Olivier et Vincent - APPOLONIA par PAMALACH - 4318 lectures
Peu aprés la sortie de son nouvel album, Vs vous propose une écoute du dernier APPOLLONIA, le bien nommé "Crimson Shades". Et histoire de faire bonne mesure, nous avons été cuisiner le combo avec un track by track agrémenté de plusieurs autres questions autour de la sortie de leur brulot. Bavards et enthousiastes les redoutables sidérurgistes n'ont pas la langue dans leur poche...ni l'ampli réglé sur 8...gros son, nous voila !


Nouvel album !


1. Titre de l'album :

-Vincent : « Crimson Shades ». Celui-ci a un paquet de niveaux de lecture différents. Disons que l'idée première que j'avais en tête en le proposant aux autres, c'était celle des « ombres pourpres ». Le pourpre étant la couleur des rois, des puissants, je trouvais intéressante l'idée de ces gens, des ces entités quelles qu'elles soient, de ces ombres, qui dirigent le monde sans pour autant réellement avoir de visage. Ça, c'était l'idée première. Après, c'est toujours pareil, tu pars d'une idée, tu rebondis sur une autre en en discutant avec les copains et tu finis par donner 14 sens différents à ton titre. L'autre qui me plaît bien, c'est celle des « nuances pourpres ». Je trouve qu'elle colle bien à cet album… je trouve que ça évoque visuellement un truc qu'on peut entendre dedans… même si cette dernière phrase n'a aucun sens. :D

-Olivier : Nos titres sont toujours abstraits, imagés ou métaphoriques. Nous arrivons à leur donner plusieurs pistes de lectures, que ce soit en rapport avec la musique, les textes des chansons, la vie ou l'évolution du groupe et nos vies personnelles. Nous nous mettons aussi un point d'honneur à garder une certaine logique dans l'appellation de nos albums, ce n'est pas forcement un concept hyper complexe mais nous avons pris nos habitudes, notre logique et nos clins d'œils. Peut-être que cela sera évident pour certains et totalement lointain pour d'autres.

2. Artwork :

-Vincent : C'est un pote à nous, Gilles BOULANGER, qui bosse sous le pseudo de MIRABOLLE qui s'en est occupé. Moi, je suis plutôt le mec qui ne dit trop rien sur tout ce qui est aspect visuel… mais Olivier et Michaël… aïe aïe aïe, c'est pas les mêmes ! Haha ! Disons que les deux ont souvent un avis assez tranché sur la chose et dans la mesure où Gilles était un pote avant d'être un « collaborateur » du groupe, c'était très facile de lui parler et d'échanger des idées. Olivier a donné quelques pistes à Gilles et ce petit enfoiré a transformé tout ça en cet artwork que j'adore vraiment. Qui est beau, qui a du sens, qui colle à l'idée que je mettais derrière le titre, bref, qui le fait. On avait confié l'artwork des deux précédents albums à Jüül, j'ai toujours aimé ce qu'il nous a proposé, même pour « Blank Solstice », ce qui n'a pas été le cas de beaucoup de monde… enfin quoi qu'il en soit, on avait envie de travailler avec quelqu'un de plus proche de nous sur ce coup là. Et je pense pouvoir affirmer qu'on fera à nouveau le suivant avec Gilles si ça lui va… Enfin, avant ça, il va bosser sur un artwork un peu alternatif pour la version LP de l'album. Rien de spectaculaire mais ça permettra de bien dissocier les deux sorties.

-Olivier : Le visuel de la Démo avait été confié à mon frère qui étudiait aux Beaux-Arts et qui avait commencé à jouer avec Vincent et Christophe aux balbutiements de leur vie musicale. Je l'ai remplacé par la suite lorsqu'il est parti de Bordeaux. Je trouvais très important de lui rendre cet hommage, l'idée de faire participer un proche. Cette démarche s'intégrait parfaitement dans l'esprit DIY des débuts. Pour les deux autres sorties, c'est donc Jüül qui s'en est occupé en totale liberté. Le fait de donner carte blanche est excitant mais très déstabilisant. Cependant nous accordons toujours notre confiance, cela permet d'inclure la personne dans la création de l'album au même niveau que nous. Pour << Crimson Shades >> nous avons voulu revenir au plus proche et intégré à nouveau un ami avec qui nous pouvions partager et communiquer plus librement et conserver cet aspect DIY. J'ai eu depuis le début l'idée du visuel de la cover en tête. J'ai fais chez moi un petit croquis. J'en ai parlé à Gilles un soir vite fait, sans jamais le lui montrer. Sa version finale est exactement ce que j'avais imaginé. L'aspect visuel compte autant que les titres, puisqu'en bonne bande de geeks que nous sommes, les pochettes ont elles aussi leur logique et leurs codes. Encore une fois cela ne parle surement qu'à nous! Ha
ha!!

