Milka - MY OWN PRIVATE ALASKA par PAMALACH - 3401 lectures
Après un premier album très remarqué, les Toulousains de MOPA nous reviennent avec un petit intermède acoustique tout droit sorti de leurs petits fours de la place du Capitole. Voilà une bonne occase pour aller retaper la discute avec Milka, que VS avait interviewé il y a plusieurs mois, juste avant leur prestation aux Arènes de Nîmes avec Metallica. Force est de constater que les choses ont pas mal évolué pour eux depuis cette date....


Salut Milka ! Avant tout comment vas-tu ?
Plutôt bien, merci !


Depuis notre dernière interview les choses semblent plutôt bien tourner pour MOPA. Peux-tu nous dire comment tu as vécu la tournée qui a suivi le premier album ?
Super bien. Des souvenirs incroyables. On a fait déjà 75 dates sur la tournée d'Amen, dans plus de 17 pays. A chaque fois, les réactions du public sont très entières. Les gens qui viennent découvrir MOPA sont la plupart du temps conquis, et les gens qui ne connaissent pas sont vraiment super accueillants, super humains, et au final souvent super fans. Les réactions qu'on obtient à la fin du concert sont vraiment incroyables. Spécialement à l'étranger, en Russie notamment, où nous générons réellement un gros buzz, sans trop savoir pourquoi là-bas spécifiquement... On a déjà fait 1h50 chrono d'autographes non-stop après un concert... Je me suis senti dans la peau de Jon Bon Jovi, c'est assez amusant. Les morceaux sont eux de mieux en mieux sur scène, nous nous lâchons de plus en plus, la musique n'en est que plus naturelle et évidente jour après jour, plus viscérale.


Y a-t-il eu des dates particulières qui t'ont marqué ?
Je me rappelle un gars en Lettonie qui s'est mis à genou devant la scène, pour prier, sur "Where did you sleep last night...". Ou encore les fans de Vigo en Espagne qui chantent "Ego Zero" dans les rues en partant du concert... Je me souviens de notre première fois à Moscou où nous avions été refoulés à la frontière ukrainienne 2 jours avant, on a dû annulé 2 dates, Kiev et Ryazan, et on a fait montre en main 60 heures de camion, en mangeant dedans, en dormant dedans, pour traverser la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne, la Lituanie, le Lettonie, le Russie, pour arriver 30 minutes seulement avant de jouer à Moscou... L'accueil était à la hauteur. Je me rappelle de mon oreille droite qui bourdonne à cause des gens qui hurlent au début de "Die For Me" car ils ont reconnu la chanson...


La dernière fois où on s'était parlé, vous n'aviez pas encore joué avec Metallica à Nimes (James Hetfield est d'ailleurs venu faire un petit tour pendant votre prestation pour vous voir jouer). Comment avez-vous vécu ce show ?
Tu as vu Ben Hur ? Gladiator ?... Pareil ! C'était très très impressionnant. On a fait le job, on s'est pas démonté ou laissé dépasser par la pression ou la peur, mais c'est clair que tu as un moment d'appréhension quand tu arrives au centre d'une arène devant 15000 personnes. Sur ces 15000, apparemment, 300/400 ont sifflé notre prestation. C'est toujours con car tu les entends les sifflets, plus que les silences des gens qui respectent et écoutent. Mais au final, c'est pas énorme. Je me rappelle de QUEEN ADREENA qui se fait siffler devant MANSON... Comme quoi.. Mais on a vu par la suite que la majeure partie des gens là-bas avaient apprécié ou au moins grandement respecté MOPA. Ils ont vu qu'on était sincères et entiers, qu'on envoyait le bois, qu'on était pas là pour faire du Clederman. Mais ils attendaient des grosses guitares et du gros métal, évidemment, donc ils étaient un peu frustrés, je les comprends. Ce qui est bien aussi c'est que Lars Ulrich a apprécié, apparemment, il est allé voir Yohan, notre batteur. Je ne sais pas ce qu'en a pensé James, apparemment, notre reprise de "Led Belly" l'a interpellé et il est venu écouter.


Parle-nous un peu de votre dernier opus. Comment vous est venu l'idée de ce projet acoustique ?
Notre attaché de presse nous avait proposé des émissions radios où il fallait jouer acoustique. On y a réfléchi et ça nous a intéressé de proposer des versions acoustiques de nos morceaux. On s'est tellement pris au jeu qu'on a réitéré l'expérience autour de mini concerts puis de concerts entièrement acoustiques. On ressent vraiment quelque chose de différent à chacune de ses prestations et c'est ça qui nous a guidés vers l'idée d'en faire un vrai CD. L'idée de développer plutôt le côté sensible et mélodique de MOPA était très intéressante. Le piano et les textes n'en sont que plus mis en avant, là où la version "normale" privilégie l'impact, le cri, la batterie, les réactions extrêmes.


