Igor Omodei (Guitares/Production/Concepts) - UNEVEN STRUCTURE par ZESNAKE - 3259 lectures
Dans la grand-messe du Djent/Math-Metal/Metal Polyrythmique (choisissez l'étiquette selon votre convenance), un groupe franco-suédois vient de se démarquer avec un premier concept-album remarquable. Il s'agit d'UNEVEN STRUCTURE et de sa superbe offrande musicale nommée Februus, qui a eu l'honneur d'une Sélection VS. A cette occasion, il apparaît intéressant d'en savoir un peu plus sur l'univers musical et conceptuel du groupe, avec cette interview d'Igor Omodei, guitariste, producteur et tête pensante du groupe.


Tout d’abord, peux-tu nous présenter le groupe, ainsi que la signification du nom UNEVEN STRUCTURE ?
On est UNEVEN STRUCTURE, un groupe de post-quelque chose progressif ambient formé en 2008 et éparpillés sur la France et la Suède. On a choisi ce nom en pensant à certaines structures architecturales improbables.


On vous présente sur la toile comme un mix entre PINK FLOYD et MESHUGGAH. C’est un peu flatteur non ?
En effet, être comparé à un mélange des pères du metal moderne et du rock progressif, c'est vraiment flatteur et assez inattendu!


Comment s’est passée la genèse de Februus, de sa composition à son enregistrement, en passant par son évolution car j’ai pu lire que vous changiez constamment certaines choses ?
Februus a été réécrit trois ou quatre fois en trois ans. On a débuté avec l'idée de vouloir faire un album concept mêlant un metal orienté groove à du drone ambient et il nous a fallu du temps pour trouver l'équilibre qu'on cherchait. Généralement les idées de base sont passées à tabac et modifiées jusqu'à un point où elles n'ont pratiquement plus rien à voir avec le départ, notamment par le fait que chacun rajoute progressivement sa couche à la section bossée. Parfois ça mène à quelque chose d'exploitable, parfois non et souvent ça nous prend des mois à se fixer si c'est utilisable ou non, d'où les réécritures constantes. L'album étant auto-produit, on n'est pas limités par le temps studio. C'est très pratique parce que ça nous a permis de travailler le mixage et la compo de manière intriquée, l'une servant l'autre. Du coup la phase d'enregistrement s'est déroulée sur plusieurs mois.


J’imagine que l’influence de MESHUGGAH est importante sur la musique d’UNEVEN STRUCTURE. A quel niveau se situe-t-elle ?
C'est pour vous le groupe culte, l'idéal à atteindre ou ce n'est qu'une simple influence parmi d'autres ? Et d'ailleurs, quelles sont ces autres influences musicales ?
MESHUGGAH sont très intéressants pour nous car ils ont posé des bases sonores et règles très épurées. Ça nous permet ainsi qu'à d'autres groupes dernièrement de construire quelque chose à partir de cette base, on voit plus MESHUGGAH comme un point de départ qu'une finalité. Nos influences directes tournent autour de groupes de post-hardcore tels qu'ISIS ou ROSETTA, Devin Townsend, Trent Reznor et de nombreux artistes de drone ambient.


Y a-t-il des influences extramusicales qui ont contribué à la genèse de Februus, que ce soit au niveau des paroles ou de la musique ?
Il y a un peu de vécu, même si ce n'est pas retranscrit noir sur blanc dans les textes, des films tels que The Fountain et certainement un paquet d'autres choses dont on n'a sûrement pas conscience.


Peux-tu nous en dire plus sur le concept de Februus ? S’agit-il en quelque sorte d’un « tout », musique, artwork et paroles comprises ? A ce titre, que représente la pochette de Februus, ainsi que le nom de l’album ?
C'est un tout oui, le visuel, la musique et les paroles sont tous issus du même univers et essayent d'offrir des indices à l'auditeur pour un univers cohérent. Le concept traite du voyage d'une entité allant d'un point zéro à un état auto-suffisant, de plénitude. Februus nous paraît être une métaphore adaptée à ce voyage, c'est le nom d'un dieu ancien purgeant les morts et surtout l'allégorie de l'éveil après l'hiver vers un printemps prospère, les paroles s'appuient sur ça. Pour la signification de la pochette, on préfèrerait la laisser libre cours à l'imagination des auditeurs.


