Michael Schindl, vocaliste/guitariste - IMPURE WILHELMINA par DIXIE WHISKEY - 2154 lectures
A l’occasion de la sortie de son album « Prayers and Arsons », Impure Wilhelmina a bien voulu répondre à quelques questions, histoire de nous éclaircir un peu sur le pourquoi et le comment, sur le passé du groupe et son futur, ainsi que sur plein de questions complètement connes que votre serviteur leur a concoctées sous l’influence d’un bourbon bien connu dont le nom commence par un Jack et finit par un Daniel’s. On vous laisse vérifier par vous-mêmes la bêtise du gratte-papier et le sérieux d’un groupe dont l’actualité fera, sans conteste, parler durant l’année 2009 et, on leur souhaite, plus encore…
Salut les gars, d’abord un petit historique pour nos lecteurs. J’ai lu que c’était votre septième sortie (splits inclus), il y a donc du boulot de rattrapage pour les gens qui, comme moi, ne vous découvre qu’avec cet excellent « Prayers and Arsons ».
Voici une bio qui « résume » (hem...) tout, écrite par Caedes, co-responsable de la compilation « Falling down ». Biographie par Caedes:
Cuite monumentale et innommable? Ou humour helvète? Quoi qu'il en soit, Impure Wilhelmina est un groupe genevois formé en 1995, composé de deux paires de frangins: les frères Schindl, avec Michael (guitare/chant) et David (batterie), et les frères Baertschiger, avec Thierry (guitare) et Didier (basse). Si les aspirations originelles peuvent se résumer à faire « des reprises de Nirvana et Metallica, et pour arrêter le VTT », le groupe passera néanmoins rapidement à la composition. Les deux premiers morceaux à sortir de leur local figureront sur un 7" sorti en 1997, suivi du MCD « Undressing Your Soul » sorti en 1998 et de leur premier, et impressionnant, full-length « Afraid » sorti là encore, l'année suivante.
C'est en 2000 que le groupe va connaître son premier changement de line-up avec le départ de Didier, remplacé par Mathias Perrin au poste de bassiste. Le groupe décide néanmoins de persévérer et continue sur sa lancée: premier split avec Ordeal, première collaboration avec Serge Morattel (qu'ils ne quitteront plus…) et première signature avec l'un des plus prestigieux labels suisse Division Records. Désireux de ne pas s'arrêter en si bon chemin, le groupe se met à composer le successeur d'"Afraid". Le résultat sortira en avril 2003 via les labels Waiting for an Angel (Amanda Woodward, Blockheads, Overmars) et Space Patrol Records (Kraken Oxen), ce dernier ayant été créé spécialement pour cette sortie, sous le doux nom « I can't believe I was born in july ». Les comparatifs sont à partir de cet album de plus en plus difficile à trouver. Ce deuxième full-length sera l'occasion pour le groupe de partir à deux reprises sur les routes: la première tournée sera en compagnie de Weeping Mind Of Silence en juin 2003 et la deuxième aura lieu en janvier 2004 en compagnie d'Overmars.
La formation se retrouvera par la suite dans une situation délicate: deux des membres originelles, David et Thierry, vont devoir quitter Genève pour des raisons personnelles.
(NDLR : Whaou !! Heureusement que je n'ai pas demandé un grand historique !!merci Caedes ! )
Souhaitant enregistrer un dernier album ensemble, ils enfanteront d'un album à la sensibilité rarement égalée: « L'amour, la mort, l'enfance perdue ». Reprenant le duo Serge Morattel/Glenn Miller déjà présent via leur précédente sortie, l'album sortira en avril 2005 en version CD sur Space Patrol Records et en version double LP, bénéficiant d'un nouvel artwork, via Cetacean - D'ici à la réalité. Une page de l'histoire d'Impure Wilhelmina sera tournée avec cet enregistrement.
Deux nouveaux musiciens vont alors remplacer ces départs, Mario Togni (ex-Meridian) derrière les fûts et Alexandre Müller (ex-Swoan), Michael (que l'on peut également retrouver dans le all-star band Vancouver au poste de chanteur) restant le seul membre originel du groupe. Pas résignés pour autant, les Suisses repartent sur les routes avec leurs amis (indétrônables) de Knut en mars 2006, tournée organisée par la boîte toulousaine Jerkov.