3. Production / Studio :

-Vincent : De loin l'enregistrement le plus long qu'on ai jamais réalisé. Depuis nos débuts, on collabore avec Franck HUESO qui est plus connu pour son travail avec des groupes comme Hacride ou Klone qu'avec des groupes… comme le notre par exemple ! Ha ha ! Bref, j'ai beaucoup discuté avec lui de ce qu'on pouvait faire ou ne pas faire cette fois-ci. D'aller passer 3 semaines avec lui en studio comme sur « Among Wolves », ça n'était financièrement plus possible pour nous. D'aller torcher le truc en 1 semaine avec lui en studio comme pour « Blank Solstice », ça ne nous intéressait pas… et lui non plus d'ailleurs. Alors je lui ai dit, « Tant pis pour cette fois, on a encore tout le pressage à financer derrière, on va tout faire nous mêmes cette fois. On fera celui d'après ensemble si on peut se le permettre. ». Faut comprendre que Franck, c'est un mec à qui on s'est beaucoup attachés au fil des années. Les gens qui le connaissent comprendront facilement pourquoi.
En plus d'avoir de l'or dans les doigts, il est adorable. Donc là, ça nous faisait quand même bien chier de tout faire seuls, aussi bien pour des raisons humaines que pour des raisons évidentes de qualité de production. Il m'a dit « OK, c'est comme ça alors… envois moi quand même les démos quand elles seront prêtes, que je te donne mon avis dessus ». Ce que j'ai fait quelques mois après. Et là, je commence un peu à la connaître maintenant, j'ai senti qu'il avait quand même bien envie de le faire ce skeud ! Ha ha ! Donc pour réduire les coûts il a proposé qu'on fasse les prises nous-mêmes, qu'on aille simplement le voir 2 jours en studio pour ré-amper les guitares et la basse, et qu'il mixe et masterise seul de son côté. L'idée nous a totalement branchée dans la mesure où Michaël se sentait bien de se charger des prises et qu'on avait une confiance aveugle en Franck, ça semblait un bon compromis. Donc on avait le concept, maintenant il fallait trouver plus de matos d'enregistrement que celui qu'on avait parce que sinon… bref, à partir de là, les copains ont été géniaux en nous prêtant tout ce dont on avait besoin et mêmes plus : micros, pré-amp, boîtier de DI, bref, on a tapé un peu tous ceux qu'on connaissait, on a loué un kit de bonnes cymbales et on s'est jeté dedans. Michaël avait les clés d'une espèce de salle un peu pourrie en Charente, on a tout installé là-bas et on a passé une nuit à jouer tous les deux pour rentrer les prises batterie. On a ensuite enregistré toutes les guitares à Bordeaux, en DI, dans l'appart' de Mike avec des simulations d'ampli minables, des galères d'ordi à n'en plus finir… j'ai cru qu'on n'y arriverai jamais ! J'avais juste l'impression d'enregistrer des musiques de jeu vidéo pour Super Nintendo tant ça sonnait comme de la merde ! Du coup, je ne sais pas combien de temps on y a passé mais… beaucoup plus longtemps que si on avait employé une méthode d'enregistrement « traditionnelle ». Olivier a enchaîné sur la basse et une fois le tout torché, on est partis 2 jours chez Franck à Poitiers pour repasser tout ce qu'on venait de faire dans nos amplis. Franck a fait le son de base et nous à tout renvoyer non mixé pour qu'on enregistre les voix. Le son commençait déjà à bien prendre forme. Même non mixé, tu sentais qu'il y avait déjà un gros truc dessous. Et puis les voix… bah le cauchemar. On en est rentré à Bordeaux et… pour la faire courte, je me suis échiné tout seul chez moi pendant 2 mois à essayer de rentrer mes prises sur un système d'enregistrement différent de celui qu'on avait utilisé pour tout le reste. Je ne sais pas ce qu'était le problème avec ce truc mais rien à y faire, ça sonnait comme de la merde, je luttais comme pas permis en arrivant à rien et en m'auto flagellant sans penser à remettre en question ma manière d'enregistrer. Et puis Mike m'a dit « On laisse tomber, on efface tout ce que t'as fait, on recommence les voix à zéro tous les deux sur mon système
à moi ». Et là… je ne sais pas ce que ça a changé techniquement mais on a tout rentré quasiment en une prise ! Tranquillement, chaque semaine, on bossait deux heures dessus et ça sortait tout seul. En même temps, ça faisait deux mois que je m'entraînais donc tu m'étonnes que ça soit sorti tout seul ! Enfin voilà… le roman de l'enregistrement de l'album qui a bien du s'étaler sur quelque chose comme 6 mois… on aurait pu le faire plus rapidement mais on a pris notre temps pour tout bien faire sérieusement et au final, je pense que ça s'entend. Rien à voir mais je viens de me rendre compte qu'il va quand même sérieusement falloir que je raccourcisse mes réponses suivantes parce que sinon, VS va devoir ouvrir un nouveau serveur pour publier cette interview. :D

