Julien Guicherd - METIERS: JULIEN GUICHERD - VIRGIN TV par OROR 404 DE A JETER PROM - 4037 lectures
C’est à la cantine de ma boite que je remarque Julien. En effet, je croise généralement peu de gens portant un tee shirt Ultra Vomit dans les bureaux, alors je ne peux que venir lui faire un compliment sur son choix vestimentaire.
Découvrant peu de temps après que c’est lui qui est derrière les manettes, entre autres, d’une des rares émissions métal de la télévision française, Metal Nation sur Virgin 17, j’ai décidé de vous faire partager son univers.



Description du travail
Mon travail consiste à choisir les clips à jouer dans une journée en fonction du marché de la musique et des gens à qui elle s'adresse.
Je dois déterminer quels clips doivent passer le plus souvent, les enchainements les plus judicieux. Quel clip ? Et à quel moment ?
Un seul but : faire de l'audience


Pourquoi avoir choisi ce métier / quel a été ton parcours ?
Plus jeune, je voulais absolument travailler dans la musique, et aussi à la télé, j'ai trouvé qu'une chaîne musicale était un bon compromis.
J'ai commencé par être animateur sur une radio associative (Radio Brume Lyon) où je passais quelques disques de Métal et réalisais mes premières interviews (Metalslam).
J'ai ensuite été embauché sur une radio commerciale (Radio Scoop Lyon) en tant que réalisateur pour le morning.
Une fois qu'on a mis un pied dans le « milieu » on vous propose facilement d'autres opportunités, j'ai donc saisi l'occasion pour apprendre la programmation musicale.
J'ai eu ensuite la chance d'être embauché par le groupe MCM pour en faire mon métier principal, j'ai commencé par la chaîne MCM TOP, puis MCM France (sur le Cable Satellite) avant de passer en TNT sur Europe2TV qui est devenu Virgin 17 par la suite.


Peux-tu me décrire une journée type ?
Je raisonne plutôt en semaine type. Le lundi, avant midi, il faut que j'envoie la programmation définitive du mardi. On ajuste par exemple en enlevant ou ajoutant des clips pour bien que telle ou telle émission parte à l'heure, ou que le prime démarre bien à 20h30.
On travaille sur un outil qui s'appelle SELECTOR, un logiciel historique que tout le monde dans le monde utilise pour programmer les clips.
Après on commence à programmer la suite pour prendre de l'avance.
On prépare aussi ce qui n'est pas programmation pure, on va donc concevoir les classements, comme le RNB 15. C'est nous qui le faisons en fonction des passages radios, des ventes, des votes des téléspectateurs, de l'audience et aussi de la notoriété de l'artiste.
On a aussi des rendez vous avec des maisons de disque. Par exemple on va chez eux pour écouter les nouveaux albums en avant première, on voit avec eux ce qu'on peut faire comme événement dessus. C'est beaucoup de contacts comme ça.
Dans la semaine on a aussi des réunions sur les audiences, où on peut savoir si c'était pertinent de jouer tel ou tel titre à certaines heures de la journée.
On peut avoir des surprises, bonnes ou mauvaises. On peut avoir l'impression qu'un clip a cartonné alors que le résultat va être décevant, et inversement.


Concernant l’émission de métal, son audience est elle bonne ?
Métal Nation n'est pas une émission qui fait forcément de l'audience mais il y a un coté bénéfique pour la chaîne car elle fait de l'image c'est-à-dire qu'en tant que chaîne musicale on ne peut pas se permettre d'ignorer qu'il y a d'autres musiques que Rihanna et Christophe Maé.
Métal nation permet donc de toucher un public différent, et on a parfois de bonnes surprises.
Le problème du métal c'est la promotion. A l'inverse du hip-hop, les labels (Majors) ne travaillent pas assez les artistes. Et on n'a pas vraiment de média métal comme Skyrock a été pour le rap et le hip hop. Sans ça on aurait au moins cinq groupes français comme Gojira.


