Bart (Voix/Guitare) - BIRDS IN ROW par CROWN_ME - 1927 lectures
Grosse grosse nouvelle saveur de la scène hardcore/crust/blahblahblah française, les passionnés (et passionnants, slurp) lavallois de BIRDS IN ROW ont accompli en quelques mois une sacrée ascension qui les aura menés aux quatre coins de l'Europe.

Après la sortie de leur premier EP "Rise Of The Phoenix" et en attendant une nouvelle ogive pour la rentrée, voici un petit entretien avec Bart, hurleur-guitariste du trio.



Commençons classique; une petite présentation pépère, pour ceusses qui n'auraient pas encore porté une oreille sur vos méfaits?
On est trois. De Laval. On a commencé il y a un an et on a fait 60 concerts pendant cette année, en Europe mais majoritairement en France forcément. On a sorti en début d'année notre premier EP appelé "Rise Of The Phoenix", soutenu par 4 labels européens (The Grass Was Never Green, I For Us Rds, Free Edge Conspiracy et Distorted Charly Brown) et un label américain (Vitriol Records).


Deux d'entre vous sont issus de Sling69, formation disparue y'a un peu plus d'un an mais à laquelle Birds In Row a directement embrayé le pas. N'empêche que ça fait pas bien longtemps que le groupe est sur pied et vous êtes déjà en train de vous rouler
une bosse plutôt enviable; comment faites-vous pour que tout cela se passe aussi vite?
Bah disons que déjà à la base, les contacts de Sling69 ont aidé. On a commencé à répéter dès la semaine après le split de Sling et on a enregistré notre premier titre, "Phoenix", la semaine suivante. On a donc fait un myspace puisque c'est là que ça se passe en ce moment et que je n'avais pas le temps de nous faire un site (ce qui devrait arriver d'ici peu), et on a commencé à faire tourner l'adresse. Les gens ont bien aimé et on a commencé à nous proposer des concerts. Deux mois après notre formation on a fait notre premier concert. On avait en tête dès le début d'aller très vite et c'est ce qu'on a essayé de faire. Première tournée en compagnie de Parween en octobre 2009, pendant 10 jours. On a répété énormément, 2-3 fois par semaine. Et voilà, on a fait un peu de route très vite ce qui nous a permis aussi de lancer la machine j'imagine. On a la chance pour certains d'entre nous de ne pas avoir de loyer à payer et d'être plus ou moins nos propres patrons, ça aide à avoir des dispos !


Entre le groupe, la sérigraphie, l'organisation de concerts, les artworks, et je dois en oublier, vous démontrez un certain désir d'autogestion, c'est ça votre idéal à terme, le DIY intégral?
Ouais, je pense qu'on peut dire ça. Mais en même temps, c'est un idéal mais aussi un constat. On est jamais mieux servi que par soi-même et ça coûte souvent moins cher. Et c'est surtout l'idée qu'on a envie de tout contrôler au maximum: on booke nos tournées nous-mêmes pour savoir où on met les pieds, avec qui et pour avoir un rapport plus humain avec les organisateurs en général (pas comme les gros groupes qui débarquent, jouent et se cassent); on fait notre artwork parce que clairement c'est l'image de notre musique et que, comme certains d'entre nous ont des capacités là-dedans, on va pas s'empêcher de mettre une image personnelle sur une musique qu'il l'est tout autant; on fait nos sérigraphies (patchs, t-shirts, papier) pour pouvoir vendre sur notre stand quelque chose qu'on a réellement produit et pas un disque qui sort d'usine comme des marchands de disques, c'est pas ça notre envie. On réfléchit à financer nos disques nous-mêmes et c'est là que ça pèche le plus. Pour notre premier EP, on a fait le choix de le financer avec des labels qu'on connaissait plus ou moins bien, et qui étaient réellement intéressés. Mais dans le futur on aimerait pouvoir se débrouiller par nous-mêmes à ce niveau-là aussi. Alors après, ça a l'air un peu extrême comme démarche, mais c'est la nôtre et celle de bien d'autres groupes avant nous, et on ne juge pas les autres qui font les choses différemment.


On va pas vous coller l'étiquette "engagé" parce que de nos jours, enfin du moins pour moi, c'est un gros mot, mais le groupe semble basé sur des convictions, allant au-delà du simple domaine musical...
Ouais voilà. Quand tu dis engagé aujourd'hui ça sonne comme un adjectif de punk à chien qui crie à l'anarchie en ne faisant rien de constructif derrière (le cliché quoi). Mais ouais je pense que dans notre démarche, nos discours, on est engagés, on a des convictions et on y tient. Parce que pour nous la musique qu'on fait est indissociable de nos convictions. On fait des choix dans nos vies par rapport à ce qu'on pense être juste ou meilleur pour nous, c'est normal que notre musique (et tout ce qui tourne autour) en soit le reflet. On est pas rentré dans le DIY par mode ou par dépit (même si clairement ça nous facilite les choses dans certains cas). C'était une évidence pour nous puisque c'est une démarche qu'on adoptait déjà dans nos vies à la base.