-Olivier : Paradoxalement au niveau de l'enregistrement cet album est celui de la douleur...et du confort! Douleur dans la durée, dans les efforts que nous avons dû déployer, dans l'inconfort des lieux qui sont totalement dignes de lycéens amateurs, dans les galères de matos et de notre presque incompétence. Puis, confort dans le rythme, dans la liberté totale que nous avons pu nous octroyer afin d'atteindre notre objectif sans pression de timing. Du coup il en ressort l'album le plus travaillé et le plus personnel que nous ayons réalisé. Depuis le début nous avons pris l'habitude de nous enregistrer nous-mêmes pour nos démos ou pré-prod et cette fois-ci j'ai l'impression d'être revenu 6 ans en arrière et d'avoir sortis notre plus belle démo à ce jour!!!

4. « Crimson Shades » track by track :

« Porcelain Whales » :

-Vincent : Ce qui est marrant c'est que les titres apparaissent sur l'album dans l'ordre dans lequel ils ont été composés. Quand on cherchait un ordre pour l'agencement des titres, Olivier a dit « Moi je pense qu'on devrait les garder tels quels. De toutes façons, tu écris toujours les morceaux en réaction aux précédents, ça passe bien comme ça. » Ça m'a bien travaillé pendant quelques temps et puis en fait, je me suis rendu compte que, comme souvent, il avait raison. Donc pour commencer l'album, j'avais en tête une intro super longue avec un riff bien basique et hypnotique qui tourne en boucle pendant deux minutes sur lequel venait petit à petit se greffer la batterie et la basse. Je voulais qu'il y ait des samples aussi… moi je voulais des samples de baleines qui se parlent. Franck a dit « Des quoi ? … Non. ». Il nous a dit « Moi je mettrai bien des samples de champ de bataille ». On lui a dit « Des quoi ? … Mais non ! ». Donc au final, on n'a rien mis ! Ha ha ! L'intro du coup est peut-être un peu longue mais bon, ça ne passe pas trop mal comme ça, ça monte quand même bien. Ce titre, ça a un peu été le déclencheur de la couleur globale de l'album. Surtout le refrain. J'avais envie de moins hurler tout le temps sur ce skeud et Michaël en répète n'arrêtait pas de nous glisser que, si on voulait, il pouvait chanter aussi hein ! Ha ha ! Au final, quand le refrain est sorti, avec les chœurs de Mike derrière, je me suis dit « Ouais, bah c'est exactement ce dont j'ai envie donc on va en mettre plus des plans comme ça ! ». C'est vraiment un des titres que je préfère jouer, il a beau durer ses 8 minutes, il est hyper efficace et accrocheur. Grossièrement, c'est une espèce d'histoire de vengeance basée sur une pseudo-réflexion sur la place de l'Homme dans la chaine alimentaire. Le thème m'est venu d'un reportage sur la chasse à la baleine au Japon que j'avais maté un peu avant. D'où le titre…

-Olivier : Toute ressemblance avec un certain groupe de métal issu du folklore landais est complètement fortuite hein!? Que ce soit clair!

