- KLANG !!! par MADRIGAL - 2298 lectures
“On a du sucer pour payer l’album”... Non, on ne s’abaissera pas à résumer cette interview du très bon groupe Klang, effectuée récemment, par ce type de phrase racoleuse, ce n’est pas notre genre! Car ce groupe Lillois qui vient de sortir un énorme premier album “After The Silence” ne peux être résumé à une phrase débile. Certes le groupe est composé de rigolos mais leur musique, elle, est méga-sérieuse, très efficace, honnête elle mérite plus que la simple découverte. La scène métal Lilloise à toujours été productive, Klang s’inscrit directement dans ce postulat et va encore plus loin, plus haut, plus fort... C’est trop beau ce que je raconte...

Entretien avec Ludwig et Ben (guitares) par Madrigal.



Alors, la première question sera assez simple pour commencer. Quand on connaît la scène métal lilloise, on connaît forcément Klang. Du coup on se dit ENFIN ? le premier album de Klang...
Ludwig : Nous aussi on se dit ça et avec un point d'exclamation! (rires). C'est sûr que Klang n'est pas né d'hier. Faut repartir de la démo sortie en 2002. Certains morceaux datent de 1999, c'est pour dire. C'est sûr qu'il y a eu beaucoup de changements de line-up, les aléas de la vie d'un groupe, des remises en question et finalement on a eu un beau coup de bol car on s'est réunis à un moment où on a su aplanir les choses, de travailler de façon plus raisonnable. Ca a failli ne pas se faire aussi. 2 ans avant on avait Bourrick le batteur de Tri(balles) à la batterie et j'avais déjà contacté le studio Fredman et un an avant d'enregistrer il a décidé d'annuler. On a donc dû tout refaire à 0 avec Marc à la batterie. Ca dû tout décalé.
Ben : Du coup ça n'a pas été facile cette situation. Il a fallu stabiliser le truc. Il a fallu que Marc se les approprient car on ne peut pas repartir comme ça aussi facilement.
Ludwig : Bref, il a eu plein de mouvements dans Klang. Cyril qui est parti en formation pendant 1 an aussi. On est 7 donc faut gérer (rires).


Ca vous fait quoi finalement de sortir ces morceaux après si longtemps sachant que ces péripéties vous ont forcément apportées aussi quelques chose. De la maturité forcément, vous avez tous la trentaine donc plus d’expérience...
T'as raison, c'est clair. C'est une évidence de dire qu'on aurait pas fait cet album-là il y a 5 ans. Si on reprend la démo, on voit forcément qu'il y a des éléments en commun mais c'est pas la même interprétation. Ce sont mes riffs mais les musiciens sont différents donc ça change. Et puis nos goûts musicaux ont évolué donc ça a un impact inévitablement. J'ai découvert par exemple il y a un an Made Out Of Babies et je pense que j'aurais peut-être pas aimé il y a 5 ans. Inconsciemment ce genre d'événements imprègne forcément ta musique.


Tous les morceaux ont 10 ans ou pas?
Non, il y a de tout franchement. 3, 4 ans... D'ailleurs tu aurais dû le savoir toi qui a vu le DVD (rires) car tous nos titres sont sur le DVD. Bon OK, ils sont un peu cachés par contre (rires). Si tu vas sur une des sections pas évidente au départ, faut le dire, il y a 14 titres dont ceux de la démo et ça permet de voir leur évolution. En fait les titres ont tous entre 3 et 10 ans.
Ben : Y'a vraiment "Göteborg" qu'on a bossé sur la fin. On est un groupe qui travaille vraiment à fond ses morceaux. On ne jette rien et on bosse sur le fond, jamais vraiment en impro.
Ludwig : Y'a que "INHIBITIONS" qu'on a bossé en une répète. Mais en général notre façon de fonctionner ne colle pas avec un boulot à finir une fois en studio par exemple... Déjà pour se retrouver tous en répète on a du mal vu qu'on est tous éparpillés donc on cadre vachement notre boulot pour être focalisé vraiment sur ce qu'on doit faire.


A quel moment vous vous êtes dits que les morceaux étaient prêts et qu’il fallait enregistrer?
On se le dit jamais en fait... ou on se le dit tout le temps (rires). Finalement on est jamais prêt quand il le faut (rires).


Il a bien fallu booker le studio à un moment surtout que tout s’est fait à différents endroits...?
Ca s'est fait chez moi en fait, à la ferme d'en Haut à Villeneuve d'Ascq et chez Feeling à la batterie. C'était un vrai challenge d'ailleurs de morceler tout ça... A part chez Feeling où le studio était booké pour 7 jours donc il ne fallait pas déconner, on bossait à fond, pour le reste c'était plus quand on le pouvait et c'était plus rock'n'roll donc (rires). On a même oublié d'enregistrer des harmonies comme des cons...