Les 10 morceaux qui composent Februus se suivent sans coupure. Considérez-vous Februus comme un album « à piste unique » ou les morceaux sont véritablement à distinguer les uns des autres, comme par exemple "Awe" qui est plus brutal ?
A la base Februus n'était qu'une seule piste, on l'a découpé en chapitres pour le rendre plus digeste et par chance la plupart des titres ne s'en sortent pas trop mal au niveau de leur structure une fois seuls. "Awe" est un peu particulière parce qu'elle s'appuie sur un "Buds" beaucoup plus en retenue, à un moment clé du concept. C'est sûrement ça qui donne l'impression qu'elle sort un peu du contexte.


Le second disque de Februus est entièrement ambiant. Quelle est son intégration au concept de Februus ? Y a-t-il un parallèle musical avec les travaux d’Aurélien Pereira dans WORC ?
Le disque ambient est en continuité avec le concept, c'est une sorte d'énorme trainée qui suit la fin de l'album, un écho flou au voyage. Aurélien écrit pas mal de drone et d'ambient pour ses projets persos mais ces derniers n'entrent pas dans le concept de Februus, à part When The Day Forms, qui était un prélude.


Vous avez réalisé un clip pour le morceau d’ouverture de Februus, "Awaken". Quelle en est sa symbolique, notamment au niveau des pentagones qui ornent souvent vos visuels ?
Tout comme pour la pochette, on préfèrerait ne pas imposer un sens, juste donner des outils suffisament forts et abstraits pour laisser libre interprétation aux auditeurs et enrichir la musique.


8, votre premier EP, avait été proposé en téléchargement libre, pourquoi cette démarche ?
Februus l'est aussi d'une certaine manière, disponible en streaming sur Soundcloud, Youtube et Spotify. On part juste de l'idée que de faire payer quelque chose que les gens ne connaissent pas ou ne savent pas s'ils vont apprécier un peu déplacée, c'est de musique dont il est question, pas d'un produit de première nécessité. De plus aujourd'hui ce n'est pas vraiment dur de trouver un album en téléchargement illégal, donc autant faciliter la tâche aux auditeurs et leur éviter de passer par des sites douteux blindés de popups pour accéder à notre musique.


Cet EP était assez brut et sombre, alors que Februus est plus progressif et atmosphérique. Pourquoi ce changement de style entre les deux sorties, peut-on dire qu’UNEVEN STRUCTURE est un projet multi-facettes ?
8 était juste fait de chutes de la première version de Februus, c'était pour nous une façon rapide de tester quelques-uns de nos outils de composition sans trop perdre de temps pour l'album lui-même. On a encore énormément de choses à explorer ou qu'on voudrait intégrer à l'avenir donc projet multi-facettes, sûrement oui! On verra vers quoi nous mèneront nos prochaines compos.


Matthieu Romarin d’ANANTA est désormais chanteur d’UNEVEN STRUCTURE. Comment votre collaboration a-t-elle débuté, vous êtes allé le chercher ou c’est lui qui est venu vers vous ? Pourquoi le précédent chanteur (Xavier Lorrans) a-t-il quitté le groupe ?
Xavier est un ami de longue date, il avait fait quelques essais à une période où notre line-up était balbutiant mais c'est finalement Daniel Ädel, un des chanteurs de VILDHJARTA, qui a chanté sur 8. Après la sortie de l'EP, on savait parfaitement que Daniel n'allait pas nous rejoindre et nous avons posé quelques annonces sur internet, Matthieu y a répondu et tout a commencé comme ça.


UNEVEN STRUCTURE compte 3 guitaristes dans ses rangs. Quels sont les rôles de chacun dans la composition des morceaux et l’apport d’idées, et comment arrivez-vous à créer une alchimie entre vous 3, et avec les autres membres du groupe ?
Aurélien écrit l'intégralité des ambiances à la guitare et quelques riffs, Jérôme est en support rythmique et je m'occupe des rythmiques et la structure des sections. Pour l'alchimie il n'y a pas vraiment de secrets, il faut beaucoup de temps! C'est aussi pour ça qu'on a mis trois ans pour finir Februus, le temps de se connaître suffisamment pour composer efficacement.


