Vous venez de sortir votre 3ème album chez Osmose, pourriez-vous présenter le groupe à ceux qui ne vous connaîtraient pas.
I.L : Les bases de Reverence ont été posées en 1998. Après deux démos, deux splits avec Blut Aus Nord ont suivis.
Le premier album « Industrial Mental Concept » est sorti en 2005 sur Deadsun Rec.
2007 verra l'arrivée de V.R (Offending, Asmodée, Sael) à la batterie et la sortie de « Chamber of Divine Elaboration » produit par Avantgarde Music et enfin en 2009 « Inactive Theocracy » pour Osmose Productions.
Depuis 2008 plusieurs dates ont été organisées, notamment en compagnie de Darkspace, Hegemon, Asmodée, Setherial, Orakle, Carnal Lust…
Le line-up a également changé cette même année avec le départ de Aym et l'arrivée d'Eguil (ex Lyzanxia) comme bassiste.

Pour cet album, vous êtes retournés chez nous en signant chez Osmose. Qu’est-ce qui avait motivé à l’époque votre escapade chez Avant-Garde ?
I.L : La même chose qui a motivé à signer avec Osmose ; un bon catalogue et un travail qui paraît respectable.
Mais aujourd'hui le constat est simple : être sur un label français est un avantage certain pour la communication.

Je trouve votre nouvel album plus direct et dans le même temps plus complexe dans les structures, plus chaotique par moment. Est-ce que ce choix était purement musical ou est-ce que la thématique de l’album qui vous a poussés sur ce chemin ?
V.R. : Je dirais pour l'aspect direct qu'il y a en effet plus de passages typiquement metal extrême que sur "C.O.D.E." mais en revanche, les parties plus complexes et chaotiques vont plus loin dans l'expérimentation. De cette manière notre « palette » de climats et d'atmosphères s'est élargie. Cela s'est fait naturellement même si nous en sommes totalement conscients.

Puisqu’on est dans la cuisine, comment se déroule l’élaboration de l’œuvre? De quelle base partez-vous (un riff, un sample, etc.) et est-ce que Reverence est une dictature ou une démocratie ?
V.R. : Même si les grandes lignes rythmiques me sont suggérées, je compose et construit mes parties de batterie et y apporte ma vision. Nous nous connaissons suffisament bien et savons comment Reverence doit sonner, du coup le travail d'arrangement est très démocratique.
Eguil : Reverence est axé sur le talent de chacun et non que sur celui d'un seul .
Même si I.L est à l'origine des morceaux, nous pouvons nous exprimer comme bon nous semble.

Pour la deuxième fois consécutive, vous vous rendez chez Neb Xort pour produire votre son.
Pourtant, on remarque que le son est fort différent du précèdent. Je le trouve à la fois plus organique et plus ample. Tout en gardant la froideur, le son apparaît presque solaire voire atmosphérique.
Est-ce que ce choix était arrêté en entrant au studio ou cela s'est-il décidé au fur et à mesure de l'enregistrement ?
I.L : Le choix de la production était déjà arrêté à l'entrée en studio. Nous voulions le son le plus acoustique et puissant possible tout en le mettant au service de la musique. Eviter le trigg, les effets inutiles, les guitares sur-compressées… étaient les premiers critères.
Avec les 9 mois qui se sont écoulés depuis la fin de l'enregistrement de cet album, je crois vraiment que nous avons fait les bons choix, que le résultat est vraiment optimal
Xort a fait une nouvelle fois un travail énorme, il s'est impliqué de façon très personnelle dans cette production et a répondu à notre attente.
V.R. : Concernant particulièrement la batterie, cette production beaucoup plus naturelle permet de s'exprimer d'avantage et du même coup de mieux servir chaque climat de la musique.

De même, on note une mise en valeur bien plus importante des vocaux. Ces derniers ont-ils été compliqués à mettre en boîte et était-ce une manière d’humaniser votre musique ?
I.L : La structure des morceaux laissaient naturellement plus de place pour les parties vocales, aussi bien pour les voix extrêmes que les chants clairs. Pour l'enregistrement, il n'y a pas eu de complications particulières, tout c'est bien déroulé.

On remarque deux invités de marque (Hreidmarr et DK Deviant). De quelles manières cela a-t-il affecté la composition des titres où ils apparaissent ?
Par exemple, est-ce que l'aspect très sombre de "The Axis of Horror" était déjà décidé avant la participation de DK Deviant ?
I.L : Les titres étaient déjà composés lorsque nous avons proposé à Hreidmarr et Deviant de contribuer à l'album.
L'idée de les inviter est venue d'elle-même : durant la phase de composition, l'apport de voix différentes sur certains passages s'est fait ressentir, avec un type de chant bien précis.
J'ai très vite pensé à Hreidmarr pour « When the Light Blossoms » et Deviant pour « The Axis of Horror ».
Hreidmarr a apporté ce qui l'avait déjà distingué à l'époque d'Anorexia Nervosa, quant à Deviant, il s'est beaucoup impliqué dans le projet.
Nous avons décidé d'écrire les paroles de ce titre ensemble, apportant deux dimensions bien distinctes au sujet traité ici. Ses lignes de chant sont typiques de ce qu'il fait dans Arkhon Infaustus, à savoir sombres et violentes.
Notre facon de voir l'élaboration musicale est similaire, à tel point que Deviant m'a proposé de rejoindre les rangs d'Osculum Infame pour la reformation du groupe, proposition que j'ai accepté.