Avec le temps considérable que vous consacrez à votre art, je me doute que Birds In Row implique des sacrifices au quotidien, des renoncements... Comment arrivez-vous à concilier une passion aussi chronophage et les obligations d'une vie """"normale""""?
Bah justement, je pense qu'on se met pas mal en marge d'une vie "normale"... On pourrait pas tourner autant avec seulement une année d'existence si on avait un CDI à plein temps, qu'on était marié et avec des gamins sans doute... Après on a pas envie de se marier et d'avoir des mômes, ça tombe bien. On a tous orienté nos vies autour de la musique parce que c'est au-delà de la passion. C'est dévorant mais en même temps on en arrive à penser que c'est tout ce qu'on a. Si un jour Birds in Row s'arrêtait, on trouverait un autre projet dans lequel s'investir. Voyager, jouer tous les soirs, entre potes et partager des moments avec des inconnus qui deviennent des proches... on se sent parfois plus chez nous sur la route que dans notre bourgade. C'est une sensation assez étrange, difficile à expliquer, il faut le vivre quoi. Aujourd'hui, on fait plus de musique qu'on ne travaille et ça marche à peu près. On est toujours sur le fil du rasoir, les thunes manquent mais au moins on fait ce qu'on aime. Et il y a des solutions à tout. Alors partant de ce postulat, on préfère trouver des solutions à des problèmes qui nous intéressent que de choisir la solution la plus simple mais la plus meurtrière pour nos moraux.


Vous vous êtes déjà demandés quelle gueule aurait vos vies si vous n'étiez pas tombés dans la musique?
Tout le temps. On est plutôt du genre à se remettre en question en permanence, dans tout ce qu'on fait. On sait qu'on fait ça parce que c'est ce qui viscéralement on est, mais bien sûr, en croisant des potes de lycée mariés et parents par exemple, ça fait réfléchir. On serait sans doute tombé dans des voies de garage et on vendrait des sèche-linges... nan ahah. On est un peu trop misanthrope pour être dans le commerce. Mais je pense qu'on aurait fini par faire quelque chose de passionné tout pareil en fait. On est des gens passionnés à la base, et que ce soit dans la musique, ou d'autres arts, on agirait de la même façon. Sans doute pas avec la même démarche, parce que certaines de nos convictions viennent de rencontres qu'on a fait dans le milieu de la musique, mais j'pense que ce serait sensiblement pareil. On arrive vraiment pas à s'imaginer employés du mois dans une start up ou quoi. De la même façon, j'imagine qu'on aurait tous voyagé d'une manière ou d'une autre parce que c'est aussi ce qui nous attire dans le fait de tourner. Bref, on y pense en permanence mais je crois qu'on en conclue toujours la même chose : on en chie mais on est bien là où on est.


Et dans dix ans, vous vous voyez toujours là? Ou vous cramez consciemment votre capital-énergie en sachant que ça ne pourra pas toujours durer?
Dans dix ans je ne sais pas pour Birds in Row. Mais pour ma part et celle des autres (je pense pouvoir parler en leur nom), on fera toujours de la musique clairement. C'est une forme d'addiction, de besoin insatiable et on finirait toujours par trouver un moyen de faire de la musique. J'ai vraiment connu T. quand il est arrivé dans Sling et qu'il avait plus de groupes. Il est venu faire du punkrock alors que concrètement c'est pas sa came musicalement et voilà ... Il avait juste besoin de "ziquer". Dans dix ans on sera fatigués mais on aura toujours le même leitmotiv je pense.


Au niveau des chroniques, et c'est une bonne chose, j'ai l'impression que l'on a un peu de mal à vous cerner. Etiquettes hardcore, emo, punk, crust, sludge... Quelles sont les comparaisons/affiliations qui vous semblent les plus pertinentes?
C'est vrai que c'est bizarre mais il semblerait qu'on ait du mal à nous poser une étiquette. C'est plutôt un compliment. Le fait de faire des concerts dans des scènes différentes c'est génial: on passe du hardcore moderne au crust, au screamo en passant par le post-rock ou le métal ... c'est fou. On vient nous voir tous les soirs en nous disant "Vous, vous kiffez Neurosis !", "Ah j'ai adoré les parties Malady !!!" ou "Y a un truc à la Sonic Youth dans ce que vous faites !"... C'est assez marrant. Par exemple, Neurosis, on aime tous mais on le placerait pas dans nos influences directes. Malady, Converge, Modern Life Is War ou Envy déjà plus. Et encore, c'est tellement différents comme influences que c'est pas perceptible je pense. Déjà, j'imagine qu'on a la chance de pas réussir à reproduire certains schémas qu'on kiffe (par manque de technique sans doute) et ça fait qu'on fait notre truc à notre sauce quelque part. Après, clairement on est dans une musique punk / hardcore / crust à la base. Et on a un côté sombre qui s'approche beaucoup du sludge ou du doom. Du coup, on a le cul entre plein de chaises et c'est plaisant.