Ce nouveau line-up ne sera malheureusement qu'éphémère puisque Impure Wilhelmina connaît un nouveau changement: Alexandre quitte le groupe début 2007 pour se focaliser sur Equus. Le remplaçant sera rapidement trouvé en la personne de Christian Valleise, que l'on retrouve également au poste de guitariste chez Knut. Le groupe se lance alors dans la composition du quatrième album, tout en ressortant une magnifique version de leur premier full-length, "Afraid", en version collector limité à 100 exemplaires. Les nouveaux morceaux seront entre autres joués à la première édition du Fjord Festival, organisée par LASTDAYofWINTER, en compagnie de groupes tels que Celeste, Overmars, Shelving ou encore The Ocean. L'enregistrement de ce qui deviendra « Prayers and Arsons » aura lieu début 2008. Masterisé par Nick Zampiello (Unsane, Isis, Converge, Jesu, etc.), il faudra néanmoins quelques mois au groupe avant de trouver un nouveau label. Ce sera finalement Get a life! Records, l'un des labels suisses les plus intéressants du moment, qui s'occupera de la sortie de cet album en version CD. Le groupe réitérera la sortie LP, mais cette fois-ci avec la nouvelle équipe de Division Records. L'objet sera disponible en janvier 2009 et sera limité à 333 exemplaires. Le groupe partira à nouveau sur les routes en 2008 pour une nouvelle tournée et participera à quelques festivals (le Wooden House Festival II ou encore le VnV Rock Festival Altitude en compagnie de Neurosis, Entombed, The Ocean, A Storm of Light, etc.).
Dans votre bio’ vous parlez de tous ces groupes desquels vous êtes proche (Amanda Woodward, Knut, Overmars, Celeste, Equus, The Ocean etc…) ou avec qui vous avez partagé des scènes et des membres (et sûrement d'autres choses encore mais je ne veux même pas en entendre parler !!!). C'est marrant parce que, justement, lorsque j'ai écouté votre « Prayers and Arsons », ce sont des groupes auxquels j'avais pensé (Helms Alee aussi…), je n'arrive toujours pas à trouver le point commun (si ce n'est la qualité musicale) mais l'impression d'une « famille » musicale reste très présente dans mon esprit. Une nouvelle branche à ajouter dans le grand arbre des musiques « metal » ?
Je n'irais pas jusque-là, en tous cas nous concernant. S'il y a des similitudes entre ces groupes, c'est parce qu'il s'agit de personnes qui ont eu plus ou moins les mêmes envies à la même période, après l'écoute de quelques disques que tout le monde a écouté (Neurosis, Breach, Knut,…).
Cela dit, je crois qu'il n'y a pas beaucoup de similitudes en Equus et Knut par exemple, et je n'ai pas envie qu'on parle d'Impure uniquement en étant un groupe qui fait le grand-écart (humainement, voir bio, et musicalement) entre les deux…
Comment situez-vous ce dernier enregistrement par rapport aux précédents et comment votre style a-t-il évolué depuis 1996 ?
Nous sommes vraiment parti de zéro à nos débuts, je n'ai pas eu de groupe auparavant. Nous avons donc tout appris au fur et à mesure, et l'évolution vient principalement de là. Il s'agit simplement de ne plus faire les erreurs que l'on commet inévitablement quand on se lance sans expérience dans le projet, toujours compliqué à faire aboutir, d'un album.
Plus précisément, je pense qu'il y a eu une rupture après « Afraid »: à partir de là c'est devenu plus cathartique (surtout musicalement), si c'est possible. Cette période s'arrête après « L'amour, la mort, l'enfance perdue », enfin je crois, dans le sens qu'il y avait une volonté de faire quelque chose de plus concis sur « Prayers and arsons ».
Parlez-nous de vos influences. Dites-moi si je me trompe mais j’ai cru déceler du hardcore, de l’indé 90’s et du prog’ dans votre musique, c’est le cas ou vous êtes plutôt influencés par le metalcore et le R’n’B ??
Personnellement j'écoute pas mal de metal et de rock. C'est quoi le hardcore? Quant à l'indé 90's, cela vient sûrement du premier morceau de l'album... En fait nous avons diverses « influences » car nous n'aimons/n'arrivons pas nous cantonner à un style, c'est trop réducteur. On nous le reproche parfois, disant que nous n'avons pas de réelle personnalité, mais d'autres auditeurs arrivent à déceler notre identité, qui se « nourrit » de tout ce qui nous passe par les oreilles...
Effectivement je n’ai pas été super clair avec le terme « Hardcore », je voulais plutôt en venir aux trucs old school et aventureux qu’ont été Black Flag, Hüsker Dü, Big Black et ce type de groupes. Des combos qui ont été précurseurs de styles comme la noise, le sludge, l'indus et plein d'autres encore. Vous voyez un peu mieux où je voulais en venir ?