« Redeemer » :

-Vincent : J'avais un doute sur le premier riff au départ, je trouvais qu'il faisait un peu trop « metalcore comme j'aime pas » et puis en l'amenant aux autres en répète, ils m'ont dit « Non non, ça va, on dirait un truc à la Devin Townsend, ça passe ! ». J'étais plutôt content du coup et je me suis dit que ce serait sympa d'avoir un titre sans vraiment de structure bien précise, qui parte un peu dans tous les sens comme on en fait parfois. Le truc le plus drôle, c'est quand on a commencé à travailler sur le break en son clair vers 3'30. Mike à la batterie jouait un truc dessus que je n'aimais pas trop, il proposait pleins d'idées et à chaque fois j'étais là « Mouais… ». A un moment, je crois qu'il en avait vraiment plein le cul, il m'a dit pour déconner « Non mais tu veux pas un truc comme ça non plus tant que t'y es ?!? » et il a joué l'espèce de partie « coupé/décalé/saveur-des-îles/Franky Vincent » qu'on entend sur le morceau et je lui ai dit « Mais grave mec ! C'est ça qu'il faut là-dessus ! » Ha ha ! Du coup, à chaque fois qu'on jouait le morceau, on était morts de rire et Mike disait toujours « Non mais c'est pas possible, il faut qu'on change cette partie, je peux pas jouer ça ! » et moi j'insistais pour qu'il la garde. J'ai fini par gagner et au final, j'en suis très content, ça amène cette couleur Magic System qui manquait à l'album ! Ha ha ! A la base, j'avais en tête de faire tout le break en chant hurlé jusqu'à ce que j'essaye de le faire en chant clair et que je trouve ça un peu plus intéressant… maintenant, jusqu'au dernier moment, on aura hésité sur ce break. Il a un côté assez osé quand même. On en était même arrivé à se demander s'il n'était pas un peu too much… enfin on a fini par le garder tel quel et maintenant, c'est une des parties que je préfère sur l'album. C'est une chanson un peu romantique où je crois que j'essaye de m'excuser auprès de ma femme d'être un peu compliqué des fois… :D

-Olivier : L'une de mes chansons préférée de l'album. Tous les enchainements de plans et de styles sont osés mais je trouve que cette chanson coule vraiment bien et ne cesse de me surprendre.

« The Crooked Monarch » :

-Vincent : Celle là, j'ai bien failli ne jamais la proposer aux autres. J'en étais plutôt content mais je me disais qu'ils ne l'aimeraient pas. Enfin surtout Olivier, j'étais super réticent à la lui envoyer. Je ne sais pas trop pourquoi en fait… je crois que je doutais un peu de l'originalité de la chanson. Je trouvais que ça faisait trop « QOTSA vs. Gojira ». Et puis finalement, il m'a répondu qu'il y avait de bonnes idées et qu'il fallait qu'on voie ce que ça pouvait donner tous ensemble en la jouant. Je crois que Mike et Olivier ont tout de suite été convaincus en répète mais perso, j'ai mis plus de temps à m'y faire. Mais Mike a su trouver les bons arguments pour me convaincre. Maintenant je l'aime bien, je trouve que c'est une bonne chanson de rock, sans prise de tête. Elle marche bien en live. Au niveau du texte, ça parle de moi/nous et de ma/notre relation au groupe. Je l'ai écris comme si je m'adressais à une personne qui représenterait Appollonia. En partant de là, le texte est plutôt facile à comprendre en le lisant… :D

-Olivier : C'est vrai qu'au début j'ai eu peur. Il faut dire que Vincent nous envoi les compos sur le logiciel Guitar Pro. Et le riff d'intro et le couplet version "Bontampy cheap Midi" donnait à la chanson un côté très "joyeux" et "sautillant". Mais une fois les amplis branchés et tous les trois dans la salle de répèt' il n'y avait plus de doute possible. Au niveau du texte Vincent fait donc son mea culpa sur sa situation de tyran au sein du groupe, que tout le monde en soit témoin! ;)

