Pierre le Pape - MELTED SPACE par VSGREG - 2869 lectures
Track by track interview pour la sortie de "From the past" de MELTED SPACE

Titre de l'album :

L'album s'appelle « From the past » car tous les personnages qui interviennent dans l'album sont issus de légendes, mythologies, traditions anciennes. Il viennent nous transmettre leurs mémoires, les états d'âmes à travers le temps, j'ai donc essayer de réunir toutes ces réminiscences dans un titre évocateur qui prépare un peu l'auditeur à ce qu'il va entendre.


Artwork :

Pour l'artwork, j'ai fait appel à Régis « Nornagest » Lant, chanteur du groupe Enthroned qui est aussi graphiste et que j'avais rencontré via un forum. J'avais déjà eu l'occasion d'admirer son travail, je ne lui ai donc donné que 2 ou 3 pistes puis je lui entièrement fait confiance sur la création de l'artwork, du livret... Et je ne regrette vraiment pas! Je trouve le résultat final magnifique et ça colle parfaitement à l'ambiance que je voulais dégager de l'album.
C'est une vision de ce que pourrait être Melted Space: un monde d'où se dégage une certaine sérénité mais dans lequel on sent que des choses puissantes et terribles se passent. Pour illustrer ce dernier aspect on trouve 2 personnages représentatifs de l'album: la Lune et Zeus. L'une joue sa vie pour son Amour, l'autre essaie de se raccrocher à une gloire qui ne lui appartient plus. Dans les 2 cas, ce sont des destinées tragiques comme on va en trouver souvent dans Melted Space.


Production / Studio :

Concernant les enregistrements, c'est un peu compliqué, cela s'est fait dans tout un tas de studios différents en fonction des contraintes géographiques, budgétaires, et des différents plannings. Il a fallu trouver une solution adaptée à chacun et cela n'a pas été de tout repos. Certains ont enregistré chez eux, d'autres dans leur studio habituel, d'autre chez moi ou pas loin... Pour ce qui est des musiciens là aussi ca a été un petit casse-tête logistique mais on y est arrivé!

Pour la production elle-même, la tache a été divisée en 3 parties: le mixage des parties orchestrales, le mixage global (grand mélange entre orchestre, instruments électriques et voix) et mastering.

Le choix du studio pour le mixage de l'orchestre a été très rapide puisque je suis allé voir mon ancien prof du Conservatoire, Jean-Christophe Banaszak, qui se trouve être à l'origine de Melted Space, c'est lui qui m'avait motivé à me lancer dans la composition du 1er album « There's a place... ». C'est quelqu'un de très compétent et en qui j'ai entièrement confiance puisqu'il m'a formé et qui a un studio très bien équipé et adapté à ce que je fais. Je lui ai donc rendu visite simplement 2 ou 3 fois fois pendant cette phase de mixage qui a duré un mois. Nous avons énormément de points et goûts communs, le résultat est donc comme je l'entendais voire mieux!

Pour ce qui est du mixage global, cela a été moins évident. Au départ j'hésitais à aller soit dans un studio spécialisé en musique de film, soit dans un studio spécialisé en métal. J'en ai parlé à droite, à gauche et déjà le nom d'Axel revenait régulièrement. Tout cela s'est passé au moment où j'ai intégré Wormfood, j'en ai donc également parlé à Emmanuel (Levy, guitariste/chanteur) qui m'a lui aussi assuré qu'Axel était l'homme de la situation et il nous a mis en contact. Etant basé à Amiens, il nous a fallu travailler à distance durant la semaine et je montais le voir le week-end. Je ne le connaissais que de réputation j'ai donc été enchanté de travailler avec lui d'autant que c'est quelqu'un de très ouvert, compétent et très drôle! L'ambiance était très détendue malgré l'ampleur de la tâche et il s'en est tiré vraiment haut la main, là encore je suis vraiment très content du résultat qui est même bien au-dessus de que j'imaginais.

Enfin la phase de mastering: là, ça a été très simple car parmi les gens que j'avais envisagé pour le mixage, Franck Hueso figurait en bonne place. Je l'avais donc déjà contacté, il m'avait répondu ne pas être très emballé pas le style très symphonique mais qu'il était partant pour le mastering, la question était donc réglée avant même qu'elle ne se pose. J'ai été très content de pouvoir travailler avec Franck dont j'admire également beaucoup le travail.

