Richard - NINE ELEVEN par VELVET KEVORKIAN - 3237 lectures
Trois ans après un « City Of Quartz » assez exceptionnel, voici que les Tourangeaux de NINE ELEVEN remettent le couvert avec un 3ème album, « Le Rêve de Cassandre ». Le groupe a bien voulu nous en dire plus sur ce nouvel album et a gentiment répondu aux questions de VS.


Salut les gars et merci de répondre aux questions de VS-webzine ! Revenons un peu en arrière si vous le voulez bien, et parlez-nous un peu de l’activité du groupe depuis la sortie de votre deuxième album, « City Of Quartz » ?
« City Of Quartz » est sorti en septembre 2009. Jusqu'à la fin 2011, on a dû jouer environ 150 concerts à travers toute l'Europe et en Asie du Sud Est. On a freiné un peu les choses l'année dernière pour se laisser le temps de composer « Le Rêve de Cassandre » que l'on a enregistré en octobre – novembre dernier, et qui est sorti au mois de janvier 2012.


Vous avez sillonné pas mal de routes pour défendre cet album, notamment dans beaucoup de pays hors de l’Union Européenne. Quels souvenirs en gardez-vous et qu’est-ce que cela vous a apporté humainement parlant et en termes d’expériences ?
C'est un peu dur à résumer en quelques mots ! En gros chaque voyage est nouvelle aventure équivalent à la lecture d'un bouquin que tu es toi-même en train d'écrire. On pourrait te sortir les banalités que 90% des gens te balancent lorsque tu leur poses ce type de questions, en te répondant qu'ailleurs « c'est formidable et que les gens y sont bien plus généreux, et accueillants » que dans notre putain de pays, les yeux embués d'exotisme et de folklorisme, et la bouche gavée d'épithètes dithyrambiques à deux balles. On préfère donc te dire que ce que l'on en tire c'est d'avoir cette putain de chance de rencontrer durant ces tournées des gens mortels (orgas, public, groupes, anonymes, etc.), par delà les frontières, qui font comme nous tout ce qu'ils peuvent, le temps d'un concert Punk Hardcore DIY, pour s'extirper de leur marécage respectif, infesté de flics, d'abrutis, de gens qui galèrent, qui crèvent aléatoirement de faim ou d'ennui, de misère plus ou moins confortable, et qui leur sert de lieu de vie.



Revenons un peu sur les différents changements de line-up depuis « City Of Quartz ». Il y a eu le départ de Romain, et l’arrivée, enfin le retour, de Simon au sein du groupe. Comment tout ceci s’est passé et pourquoi ?
Question de circonstances à la croisée des chemins et autres choix de vie que chacun des potes qui intègre ou quitte le groupe décide pour lui à son échelle. C'est le cas de Romain, comme c'est celui de Simon, dont le mode de vie, l'éthique et les aspirations musicales coïncidaient avec les nôtres lorsque ce premier a pris la décision de nous quitter. Sans parler bien entendu des affinités personnelles, dans la mesure où l'on avait monté Nine Eleven ensemble, et que l'on était toujours des putains de potes lorsqu'il nous a offert de revenir.


Autre changement également, celui de votre label. Pourquoi avoir signé chez Effervescence Records ?
On peut parler de changement dans une certaine mesure seulement, puisque I For Us, Don't Trust The Hype et Guerilla Asso (qui étaient déjà sur la version digisleeve de « City Of Quartz ») participent à la sortie vinyle du « Rêve de Cassandre ». Effervescence rcds gère quant à lui la sortie digipack de l'album. Mais pour en revenir à ladite « signature », on a racheté les droits à Customcore à grand coup de Jack Daniels, de passion, d'amitié, et d'investissement dans ce qui nous tient le plus à cœur, et pourquoi ce dernier bat.


Venons-en désormais à votre nouvel album, « Le Rêve de Cassandre ». Il s’agit de votre 3ème album, comment avez-vous abordé ce nouvel opus en termes de compositions et d’inspirations ?
En lâchant le métal au hardcore, pour revenir à des sources plus punk rock auxquelles, comme le cerne un ami proche, certains geeks poisseux, inutiles et bouffis d'ignorance ne donnent plus le droit de cité en 2012. Avec cet album, on a donc juste sciemment coupé les ponts avec tout ce que pouvait drainer un album comme « City Of Quartz » et dans lequel on ne se retrouve plus. On ne le renie pas, et on en reste fier. Mais, clairement, on avait envie de passer à autre chose.