Le groupe est éparpillé entre Metz, Saint-Etienne, Montpellier et Stockholm. Comment arrivez-vous à vous organiser pour répéter et enregistrer ?
Pour enregistrer, on fait ça depuis chez nous, tout le monde a le matériel qu'il faut pour faire des prises guitare et basse (le gros est fait sur Pod X3 et Guitar Rig), Matthieu possède un studio où on part s'enfermer quelques jours pour faire des sessions pour les voix. Les répétitions se font en deux étapes, d'abord seuls pour maîtriser les parties à jouer et ensuite un jour à une semaine de répétition en groupe avant un concert pour construire l'alchimie. Tout s'organise quelques mois à l'avance pour bénéficier de bons tarifs pour les tickets d'avion. Ce n'est pas idéal et on passe progressivement à des répétitions de plus en plus régulières.


Comment a été entérinée votre collaboration avec Basick Records ?
Barley, à la tête de Basick, nous a contacté en mai 2010 et voulait avoir quelques informations nous concernant. Nous avons continué cet échange jusqu'en janvier, lorsque nous avons signé les contrats, puis avons été annoncés en mai 2011. Ça a mis un peu de temps mais ça nous a permis de savoir comment travailler ensemble dans de bonnes conditions.


En amont de la sortie de Februus, vous avez donné pas mal de concerts, notamment au Brutal Assault, à l’Euroblast et lors d’une tournée en Angleterre avec TESSERACT et CHIMP SPANNER.
Comment avez-vous perçu l'accueil du public, en particulier pour les nouveaux morceaux ? Que retiendrez-vous de ces dates ?
Sur ces dates nous avons uniquement joué Februus. On a remarqué un public essentiellement attentif à ce qu'on faisait et qui laissaient transparaître leur satisfaction uniquement pendant les transitions, c'était intéressant à voir. A l'Euroblast, l'accueil a été très différent, "Awaken" était sorti, beaucoup d'extraits de l'album étaient disponibles aussi, la salle était comble avec un public vraiment à fond. Tous ces concerts nous ont permis de beaucoup apprendre de la scène, ça a été très utile et ça nous permet aujourd'hui de savoir vers quoi se tourner pour le Live.


En quoi consiste la « Thalliance » que vous formez avec VILDHJARTA et THE TONY DANZA TAPDANCE EXTRAVAGANZA ?
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Que va-t-il se passer maintenant pour UNEVEN STRUCTURE, hors tournées ? A quoi peut-on s’attendre pour le prochain album ?
Hors tournées nous allons essentiellement passer notre temps à répéter et à continuer à écrire. C'est encore un peu tôt pour savoir vers quoi les nouvelles compositions vont nous mener, on préfère se concentrer sur le Live pour l'instant.


Quel est votre avis sur la scène Djent, et tous les groupes qui utilisent des sonorités polyrythmiques en général ? Vous considérez-vous d’ailleurs comme faisant partie de cette scène ?
Déjà est-ce que la scène "djent" en est une? On voit qu'humainement c'est plus ou moins le cas, tout le monde se connaît et personne ne se tire dans les pattes. Musicalement c'est peut-être moins le cas, il y a de tels grand écarts au niveau du style des groupes catégorisés "djent". On considère se servir d'éléments de composition venant de ce milieu mais ce n'est pas la finalité de notre musique.


Vous êtes très présents sur les réseaux sociaux facebook et Twitter. Selon vous, est-ce indispensable pour un groupe musical en 2011 que de passer par ces réseaux ?
Vous possédez également un site officiel, faites-vous partie des défenseurs de ce genre de site personnel ?
Pour nous, c'est indispensable. C'est un fantastique moyen de fédérer une communauté et de garder un contact proche avec cette dernière, de les mettre à jour. Pour le site personnel, nous en avons un oui, très dépouillé. L'intérêt de ce genre de plateforme pour un groupe de notre échelle est assez limité, mais on avait besoin de ce nom de domaine et surtout d'un espace de stockage en ligne pour travailler.


Quels sont vos coups de cœur en Metal cette année, quels albums vous ont marqués ?
The Long Procession de AMIA VENERA LANDSCAPE, un groupe de post-hardcore italien sur-agressif et émotif, parfaitement écrit de bout en bout, ça a été une immense claque. Je n'ai rien d'autre qui me vient à l'esprit, à part peut-être Måsstaden de VILDHJARTA, mais il faut que je le réécoute dans de meilleures conditions.


Merci d’avoir répondu à mes questions. Je te laisse le mot de la fin pour convaincre les VSeurs d’investir dans votre album !
Merci pour l'interview! Aux VSeurs qui sont arrivés jusqu'ici, écoutez notre album en streaming ou ailleurs et forgez vous votre propre opinion avant d'investir quoi que ce soit.




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