interview collégiale - INBORN SUFFERING par SKAY - 4894 lectures
La scène Doom française est plutôt vivace et créative. Quelque soit le sous-genre, nos compatriotes arrivent à se hisser au niveau, voire au-dessus, des concurrents étranger. Et dans le genre, INBORN SUFFERING ne fait pas exception. Véritables guerrier du doom français, les Parisiens portent haut l'étendard du doom/death mélodique.

Après la chronique, voici l'interview collégiale du groupe !



Salut les gars, on va commencer par la traditionnelle présentation du groupe, étant donné qu’il y a eu des changements de line-up entre les deux albums.
Steph : Inborn Suffering est à l'origine un groupe doom/death de Paris influencé par la scène metal des 90's. Manu, Tom et moi étions à la base de ce projet, puis plus tard Seb. Il y a l'ère "Wordless Hope" (avec Manu, Fred et Loïc de Heol Telwen) et l'ère "Regression to Nothingness" (avec Laurent de Mourning Dawn et Rémi de Krepuskule). Chaque membre a apporté ou apporte encore sa touche personnelle, en effet nous n'écoutons pas tous les mêmes groupes ou styles ce qui est très enrichissant pour Inborn Suffering. Avec "Wordless Hope" nous avons exploré à notre façon les limites du doom/death mélodique influencé 90's, nous avons partagé la scène avec de nombreux groupes dans divers pays (Swallow the Sun, Before the dawn, Mourning Beloveth, Ataraxie, Saturnus etc.). Ce fut une aventure musicale et humaine assez intéressante. A cause de problèmes de dispos et ou baisses de motivation de certains membres, nous avions du reformer rapidement un line-up après l'enregistrement de "Wordless Hope". Cela ne fut pas facile, mais nous avons trouvé un line-up au bout de quelques mois solide et capable d'encaisser plus ou moins les humeurs de chacun. Nous avons trouvé en plus des gens plus que compétents au niveau musical et sympas, donc parfait pour repartir de bon pied après un solide "Wordless Hope". Il y a eu entre-temps une phase de calme plat dans Inborn, mais j'imagine que ça doit être le cas pour pas mal d'autres groupes également. Notre ancien label pour "Wordless Hope", Sound Riot Records, nous avait arnaqués en plus. Aujourd'hui nous pouvons fièrement dire que Inborn Suffering est de retour avec un album qui est je le pense, solide. Nous ne savons pas ce que le futur va réserver pour le groupe, mais nous savourons pour l'instant la sortie de ''Regression to Nothingness''. Nous sommes plus ou moins satisfaits également jusqu'à présent de notre signature avec le label russe doom Solitude Prod.


Six ans séparent "Wordless Hope" et "Regression to Nothingness". Que s’est-il passé ? Vous êtes des glandeurs ?
Laurent : Non, pas des glandeurs, juste des mecs qui ont mis beaucoup de temps à se mettre d'accord sur les choses. Ce n'a pas été de tout repos que d'accorder nos diverses influences afin que tout le monde s'y retrouve. Je pense d'ailleurs que cela se ressent sur l'album, tu as de tout dans celui-là, de l'extrême, du mélo, du funeral, de l'up tempo etc. C'est le fruit de longs débats tout ça... Quand on parle de ''melting pot'', on peut penser qu'il s'agit d'un raccourci, d'une énième parabole foireuse pour dire qu'on écoute des trucs différents, mais je trouve que c'est hyper adéquat pour ce groupe. Chacun a son créneau en quelque sorte, et malgré le temps que cela nous a pris, chacun a fini par y trouver son compte. C'est un peu ça qui est chouette et enrichissant en musique : échanger, débattre (et se battre, on a failli y venir une fois je me souviens hé hé) mais au final avancer. Le souci, c'est que quand tu fais une musique de ce genre-là, tu dois faire face aux personnalités de chacun et c'est ici que tout se complique. D'où une longue période un peu compliquée, avec notamment le départ de Manu et de longues prises de becs sur l'orientation des morceaux... On a failli jeter l'éponge, mais comme tu le vois, finalement on y est arrivé. Non sans mal, mais bon on parle bien de doom metal là ?