Globalement, le choix de produire l'album sur plusieurs studios s'est révélée très judicieuse car chacun a pu apporter un point de vue différent, de l'objectivité, des idées et cela a été très bénéfique.


Musique, Cinema/DVD, livres, jeux ?

Vaste question car les enregistrements ne se sont pas faits sur une courte période comme on le fait traditionnellement mais sur 3 ans, j'ai donc eu l'occasion de dévorer plein de choses.

Je ne suis pas un grand lecteur, les 2 seuls livres que j'ai lu durant la production de l'album sont la Divine Comédie (dont je relis de grands passages régulièrement) et « La fin de Satan » de Victor Hugo et qui a inspiré « The Bringer of Light ».

Niveau cinéma, c'est autre chose car je suis un très gros consommateur de film! Je ne pourrai donc pas donner de titres en particulier mais je peux dire qu'il y a eu pas mal de films qui ont contribué à la création de « From the past ». En fonction des ambiances que je cherchais, des couleurs, des compositeurs, je revoyais régulièrement certains films, j'allais au cinéma pour rechercher des sensations de mixage et d'orchestration (je suis fan de Hans Zimmer ce qui explique certains choix et orientations). Mon champ d'inspiration est très large à ce niveau.

Pour ce qui est des jeux vidéos, là aussi je suis un gros gamer donc je citerai des franchises entières comme God of War (qui m'a évidemment inspiré plus d'une fois), Castlevania, Batman, Soul Calibur, Final Fantasy, Uncharted ou Dante's Inferno (en jeu simple)... Des jeux ayant leur propre mythologie, des univers très détaillés qui permettent un voyage et une immersion complète.

Musicalement, j'écoute beaucoup Dimmu Borgir (les vieux albums comme les récents), Behemoth (principalement Evangelion), Ayreon (tous sans exception, j'adore!), Epica/Nightwish/Within Temptation (une chanson par-ci, une chanson par-là), beaucoup de BO de films (vraiment beaucoup et de tout), de la musique classique (Liszt, Mozart, Debussy, Bach...) du trip hop (notamment le Roseland NYC Live de Portishead) , un peu d'électro....mais aussi et surtout tous les groupes des chanteuses et chanteurs que j'ai contacté de façon à bien analyser, comprendre leur voix et leurs univers. J'avais composé les chansons avant de les contacter mais les lignes de chant étaient encore soit inachevées soit carrément inexistantes j'avais donc une petite marge de manoeuvre pour m'adapter aux différentes voix.


TRACK BY TRACK

The lost Village

Il s'agit donc du 1er morceau qui est un instrumental. C'est un morceau très orienté musique de film puisqu'il a pour but de plonger directement l'auditeur dans Melted Space, un peu comme la 1ère séquence d'un film le ferait. On rentre tout de suite dans le vif du sujet: un village perdu d'où émane grandeur, puissance, terreur... Il permet également de faire entendre le thème des dieux pour la première fois, ce thème nous suivra presque tout le temps tout au long du Book I

When I was a god

Apollon est le premier dieu à apparaître. C'est Manuel Munoz (chanteur de The Old Dead Tree) qui lui fait prendre vie par une chanson assez mélancolique, sombre voire dépressive. Grande satisfaction pour moi de l'avoir parmi nous car c'est un chanteur exceptionnel. Je ne savais pas s'il accepterai vu qu'il avait arrêté ses activités avec The Old Dead Tree mais il a dit oui pour mon plus grand bonheur!(et celui de ceux qui écouteront l'album, je pense)
Tout est dit dans le titre, Apollon se souvient de sa gloire passée et de l'époque où il était un dieu et où le monde lui obéissait. C'est la grande thématique que j'ai essayé de développer dans Melted Space, le regret d'une gloire passée. La plupart des personnages présents ont ça en commun. Néanmoins, le contre exemple ne se fait pas attendre car sa soeur jumelle, Artémis, qui n'a pas du tout le même point de vue, vient en quelque sorte le secouer et lui remonter le moral.
Dans le titre suivant, quand c'est Apollon qui vient chanter avec sa soeur, il y a une partie en harmonie entre Manu et Liesbeth qu'ils ont enregistré sans s'être concertés, l'idée étant venue au dernier moment (le jour de l'enregistrement de Manu je crois même). Liesbeth m'avait dit qu'elle ne changerait pas grand chose sur les parties que j'avais écrites donc on a fait ça en croisant les doigts et en espérant que ca rendrait bien et ça fonctionne à merveille. Un bon coup d'impro!