Et actuellement, y'a quoi qui tourne chez vous?
Heirs - Alchera
Fucked Up - Chemistry of Common Life
Les Thugs - As Happy As Possible
Fall Of Efrafa - Owsla / Elil / Inlé
Cursed - I / II / III ...
Our Father - Wasted Time - Sunday EP
Burning Love - Don't Ever Change / Demo
Lewd Acts - Black Eyes Blues
God Is An Astronaut - Age Of The Fifth Sun
Comity - ... As Everything Is A Tragedy
Dangers - Messy isn't it ?
Sleep - Holy Moutain


Vu que vous devez fourmiller de sémillants projets, y'a moyen de savoir ce qui se trame pour Birds In Row durant les prochains mois?
Alors on doit enregistrer un EP 4 ou 6 titres (on sait pas encore) en juillet. Ca sortira en CD et si ça intéresse des labels, on tentera une sortie vinyle. On part en tournée avec nos potes de I AM A CURSE (excellent groupe de screamo avec des membres de Last Exit To Brooklyn, à surveiller !) en octobre dans les pays de l'Est. Sans doute en Espagne également. On essaie de booker ça avec Aguirre mais rien de confirmé ! Une tournée UK est prévue en janvier avec Dead End un groupe écossais. Et si on a de la chance cette fois on pourra partir outre-Atlantique après... on devait faire ça cet été mais ça a dû être reporté ! Et voilà, on aimerait s'enfermer pendant un mois dans une maison écartée de tout pour composer notre premier album. On cherche toujours. Si quelqu'un a une maison en aout à nous prêter en campagne, où on puisse jouer jusqu'à pas d'heure... on est preneur !


De tous les concerts que vous avez déjà pu faire, si vous pouviez en isoler deux, votre meilleur et votre pire souvenir?
Bah c'est dur à dire. Des fois les pires souvenirs deviennent les meilleurs. Comme ce soir où on jouait avec As We Draw et Pigeon à St Brieuc. On s'est fait dégager par le barman parce qu'il y avait trop de matos et que ça lui faisait peur et on a fini à jouer dans la cuisine de Punky (bassiste de Sling69) au milieu de la campagne mayennaise devant une quarantaine de potes avertis au dernier moment. C'était magique. Le pire souvenir qu'on ait, c'est pas tant un concert, c'est surtout d'avoir perdu notre camion en Allemagne après la première date de notre tournée européenne avec Parween. Ca a été un grand coup au moral. Mais les concerts qui ont suivi en valaient la peine. Le pire concert de cette tournée était sans doute Milan, où j'ai pété ma voix et un mec a essayé de forcé le van de location qu'on avait pris... Mais à côté de ça il y a des magnifiques souvenirs partout. Jouer avec des groupes qu'on kiffe comme Defeater ou Aussitôt Mort c'était mortel, jouer avec Braveyoung et City of Ships dans une maison en construction au milieu de la Vendée c'était magique, jouer devant 80/100 kids en Pologne alors qu'on est personne, c'était incroyable... Dans cette soixantaine de dates, j'en jetterais aucune, je crois.


Merci pour vos réponses; avant de vous souhaiter bon vent, on va quand même vous laisser le mot de la fin (qui peut aussi être une phrase hein)...
Il y a pas grand-chose à dire si ce n'est qu'on pousse les gens à construire des choses plutôt que de passer son temps à détruire ce que font les autres. On est dans un milieu où le talent et la technique ne sont pas le plus important, tout le monde peut le faire. On remercie jamais assez les gens qui nous soutiennent, en venant aux concerts qu'on joue ou qu'on organise, qui achètent nos disques pour nous aider à mettre de l'essence dans le camion, les groupes qu'on croisent avec qui on passe des moments incroyables humainement... tous les acteurs de cette simili scène dans laquelle on évolue et qui nous permettent directement ou indirectement de réaliser ce dont on rêve depuis toujours. Soutenir et créer, c'est sans doute ce qui permet de ne pas sombrer dans la débilité ambiante.


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