J’ai vu, et c’est vrai que ça m’a rappeler ma jeunesse, que vous avez eu des subventions par Domaines Musiques? Je ne savais pas que ça existait encore?
Oui c'est vrai (rires). Tu sais qu'on a postulé 3 fois avant de les avoir ces subventions. Ils sont ultra exigeants pour ça. D'ailleurs sans eux l'album n'existerait pas sous cette version. On aurait pas pu faire ce qu'on a fait sans Domaines Musiques.

C'est surtout que vous vous êtes offerts ''le luxe'' de faire le mixage en Suède aux studios Fredman chez Nordström et le mastering en Finlande au Finnvox?

Carrément...(rires). Il y avait deux raisons à ça. Un côté événement car ça en jette quand même de pouvoir le faire et ensuite c'était surtout pour se faire plaisir. On est allés en Suède et franchement le studio de l'extérieur fait tout pourri dans un quartier craignos. Tu parles aux gens du studio Fredman et ils te regardent avec de grands yeux alors que pour nous c'est un mythe. Donc on a bien halluciné... Le gars de la pizzeria d'à côté ça lui disait rien (rires).

Et côté son réellement, comment qualifierais-tu leurs apports?

Le résultat final est le résultat de toutes les étapes. Tout était super important. Ce qui m'a le plus bluffé, c'était le mastering et aussi parce que j'y connaissais rien en mastering. Ca a vraiment été incroyable. On savait ce qu'on voulait, on avait notre son en tête mais après faut savoir l'expliquer aux autres. Donc savoir expliquer en anglais ce qu'on voulait, c'était une épreuve...


En tout cas ils ont compris tout de suite que vous étiez gays...?
Oui, non, mais ça c'était clair. On a tout de suite annoncé la couleur. Et puis il y avait une attirance mutuelle pour être honnête (rires).
Ben : Ben quand il nous a vus, ça l'a vachement excité, du coup on est rentrés dans le jeu... Bref on a payé en nature...
Ludwig : Enfin surtout toi!!! Moi j'ai filmé... (rires) Précise bien quand même que c'est Ben qui a payé en suçant... je ne mange pas de ce pain-là...(rires).

Bon et le deal avec Season?

En fait c'est grâce à Geoff de Metal Obs qui connaît bien un des gars et qui lui avait filé une rough version donc du coup on a signé leur contrat car ils ont aimé...(rires). Ils ont pris 500 digipacks de ce qu'on avait pressé. Sur les 1000...

Pour vous il faut que le premier album marche pour qu'il y en ait un 2ème?

Complètement. Financièrement parlant si ça ne marche pas ce sera tout. Vu ce qu'on a accompli avec le premier album, pour faire mieux, et on voudra faire mieux, il faudra encore un gros son, donc c'est cher. On aurait pas le droit de sortir moins bien...
Ben : faudra encore sucer quoi... (rires).


Pour vous et si vous écoutiez votre musique pour la première fois, quelles influences ressortiraient le plus?
Bêtement on pourrait se dire Textures alors que votre groupe existe depuis bien plus longtemps que la sortie de leur premier album, mais pour vous?
Ludwig :
Pour moi toutes les comparaisons se valent. C'est une question de culture musicale et de références personnelles. D'ailleurs c'est drôle car dans la première chronique qu'on ait lu de notre album, on nous a comparé à Pleymo!!! Merde (rires). C'est hallucinant et déplacé, pour autant le chroniqueur n'a pas eu tort en fonction de sa vision des choses et de sa culture musicale. Bon moi j'ai vachement rigolé... (rires). Ce qui ressort le plus en comparaison c'est The Dillinger Escape Plan et c'est drôle car je ne suis vraiment pas fan... Ca fait plaisir car c'est un groupe super respectable mais c'est étonnant...
Ben : Quand tu écoutes du Dillinger tu peux être perdu la première fois. OK nous on fait du destructuré quelque part mais je pense qu'il faut y aller pour être perdu en écoutant notre musique.
Ludwig : On a un vrai côté surprenant dans l'enchaînement des riffs mais tout est lié, plus organique et moins copier-coller. Il y a un vrai fil conducteur dans chacun de nos morceaux. Et notre son est pareil, ça sonne lié. Le mastering est un peu crade et en même temps la prod finale a un son organique et clair. D'ailleurs c'est quelque part une frustration pour moi car si tout avait été possible j'aurais aimé faire une prod différente pour chaque morceaux ou trouver des groupes de morceaux pour faire ressortir des émotions différentes par morceaux. La finalement c'est trop unifié... compliqué hein? (rires).

