nos gueulantes en anglais et notre imagerie pleine de clichés metal. Mais c'était nous, et nous n'allions pas nous renier juste pour entrer dans le moule qui à l'époque te faisait entrer dans les maisons de disques et les petits papiers de la presse.
Le fait que tu me dises que nous sommes aujourd'hui un exemple à suivre me touche beaucoup, car c'est à l'extrême opposé de ton constat précédent. Et, en tant que père, j'attache beaucoup d'importance au devoir d'exemplarité.
Quand nous pouvons aider un groupe, nous le faisons, et nous restons très disponibles lorsqu'on nous pose des questions.


22. Tes derniers featuring sur les opus de Magoa ou Heart Attack témoignent de ta popularité et du respect que témoignent ces groupes vis-à-vis de Dagoba. Es-tu flatté de cela ?

Oh je n'y vois aucune flatterie.
Je le fais quand les projets sont menés par des gens qui y croient, qui ne font pas n'importe quoi, et quand je vois que mon travail est apprécié aussi par leurs fans, alors j'ai le sentiment du travail bien fait.



23. Tu évolues maintenant dans le milieu metal depuis plus de 16 ans en tant que musicien. Si tout le monde affiche une solidarité de façade, qu'en est-il de la réalité à tes yeux ?

Nous avons toujours préféré garder toute indépendance face à toute association, tout collectif. Pas pour faire cavalier seul, mais pour nous sentir totalement libres de faire ce que l'on veut, quand on veut, avec qui on veut. Et nous n'avons pas à nous plaindre de notre parcours d'ailleurs, tu noteras que les groupes qui arrivent à vivre de leur metal en France n'ont jamais eu d'appartenance du genre. Ceci explique-t-il cela ? Je ne sais pas, mais en tout cas ça dénote d'une certaine liberté d'esprit, d'état sauvage et de conquête qui, il me semble, fait intégralement partie de ce qu'est le metal.
Ça ne nous empêche pourtant pas d'être connecté avec plein de groupes, et nous avons d'ailleurs que de bon rapport avec les musiciens français. On a jamais fait de faux plans, et on a toujours poussé quand on nous l'a demandé et que l'opportunité se présentait.
Nous sommes un des rares groupes à -jusqu'alors- n'avoir jamais accepté l'argent d'un autre groupe pour faire nos premières parties. Malgré de multiples propositions.

24. Au long de ces 16 années, t'es-tu fait des amis proches dans ce milieu ? Des gens qui comptent pour toi ? Si oui qui sont-ils ?

Oui bien sûr.
J'ai de très bons amis dans ce milieu, comme Stef Buriez, qui nous a très rapidement pris sous son aile et a cru en nous, les Mass Hysteria et en particulier Yann avec qui je partage l'amour du sport, Joe Duplantier avec qui nous conversons autant que faire se peut sur la vie de musicien, son frère Mario qui est souvent encore plus maussade que moi en tournée lol, Guillaume Bernard de Klone dont le travail de musicien/manager me plaît beaucoup, Charlotte d'Aqme qui partage ma vie, Guillaume Bideau, on s'échange le papier cul pour essuyer la merde qu'on nous balance sur VS (haha), Mika de Season of Mist, qui est mon partner in crime quand on se croise, Mehdi, notre producteur chez Verycords, et, plus éloignés mais avec qui je passe toujours des bons moments, Rob Flynn, Roy Mayorga, Burton C Bell et Dino, avec qui j'ai vraiment déliré à L.A,...
J'en oublie sûrement, mais les plus proches que j'ai sont, bien entendu, Franky, Werther et Z.


25. On vient d'annoncer un concert de Dagoba en headliner au Bataclan à Paris le 12 février 2014 ! Qu'est-ce que cette date représente pour toi ? Peut-on s'attendre à la captation du premier DVD live du groupe ?

Cette date représente l'ambition nouvelle trouvée par notre changement de tourneur français : Veryshow. Elle représente aussi leur confiance, et bien entendu une immense joie que de pouvoir enfin refaire une grosse salle à Paris.
Depuis que l'Elysée Montmartre a brûlé, nous n'en avions plus eu l'occasion. Ce sera l'occasion de passer une super soirée avec notre public parisien et un peu d'ailleurs aussi je pense.
Nous n'avons pour l'instant pas prévu de captation live sur cette tournée, mais je te rappelle que nous avions déjà inclus un DVD live au Hellfest dans une version collector de "Poséidon".

