Le Pacific Rock est une jeune salle de concert située du coté de Cergy (95) et qui depuis un an a déjà vu passer des groupes comme Tokyo Blade ou GUN.
Son gérant, Olivier, me reçoit afin de me raconter son parcours et sa vision du métal français.

Pouvez vous me décrire votre activité ?
Je suis gérant de l'entreprise SARL Pacific Rock Production, je suis aussi ingénieur du son et musicien (dans le groupe Faster 69).
La société a un an.

Quelle est votre journée type ?
Une journée type ? Il n'y en a pas. J'ai des journées atypiques car j'ai des activités très variées dans le Pacific. On est toujours un peu à l'arrache, dans le rush tout le temps. Donc je peux très bien m'occuper d'aller faire les courses, m'occuper de la programmation des groupes. De faire des travaux, des interviews, de la communication. Tout est mêlé. Bien sûr, il y a une partie administrative, car il faut que je regarde ce qu'il y a sur les mails, au courrier.
Il peut m'arriver de ne faire pendant trois jours que des travaux, pendant deux jours que de la programmation.
J'aime bien ce coté ''être dans l'urgence'. Mais des tas de gens seraient stressés.
Je dors à peu près 3-4h par nuit, le reste du temps je travaille. Ça vous donne une idée de l'ampleur.

Quel a été votre parcours avant de devenir gérant du Pacific Rock ?
Musicien, à la base, dans le rock métal. Je le suis toujours avec mon groupe Faster 69. On joue peu en France, plutôt en Allemagne, Luxembourg, un peu en Espagne.
Après, en me penchant sur les enregistrements que l'on devait faire, j'ai appris le travail d'ingénieur du son, j'ai monté un studio d'enregistrement associatif, j'ai fait beaucoup d'associatif en fait. On enregistrait des groupes locaux.
Puis j'ai commencé à chercher un local pour monter un bar-concert. Et j'ai trouvé ce local là (celui du Pacific Rock, nda).

Combien de personnes travaillent pour vous ?
C'est beaucoup d'intermittents du spectacle, de stagiaires et de bénévoles, car sous le Pacific Rock il y a une association qui s'appelle SMD qui comporte beaucoup de bénévoles.
En tout il y a 10 à 15 personnes.

Concernant la programmation musicale de la salle, y a-t-il autre chose que du rock et du métal ?
Non. C'est rock-métal. On a eu des propositions de la mairie de Cergy, une fois ils nous ont demandé d'organiser un concert de Jazz donc on leur a dit qu'ils étaient commanditaires, on a été chercher un artiste de Jazz manouche et on a fait un concert jazz manouche.
J'adore d'autres styles musicaux mais je trouve que le style rock-métal n'a pas de vrai lieu, c'est toujours la dernière roue du carrosse, alors pour une fois, ils sont mis en avant…

Quels sont d’après vous les avantages et les inconvénients de votre travail ?
Est-ce que c'est un inconvénient de beaucoup travailler ? Ça peut. A partir du moment où on n'arrive pas à faire autre chose et qu'on a plus de vie à coté. Moi il me reste encore un petit bout de vie.
J'en rigole mais avant d'avoir le Pacific Rock je travaillais autant. C'était sur autre chose, je faisais de la guitare toute la journée, ou de la technique dans mon studio d'enregistrement, toujours en train de brancher un truc…
Je me retrouve à être patron, avec des gens qui étaient proches. Les relations passent donc de sympathie à des rapports patron-employé, et ça, ça ne me fait pas vraiment plaisir.

Les avantages… je ne les vois pas non plus. (rires) Si, quelques fois je côtoie des gens qui sont un peu plus « connus ».

Quand on veut devenir gérant d’un lieu tel que le Pacific, il y a-t-il des formations, des choses à tester avant ?
Il y en a beaucoup qui ont essayé de faire des concerts rock, les trois quarts se sont vautrés. Il faut faire partie du milieu, évoluer dans le monde du rock. Connaître un peu qui sont les bons ou mauvais groupes.
Après, je ne connais pas de formations, il faut faire partie de ce milieu là.
Ce serait bien dans le futur qu'il y ait une école pour le management dans le monde du rock, le problème c'est qu'on en est très loin.

Le conseil que vous donneriez à quelqu’un qui veut suivre votre voie ?
Je leur conseillerais de ne pas la suivre ! (rires)
Non, qu'est ce qu'il faut ? Il faut arriver à convaincre quelques financiers, quelques banques.

Comment voyez-vous l’avenir du Pacific Rock ?
J'espère rose ! Mais je pense très difficile.
En France l'histoire du rock-métal ressemble à celle de Don quichotte, on passe son temps à se battre contre des moulins à vent. On espère tous que ça bouge mais il ne faut pas se tromper de cible. On va donc continuer de se battre mais il se peut qu'à la fin ça fasse comme tous ceux qui se sont lancés là dedans depuis 10 ans, car si rien de neuf ne vient se faire autour, à la fin on ne fera plus du rock, on fera du concert en général, ce qui serait dommage

Depuis 30 ans, 50 ans ? En France rien n'a perduré dans le rock, à part Johnny qui a réussi à se faire de l'argent où sont les autres ? Mais si on regarde l'Angleterre ou les Etats-Unis, ils ont plusieurs artistes qui jouent dans des stades. Il y a toute une économie, une industrie derrière les Phil Collins, KISS, U2, AC/DC Metallica etc..

En France on n'a rien réussi à faire vivre !!
Le rock est complètement anglophone et ça a toujours bloqué chez nous. On a du mal à faire avec.

Avez-vous une anecdote à raconter ?
Non j'ai pas ça, en plus je suis très mauvais pour raconter des histoires

Quelque chose à ajouter ?
Que le métal Français sorte de son élitisme.
On ne veut pas faire de la musique pour tout le monde et il faudrait dépasser ce cap là. Le rap a réussi, pourtant la musique n'est pas vraiment qualité et les paroles rarement. Mais ils ont su nous vendre ça.

Tout le monde veut faire de l'associatif mais ça ne mène à rien si il n'y pas d'autres structures. C'est une industrie qu'il nous faut construire.


Liens : http://www.pacificrock.fr
http://www.myspace.com/faster69paris