Lors de notre dernière entrevue, je t'avais demandé si le fait de jouer avec la formule Piano – Chant hurlé – Batterie ne risquait pas d'être un peu enfermant à la longue (ta réponse avait été assez claire : tu étais persuadé de l'inverse). Est-ce que « The Red Session » est une manière de dire que MOPA est un groupe en perpétuel mouvement ?
Mouvement je ne sais pas. Evolution oui. Tout comme dans ma vie personnelle, j'essaie de ne pas être chaque jour le même homme, mais d'avancer, de progresser, de découvrir des choses. Il y a toujours cette fibre sombre et viscérale dans MOPA. En version électrique et normale elle est exprimée avec violence. Là, nous voulions tirer la substantifique moelle mélodique des morceaux tout en gardant cette noirceur qui est liée aux textes et au romantisme du piano. Nous ne sommes jamais effrayés quant à l'idée de tester de nouvelles choses, de jouer dans des contextes particuliers. En tant que musicien, ça t'oblige à te réinventer, à te dépasser, à être polyvalent, à ne pas t'enfermer dans des habitudes confortables qui cassent la spontanéité et l'urgence que le rock 'n roll se doit d'incarner.


Tu as toujours été un militant anti téléchargement illégal. Je t'avais vu d'ailleurs une fois sur scène dire en gros que tu t'en foutais que ta musique soit subventionné par Orange ou Neuf Telecom mais que tu préférais que ceux qui aiment ta musique te soutiennent en achetant des skeuds. Est ce que la démarche de MOPA qui propose trois version de « Red Sessions » en plus de pouvoir la télécharger légalement est une façon de continuer cette lutte ?
En quelque sorte. Depuis longtemps, je me bats pour défendre un idéal de société où les artistes vivent grâce les gens qui les aiment et qui achètent leurs chansons ou viennent à leurs concerts. Tout simplement. L'artiste est donc juste tributaire de son public, et de son succès sur celui-ci. C'est plutôt sain. Mais la révolution culturelle actuelle a fini de mettre à mal cet idéal. Aujourd'hui, quasiment personne n'achète de disques, encore moins les jeunes. Le concept même de payer pour écouter de la musique est étranger à la jeunesse. Ce qui est fou, car faire de la musique, ça coûte de l'argent. Nous avons voulu allier toutes les générations et toutes les visions de la musique dans ce concept de "SUPPORT AS YOU WANT". Pour la version digitale, les personnes donnent à MOPA l'argent qu'ils veulent pour avoir l'album "The Red Sessions". 1, 2, 3, 10, 100€... ou même 0€ s'ils ne veulent pas soutenir. Mais au moins, l'action vient de nous et pas de pirates qui mettent le travail des autres sur rapidshare en brandissant l'étendard de la liberté d'accès à la culture. Si les gens ne veulent pas payer pour MOPA, au moins qu'ils viennent sur notre site et qu'ils comprennent notre démarche, notre univers, notre musique, en même temps qu'ils la téléchargent. Le message passe mieux qu'en téléchargeant un .rar dans une liste de 1000 albums...


On connait tous ton background musical. Tu as toujours joué dans des groupes qui n'étaient pas « conventionnels ». Est-ce une volonté de ta part de jouer de la musique qui est « décalée » ou est-ce que c'est finalement un processus naturel pour toi.
Je crois que c'est naturel. Ce n'est pas calculé, mais en effet, tous mes projets ont toujours été en marge. Je crois que j'ai ce côté décalé en moi. Je relie ça à ce besoin de découverte et de renouvellement que j'ai. Je n'ai pas envie de créer un groupe en le calquant sur 150 modèles pré-existants. J'ai l'envie, de suite, d'apporter une petite pierre à l'édifice car j'ai eu une idée différente. Je n'ai jamais aimé la redite, ni dans ma musique, ni dans celle que j'écoute. J'ai du mal à comprendre les groupes qui font le même album depuis 20 ans.


Seriez-vous tenté par l'expérience d'une BOF ? Si oui avec qui aimeriez-vous travailler ?
Forcément oui. Je serais un peu en marge moi en tant que chanteur. Mais instrumentalement, ce serait super intéressant. Je pense forcément à Gus Van Sant, rien que pour "My Own Private Idaho". A Greg Araki pour le côté sensuel et sanguin. A Sofia Coppola pour le côté contemplatif.


L'autre jour, je regardais « En vivre est un problème » le très bon documentaire/Road Movie présent sur le digipack de l'album « We love you all » de Psykup. J'ai pas pu m'empêcher d'avoir un sentiment de nostalgie en repensant aux « Années Psykup ». Psykup semble un peu en stand by actuellement et Manimal semble avoir des difficultés à se trouver un label. En gros, tes anciens camarades semblent galérer plus que toi. Est-ce que ce coup de griffe du destin te peine pour eux ?
Je ne sais pas si on peut dire que ça galère pour MANIMAL. Ils prennent le temps de composer le meilleur album qui soit et de trouver les meilleurs partenaires pour la meilleure sortie possible. C'est plutôt une dynamique positive et de qualité. Ce qui me peine, c'est juste de les voir frustrés d'attendre que les tournées s'enchaînent car bouffer de la scène, c'est avant tout ce qu'ils aiment. Par rapport aux années PSYKUP, il est sûr que c'est un paragraphe de vie très différent d'avec MOPA car je tourne beaucoup plus actuellement, surtout à l'étranger, dans des lieux assez hétéroclites. A l'époque avec PSYKUP, on jouait surtout dans des salles françaises assez calibrées, assez confortables. Ca ne représente pas forcément l'ensemble des clubs et des salles qu'on retrouve ailleurs en Europe. La France, c'est souvent moins rock 'n roll. Plutôt hi-fi.