Steph : L'explication pour ma part est la suivante, changements de line-up, remises en questions au niveau de la direction musicale… problèmes de dispos pour la plupart d'entre nous et une phase de calme plat avec une baisse de motivation. Pour la baisse de motivation, nous avons su gérer à chaque fois, heureusement que ces moments étaient courts.


Revenons un peu en arrière et notamment à "Wordless Hope". A l’époque, comment as-tu trouvé l’accueil du public, de la presse ? Est-ce que les ventes et son succès ont été à la hauteur de votre attente ?
Steph : L'accueil du public et de la presse ont été globalement bons pour nous. Nous avions des reviews sympa, il y a eu un réel engouement. Je constate encore actuellement que "Wordless Hope" plaît. Comme je l'ai mentionné plus haut, pour les ventes nous ne savons pas vraiment vu que notre label de l'époque ''Sound Riot Records'' nous avait arnaqués. Disons que l'album est encore demandé de nos jours et que notre nouveau label ''Solitude Prod'' s'est empressé de signer avec nous une réédition de "Wordless Hope".

Laurent : Moi, je me suis fait baiser, je l'ai acheté et après je suis rentré dans le groupe. Putain, dégoûté, je me suis fait enfler 15€.

Rémi : Pareil que Laurent, saperlipopette!


"Regression to Nothingness" est maintenant officiellement sorti, et le travail de distribution va bientôt commencer. Vous avez signé sur le label russe Solitude Productions. Qu’est-ce qui vous a poussés à faire ce choix ? Qu’est-ce que vous attendez de ce label ? D’ailleurs, je crois qu’il va également rééditer le premier album, c’est bien ça ?
Steph : Nous avons démarché pas mal de labels. Solitude prod nous a clairement fait l'offre la plus intéressante. Ils voulaient une double signature, "Wordless Hope" et "Regression to Nothingness" avec ce dernier en édition limitée digipack. Le label est plutôt réglo je dirais et aime vraiment la scène doom. Sans compter qu'ils sont un des labels doom les plus anciens et les plus respectés de la scène. Nos potes musiciens doomeux, Shattered Hope, nous ont en plus conseillé ce label (ils sont également signés chez eux).

Laurent : Ouais bon après, faut se méfier des Grecs hein, pas fiables ces gens-là. N'empêche, d'une façon plus générale, en ces périodes de disette absolue en termes de ''ventes'' de disque, il est sûrement bien plus sage de signer sur un label de passionnés que tenter sa chance sur plus gros, sachant que de toute façon tu ne vendras pas plus. La mutation du marché du disque (il existe encore d'ailleurs ?) est juste difficile à suivre. Solitude a donc permis de répondre à la fois aux cases ''passions'' et ''faire plaisir aux fans''... La case ''thune'' par contre je l'ai pas trouvée.

Tom : Après la débâcle et l'opacité de Sound Riot sur la gestion de "Wordless Hope" on avait à cœur de trouver un label droit, et on avait un souhait personnel qui était de ressortir cet album. Solitude a été très ouvert sur ce point et le deal était en tout point satisfaisant pour les deux parties.


Vous parlez souvent de Sound Riot en mal. Autant crever l'abcès et mettre en garde les autres groupes, que s'est-il concrètement passé avec ce label brésilien ?
Steph : Ils n'existent plus, donc ils n'arnaqueront plus personne. Ils ont tout arrêté du jour au lendemain, disparus dans la nature... avec nos CD et nos thunes. C'est comme ça, ''shit happens'' comme on dit.