Qu’est-ce qui vous a poussé à évoquer la thématique de l’humain face à sa finitude et son délabrement ? Est-ce que l’Inactive Theocracy peut se rattacher à un concept existentialiste ?
I.L : J'ai tout simplement abordé un sujet qui pour diverses raisons me tient beaucoup à cœur et duquel beaucoup de questions résultent…
Ceci est un sujet très contreversé, la vie après la mort ou juste une fin totale…
Cet album retrace plusieurs facettes de ce sujet en exposant le devenir de la dépouille mais également du dernier instant, du passage de la vie physique à la vie spirituelle avec tout ce qui peut en découdre, du moins ce que l'imagination peut en interprêter.
Je pense que beaucoup de personnes ont leur propre idée sur le sujet, qu'elle soit favorable ou pas à l'existence d'une vie après la mort, mais au final personne ne peut réellement démontrer si oui ou non il y a bien quelque chose, ceci n'est qu'une histoire de foi profonde et personnelle.

Quelle est la prochaine étape ? La composition d’un nouvel album ou aurons-nous la chance de vous voir défendre cet album lors d’une tournée près de chez nous ?
I.L : Depuis la fin de l'enregistrement de « Inactive Theocracy » en mars et avril dernier, du nouveau matériel a été composé, je prends le temps de laisser mûrir, de le faire évoluer jusqu'à ce que je conçoive le but à atteintre.
Nous devons enregistrer en cette nouvelle année notre reprise d'Enslaved pour le "Önd – A Tribute to Enslaved" qui doit sortir pour les 20 ans du groupe, sur Pictonian Records.
Quant au sujet d'une tournée, c'est un projet qui, nous l'espérons, aboutira bientôt.
L'opportunité de jouer live avec Reverence est récente. Nous avons mis du temps à nous décider, j'ai aussi été pendant longtemps refractaire à cette idée.
Reverence est très dur à performer sur scène. Ceci est dû au grand nombre d'arrangements guitares, et n'étant que trois cela devient vite un problème.
Nous avons donc fait appel à un guitariste session pour les dates en la personne d'Heimoth (Seth, Code, Decrepit Spectre) qui nous suit depuis notre première date.
Nous adaptons également certains titres pour la scène, les jouer comme sur album serait impossible.

Une question particulière à I.L. Où en est ton projet ambient, Mord ? Est-ce qu’il y a un projet de sortie chez un label ?
I.L : Ce projet avance, mais a été rebaptisé Leben Ohne Licht Kollektiv. Un premier CD sous ce nom est sorti, intitulé « No Links With… » il y a quelques semaines sur le jeune label UG français Frozen Wing Records. « No links With… » a été enregistré en 2007, le projet a été mis de côté un certain temps mais je suis content qu'il soit enfin disponible.
Un prochain CD sera sûrement produit avec du nouveau matériel cette année ainsi qu'un split également.

Histoire de compléter ma discothèque, quels sont les albums qui vous ont le plus retournés ces derniers temps ?
I.L : Emperor : "Live Inferno", Körperwelten : "Avatars of Rape and Rage".
V.R. : Opeth : "Watershed", Clutch : "Stange Cousins From The West", Suffocation : "Blood Oath".

La question idiote : Apparemment, vous êtes fans de Silent Hill. Quel est votre volet préféré de la série et pourquoi ?
I.L : Le premier volet sorti en 1999 m'avait vraiment marqué de par l'ambiance qui s'en dégageait : à la fois sombre, planante mais aussi pesante, froide, c'était vraiment ce que je recherchais, c'était tout un univers à la source intarissable qui s'ouvrait devant mes yeux.
La bande son a aussi été une revélation en terme de sonorité.
J'ai donc planché sur ce jeu pendant longtemps en attendant la suite.
Silent Hill 3 et 4 ont été de très bons volets également avec des scénarios et des ambiances comme à l'acoutumé : fouillés et développés à merveille.
Ce jeu dans son ensemble est très certainement ma première influence, tout confondu.

Je vous remercie d’avoir pris le temps de me répondre. Y a-t-il une question à laquelle vous auriez aimé répondre et qu’on ne vous pose jamais ? En tout cas vous avez le dernier mot. Merci.
I.L : Merci à toi.