Dans le dernier show de Psykup (qui avait lieu dans le Tarn, 8-1 Represent) vous sembliez avoir à cœur que le final avec toi soit énergique et joyeux. Vous aviez joué de nombreuses reprises, notamment avec les mecs d'ULTRA VOMIT et aviez délivré une excellente prestation. Pas trop dur de gérer les émotions dans ce genre d'événements ?
Si. C'était pas évident. On voulait absolument, en tout cas moi, éviter la surenchère de nostalgie et de pathos. Je ne voulais pas non plus tirer la couverture sur ce show-là, comme sur aucun autre d'ailleurs. Mais c'était inévitablement spécial. Des morceaux comme "Rebirth" ou "Libido" étaient très forts émotionnnellement. C'était pour moi une belle aventure qui se terminait, et qui se terminait dans quelque chose de sain et de joli, pas en eau de boudin, comme ça arrive des fois. Ma fierté est là aussi. Dans le chemin parcouru, et dans la fin de l'histoire. Aujourd'hui, je peux le dire, avec fierté et peut-être démagogie, mais je m'en fous, que je pense qu'à l'époque, avec PSYKUP, on a su faire quelque chose de très frais qui manque aujourd'hui au métal français. En tout cas, je ne retrouve pas les riffs que me pondaient mes collègues à l'époque. Les guitaristes de PSYKUP ont vraiment mis une sévère branlée à la grande majorité des guitaristes de métal français, en terme de riffs. Contextuellement, à l'époque, PSYKUP, dans l'hexagone, évidemment ça sortait du lot.


Pour finir, j'aimerais bien que tu me donnes ton avis sur plusieurs artistes « Metal » qui n'ont pas eu peur de défier les conventions du binaire. Ça te branche ? On commence avec Mike Patton...
Un artiste en même temps éminemment respectable et aussi assez surestimé je trouve. J'étais fan des albums de FAITH NO MORE des années 90. "King for a Day", "Album of the Year". Les MISTER BUNGLE sont incroyables aussi, surtout "California". Mais ça fait 10 ans que je trouve que le monsieur tourne un peu en rond. Et il ne représente pas du tout l'idéal rock'n roll que j'apprécie, c'est finalement assez policé depuis un bail. Très crooner décalé. Trop peut-être. A force de chercher perpétuellement à se dédouaner de FAITH NO MORE en mettant du deuxième degré dans tout ce qu'il faisait, je trouve qu'il perd en pertinence. J'aurais bien aimé voir son premier degré des fois.


Angelo Moore ?
Un des mecs les plus généreux sur scène que je connaisse. Hors scène, il est vraiment cool par ailleurs. Très allumé mais très positif. Ce n'est pas directement ma culture, vocalement, mais j'ai des albums, que je respecte, comme "Give a Monkey a Brain", etc. Sur scène, t'es jamais déçu avec FISHBONE.


Grady Avenell (Will Haven)
Un artiste entier pour moi. Ce n'est pas un technicien vocal. C'est juste un mec qui va hurler comme un abruti jusqu'à se péter la voix, sans calcul ni mise en scène, sans démagogie, sans recherche de virilité ridicule comme souvent dans le métal. Tu écoutes l'album WHVN, c'est fou comme il perd sa voix au fur et à mesure des titres et ça en est presque touchant. Il y a la poésie et la brutalité dans WILL HAVEN.


Devin Townsend ?
Je l'aime beaucoup dans STRAPPING YOUNG LAD. C'est un super guitariste. J'aime un peu moins sa voix. L'album est "City" est monumental notamment. Il a ce côté en marge des grosses machines américaines toutes aseptisées niveau métal, et rien que pour ça il m'est sympathique. J'apprécie moins le registre heavy metal voire prog qui donne à sa voix un grain très connoté, très daté et un peu fake pour moi. Surtout quand il s'aventure dans des registres plus guillerets comme OCEAN MACHINE. En même temps, il a ce côté hard rock ancré en lui, il a quand même bossé avec Steve Vai. Du coup, ça flirte avec le mauvais goût des fois, et d'autres fois, c'est tout simplement monstrueux. Moi, je vote Detox ou S.Y.L sur le premier.


Merci à toi Milka. Le mot de la fin est pour toi.
Les artistes ont besoin du soutien de leur public. Soutenir n'est pas collectionner des mp3.
Merci aux webzines qui se font chier à construire des chouettes interviews, c'est de plus en plus rare, merci VS, très sincèrement !


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