Petit exercice : je ne connais pas Inborn Suffering, donne-moi envie d’acheter ce nouvel album !
Steph : Je n'aime pas trop faire ce genre de chose, ça dépend du ressenti de chacun, mais je dirais : ''avec "Regression to Nothingness" tu trouveras désolation, noirceur, brutalité mais également de l'espoir, du rêve et des mélodies hypnotisantes. Tu feras un voyage vers le néant (et en plus c'est pas cher et bio !).''

Laurent : C'est marrant, à la base on avait écrit des tas de conneries débiles, mais faut rester sérieux hein. Alors de mon côté, je n'aime pas chercher à convaincre les gens, surtout quand il s'agit de ton groupe, ça fait pédant. Alors je donnerai juste mon ressenti perso : dans ce disque, il y a eu beaucoup d'énergie, de soucis, de temps perdu, des types qui ont grandi, évolué et ont tenu coûte que coûte à sortir ce disque parce que, définitivement, il vaut le coup et mérite sa chance tant on a essayé d'y mettre toutes nos influences dans le genre. Voilà, pas cher pas cher.

Tom : Tu vas sur bandcamp, t'écoutes gratuitement, si ça te plaît tu achètes ! J'aime pas faire le camelot vis-à-vis de ce que je fais donc je peux pas te donner de réponse plus satisfaisante.


Vous pratiquez un death/doom assez atmosphérique, peux-tu me dire où vous puisez vos influences ? Pas mal en Finlande à la vue du son ?
Steph : Nous n'avons pas été influencés par tel ou tel groupe sur ''Regression to nothingness'' ou scène. "Regression to Nothingness" est le résultat de 6 années de réflexion, d'écriture et de perfectionnement (à notre niveau modeste bien sûr). Nous écoutons chacun des groupes différents, des styles différents. Tout ça fait un gros melting pot. Nous avons fait la musique que nous aimons, qui nous venait en tête, point. Cela dit, nous aimons effectivement le son finlandais ou suédois !

Laurent : comme je l'ai marqué plus haut, c'est un grand mélange. Je suis à titre personnel bien plus attiré par les scènes plus extrêmes. Alors oui, certains parleront de Swallow the Sun, Shape Of Despair and co, mais je trouve que ce serait bien réducteur. D'ailleurs, j'écoute plus ces groupes. Et puis moi j'aime pas le son suédois actuel, je préfère l'ancien ! Tu vois un peu le bordel dans les individualités d'ailleurs ? Mais je me suis plié à la majorité, et c'est comme ça que ça finit par marcher, parce que finalement, il est pas si mal le son !

Tom : J'ai pas vraiment ''choisi'' de son, je savais ce que Stef et Seb voulaient, on a fait sonner la batterie en adéquation. Perso je suis plus comme Laurent, j'écoute des musiques plus ''extrêmes'' on va dire, mais j'aime la manière dont sonne cet album, très plaisant et très gratifiant pour nous d'avoir pu sortir quelque chose dont on est content, tu sais comme les musiciens sont d'éternels insatisfaits.


Commet s’organise la composition des morceaux ? Est-ce que la musique vient avant les paroles, le contraire ? Est-ce que c’est un travail collégial ou il y a un dictateur ?
Laurent : Tu peux diviser l'album en deux parties. ''Grey Eden'', ''Apotheosis'' et ''Born Guilty'' découlent d'un processus collégial comme tu dis, tout le monde y a participé activement. Tu n'imagines pas le nombre de versions de ''Grey Eden'' que nous avons eu ! Pour les autres, nous avons essayé de changer la méthode. Du coup, Steph et Seb sont arrivés avec des maquettes que nous avons réarrangées tous ensemble, avec cependant des thématiques définies au préalable, notamment ''Another World'' qui dès le départ se devait d'être plus death que doom.

