MAtt (Batteur) - MASSIVE CHARGE par ..::JU::.. - 2575 lectures
De retour 4 ans après un premier album sympa, les sympathiques Lorrains de MASSIVE CHARGE ont sorti le meilleur album de Grind en France cette année, avec « Charge This World».
Un album rageur, accrocheur et dévastateur. Parfait.

VS vous propose d'en savoir plus sur cet excellent groupe grâce à Matt, batteur de MASSIVE CHAGRE.



Salut les MS ! Tout d’abord, question incontournable : comment allez-vous ?
Salut VS ! Salut Ju
Tout roule pour le mieux, ma foi !


Une fois n’est pas coutume, plutôt que de terminer l’interview par la traditionnelle "cet espace est le vôtre", je voulais la commencer en vous laissant la parole :
Libre à vous de dire ce que vous voulez aux lecteurs de VS, de vous présenter, de raconter votre vie ou de faire votre pub...
Tout d'abord, c'est un honneur pour nous d'en arriver là. C'est clair qu'on a énormément bossé sur l'album, mais on ne s'attendait pas à ce qu'il fasse autant de bruit dans les médias spécialisés !
Alors nous c'est Massive Charge, on est un groupe né en novembre 2003 et qui officie depuis ses débuts dans un style clairement grindcore old school, avec quelques influences death. On a sorti un album appelé "Silence" en 2007, et aujourd'hui on en est au deuxième, "Charge This World", celui qui nous vaut l'honneur d'être ici.


4 ans après votre premier album, vous êtes de retour avec ‘Charge’, une bombe atomique de Grind à l’ancienne.
Que s'est-il passé durant ces 4 années ? (Concerts, changement de line-up, changement d'orientation sexuelle...)
Après la sortie de "Silence", on a fait pas mal de concerts un peu partout en France et dans les pays frontaliers (Belgique, Luxembourg, Allemagne, Suisse), et il y a eu effectivement un changement de line-up.
Le chanteur qui figure sur "Silence" (Jérémy, alias Gros) a décidé un jour d'aller vivre à Tahiti un temps, pour des raisons personnelles. Nous avons donc passé des annonces pour trouver un chanteur intérim qui prendrait la place de Gros pendant son séjour. Nous avons donc trouvé un autre Jérémy (ancien chanteur de DEPRAVED et batteur d'UNTAMED), qui a assuré le remplacement pendant plusieurs mois. Gros ayant décidé de s'installer définitivement à Tahiti, Jérémy est donc resté parmi nous et a pris la place officielle de chanteur de Massive Charge, rôle qu'il assure d'ailleurs très bien aujourd'hui, car nous sommes persuadés que son style de chant colle beaucoup mieux au style de grind que nous jouons.

Pour ce qui est des 4 ans qui séparent nos deux albums, il se trouve que pour chacun d'entre nous (comme c'est le cas pour énormément de musiciens de la scène Metal), la musique est certes une passion, mais elle n'occupe pas toute notre vie. Nous répétons une fois par semaine pour garder la forme, mais nous prenons notre temps sur la composition. Il faut savoir aussi que nous sommes très difficiles sur ce que nous gardons ou pas en matière de riffs. Disons que pour un riff gardé, plusieurs dizaines seront passées à la trappe.


La première chose qui saute aux oreilles, avec "Charge This World", c’est le son. Puissant, superbement équilibré, mais brut de décoffrage. Et avec un son de basse incroyable.
Sachant que vous avez tout enregistré vous-mêmes, il me semble : Comment avez-vous fait ? Où avez-vous enregistré et mixé l'album ?
Et est-ce que vous enregistrez en mode « live », ou bien instrument par instrument ?

Oui, le plus gros du travail a été fait par Vince, guitariste du groupe. On a eu un timing assez sympa puisque dans le cadre de ses études, Matt devait partir au Canada pour 6 mois. Il a donc enregistré ses parties de batterie courant décembre 2011 avant de partir, et le reste a été fait pendant son absence, pour que l'album sorte à son retour. Et c'est comme ça que ça s'est passé.
La batterie a été enregistrée au Fucking Hostile Studio (car nous voulions une prise de son pro pour pouvoir travailler le son au mieux par la suite), près de Nancy, et le reste a été fait chez Vince, instrument par instrument.
Il s'est également occupé du mixage de l'album, et une fois que le mix a convenu à tout le monde (ce qui n'a pas été une mince affaire), nous l'avons envoyé au Walnut Groove Studio à Amiens, qui s'est occupé de faire le master. Le résultat, c'est ce que vous pouvez écouter aujourd'hui.