« Of Stillness And Space » :

-Vincent : C'est une vieille chanson que j'ai écrite il y a quelque chose comme sept ans de ça et qu'on avait mise sur notre démo parue en 2006 sous le titre « The Stillness Of Space ». Il y avait cinq titres sur cette démo. Trois ont atterri sur « Among Wolves », un sur « Blank Solstice ». Il restait donc ce morceau qu'on n'avait jamais vraiment exploité, dont j'adorais les mélodies mais pour lequel j'estimais qu'il y avait un gros boulot de réadaptation à fournir avant d'en faire quelque chose de convenable. A la base, c'était une espèce de ballade acoustique un peu planante avec un type qui chantait mal tout le long (moi). L'idée que j'avais, c'était de la réarranger en une espèce de « ballade postcore ». Un truc bien lourd mais super mélodique qui chiale à mort. Un genre de « Still Loving You » joué par Neurosis quoi. Ha ha ! Donc je l'ai réarrangée, j'ai réécrit un texte qui me parlait plus que celui du post-ado qui l'avait écrite en 2005 et on a essayé de voir ce que ça donnait. Franchement, j'avais des doutes aussi… ça me paraissait super pop, j'avais un peu peur de la réaction des gens. Vocalement, c'est le truc le plus mélo qu'on ai jamais fait. Quand j'ai dit ça à Gilles, à qui on avait filé les démos des nouveaux morceaux pour bosser sur l'artwork, il m'a dit « T'es fou ! C'est une des meilleures ! ». Ça m'a bien rassuré sur le coup… avec du recul, je crois que c'est un des morceaux que je préfère sur l'album. Je lui trouve un truc super touchant… j'adore le texte. Il est bien abstrait et imagé avec des références à des trucs que j'aime. Les clins d'œil dans les textes, c'est un truc que j'adore faire. En général personne ne les capte parce que tout le monde s'en branle ! Ha ha ! Mais en cherchant bien, tu trouves des petites références à Will Haven, à Johnny Cash, aux Smashing Pumpkins et à plein d'autres choses dans mes textes. C'est ma manière de rendre hommage à mes héros à mon modeste niveau. Quoi qu'il en soit, le texte parle d'essayer de lâcher prise des choses qui te hantent. Vaste programme… :D

-Olivier : Quand je vous dis qu'on est une bande de geeks. Je suis sur que je suis moi-même passé à côté de trois-quart des références dont Vincent parle! Plus sérieusement le fait d'avoir maintenant réutilisé tous les morceaux de la démo est très intéressant puisque certains n'ont pas été modifié, mais certains ont été amputé ou totalement réadapté. C'est un exercice très particulier que de revisiter ses propres morceaux. Avec le temps tu as toujours envie de modifier des imperfections, de rallonger des passages, d'en racourcir d'autres. Le prétexte de la démo nous a au moins permis de reprendre nos erreurs de jeunesse et de redonner un second souffle à des titres qui avaient un potentiel mais qui étaient un peu trop "typés". Je pense que l'on pourrait d'album en album reprendre le même morceau et lui apporter sans cesse une nouvelle couleur. Nous n'avons pas de limite de genre et chaque morceau est ancré dans le temps de sa composition. << Of Stillness And Space >> en est un bon exemple.

« Heirs And Assigns » :

-Vincent : J'avais envi d'une chanson un peu longue en deux parties. Une première moitié hyper planante qui évolue en une deuxième beaucoup plus heavy. Pas grand chose de plus à en dire, c'est un titre sur lequel on a de suite était d'accords tous les trois. C'est le premier morceau que j'avais envoyé à Franck quand on enregistrait les démos et il m'avait dit « Elle est chouette mais il y a deux-trois trucs pas très utiles dedans. ». A l'époque, je lui avais dit que le seul truc d'inutile à cette chanson c'était lui mais avec le recul, je crois voir de quoi il parlait ! Ha ha ! J'adore les parties de batterie de Mike dessus et je suis super content de certaines de mes lignes de chant qui me paraissaient un peu hors de ma porté quand je les « entendais » en écrivant les paroles. J'aurai sans doute pu mieux faire mais vu mon faible niveau, je m'en satisfais déjà. Ca rebrasse un peu les thématiques que j'abordais beaucoup dans « Among Wolves », cette espèce de déshumanisation latente qui rode autour de nous et qui devient de plus en plus pesante.