Oui, mais non, car si j'ai beaucoup entendu parler de ces groupes et je connais leur importance, je les ai peu ou pas écoutés…
Vous pratiquez une musique à la fois complexe mais aussi très accrocheuse. Comment se passe le processus de composition et comment s’est déroulé l’enregistrement de « Prayers and Arsons » ?
En général, j'amène le squelette des morceaux, qui contient déjà l' « accroche » de base (sinon je ne le présente même pas aux autres). On le joue et on l'arrange jusqu'à ce qu'on soit tous satisfaits, ce qui peut aller plus ou moins vite et amener un degré de complexité plus ou moins grand.
L'enregistrement s'est bien passé, on connaît bien Serge Morattel (Knut, Tantrum, Shora, Houston Swing Engine, Overmars, Year Of No Light...) à présent, ce qui nous permet de prendre plus rapidement les décisions qui nous font avancer, tout cela dans une ambiance plutôt détendue.
N’est-ce pas trop compliqué de reproduire sur scène ce que vous avez enregistré en studio ? Je pense notamment aux voix. Passer d'une voix hurlée à un type de voix mélodique ne doit pas être aisé et les chœurs (de toute beauté d'ailleurs) qui sont présents sur l'album sont-ils présents lorsque vous jouez « live » ?
Cela ne me pose pas trop de problèmes de passer d'une voix hurlée à une voix claire, même si je ne chante pas toujours très juste, ça dépend des passages (voire des textes), et du fait d'entendre ma voix sur scène ou non. Par contre les chœurs sont totalement absents en live.
Pour en revenir aux voix, Michael, peux-tu nous dire quelles sont tes influences les plus marquantes vocalement parlant ?
Euh, je fais ce que je peux avec les moyens que j'ai... il semble que j'ai un timbre de voix assez particulier. Mais bon, parmi les chanteurs que j'aime bien (je ne sais pas si on peut parler d'influences), il y a Bruce Dickinson, Phil Anselmo, John Garcia... bref des purs chanteurs de Heavy-Metal. Dans un autre registre, Justin Broadrick. Et aussi des chanteurs-guitaristes (mon véritable instrument) : Michael Akerfeldt, James Hetfield, Chuck Schuldiner, Matt Pike... l'art de la ligne vocale mariée au riff...
Au niveau des textes (influence? Admiration? Fascination?) : Steve Austin (à mettre aussi dans la catégorie précédente), Fenriz et votre grand Jean-Louis Costes national.
Des plans pour l’année à venir ? Tournée, festoches, clips ? Quels sont vos ambitions et rêves pour la suite ?
En ce moment, c'est difficile d'avancer avec Impure, nos emplois du temps sont vraiment très chargés. On va faire quelques dates en Suisse jusqu'à l'été, et on va essayer de monter une petite tournée pour la deuxième partie de 2009. Quant aux festivals, on prend ce qu'on nous propose... ce n'est pas demain qu'on va jouer au Hellfest... (ndlr : dommage !!)
D'autre part, il existe une petite vidéo pour le morceau « The end within », que nous avons diffusée à notre vernissage, à voir ce qu'on veut en faire...
Sinon, pas d'ambitions, pas de rêves, un local, des instruments, du travail, de la bière.
Pourriez-vous revenir sur l’artwork de l’album qui est, lui aussi, de toute beauté et nous expliquer un peu le concept derrière tout cela ?
Le concept vient de Jüül, le type qui a bossé sur la pochette. Quand il a su le titre de l'album, il a tout de suite pensé à une église qui brûle, ce qu'on a finalement transformé en bâtiment, pour ne pas faire doublon avec le titre. D'ailleurs, les « prières » sont plutôt à chercher dans les textes. Pour revenir à l'artwork, les esprits dégrossis y trouveront des clins d'œil à Burzum et Jérome Bosch.
Ça donne quoi la scène suisse actuelle ? On connaît tous certains groupes qui ont fait ou font encore parler d’eux, comment vous situez-vous là-dedans étant donné votre style un peu hybride ?
Il n'y a pas de scène suisse. Juste des musiciens qui jouent parfois sur la même scène par proximité géographique. D'ailleurs, on commence à connaître à peu près tout le monde, et comme on est des vieux à présent, les gens nous montrent vaguement du respect (malgré notre hybridité difforme)... c'est agréable.
Merci pour le temps passé à répondre à mes questions et pour votre sérieux, un dernier mot pour les lecteurs de VS ?
Rien, je suis timide.