Tom : On a produit énormément de matériel pour cet album et au final on a jeté les ¾ de ce qu'on a composé, entre autres, comme le disait Laurent un peu avant, car il fallait que les morceaux fassent l'unanimité et à ce niveau on s'est beaucoup cherché. On a fini par passer en mode ''Stef et Seb proposent les morceaux, on propose des arrangements, et on boucle''. "Slumber Asylum", "Another World" et "Self Contempt" découlent de cette méthode, pour les autres morceaux certains ont 5 ans ("Apotheosis"), 4 ans ("Grey", "Regression", "Born") et on a dû les réarranger bien 10 fois chacun....

Steph : La musique vient avant les paroles. Nous avions un ''Apotheosis'' qui a été composé et arrangé avec tout le groupe juste après "Wordless Hope" mais nous avions décidé de changer de méthode de composition après pour un peu re-dynamiser la phase construction et écriture des morceaux et pour re-motiver les troupes. Cette tâche ingrate (je plaisante) était donc confiée à Seb et moi-même. Nous avons donc commencé à composer le morceau ''Regression to Nothingness'' chez moi. Le groupe tout entier, satisfait du résultat de base, a ensuite peaufiné et amélioré la structure et certains riffs en répèt. On a bien du avoir 10 versions de "Regression to Nothingness". Nous sommes ensuite revenus à une phase de composition plus standard avec "Grey Eden" et "Born Guilty", c'est-à-dire tout Inborn Suffering compose et crée le morceau. On a ensuite eu une longue période de flottement au sein du -groupe (à nouveau). Il fallait ré-appliquer le plan ''il faut booster le groupe''. C'est là qu'avec Seb et moi-même nous nous sommes replongés dans de longues phases de compositions pour sortir ''Slumber Asylum'', ''Another World'' et "Self Contempt Kings", en priant à chaque fois que les compos soient validées par tout le groupe. Ces 2 méthodes ont donc fonctionné plutôt pas mal dans Inborn puisque nous avons sorti plus de 70min de musique.


De quoi parlent les paroles, est-ce que vous avez un thème récurrent ?
Tom : La mort comme une fin lucide sans après ("Regression", "Apotheosis"). Pour "Another World" j'ai voulu faire une parabole entre le comportement arriviste et égomaniaque de l'homme et un trou noir spatial, tu aspires ce qui passe à portée, tu grossis (l'ego), tu te crois au sommet et au-dessus des gens mais au final tu es destiné à t'effondrer.

Laurent : Le regret.

Rémi : ''Slumber Asylum'' traite de la recherche du détachement cher aux mystiques qui débouche sur l'indifférence (mince frontière avec le détachement) et presque par hasard sur une solution via la modification des perceptions. ''Born guilty'' est la simple description poétique d'une vie marquée par un certain fatalisme et la recherche de signification à travers plusieurs étapes : l'amour, puis la vengeance et enfin la mort comme seule issue. ''Self Contempt Kings'' traite de la nature humaine et plus particulièrement de la notion "d'importance personnelle" que ce soit à travers l'orgueil ou le mépris de soi, et ses conséquences sur la vie des hommes.


Je crois que c’est Seb, le claviériste, qui a fait la pochette et tout le livret, peux-tu me parler de ton travail graphique sur ce nouvel album ?
Seb : En effet je me suis chargé des artworks. Ayant carte blanche niveau création, je voulais changer le concept par rapport à "Wordless Hope". Tout en gardant un côté éthéré particulier au doom, j'ai ajouté une ambiance spatiale, comme une sorte de jonction entre le précédent opus et "Regression". De ce fait, j'ai volontairement accentué un effet de transition: dans la plupart des visuels, il y a deux éléments : le sol au premier plan, symbolisant nos racines, et l'espace, l'infini en arrière-plan. L'ensemble est traité de manière à coller aux paroles, en laissant à chacun la possibilité d'interpréter le concept en fonction de son ressenti. Au final, je pense que cela ressemble visuellement à un compromis entre doom et science-fiction.