Le second constat qui accompagne l’écoute de "Charge This World" relève de l’équilibre musical : je trouve l'album moins hésitant et bien plus percutant que "Silence".
Est-ce que vous pensez que votre expérience de groupe et votre vécu a participé à produire ce résultat plus mature ? De quelle façon ?

La maturité du son provient clairement du fait que Vince s'est énormément amélioré sur le boulot de la production, qu'on a enregistré la batterie en studio, et que le Walnut Groove ait du nouveau matos pour le master.
A l'époque de "Silence", l'enregistrement relevait plus de l'artisanat qu'autre chose. Vince avait tout fait de A à Z, pour envoyer le mix final au Walnut Groove pour le master.

Pour ce qui est de la maturité de la composition, il faut dire que notre groupe a quand même déjà 8 ans, que nous jouons ensemble depuis tout ce temps (malgré les changements de line-up), et que nous nous connaissons aujourd'hui tous assez bien pour pondre des compos qui nous plaisent et surtout que nous pouvons jouer. Car Massive Charge est pour nous un groupe live avant tout. Il faut dire aussi qu'en 4 ans, nous avons tous eu l'occasion de perfectionner nos niveaux en instrument, et c'est aussi quelque chose qui se ressent clairement.

Quel regard portez-vous sur ''Silence', 4-5 ans après ?
"Silence", nous ne le dénigrerons jamais, c'est notre premier bébé, et beaucoup de gens l'avaient aimé à l'époque. Aujourd'hui, même des gens le préfèrent à "Charge This World". Il est assez difficile d'avoir un ressenti dessus. Il est clair que la qualité de production comme de composition n'est pas la même, mais ça reste le produit de nos débuts, on aura du mal à être objectif, car nous avons un lien clairement affectif avec cet album.


En tout cas, avec "Charge This World", plus besoin de vaseline : ça passe tout seul !
Musicalement, votre Grind est direct, explicite, mais tout en laissant une réelle place au groove, via entre autres quelques influences Death/Grind. Est-ce un équilibre que vous recherchez sciemment ? Ou bien cette alchimie se crée-t-elle naturellement durant la composition ?
C'est un style que nous avons toujours recherché et auquel nous sommes fidèles. La composition vient principalement de Vince et chacun y apporte sa petite note pour un ensemble onctueux. Après, on essaye de garder cette ligne de composition-là, peu importe de qui pondra le riff ou la compo. On veut que ça bourre, que ce soit efficace, sans chercher des choses trop compliquées. On cherche aussi à ce que ce soit percutant en live, parce que, au risque de nous répéter, nous sommes un groupe live avant tout.


Le Grind s'accompagne souvent du concept punk "do it yourself" et du rejet des structures classiques (medias/distribution/labels) au profit de structures plus confidentielles.
Est-ce que cela correspond à ton votre mode de vie, ou tout du moins à votre démarche artistique ? Est-ce que l'autoproduction était un choix, ou un ''non-choix' ?
Disons qu'on ne s'est pas vraiment attardé sur les démarches de labels. Vince sait faire le boulot de production, et on a donc décidé qu'il le ferait. Un jour on a eu assez de compos au répertoire pour faire un album, alors on a décidé de le faire, point. On a juste décidé qu'on ferait les prises de son de la batterie en studio, parce que c'est ce qu'il y a de plus dur à enregistrer, et qu'on donnerait le mix au Walnut Groove pour le master parce que nous étions contents de son boulot sur "Silence".
Nous ne sommes pas vraiment engagés dans cet esprit DIY, c'est juste que comme nous avions les outils pour le faire nous-mêmes, on s'est juste dit « pourquoi s'emmerder ? ». Après, nous avons tout de même cherché un label pour nous distribuer, mais nous n'avons jamais reçu une seule réponse à nos mails...!


Votre premier album était déjà autoproduit ; avec le recul, pensez-vous que les choses auraient pu se passer différemment à sa sortie si vous aviez eu l’appui d’un label ?
A vrai dire, on ne s'est jamais posé la question de savoir quel chemin on aurait pris avec l'appui d'un label. A part pour la distribution et la communication, nous ne voyons pas vraiment en quoi ça pourrait nous être utile. La production, Vince sait la faire et a le matériel pour. Et nous préférons rester propriétaires de notre musique.
Après, comme dit dans la question précédente, notre album n'a pas l'air d'avoir retenu l'attention des labels puisque nous en avons démarché une vingtaine, et nous n'avons reçu aucune réponse, pas même négative.


De plus en plus de groupes optent pour l’autoproduction ; pensez-vous que c’est un signe révélateur de l’état de la scène "Underground" en France ?