-Olivier : C'est une chanson très "heavy" dans l'esprit je touve. Elle me fait penser à du Metallica ou plus actuellement à du Mastodon. Nous avons toujours privilégié les compos progressives, mais dans cette chanson l'aspect métal et légèrement psyché / planant est beaucoup plus présent et prend le pas sur notre côté post-hardcore des débuts. Un titre formidable à écouter, un calvaire à jouer! C'est toujours comme ça!

« Muninn » :

-Vincent : Là pour le coup, je voulais l'exact opposé du morceau précédent. A savoir un titre court qui rocke un peu avec une structure archi balisée et un refrain de stade. Pareil, c'est un autre morceau qui a immédiatement fait l'unanimité chez nous. Je trouve qu'il nous résume assez bien, il y a un peu de tout ce qu'on fait dedans. On devait tourner une vidéo pour ce morceau mais le réalisateur s'est décommandé au dernier moment. D'ailleurs, si quelqu'un d'intéressé nous lit, j'en profite pour lui dire de ne surtout pas hésiter à nous contacter à ce sujet hein ! Ha ha ! Le riff d'ouverture est sans doute le truc le moins original du monde vu que c'est un plan ultra classique de rock'n'roll que j'ai réarrangé en accords de puissance mais il marche bien et donne une bonne impulsion au morceau. Un pote nous a dit que le refrain faisait « hymne national » et qu'il le détestait ! Ha ha ! Moi je l'adore… la façon dont la voix de Mike et la mienne se mélangent me plaît vraiment dessus. Mike a amené tous les arrangements que j'ai joués au bottleneck sur les refrains et pareil, je les trouve vraiment cools. Au niveau du texte, c'est une espèce de questionnement sur la légitimation de la vengeance, aussi brutale soit elle. Muninn est l'un des deux corbeaux messager d'Odin dans la mythologie Nordique. Je trouvais que l'image collait bien au thème de la chanson donc je m'en suis servie pour construire le texte.

-Olivier : On en apprend des choses hein? Un bon morceau catchy tel que l'est << My Closest Foe >> sur l'opus précédent. On note aussi le nouvel engouement de Vincent pour les solos, s'il n'y avait pas une si grande différence capillaire entre les deux on pourrait le rapprocher de Slash...mais on est d'accord, dans le rock et le métal ce qui fait la différence ce sont les cheveux et le poils!

« Sol » :

-Vincent : Le dernier morceau de l'album et pas le moins long ! Bizarrement, même avec ses 11 minutes au compteur, je trouve que c'est un titre qui passe hyper rapidement ! Il est assez pénible à jouer en live mais c'est un des morceaux que je préfère dans notre répertoire, il y a beaucoup de ce qu'on fait dedans. L'intro un peu bizarre, le passage pop/folk, l'ambiance plombée, les guitares qui chialent… malgré sa durée, c'est un titre qu'on a bouclé hyper rapidement en répète sans jamais retoucher à sa structure. C'est un titre qui parle de la mort, de se rapprocher de la fin de sa vie en paix avec soi-même tout en se demandant ce qu'il y a après. Le thème m'est venu d'un morceau d'Anathema, « Presence », sur lequel il y a un sample d'un type qui parle et ce qu'il raconte m'avait touché… ou tout du moins m'avait interpellé. En faisant des recherches sur le gars en question, je m'étais rendu compte qu'il n'était pas clair du tout et qu'il était en fait considéré comme une sorte de gourou par pas mal de monde ! Ha ha ! Cap m'a d'autant plus plu ! Je suis aussi assez content du petit thème mélodique de guitare qui revient deux fois dans la chanson… même si j'aurai pu mieux le jouer, je le trouve chouette. Je me souviens que quand on bossait la chanson, Mike me cherchait tout le temps en l'appelant « le passage Santana » ! Ha ha ! Le petit con… J'ai aussi un pote qui n'arrête pas de me jouer l'intro à chaque fois qu'il prend une guitare. Il brode autour, il la réarrange, il rajoute des paroles débiles dessus… il me harcèle avec ça, c'est plutôt marrant. Pendant quelques temps, j'ai même eu du mal à la jouer sans l'entendre chanter ses conneries par dessus ! Ha ha ! Ça va mieux maintenant… :D