On sent une certaine évolution à son écoute. Dans quelle direction vouliez-vous aller après « City Of Quartz » ?
Balancer un « City of Quartz » (bis) n'avait aucun intérêt pour nous.
On voulait quelque chose de plus rock et d'organique en gros. Ouais, c'est un peu bateau comme discours, mais on voulait vraiment torcher un album plus spontané, plus brut et moins easy listening, en évitant soigneusement d'être affiliés de plus ou moins loin, et malgré nous, aux standards merdiques post MTV ou encore à ceux que véhiculent à l'heure actuelle les leaders d'opinions « cool » de la scène HxC. Comme on le dit plus haut, on voulait faire un album de punk hardcore en 2012 qui soit à la fois personnel et homogène, qui se démarque clairement des styles du moment qui vont bien, tout en tenant de manière pertinente une ligne directrice artistique (musique / textes) du début à la fin.


Vous expliquez sur l’artwork (qui est splendide au passage) que « Le Rêve de Cassandre s’inscrit dans la réalité historique des faits autour desquels se développe son récit : le drame de la Triangle Shirtwaist Company le 25 mars 1911 ; l’intervention de Rose Schneiderman, dont la chanson éponyme reprend une partie du discours qu’elle tient le 02 avril 1911, au pied du Metropolitan Opera de New-York ; l’implication de I.T.T. et du gouvernement Nixon dans le putch du 09/11/1973 au Chili ; l’affaire « Tampa » …
Seuls l'épilogue et les personnages de cette histoire sont officiellement « fictifs » Pouvez-vous nous en dire plus sur le thème de l'album ?
En gros, « Le Rêve de Cassandre » questionne le concept de terreur, comme la combinaison des opérations médiatiques et culturelles qui le définissent comme telle (ou non), et autour de laquelle le système capitaliste mythifie son histoire et s'autoglorifie à travers elle comme La Civilisation sous sa forme « achevée ». Le 11 Septembre 2001 étant l'expression régénérée de son mythe fondateur, on a joué la carte de sa déconstruction symbolique, en le prenant à l'envers, questionnant sa valeur matérielle, donc réelle, à travers l'histoire contemporaine du Capital. C'est pourquoi, le récit du « Le Rêve de Cassandre » questionne, entre autres, non pas un mais trois NINE ELEVEN. Pour le reste, et parce que l'on ne va pas leur mâcher le taff, les gens intéressés peuvent trouver ici ledit récit en versions anglaise et française : http://www.lerevedecassandrelyrics.blogspot.com


Votre son est plus « crade » et rugueux que sur le précèdent. Vouliez-vous vous détacher de ce son plus clair et cristallin que « City Of Quartz » arborait?
Vu la manière dont on a composé cet album, et ce que l'on souhaitait musicalement en tirer, on savait exactement ce que l'on voulait comme son : brut, gras et putain d'épais, qui laisse respirer le format « chanson » du bordel, sans pour autant perdre le côté « dans ta gueule », potard à 11 que l'on a en live. C'était aussi une façon de mettre tous les atouts de notre côté pour nous débarrasser de cette affiliation à des « scènes » deathcore, metalcore, moderne et autres daubes que l'on se trainait malgré nous à cause de la prod « américaine » de « City of Quartz ». C'est ainsi chose faite.



On note un côté plus mélancolique dans votre musique désormais, voire épique sur certains titres. Était-ce pour coller à l’univers de l’album ou juste une simple évolution naturelle?
Cela s'est fait naturellement dans la mesure où les textes, précédant les chansons dans l'écriture de l'album, ont influé d'une manière décisive sur la musique. Il était vraiment important pour nous, avec « Le Rêve de Cassandre » d'enregistrer une pièce compacte et non une accumulation de phases musicales déterminant la direction de l'album, ainsi que son contenu. C'est pourquoi les textes, dans cet album, donnent le ton à la musique et non l'inverse. Et c'est ce qui nous a permis de visiter des genres et des ambiances que l'on avait jusqu'ici que peu exploités.


Le jeu des guitares sur cet album est particulièrement incisif et recherché, lorgnant parfois vers quelques parties proches d’un hardcore chaotique. Aviez-vous une ligne directrice dès le départ ?
Alors pour le côté « chaos », on n'a pas fait exprès, haha ! Ouais, on voit ce que tu veux dire, avec quelques plans qui visitent de plus ou moins près une certaine esthétique musicale new school 90', voire screamo vite fait. Après, concernant la ligne directrice musicale rien n'était vraiment préétabli ou calculé, hormis ce que l'on mentionnait plus haut et référant à ce que l'on ne voulait pas refaire avec cet album. On sait juste qu'on écoutait pas mal des groupes comme REMAINS OF THE DAY, CATHARSIS, SECTION 8, INTENSITY, LEWD ACTS, BLACK LISTED, RZL DZL avec des trucs plus punk comme NIGHT BIRDS, SOCIAL CIRCKLE, LIFE TIME, NEW BRUISES… et aussi d'autres choses en vrac comme PORTISHEAD, RADIOHEAD, WAW TAILOR, LUNATIC, LA RUMEUR, CAKE, MEDINE, NIRVANA, qui ont sûrement toutes eu une incidence sur ce que l'on a composé.