Quels sont d’après toi les avantages et les inconvénients de ta fonction ?
L'avantage c'est par exemple d'écouter toutes les musiques que vous voulez au bureau, ça peut être le dernier Mariah Carey comme le dernier Marduk. Jamais mon chef ne viendra m'enlever le casque en me disant « hey ! On se concentre ».
J'ai deux télés dans mon bureau, branchées sur des chaînes musicales, dont la mienne, que je surveille pour vérifier qu'il n'y ait pas de problème d'habillage ou de programmation.
C'est un avantage aussi – même si ça arrive de moins en moins- de recevoir les albums et d'avoir des places de concerts.
On découvre des nouveaux talents dans le grand public, c'est une satisfaction personnelle de se dire « ça va marcher » ou si ça ne va pas le faire.
Et puis, on bosse dans la musique, je crois qu'il n'y a rien d'autre à dire. On est dix en France à faire ce métier. Ce n'est pas que la paillette, c'est dur, mais comme n'importe quel métier.

Les inconvénients c'est qu'on se rend compte de l'envers du décor. La musique ça doit rester un art, une passion. Ca ne devrait pas tomber dans le business mais on est sur une chaîne commerciale, il y a des règles à respecter. On se rend compte que certains groupes sont ''mal travaillés' (en terme de promotion -NDA, la France est étranglée par des contraintes (Quotas imposés par le CSA), qui l'empêche d'être aussi intéressante que d'autres pays.


Comment peut on se former à ton métier ?
Il existe des formations payantes, qui sont extrêmement chères.
Sinon, c'est la motivation qui va permettre de montrer aux gens qu'ils peuvent croire en vous. Il faut avoir un bon niveau en informatique et en anglais technique. Il faut aussi savoir mettre ses goûts personnels de côté, ne pas jouer Green Day à la place de Katy Perry parce qu'on préfère Green day mais se demander ce que veulent voir les gens.
Moi je n'ai pas fait d'école de radio mais une école de cinéma. Ca n'a pas vraiment de rapport avec mon métier, à part pour le son. Le plus important, le prétexte en fait, c'était la convention de stage. Et une fois qu'on a mis un pied dans le milieu, on peut commencer à se faire connaître, par notre sérieux. Même si c'est au début pour marquer des références sur des cassettes.


Pour finir, as-tu une anecdote à raconter ?
Alors oui, je ne citerai pas le nom mais il y avait un rappeur très connu qui est passé me présenter son clip. Sur le moment je ne l'ai pas reconnu. On a maté son clip et j'ai commencé à le reconnaître, et là je me suis dit mince, je connais un peu l'historique de ce gars là, je sais qu'il a fait de la prison.
Et son clip, je ne pouvais pas le jouer, c'était trop hard, le CSA aurait refusé.
J'ai donc passé 3 minutes 14 à me demander comment expliquer à ce type que je ne pourrai pas diffuser son clip.
C'est déjà arrivé des embrouilles dans le métier. Des bagarres.
Pour moi ça s'est bien fini, il a compris, et on avait une autre chaîne à qui le proposer. Mais c'est toujours délicat.

Sinon en fait marquant il y a eu la mort de Mickael Jackson, où je me suis retrouvé à courir dans la rue à 7h du mat pour aller changer toute la programmation de la journée.


un dernier mot ?
Oui, une parenthèse sur Les iPools

C'est la nouvelle façon de promouvoir la musique. On envoie plus les CD, désormais ce sont des albums qu'on télécharge. Soit titre par titre, soit par pack.
Il n'y a que le métal qui fait ça. Je travaille avec le hip hop, avec la dance, l'électro, personne d'autre n'utilise ce système.
C'est bien un mal propre au métal, il se complique encore la tâche.
Les inconvénients, c'est par exemple que pendant qu'on télécharge, ça s'interrompe. Ensuite la session était considérée comme expirée.
C'est plus froid, on a plus le CD, le livret, l'univers de l'artiste.

Liens : http://www.virgin17.fr





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