-Olivier : Un morceaux classique de clôture d'album chez nous, mais qui encore une fois sert de synthèse de l'album: tout y est! Du prog', du métal, du post-hardcore, du sludge, des solos, de l'acoustique, de l'ambiant, des parties catchy...et tout ça sans ce faire chier!




Votre musique est un mix de plusieurs énergies venant des multiples courants du métal. Quelles sont vos principales influences ?
-Vincent : En fait, je pense que ça va bien au delà des multiples courants du métal dans le sens où on écoute beaucoup, beaucoup de choses très différentes. Alors certes, le métal et le hard-rock, ça restera toujours mes premiers amours et ça doit bientôt faire 20 ans que ça dure mais pas que.
Disons que j'ai eu la chance d'être exposé très tôt à la musique par mes sœurs. Au début des années 90, quand elles m'ont fait découvrir Aerosmith, Pearl Jam, Guns n' Roses, Ugly Kid Joe, les Red Hot et tout ce merdier, ça a vraiment éveillé quelque chose en moi. J'étais vraiment petit mais à partir de là, j'ai commencé à m'intéresser de près à tout ça, à demander à ma mère de m'acheter Hard Force Magazine et c'est vraiment ce mag qui a fait mon éducation musicale de base. Voilà où ça mène… 20 ans après tu te fais chambrer par les potes quand tu mets un T-shirt Maiden ! Ha ha ! Comme tous les ados, après, c'est Rock Sound Magazine qui m'a lavé le cerveau pendant quelques années et ouvert à plein d'autres choses que du hard ou du métal. Maintenant, je suis autant fan d'Interpol que de Slayer, de Nada Surf que de Modern Life Is War ou de Paradise Lost que du Wu-Tang Clan. C'est un joyeux bordel qui passe souvent du coq à l'âne mais au fond, c'est une bonne nouvelle parce que même en continuant d'acheter une centaine de disques par an, je n'aurais jamais assez d'une seule vie pour acheter tous ceux qui m'intéressent ! En tout cas, j'espère réussir à bien digérer tout ça et à la recracher dans notre musique de manière originale…

-Olivier : Pas de limite en tous cas. Je ne pense pas m'enfermer dans une case ou un courant musical. Je marche au feeling. Si un groupe ou une musique me touche alors c'est gagné, peu importe l'appartenance.
Je suis également entouré des gens ayant des goûts immodérés pour toutes les musiques. Bon après, c'est sur que je me retournerai toujours plus facilement sur une bonne gratte électrique et sur un bon son cradingue de basse! Pour les influences je vais simplement citer mes derniers achats: Unsane, Every Time i Die, Electric Wizard, Kasabian, Dead Meadow, Black Cobra, Ramesses, Torche, A Place To Bury Strangers, High On Fire...et j'en passe!


Le power-trio revient en force depuis plusieurs années. Au vu de l’énormité de votre son, pensez-vous que cette formule vous permette d’être plus massif que si vous étiez quatre ou cinq ?
-Vincent : Hum… c'est une bonne question. Je ne sais pas trop. Disons qu'on a commencé à jouer en trio plus par dépit que par réel choix au départ. Maintenant, je n'ai plus aucune envie de sacrifier cette formule mais pendant longtemps, on a plus traîné ça comme un fardeau qu'autre chose. Disons qu'en live, le gros inconvénient du trio, c'est que tu ne peux te cacher derrière personne. Il faut vraiment que les trois soient au top au même moment sinon ça fini toujours par coincer. Il suffit qu'un des membres soit un peu en dedans, qu'il ati des problèmes de son ou quoi que ce soit et ça a vite fait de tout plomber. On a pu s'en rendre compte à de nombreuses reprises ! Ha ha ! A contrario, quand tout roule, c'est hyper confortable parce que tout semble plus simple, plus brut, tu joues les yeux fermés. Et puis le trio, c'est aussi une bonne excuse pour dire « mais oui
les gars, moi je suis seul dans le groupe, il faut meubler, j'ai VRAIMENT BESOIN de tous ces amplis » ! Ha ha ! Plus sérieusement, je pense qu'il est plus facile de sonner gros quand tu as trois guitaristes et deux batteurs sur scène que quand tu as trois types pour tout faire qui doivent se concentrer sur leur instrument et sur leur chant tout en ayant l'air de ne pas y penser ! Après, ça dépend aussi tellement de l'ingé-son que c'est difficile à dire…