26. Quels sont les rendez-vous à ne pas manquer de DAGOBA en 2013 ?

Les sorties déjà : le 27 mai en France, le 14 juin en Europe et au Japon et le 18 juin aux USA, ensuite les dates de tournées qui vont tomber très prochainement.

27. On finit en parlant musique, quels sont les 5 albums que tu as le plus écouté depuis début 2013 ?

Agony - Fleshgod Apocalypse
United - Phoenix
Port Morrow - The Shins
Demigod - Behemoth
Apocalypso - The Presets

28. UN mot pour les lecteurs ?
Merci.
Auteur
Commentaire
TheUgly
Membre enregistré
Posté le: 27/05/2013 à 15h17 - (665)
Très bonne interview qui permet de comprendre aussi ce qu'est la vie d'un musicien qui cherche à vivre de sa musique. Intéressant !



Chapoc
Membre enregistré
Posté le: 27/05/2013 à 15h35 - (666)
Belle interview en effet. Hâte d'entendre ce nouveau tournant.

Jtrom
Membre enregistré
Posté le: 27/05/2013 à 17h31 - (667)
Très bonne interview, claire, nette et précise, complètement franche et honnête !!!

Et si je peux me permettre...

A tous les gens qui pourrait avoir des aprioris sur Shawter ou tout autres membres du groupe, je peux vous assurer que ce ne sont que des "on dit", des mal-entendus ou alors de la jalousie.
J'ai moi même pue avoir des doutes à force d'en entendre sur eux et ben je n'ai été qu'un GROS CON.
Pour les côtoyer très régulièrement en soirées publiques, privées et plus récemment sur les tournages de leurs deux prochains clips. Ces mecs sont au top, d'une gentillesse et d'une simplicité à toutes épreuves.
Et si vous avez encore des doutes, venez taper la discut avec eux lors d'un de leur concert proche de chez vous ;-)

Jtrom Eradikal Insane / The Omega.



webswordmaster
Membre enregistré
Posté le: 27/05/2013 à 18h11 - (668)
T.A.N.K a également partagé plusieurs fois l'affiche avec Dagoba, notamment notre première grosse date dans le 77 en première partie. On était intimidés et eux ont été adorables.

Encore aujourd'hui 5 ans après, c'est le groupe avec qui on a joué avec qui ça s'est le mieux passé.

Et on a hâte de remettre ça !

Très content pour eux que cet album soit bien reçu et vivement les mandales en live !

Padaone
Membre enregistré
Posté le: 27/05/2013 à 21h37 - (669)
Très bonne interview pour moi.

J’aime beaucoup DAGOBA et sa musique. Les goûts sont subjectifs, certes mais après avoir assisté à plusieurs concerts, je pense qu’on est tous d’accord pour reconnaître que leurs shows sont donnés à 100 % et qu’ils ne s’économisent pas.

Les musiciens sont accessibles, proches de leur public et toujours d’une grande disponibilité. Et ça, ça fait vraiment plaisir pour ceux qui font des dizaines de bornes pour les voir.

Un exemple à suivre pour beaucoup de formation. Vivement une ou plusieurs dates pas trop loin de chez moi.

pamalach
Membre enregistré
Posté le: 27/05/2013 à 23h15 - (670)
J apprécie toujours de lire les interviews de ce gars.



dun4n
IP:88.180.13.17
Invité
Posté le: 28/05/2013 à 10h35 - (671)
Excellente interview. Pour avoir parlé plusieurs fois avec Shawter ou Franky, je confirme qu'il sont très sympas et proches de leur public.

ouaih
IP:92.132.170.231
Invité
Posté le: 30/05/2013 à 15h12 - (680)
ouaih ouaih .....derriere la façade se cache un bon gros connard !

wjqjqjpm
IP:213.238.175.44
Invité
Posté le: 15/05/2014 à 10h56 - (1164)






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