Nous ne dirions pas que de plus en plus de groupes optent pour l'autoproduction, nous dirions que les groupes autoproduits restent autoproduits car ils se sentent bien comme ça et qu'ils se sentent relativement libres. Par ailleurs certains groupes autoproduits passent tout de même par de petits labels DIY pour leur distribution.
Maintenant avec le contrat d'un label sous le nez, le resteraient-ils ? Certains oui, assurément comme Inhumate ; mais d'un autre côté, si une opportunité de label se propose à un groupe, pourquoi la refuser ?


Il est par conséquent d’autant plus important de souligner l’importance de l’auto-promotion, puisque vous n’avez pas de structures pour vous aider à répandre votre bonne parole
Comment vous débrouillez-vous, est-ce que vous vous répartissez les rôles au sein du groupe (pub, recherches de dates, com') ?
Chacun met son grain de sel dans cette tâche. Pour la pub, Matt s'occupe surtout de Facebook, alors que Ptiot s'occupe de MySpace (ainsi que des graphismes pub et du design myspace alors qu'il n'a aucune formation d'infographiste quelconque ce qui prend pas mal de temps). Vince est l'interlocuteur privilégié en matière de dates, sachant qu'il arrive que ce soit Ptiot qui s'occupe de ça. Chacun fait sa pub sur les forums qu'il fréquente, on n'a pas de poste attitré. Matt s'est occupé de démarcher les webzines et magazines pour chroniquer l'album, mais ça lui a pris comme ça.
On n'a pas de poste attitré. Un jour on va dire aux autres membres du groupe : « Tiens, on m'a contacté pour ça ! » ou alors « Tiens, j'ai contacté untel pour faire ça ! ».
C'est aussi peut-être notre faiblesse la comm', parce que finalement, ce sont les webzines, forums et magazines qui parlent de nous alors que quand l'album est sorti, par exemple, on s'est contenté de mettre un message sur Facebook...


Etes-vous attentifs aux chroniques ou avis publiés sur le net ?
Etant donné la facilité qu'a un quidam moyen de ''critiquer' un album, via son site, son blog ou sa page communautaire : pensez-vous que les outils internet aident à mieux percevoir les avis des gens, ou au contraire les rendent plus difficiles à cerner ?
Au niveau où on est, il n'est pas difficile de trouver tous les articles sur internet qui parlent de nous, parce qu'au final, il n'y en a pas tant que ça. La bonne surprise a été de tomber par hasard sur un forum international (a priori polonais, mais nous n'en sommes absolument pas certains) où les gens parlaient de l'album qui vient de sortir et du fait qu'ils cherchaient un rip partout sur la toile sans pouvoir mettre la main dessus.
Après, que les critiques soient bonnes ou mauvaises, tant qu'elles sont constructives, on les prend en compte. On aime bien savoir ce que pensent les gens de notre travail, même si on compose avant tout pour nous. Donc en gros, si un quidam moyen, comme tu le dis si bien, descend en flèche notre travail, si c'est constructif, on le prendra en compte. Tous les goûts sont dans la nature, on ne peut pas plaire à tout le monde !
Donc, pour nous, internet aide clairement à percevoir plus facilement les avis des gens et l'impact qu'à notre nouvel album.


Vous qui n’êtes pas des p’tits jeunes aux mèches colorées, vous devez avoir déjà un certain recul sur le monde de l’underground
Trouvez-vous le statut d'intérimaire du Grind plus compliqué qu'avant (en raison de la disparition de structures, la difficulté de trouver des salles pour jouer), ou au contraire plus simple (en raison des facilités de communication et d'échanges) ?
Il est vrai qu'en 15 ans les organisations de concerts ont changé... Les salles ont changé, elles naissent, meurent, renaissent ailleurs avec souvent du mal... les assos aussi ont changé.
Les petites salles ferment au détriment des grandes qui n'acceptent pas forcément des concerts underground.
On pourrait dire que les concerts sont moins « roots » que dans les années 90 mais toujours aussi grind à vivre quand on a une salle sous la main bien entendu.
Maintenant nous parlons bien entendu principalement de Nancy, où nous habitons.


Ptiot avec son asso _PtioteaM_ organise pas mal de concerts depuis 2007. Ce sont les groupes qui le contactent via internet et on doit dire que grâce à ça nous avons pu découvrir de petits groupes français vraiment très bons.
Il apparaît donc clair qu'internet a permis à beaucoup de groupes de pouvoir jouer en dehors de leur région et même de programmer des tournées, ce qui était très difficile avant ; ce qui est un bon point selon nous.