Il y a quand même des variations. Prends le morceau "Oktober", qui est plus simple d'écoute on va dire mais en même temps super bénéfique pour l'album, il apporte une vraie variété?

Oui je suis d'accord. Et puis ça nous a fait super plaisir de faire ce morceau. Klang ne fait pas de morceaux plus classiques couplet refrain/couplet refrain et pourtant j'adore en écouter, ça fait du bien de temps en temps. Du coup avec "Oktober" c'était super de faire un truc du style. J'aimerais bien d'ailleurs aussi qu'on réussisse à pousser le truc plus loin, on verra. J'aimerais bien un jour aussi faire un album cool et album bien bourrin dans un double CD et dans lequel il y aurait une vraie cohérence.

Bon maintenant que l'album est sorti, c'est quoi l'objectif?

On aimerait bien faire une tournée. On a envisagé de poser des jours de congés et partir à droite à gauche. Pour autant on préférerait se greffer sur une tournée en première partie d'un groupe que de faire 30 dates éparses. On sera 10 sur la route et avec vie de famille et boulot donc l'idée est que si on prend des jours de congés pour faire une tournée ce sera dans ce cadre-là.
Ben : on attend les propositions (rires)
Ludgwig : demain si SUP par exemple me propose un truc, je fonce dessus. Ce groupe est un exemple pour moi. Ils ont leur concept, des super lights, une musique tripante et ce serait bien faire un truc avec eux. Pour chaque album ils se font chier à sortir un digipack, quelque chose qui a de la gueule, non vraiment ce groupe est un modèle... Après je ne nous vois pas devenir les prochains Gojira donc on aura jamais une tournée avec de gros groupes...


Mais si cette reconnaissance arrivait ? Vous pourriez changer votre vie complètement ?
Les 7 vies sont différentes dans Klang. Certains pourraient le faire, d'autres voudraient le faire mais clairement c'est du 50/50 donc faudrait des changements dans le line-up. Pour l'instant de toute façon la question ne se pose pas donc... Et puis notre line-up c'est que des potes donc c'est super comme ça...
Ben : moi je suis la pute du groupe, ah ah ah... (rires). I'm the biatch... (rires).
Ludwig : il en faut une de toute façon, moi je suis le gros méchant (rires). Le line-up actuel est vraiment bon donc aujourd'hui on est bien et on reste sérieux... En tout cas on ne veut pas griller les étapes... On est tous d'accord pour un minimum de promotion de l'album, après on verra.

Y'a Loudblast qui repart sur les rails, ce serait cool pour vous de jouer avec eux?

Oui et non. Humainement oui car on est potes et on les adore, au niveau de leur public non car j'aurais vraiment peur qu'on se fasse lyncher...

Niveau lyrics, même si la question est chiante, tu peux nous parler un peu des thèmes?

Bon déjà c'est moi qui écris toutes les paroles, à part "Göteborg" écrite par Stras, un des chanteurs... D'ailleurs faut savoir que j'assume plus mes paroles que mes riffs (rires). Même si certaines peuvent être vues comme naïves, je les assume toutes car elles sont vraiment profondes et ont toutes plusieurs niveaux de lecture. Elles parlent d'introspection, d'altérité, et du regard de l'autre sur toi, donc forcément de moi en fait... Et c'est toujours fait de manière cinématographique...Tu peux le prendre comme une simple histoire mais si tu creuses un peu tu découvres autre chose notamment dans le rapport avec les autres.

Bon un nouvel album déjà en préparation, ne serait-ce que niveau morceaux?

Ben : Ouais ça sort dans 3 mois... j'ai fixé les limites (rires).
Ludwig : Si on veut être raisonnables et même si on ne peut pas prédire l'avenir et si on veut être efficaces, il faudra qu'il sorte au plus tard dans 2 ans.

Bon le succès va vous gagner bientôt, vous avez fait une couv avec Betraying The Martyrs?

(rires) Ouais d'ailleurs on est un peu passé à la trappe. On m'avait prévenu avant et j'avais dit ce que j'en pensais. La couv est marrante à cause du titre ''Disposable Heroes'' mais j'ai rien à voir avec ce groupe. A titre personnel, leur look je m'en fous, leur musique ne me fait ni chaud ni froid mais c'est pas pourri. Le seul truc que j'ai détesté c'est leur passage chez Evelyne Thomas où ils ont été pitoyables... Le reste je m'en fous. On n'a pas le même mode de communication, que ce soit au niveau de l'envie ou de l'éthique si on peut dire. C'est un bien grand mot. Bref chacun son truc... (rires).


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