Comment s’est déroulé l’enregistrement de cet l’album ? Etant donné que le Loko Studio est désormais fermé, chez qui vous êtes-vous tournés pour enregistrer cette nouvelle galette ?
On a refait ça avec Seb Langle qui avait enregistré nos précédents albums au Loko Studio. On lui avait fait savoir dans quelle direction on souhaitait aller, et ça le branchait. Pour nous c'était nickel, vu que l'on savait qu'il n'y avait pas mieux que lui pour nous driver en studio, vu qu'on est des putains de cancres musicaux. Son association avec Amaury Sauvé à « La Senelle » sur les prises guitares – basse s'est révélée quant à elle vraiment mortelle. A ce moment-là je pense qu'on se trouvait parmi les deux meilleurs ingé son de la scène indé française à l'heure actuelle.


Aviez-vous eu certaines craintes quand à ce fameux cap du 3eme album ?
Quelles craintes ? Pourquoi, on a encore quelque chose à prouver ? De toute façon on n'est pas là pour ça. Poser sur un podium, ou être là au bon moment pour plaire, on en a toujours eu rien à foutre. A partir du moment où l'on s'est décidés à enregistrer « Le Rêve de Cassandre », on savait que ce serait la meilleure de nos pièces, n'en déplaise à certains. Quant au ressenti live que l'on a en jouant les chansons de cet album, et la manière dont les concerts se sont passés pendant notre dernière tournée européenne, cela ne fait que nous conforter dans cette idée. Si on avait dû partir sur cet album en se demandant comment il allait être accueilli ou s'il allait avoir l'aval des trois ploucs et deux mongoliens qui squattent H24 forums et autres, on aurait enregistré un album de reprises de DEFEATER ou de TOUCHE AMORÉ, histoire de ne pas trop les perturber, et la messe était dite.



L’artwork de ce nouvel album est splendide et dénote de l’imagerie punk hardcore. Qui s’est chargé de le réaliser et pourquoi ce choix ?
C'est Jeff « Lost Paper » ( http://www.lostpaper.org ) de Nine Eleven qui s'en est chargé, de la même façon qu'il avait géré celui de « City Of Quartz ». Personne, mieux que lui, ne pouvait mettre en images ce que dégageait l'album. Quant au fait que cela dénote de l' « imagerie » hardcore actuelle, ça respecte la démarche que l'on a eue avec cet album, et boucle la boucle ainsi de bien belle manière.


Quelle est votre actu’ après la sortie de « Le Rêve de Cassandre » ? Avez-vous des tournées de prévues ?
En février dernier, on est parti 18 jours en tournée européenne (Allemagne, Belgique, Suisse, Tchéquie, Hongrie, Slovénie, Italie, Autriche, France,..), c'était juste mortel. Depuis on a eu quelques dates en France. A l'heure actuelle on tourne au Canada (Québec, Ontario) avec nos potes de GET THE SHOT. En mai, on rejoint les copains de RAPTURES pour une tournée de 12 dates en Espagne. Quelques dates en France après en juin, avant de repartir avec AUSSITOT MORT pour 15 jours de tournée centre Europe en juillet. Là on finit de booker, une tournée d'un mois (octobre –novembre) durant laquelle on retournera en Russie, Belarus, Ukraine, Pologne, Lettonie, Roumanie, Grèce, Serbie, etc. On a vraiment hâte. Et on attend la confirmation d'un second voyage en Asie du Sud Est pour la fin de l'année.


Merci d’avoir répondu à nos questions ! Je vous laisse le mot de la fin !
On te remercie Franck pour ton soutien !
Quant au mot de la fin on préfère laisser la place à quelques « play list » :

Musique : Annihilation time « 2 », The Marked Men « Fix my brain », Another Breath « Not now, not ever », Fall Of Efrafa « Inle », The Cure « désintégration », Sonic Avenues « St », Spectres « Last days », Split Burning Bright – Death Mercedes, Aussitôt Mort « La ride du lion », Catharsis « Passion », Nirvana « In Utero », Medine « Arabian panther », I Am A Curse « Prequel for an undergiving wreckage », Nous Danserons Sur Vos Ruines « démo », etc.

Livres : Bernay's Porpaganda, « Essai », Herbert Marcuse « L'Homme Unidimensionnel », Theodore Kazynscky « Le Manifeste de l'Unabomber », Serge Halimi « Les nouveaux chiens de garde », Claude Guillon « Dommages de Guerre », Crimethink inc. « Days of war, nights of love », Albert Camus « L'Etranger », Franz Kakfa « Le procès », Boris Vian « L'Arrache Cœur », et bien d'autres…


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