Brother and sister

Ce titre s'enchaîne tout de suite avec le précédent et Artémis, interprétée par Liesbeth Cordia (chanteuse néerlandaise du groupe Eve's Fall), qui avait pris la parole pour dialoguer avec son frère continue dans sa lancée pour clamer sa joie d'être dans Melted Space. Ici plus de pression « divine », elle peut s'adonner à ses passe temps favoris: se promener, admirer le paysage. Elle affirme également son désir de ne pas vivre dans le passé, ce qui sera finalement le grand débat de toute cette partie vis à vis de certains autres dieux plus « vieux » et plus attachés à leur gloire.
Musicalement, on monte d'un cran avec quelque chose de plus énergique qui correspond au caractère décrit pour cette déesse. Suite à mes recherches, je me suis fait une idée de ce que pourraient ressentir ces dieux en se retrouvant dans cette situation où ils ne sont plus rien. De là j'ai trouvé une orientation musicale pour chacun d'entre eux ce qui m'a beaucoup aidé pour m'organiser dans la composition. Cela m'a pris plusieurs mois à écrire donc un plan assez détaillé était nécessaire pour garder la cohérence.

Damned lovers

On retrouve un petit passage orchestral qui fait la jonction entre les 2 chansons. Puis Arès (sous les traits de Guillaume Martinot, ex-Gorod) vient déclamer une petite tirade très théâtrale. Il est celui qu'on appelle Arès « Buveur de sang », il a été haït de tous car il ne semait que la destruction et le chaos, mais il aurait aussi aimé être un dieu esthète (il est quand même vite rattrapé par ses instincts et son goût pour le sang). Sa maîtresse, Aphrodite vient lui tenir compagnie dans un superbe duo!
Il y a un coté « la belle et la bête » que j'aime tout particulièrement dans cette chanson. Les parties brutales donnent énormément de profondeur au personnage d'Arès, ses cris peuvent être pris comme des cris de guerre ou de désespoir. J'aime aussi beaucoup la performance de Crystina Maez
qui interprète Aphrodite. Je reviendrai plus longuement sur elle mais pour une chanteuse de pop, je trouve qu'elle s'en sort vraiment très bien!

A favored existence

Ici c'est le tour d'Athena de parler. Pour du heavy métal, il fallait une chanteuse anglaise! C'est ma copine qui a entendue Talena sur internet, elle m'a fait écouter et je lui ai envoyé un mail dans la foulée.
C'est une Athéna très rock'n'roll qui est présentée ici car je voulais sortir de l'image d'Athéna que j'ai depuis que je suis gamin: celle de Saint Seiya (les chevaliers du zodiaque) et son coté très gnangan. Je voulais donner une version plus dynamique de cette déesse. Elle vient dire aux dieux d'accepter leur sort. Ils ont eu une belle vie, il faut donc laisser la place et profiter de cette nouvelle vie qui leur est offerte. Elle est au centre du Book I et marque le tournant des débats. Après elle, le ton va monter comme on l'observe à la fin du titre.

The gods are living

Donc là, ça ne rigole plus! Il s'agit d'un trio de death par Poséidon, Héphaistos et Hermès. Ils sont interprétés par Pierre Leone de The Oath, Jesus The Butcher de Offending et Maxime Galatry de feu-Om Mani. Les 2 premiers ne sont pas très contents d'être là et font le triste constat qu'il n'y a pas de ville à conquérir ou de guerre à faire. Hermès va essayer d'arrondir les angles.
Je me suis un peu fait plaisir sur l'intro, c'est une petite référence déguisée à Hell Awaits de Slayer, que j'adore. Ensuite cela a été un véritable exercice de style car n'étant pas guitariste, écrire des riffs était très difficile pour moi (l'album m'a fait énormément progresser là-dessus), donc écrire du death était carrément mission impossible. Je me suis donc replongé dans quelques groupes comme Cannibal Corpse, Nile et autres et j'ai réussi à sortir quelque chose. Pour ce qui est de la dernière partie de la chanson, quand Hermès chante, je voulais davantage m'orienter vers le mélodique et l'orchestral, car il est le messager de Zeus, mais le pari était un peu osé de faire ce gros virage de style, la voix de Maxime (et ses harmonisations) est pour beaucoup dans la réussite du passage.