-Olivier : L'avantage indéniable du power-trio est qu'aucun des trois instruments n'est superflu et ne fait que du remplissage. Chaque passage de chaque instrument doit être le plus pertinent possible afin de combler un vide. Je suis d'avis que cette formule permet d'avoir les meilleurs réflexes de composition. Le remplissage, les nappes, les overdubs, tout ça tu peux le rajouter à l'infini en studio. Mais l'essence même d'un titre, son squelette n'a besoin pour exister que de ces trois élements. En live le manque d'épaisseur sonore peut être masqué par le matos et compensé par l'énergie. Nous sommes trois, trois instruments différents, trois chants différents, personne ne peut se cacher ou simplement "poser" en live. C'est la formule la plus honnête après les solos ou les duos...c'est euh...mathématiquement imparable! :D


Comment trouvez-vous l’état de la scène Française actuellement ?
-Vincent : Ça dépend. Musicalement, je trouve qu'il y a énormément de bonnes choses et énormément de moins bonnes avec un gros déficit d'originalité. Mais c'est valable pour l'ensemble de la scène internationale, pas juste pour la scène Française.
Souvent, je vois des groupes, ça joue bien, c'est super pro, les mecs tournent et ont du soutien derrière mais je me dis « putain mais j'ai déjà entendu ça 100 fois avant et mieux que ça ! ». L'originalité, ce n'est pas forcément obligatoire mais il faut qu'il y ait de la personnalité derrière, de la passion, un truc quoi ! Enfin pour revenir à la scène Française, j'ai l'impression qu'il y a plus de groupes que de gens pour acheter leurs disques et aller les voir en concert. D'un côté c'est bien parce que ça crée une espèce d'émulation créative, de l'autre, ça rend parfois le constat un peu triste… toujours est-il que sans rentrer dans le name droping, je pense qu'on a en France un paquet de groupes fantastiques qui ont largement… le « niveau international » comme on dit en football. :D

-Olivier : Oui je suis d'accord avec Vincent. Après nous ne tournons pas beaucoup, donc nous n'avons pas beaucoup pu échanger humainement avec d'autres groupes même si nous nous sommes fais quelques amis, je trouve un peu la scène Française actuelle un peu trop élitiste, dans le sens où pour être relayé, diffusé ou reconnu il te faut connaitre le happy few des groupes ou journalistes en vogue. Si tu n'es pas intégré dans cette bulle tu peux toujours fournir tous les efforts du monde, tu en ressortiras toujours aussi transparent qu'à tes débuts. Enfin, cela est le cas pour pleins d'exemples autres que musicaux. Dès que tu ne rentre pas dans une case bien définie les gens prennent peur et te rejettent. Je trouve que la scène Française se portait créativement parlant beaucoup mieux dans les années 90 avec les courants noise ou émo. Les scènes métalcore, métal ou post-hardcore actuelles outre une énorme progression dans la production (comparable aux Ricains) sont moins spontanées ou libérées, à quelques très bonnes exceptions près, bien sûr!


Avez-vous un mot pour les lecteurs de VS ?
-Vincent : Oui, ne croyez pas ce que vous avez lu sur VS en 2009 sur notre deuxième album, « Blank Solstice » ! On a autant à voir avec un rip-off de Cult Of Luna que Glen Benton avec le Saint-Père ! Donc n'hésitez pas à visiter notre BandCamp pour en avoir le cœur net. :D

-Olivier : Merci d'avoir eu la patience ou le courage de lire tout ça, merci à toi pour cette tribune. J'espère que nous vous surprendrons encore et encore, que vous nous aimiez ou vous nous détestiez. Stay true comme on dit...!


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