Le grind s’accompagne souvent d’une prise de position radicale, en matière de politique ou d’économie ; est-ce également votre positionnement ?
Concevez-vous le Grind comme étant indissociable des revendications habituelles, ou bien envisagez-vous votre passion musicale autrement ?
Notre passion est musicale avant tout. Nous savons bien que le grind est associé à un état d'esprit, et nous en avons adopté certaines facettes. Nous ne sommes pas là pour déballer un discours politique, nous ne maîtrisons pas ce sujet. De ce fait, on n'a aucune morale à donner à personne.
Ce qui nous importe plus c'est que pendant que tu vas nous voir en concert, tu vas t'éclater sur notre musique à t'en faire oublier tes problèmes personnels, après on ne va pas encore rabâcher un discours qui va encore faire de la pub à ce qu'on dénonce...


Quels sont les groupes français qui t’ont mis la plus grosse baffe, récemment ?
Matt : Pour les albums sortis en 2011 : Benighted, Stupeflip, Wormfood
Vince : La scène Grind française d'une façon générale envoie du bon pâté, si je ne dois citer qu'un seul groupe, je dirais Infest.
Ptiot : Infest, Ratbomb
Jérémy : Le retour de Depraved !


Les mœurs/habitudes des fans de Metal (et de musique en général) ont radicalement évoluées en peu de temps. Quelle est votre ressenti par rapport au support physique (CD, vinyle) ?
On voit de plus en plus de groupes qui ressortent des vinyles aujourd'hui ; et parfois même uniquement ce support... maintenant qu'en déduire... ???
De plus en plus d'artistes mettent leur album en écoute, afin d'essayer d'enrayer le téléchargement... Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Pour ce qui est des groupes qui mettent leur album en écoute sur le net nous ne voyons aucun inconvénient à cela, ils sont propriétaires de leur musique et la balance le plus possible au public, une promo comme une autre qui porte certainement ses fruits.
Pour notre part certains membres du groupe étaient réticents à mettre « Charge This Wolrd » en écoute totale sur VS pendant quelques jours, surtout si tôt après sa sortie ; mais en fin de compte si on a cette opportunité, c'est que l'album a déjà plu. Et si en plus on a la possibilité d'être entendu par de nouvelles personnes ; sans mettre l'album en téléchargement ; alors l'idée et le concept ne pourra que nous être bénéfique.


L’underground est un mode de fonctionnement qui a connu son heure de gloire à l’époque du Tape-trading et des fanzines papiers ; aujourd’hui tout cela a radicalement changé.

Est-ce que vous pensez que l'underground est mort (et remplacé par le P2P et les sites Internet de tout type), ou bien au contraire qu'il n'a jamais été aussi vivant .. ?
Nous n'avons jamais été de grands adeptes des cassettes et fanzines papiers même si, bien entendu, nous avons plus ou moins baigné dedans pour écouter de la musique et maîtrisons de nouveaux groupes dans les années 90.
Aujourd'hui c'est tout à fait différent car avec internet nous avons accès à énormément de musique et de groupes...

Donc pour nous, non, l'underground n'est pas mort, mais il évolue avec le temps...


Une dernière question extra musicale : Êtes-vous préoccupés par l’état de la planète ?
Est-ce que vous essayez d'agir, à votre niveau, pour aider notre planète, ou tout au moins essayer de limiter nos impacts sur son état ?
Sans être réellement préoccupé au quotidien par cette problématique, on est le genre d'individu qui éteint la lumière quand il quitte une pièce, qui trie ses déchets, qui coupe l'eau quand il se brosse les dents, et qui construit des toilettes sèches dans son local de répétition (enfin, pour l'ancien local, le nouveau à de vraies toilettes !) !!
Sans militer, on sait rester responsable et respectueux.


Un immense merci à toi, à vous, à la fois pour vos réponses et pour votre album !
Je vous laisse conclure, si vous avez des dates de concerts prochainement, profitez-en pour les signaler..!


Merci à toi ! Nous n'avons, à l'heure actuelle, aucune date prévue... Ce qu'on peut donc dire c'est que nous sommes disponibles pour jouer, donc n'hésitez pas à nous contacter ! Et puis, on cherche toujours un label pour nous distribuer, s'il y en a un qui passe par ici...


(NdJu : Si, si, depuis la réalisation de cette interview, MASSIVE CHARGE a été confirmé sur la prochaine édition de L'OBSCENE EXTREME FESTIVAL, qui se tiendra les 12, 13 et 14 juillet 2012 en Tchéquie !)

--------------------------------------------------------------
Contacts : massivecharge@live.fr
Le site Oueb du groupe
Le profil social du groupe
La Kro du dernier album sur VS Ouebzine
--------------------------------------------------------------


Auteur
Commentaire
Aucun commentaire

Ajouter un commentaire

Pseudo :
Enregistrement Connexion







Proposez News | VS Story | F.A.Q. | Contact | Signaler un Bug | VS Recrute | Mentions Légales | VS-webzine.com

eXTReMe Tracker