Olivier Jubénot - SAW par PAMALACH 77 - 1728 lectures
Quand VS rencontre Saw, c'est avant tout pour parler du petit dernier "Bipolarity" et non pour parler d'un malade mental qui torture des pauvres gens... mais peut-être que le tueur de Saw était Bipolaire après tout ?


Vous venez de publier votre premier album "Bipolarity", après une première demo "Paranoia" qui avait bien intriguée à l'époque. Malgré la déjà grande qualité de votre première démo, du chemin semble avoir été effectué quand on écoute le petit nouveau !
Peux-tu nous parler de votre progression ?
Le groupe a beaucoup évolué en 1 an. Les morceaux sont devenus plus extrêmes dans tous les sens, les parties calmes sont plus calmes et les parties énervées le sont plus également. Il faut néanmoins savoir que l'enregistrement de cet album a débuté en décembre 2008 pour se terminer en avril 2009. Nous avons mis énormément de temps à sortir ce CD, par conséquent, nos prochains morceaux seront plus évolués que ceux présents sur ce CD.


Pourquoi avoir choisi le metal comme moyen d'expression ?
A la base le métal était avant tout pour nous, notre style de musique favori. C'est donc le style musical qui nous est automatiquement venu en jouant. Mais au début du groupe, nous étions plus dans un registre death simple et nous avons choisi de nous séparer un peu de cette branche, même si nous gardons certaines parties death dans nos titres, pour nous orienter vers un style plus général, avec des parties plus calmes et d'autres plus violentes. Nous considérons maintenant faire une musique entre du métal et du post-rock.


Quels sont les groupes qui ont influencés Saw ?
Le groupe SAW tire ses influences de nombreux styles de musique. Nous pourrions par exemple nommer Textures pour citer certaines chroniques, mais aussi Decapitated ou Bloodbath pour le death, ou encore Architect, Between The Buried And Me, ou encore Trepalium pour les groupes plus modernes. Tout cela pour ne citer que le metal, nous sommes ouverts à plusieurs styles de musiques, nous écoutons autant du E.S.T pour le côté jazz, ou encore Agua De Annique pour la pop. Je peux aussi citer pêle-mêle The Killers, Opeth, Incubus, Gojira, Envy, Amenra, Tool, All Shall Perish, Protest The Hero…


Saw est un groupe technique qui semble beaucoup travailler sur les mises en place et la rigueur rythmique. Qu'est-ce qui vous plaît dans ce côté Math rock ?
Ce côté Math Rock permet de pouvoir se lâcher au niveau des compositions, il n'y a rien d'écrit vraiment, pas de tempo précis à respecter, pas d'obligation « couplet/refrain », même si nous préférons pour certains morceaux, suivre ce schéma, il est intéressant de pouvoir composer sans avoir à s'affranchir de certaines contraintes.


Vous foutez un sacré bordel musicalement et pourtant vous n'êtes que quatre. Est-ce que vous vous sentez bien dans cette configuration ou est-ce que vous allez recruter un autre guitariste, un jour ?
Suite à l'enregistrement de l'album nous avons fait quelques dates puis nous nous sommes rendu compte que si la formation 4 musiciens était adaptée pour les anciennes démos, plus brutes, elle n'était plus du tout adaptée au nouvel album. Nous avons fait le choix d'un album avec plus d'arrangements que nos premières démo, il nous a fallu donc recruter Etienne à la guitare pour compléter ce vide dans la formation. Et ce choix s'est ensuite confirmé avec les concerts qui ont suivi. Une deuxième guitare permet de renforcer les mélodies, ainsi que les rythmiques pendant les solos par exemple.


A l'écoute de votre musique et de votre univers, j'ai un peu de mal à comprendre pourquoi vous avez choisi "Saw" comme nom. Pour beaucoup de personnes, cela fait référence au célèbre film d'horreur, qui, quoi qu'on en dise, n'est pas le chef d'œuvre
du siècle. Pourquoi un tel choix ?
Nous avons à la base choisi ce nom, car nous faisions un death metal très alambiqué et déstructuré. L'idée du puzzle (jigsaw) correspondait assez bien à notre musique. Même si cela est moins le cas à présent, nous ne nous voyons pas avec une autre identité. Je tiens néanmoins à préciser que nous n'avions pas vu le film avant de choisir ce nom.


Vous expliquez dans votre Myspace que vous alliez brutalité et émotion, et c'est vrai que cela se ressent dans votre musique. Mais étant donné que c'est aussi une formule utilisé par énormément de groupes, qu'est-ce que tu penses que vous apportez de
personnel dans ce mélange brutalité/émotion ?
Nous essayons de rendre les parties mélodiques vraiment belles et puissantes et les parties brutales vraiment violentes, nous n'apportons peut-être rien de plus que certains groupes, mais nous le faisons à notre manière. Nous essayons de garder un brin de mélodie, même dans les musiques les plus brutales. Certaines le sont juste plus que d'autres.


Vous avez clairement un côté planant voire psyché dans votre musique. Est-ce une manière d'aérer votre musique, riche en arrangements complexes, en laissant l'auditeur se reposer un peu sur des plages plus tranquilles ?
Nous ne faisons pas de parties planantes uniquement pour reposer l'auditeur. Bien sûr, elles sont utiles sur ce point, mais nous essayons par ces parties, de réellement proposer quelque chose de beau et mélodique, sans quoi le morceau serait inachevé. Ce sont aussi nos différentes influences qui se ressentent probablement dans ces morceaux. Une envolé aérienne dans un morceau est parfois la partie la plus touchante du titre, nous ne voulons pas juste être brutaux, mais vraiment présenter plusieurs facettes du groupe, d'où le « Brutalité et Emotion ». Nous voyons les deux parties comme bien distinctes et utiles, et non comme si l'une devait servir à soulager, ou présenter l'autre…


Vous semblez être un groupe motivé et confiant dans sa musique. Est-ce que le succès de certains de nos groupes nationaux vous encourage à redoubler d'efforts pour tenter de faire "carrière" dans la musique ?
Bien sûr nous essayons de tendre vers la professionnalisation, mais vivre de la musique de nos jours, dans le milieu métal est quasi impossible, nous souhaitons tous en arriver là, mais sans nous faire de faux espoirs, nous vivons notre musique au jour le jour, nous faisons quelques projets, nous nous investissons à fond, et nous verrons bien où cela nous mènera.


Vous faites souvent références dans vos textes à la maladie mentale. Pourquoi ce sujet en particulier ?
Ces textes sont une sorte d'introspection, une analyse de tous les défauts que peut avoir un être humain, mais de façon exagérée, ils me permettent de mieux m'analyser et éventuellement de changer certaines parties. Je conçois l'écriture comme une catharsis, et l'utilise pour mieux saisir les subtilités du comportement humain.


L'artwork de "Bipolarity est superbe". Peux-tu nous en parler un peu ?
C'est Olivier, notre guitariste qui s'est chargé de l'artwork, nous voulions par celui-ci, représenter la bipolarité, avec la distinction entre le blanc du milieu et le sombre des bords, le ciel et la terre. C'était notre conception « visuel » de la bipolarité. Nous voulions une pochette qui se voit dans un rayon, avec des couleurs qui tranchent de ce qui se fait habituellement dans le métal.


Un petit mot pour les lecteurs et lectrices de VS ?
N'hésitez pas à aller écouter notre musique sur notre myspace, et soutenez-nous en venant à nos concerts. Merci beaucoup à ceux qui auront eu la patience de lire cet article et continuez à soutenir la sphère métal.


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