Spirit of love

Ici on change de registre et on part dans la féérie avec Aphrodite. Il s'agit d'une valse très « Burtonienne ». Aphrodite est certainement la plus heureuse d'être là car tout comme Artémis, elle est libérée de toute obligation et peut aller d'une âme à l'autre pour y apporter l'amour. C'est un peu naïf comme concept mais j'ai eu cette idée en jouant à God of War 3 dans lequel on trouve une Aphrodite qui n'a pas froid aux yeux, j'ai voulu donner une autre version. De plus, musicalement, je voulais faire une pause entre les dieux les plus grégaires de l'album afin d'éviter un défilé de blast beat.
La chose qui m'a vraiment décidé à aller dans cette voie, c'est quand j'ai trouvé LA chanteuse idéale pour chanter cette partie: Crystina Maez. J'étais tombé sur son myspace par le plus grand des hasards et j'ai tout de suite su que je n'aurai pas à chercher plus loin, j'avais trouvé Aphrodite. Ce doit être d'ailleurs la seule chanteuse que j'ai trouvé avant de lui composer sa chanson.
« Une voix pleine de lumière » c'est ce qui était écrit sur son site et en effet sa voix éclaire cette chanson qui n'est pourtant pas très joyeuse. Il ne restait donc plus qu'à la convaincre car la demoiselle est une chanteuse réputée et qui ne chante pas du tout de métal. Je pensais bien que cette chanson ne poserait pas trop de problème, j'avais surtout peur pour les autres interventions qu'elle a dans d'autres chansons plus métal mais elle a accepté tout de suite et a vraiment joué le jeu à fond! Elle fait d'ailleurs partie des 2 ou 3 records de vitesse à l'enregistrement puisqu'elle a enregistré toutes ses parties en une heure!


I'll release the dead

Là, j'ai fait une petite blague à l'auditeur en jouant sur un principe acoustique un peu vache: après 4minutes de musique douce, l'oreille s'est adaptée à un volume sonore assez soft et pan! Voilà Hadès qui arrive sans prévenir! Ca me fait toujours rire de voir la tête des gens à qui je fais écouter l'album et qui sursautent à ce moment-là!
Donc comme je le disais c'est au tour d'Hadès de parler. Lui aussi est assez satisfait d'être là car il a bien saisi le concept de Melted Space: il n'y a que des morts! Donc vu que c'est lui qui est censé les commander, il se sent comme un coq en pâte et revendique le trône de roi des dieux, seulement Zeus va lui faire comprendre qu'il est encore le patron.
Cette chanson a été une des plus rapides à composer car c'est du black symphonique qui est mon style de prédilection donc je n'ai pas eu à me forcer beaucoup. C'est Pierrick Valence (Phazm, Scarve, Agressor) qui la chante ce qui a été une grande satisfaction pour moi car il a réellement une voix impressionnante qui correspond tout à fait au rôle. Rôle maudit d'ailleurs puisque j'ai eu pas mal de difficultés à trouver un chanteur dispo à ce moment-là. Mes échéances approchaient et il fallait pouvoir enregistrer très vite. Pierrick a été super réactif et les choses se sont faites très vite et surtout très bien! Pour les 2 ou 3 chanteurs que j'avais contacté et qui ne pouvaient pas à ce moment-là, ce n'est que partie remise...

All together

L'entrée en scène du couple royal avec une petite mise en scène préalable où des chanteuses vont énoncer quelques mots en grec ancien (une sorte de résumé de leurs chansons respectives) pour faire place à leur mère: Héra. J'ai accentué ici le rôle de mère de cette déesse plutôt que l'aspect jalousie et impulsivité. Elle essaie de calmer les uns et de positiver la situation des autres, une mère quoi! Je voulais absolument une chanteuse qui soit elle-même maman pour ce rôle et c'est donc Virginie Goncalves (Kells) qui s'y est collé avec une très grande maestria! Souvenir assez mémorable d'ailleurs puisque j'ai du aller l'enregistrer moi-même dans son salon un petit matin d'hiver. Elle était entre 2 tournées et ne disposait que d'une matinée pour enregistrer. C'était bien plus qu'il n'en fallait puisqu'elle aussi a tout fait en une heure. C'est très impressionnant de voir quelqu'un qui, a 10h du matin, une fois son café avalé vous dit « bon, on y va? » et qui une heure après vous dit « bon bah c'était bien cool! » avec 3 ou 4 chansons en boite! Elle a réitéré son tour de force en septembre dernier en venant enregistrer le clip de la chanson qu'elle a réellement chanté tout au long du tournage malgré certaines parties très haut perchées. Là aussi très impressionnant!