Vous avez travaillé avec Andrew Guillotin (Glorior Belli, Fractal Gates, Temple Of Baal) pour l’enregistrement et le mix et avec Jens Borgen (Paradise Lost, Opeth, Katatonia, Draconian) pour le mastering. Comment avez-vous fait ces choix, et comment s’est passé le travail ?
Steph : Andrew est un pote et quelqu'un de cool avec qui bosser. On savait que Andrew allait bien gérer ''Regression to Nothingness'' malgré le ''challenge'' et les heures passées. Nous sommes déjà passés par lui pour "Wordless Hope" et pour Fractal Gates (l'autre groupe que j'ai en commun avec Seb). Bon son, gars cool avec qui bosser, pas d'arnaques, bref on n'a pas hésité. Pour Jens Bögren, ça a été un peu par hasard. On devait passer par James Murphy pour le mastering, mais sa maladie l'empêchait de faire quoi que ce soit au niveau taff avec nous. Il a mis en gros 4 mois pour nous faire 1 chanson. Il fallait faire un choix, on s'est dirigé vers un grand du mastering, Jens Bögren. Ultra pro, carré, rapide, sympa… je recommencerai, perso.

Laurent : Je recommande chaudement ce studio : sérieux et décontracté. Il n'y a qu'à écouter l'album pour bêtement s'en rendre compte...

Tom : Andrew est vraiment quelqu'un que j'apprécie beaucoup. C'est à la bonne franquette, mais ça bosse derrière et la prod est de qualité (le split Temple of Baal / Ritualization est un bon exemple, énorme son pour Temple). Il ne compte pas ses heures et capte tout de suite où tu veux aller niveau son, tu restes libre de ce que tu fais, il ne cherche pas à influer sur ce qui est fait comme j'ai pu le voir ailleurs.


Est-ce que vous avez prévu des lives pour défendre ce nouvel album sur les planches ? D’une manière plus générale, comment considérez-vous le live par rapport au studio ?
Steph : Pas de projets encore là-dessus, mais nous ne sommes pas contre faire quelques concerts sympa pour la sortie de l'album. Le seul problème pour nous est la dispo actuellement (encore et toujours).

Laurent : Rien que par l'opposition live = musique vivante, et studio = musique figée, ''morte'', la différence est énorme. Après quant à vouloir donner ''vie'' à ce type de doom metal, il y a matière à débat. Parfois je me questionne, mais finalement merde, c'est toujours immensément gratifiant de jouer, surtout dans une petite scène comme la nôtre où tout le monde connaît tout le monde, et où tu te retrouves plus à tailler le bout de gras avec les potes et te rendre compte ''merde, excuse-moi je dois aller jouer là''. Je suis fier d'appartenir à ce mouvement d'ailleurs.

Tom : Des lives fin 2012 seraient un bon moyen de promouvoir l'album après être restés inactifs si longtemps, mais rien de concret pour le moment, wait and see.


Je vous laisse le mot de la fin, lâchez-vous !
Steph : On espère que notre nouveau CD plaira. Nous avons mis du temps à le réaliser, mais nous sommes très satisfaits du résultat. Pour ma part je me concentre maintenant sur le 2ème album de mon autre groupe, Fractal Gates (melodeath), avec une sortie prévue fin 2012. Je sais aussi que Laurent prépare le nouvel album de son autre groupe Mourning Dawn. Soutenez la scène! Doom or be doomed et peut-être à bientôt !


Auteur
Commentaire
philoxera
Membre enregistré
Posté le: 17/09/2012 à 17h21 - (76)
cédénazi

Clalire
Membre enregistré
Posté le: 17/09/2012 à 18h47 - (77)
interview sympa, il faut que je me prenne ce nouvel album... je n'étais pas au courant de ces galères avec le premier label, les boules. conclusion, acheter les cds aux concerts, c'est plus sûr ^^

JTDP
Membre enregistré
Posté le: 17/09/2012 à 20h46 - (78)
Enorme Album !!!



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