Listen to your king

Et donc voici enfin le roi des dieux, Zeus, interprété par Stephan May. Zeus comprend que les choses sont en train de lui échapper dans ce monde, il essaie donc de rappeler aux autres qu'il est et restera leur roi. Il leur remet en mémoire certains de ses exploits en guise d'exemple et les menace de s'énerver. Hadès vient lui dire 2 ou 3 petites vacheries et il s'énerve vraiment!
Là encore, une petite mise en scène où les dieux viennent dire quelques mots en grec avant le début de la chanson. On est dans un style plutôt heavy avec un Zeus qui va faire évoluer son ton tout au long de la chanson (avec en prime les déesses qui font office de choristes). Une chanson assez classique avec le seul solo de guitare de l'album (il y en a un autre en fait mais il y a du chant par dessus). Stephan a réellement donné vie à son personnage, au départ la ligne de chant n'était pas du tout celle-ci et il m'a envoyé un essai pour me faire part des changements qu'il voulait faire. J'ai toujours laissé la liberté aux chanteurs et aux musiciens de changer des choses pour améliorer les chansons mais là c'était la première fois que quelqu'un changeait carrément tout. Après écoute, je me suis demandé comment j'avais pu envisager la ligne de chant autrement que comme il l'avait fait, c'était parfait et ca illustrait exactement le Zeus que j'avais en tête. Stephan est un très très bon chanteur que j'ai rencontré au mariage d'un ami. Il avait officié dans Ethersens. Il m'avait donné le lien du groupe et là aussi dès que j'ai écouté j'ai su qu'il fallait que je travaille avec lui. Je ne le regrette vraiment pas.

We are gods of ancient times

Nous arrivons à la fin de la partie « Gods of Ancient Times » avec une chanson qui est structurée assez simplement: une grille qui se répète plusieurs fois avec tous les chanteurs qui se répondent. Je dois rendre à César ce qui lui appartient, l'idée n'est pas de moi, je l'ai empruntée à Arjen Lucassen qui fait autorité depuis des années en matière d'opéra métal avec Ayreon. C'est une façon de lui rendre hommage car il est pour beaucoup dans la création de cet album, j'admire son travail depuis que je suis ado.
Sur cette chanson, tous les chanteurs se succèdent ce qui donne un tourbillon de voix qui a été un véritable casse-tête à mixer (je m'excuse encore auprès d'Axel!). Sur cette chanson j'avais laissé tout le monde libre de faire ce qu'il voulait en précisant que j'adorais les harmonisations... Ca n'a pas loupé, tout le monde s'est lâché et m'a rendu de superbes versions (Liesbeth m'a carrément renvoyé une version à 5 voix harmonisées), ça a été un crève-coeur quand il a fallu tailler dedans pour arranger tout ça.
Les dieux de l'Olympe viennent donc affirmer qu'ils ne se laisseront pas mourir si facilement et qu'ils reviendront! Suivant les dieux on change d'atmosphère musicale mais ce sont vraiment les voix qui font tout le travail. C'est certainement une de mes chansons préférées car ils sont tous réunis et que j'adore les contrechants, le mélange des voix, les petites subtilités qui apparaissent et disparaissent pour laisser la place à d'autres.
Enfin après un rappel orchestral du thème des dieux qui a ponctué toute ces chansons, Hadès vient glisser une petite phrase en guise de twist final: finalement, s'ils sont tous là c'est qu'ils sont morts, donc c'est lui qui a gagné. J'aime assez l'idée qu'il gagne quelque chose pour une fois, il se fait toujours avoir parce que c'est le méchant, je voulais donc changer ça, c'est mon coté Robin des Bois qui ressort!


Solar eclipse et This immortal love

On passe au 2ème CD. Je parle de ses deux pistes ensemble car elle ne font qu'une seule et même partie. Au départ, c'est une réponse à un titre du 1er album intitulé « Le Soleil » (on retrouve le même thème au début de Solar Eclipse). Je voulais compléter le cycle en faisant une chanson sur la Lune. Là encore c'est ma copine qui a orienté mon choix en me faisant lire la légende de Séléné et Endymion. Ca faisait un moment que je pataugeais dans mes recherches et que je ne savais pas de quelle façon aborder le sujet. Je n'avais pas encore commencé le travail sur les dieux c'est donc Séléné qui est en réalité la première déesse de l'album.
Une belle histoire d'amour: Séléné a endormi Endymion afin que celui-ci reste jeune et beau éternellement. Une étoile vient lui faire la morale tout en la mettant en garde, à la prochaine éclipse, un dragon va venir la dévorer!
Pour donner vie à cette mini pièce de théâtre, 3 chanteurs: Emilie Plaquin (PO-LEN) qu'un copain m'avait vivement recommandé après l'avoir vue sur scène, Vanessa Lauriola qui m'avait été conseillée par Virginie (Goncalves, Kells) et qui a été une très belle découverte et Dagoth que je connaissais déjà puisque Embryonic Cells avait partagé l'affiche plusieurs fois avec Otargos, donc je savais d'avance que le résultat serait impec!
J'en profite pour souligner le super travail qu'Adrien Grousset (Hacride) a fait sur l'album. « This immortal love » est le 2ème titre sur lequel nous avons travaillé ensemble. Ayant déjà vu de quoi il était capable, je lui avais laissé carte blanche sur celle-ci (et par la suite sur tout le reste), du coup il a pas mal transformé cette chanson tout en respectant l'esprit que je voulais lui donner. Après ça, j'ai bien compris que je n'aurais aucune limite pour composer la suite, ce qui est un luxe pour la créativité.
C'est un musicien extraordinaire et un guitariste hors pair, je le remercie donc encore pour tout ce qu'il a fait (et qu'il continue à faire) pour Melted Space.

Misereatur

Nouveau livre et non des moindres puisque c'est le premier que j'ai composé! Au départ, il n'y avait que « War for the world » et les choses ont vite évolué et je me suis retrouvé avec un mini opéra dans l'opéra sur un sujet sans fin: Lucifer. Sire Cédric, qui est un bon pote depuis des années, m'avait vivement conseillé la lecture de « La fin de Satan » de Victor Hugo et c'est à partir de ce livre que j'ai trouvé l'inspiration de départ. Lucifer y est présenté comme une victime et il y a tout une symbolique qui y est développée qui m'a bien servi. J'ai donc réuni une équipe de choc autour de Lucifer en faisant appel à d'autres mythologies en suivant le schéma traditionnel Nord/Sud/Est/Ouest, d'où la présence de démons assez exotiques!
« The Bringer of Light » est construit comme un opéra mais respecte également certains codes de la tradition catholique. Je ne voulais surtout pas tomber dans la traditionnelle parodie, j'ai donc essayé de faire cela proprement et de la façon la plus sérieuse et respectueuse possible.
Les archanges qui viennent pleurer sur le choix de Lucifer qui s'est rebellé contre Dieu. De son coté, Lucifer fait le bilan de sa vie et décide de reprendre le pouvoir.
C'est à Michael Rignanese (de Destinity) que j'ai confié le rôle de Lucifer. Il a un timbre de voix extraordinaire et avec lui, Lucifer n'est pas un rigolo!
Anae du groupe Adrana interprète St Gabriel, l'archange le plus proche de Dieu. Elle a une voix lyrique magnifique. L'attribution des voix de ces personnages angéliques a été faite en fonction de ce qu'ils représentent: Gabriel ne prenant jamais part aux combats, la voix « pure » lyrique s'imposait.
Amélie Jeannès interprète Saint Raphaël. C'est une jeune chanteuse que j'ai découvert par le biais de son myspace et qui avait tout juste 18 ans quand elle a enregistré ses parties, elle a fait un beau boulot.
Enfin Lucie Blatrier, du groupe A Quiet Day for Mellow Dreams donne sa voix à St Michel, l'ange guerrier. Elle aussi a donné énormément de relief à son personnage, et il en fallait pour s'opposer vocalement à Lucifer!

Now and always!

Après une prière commune, c'est l'archange St Raphael qui prend la parole et s'adressant directement à l'auditeur: un combat sans précédent va avoir lieu sous ses yeux! Puis c'est le défilé des démons, chacun va apporter un grief supplémentaire pour faire la guerre. Les anges leur répondent, bien décidés à en découdre s'il font trop les malins.
Musicalement, on est dans quelque chose de très scénarisé mais qui laisse beaucoup de place à l'imagination de l'auditeur. C'est dans ce passage où les choses sont suggérées que la définition de film sans image prend toute son ampleur.
Concernant les démons, ce sont tous des potes qui ont prêté leurs voix: Maxime Beaulieu (mon chanteur dans Embryonic Cells), Cédric Julien (du groupe troyen Hysteresy), Bastich (du groupe Fleshdoll et avec qui nous avions un groupe il y a 10 ans) et Sire Cédric (qui est principalement connu pour ses écrits mais qui prend également le micro de temps en temps et qui a une voix redoutable!)

War for the world

LA source du Mal!!!! C'est le 1er morceau que j'ai écrit et qui a donné naissance à cet album. C'est la grosse baston entre anges et démons. Ce sont principalement Lucifer et St Michel qui sont à l'honneur.
Comme je le disais c'est Mick qui interprète Lucifer, il est venu enregistrer ses parties à Troyes lors d'un week-end mémorable (le compresseur s'en souvient encore). Il est arrivé la veille pour venir voir un concert ce qui nous a donné l'occasion de faire plus ample connaissance. A 4h du matin, on discutait encore et on s'est rendu compte de l'heure... 5 heures plus tard, il était devant le micro et a envoyé le pâté toute la journée. Il a une énergie fantastique et il est très efficace, on sent le métier! Il s'est bien prêté au jeu et il a amené pas mal d'idées ce qui donne un Lucifer très riche.
Lucie quand à elle ne s'est pas du tout démontée face à cette grosse voix et a su relever haut la main le défi pour cette confrontation vocale!

Sanctus

Nous arrivons à la fin de cette grande partie consacrée à Lucifer. Il s'agit d'une prière chantée par les 3 archanges, ils glorifient le nom de Dieu après la bataille (qu'ils ont gagné). C'est une petite réunion des 3 voix féminines sous la forme d'une fugue (assez complexe à composer). L'inspiration de cette partie se trouve dans le Requiem de Mozart qui est une oeuvre que j'affectionne tout particulièrement.
Il s'agit d'un retour au calme avec une grande cadence finale qui clôture toutes ces émotions car pendant longtemps j'ai considéré cette partie comme la fin de l'album. Et cela aurait été le cas si l'inspiration n'avait pas frappé à ma porte une dernière fois pour le véritable dernier titre de cet album.

Dante's memory

Ce titre que j'ai rajouté au dernier moment, est une apparition de Dante, qui est mon personnage fétiche, celui qui est le guide de l'auditeur dans Melted Space, le porte parole de tous ces êtres oubliés. Je suis un grand fan de la Divine Comédie et Dante est pour moi une sorte d'obsession. Pour lui donner vie, j'ai fait appel à un très grand chanteur: Arnaud Strobl qui officiait dans Carnival in Coal (mais pas que). C'est un immense plaisir de le compter parmi tous les participants de cet album.
Cette chanson est une sorte de générique de fin de film, d'où le style assez « pop » et pas du tout métal (j'avoue avoir eu l'idée après avoir écouté le générique du film Prince of Persia), dans lequel Dante fait une synthèse de tout ce qui s'est passé, ce qui a été dit et en profite pour évoquer une prophétie (une suite...?). Cela se finit par un fade out en guise d'au revoir. C'est une fin classique voire un peu téléphonée mais je voulais finir cette heure et demie en douceur, comme quand on se réveille après un rêve, cela se fait progressivement et il faut un petit temps pour reprendre ses esprits et se rendre compte que qu'on est revenu dans le monde réel.


Voilà, je pense n'avoir rien oublié, un grand merci à tous ceux qui auront eu le courage et la patience de tout lire, j'espère que cela leur aura donné envie d'écouter l'album! Merci et bravo à toute l'équipe de VS pour tout votre boulot tout au long de l'année (un grand merci à Greg). Longue vie à VS Webzine!
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