Rendez-vous en plein été sur les quais de Seine pour un concert très à part… Même si certains peuvent penser que DALEK ait pu devenir Hype (paradoxalement, un terme bien trop en vogue d'ailleurs…), j'ai bien eu l'impression que cette longue heure d'attente entre le début annoncé du concert (20h30) et le début des festivités était purement volontaire et devait permettre à la salle de se remplir un peu plus…
Et au final, ce fut devant une Guinguette Pirate pleine aux trois quarts que le sieur Oktopus se plaça derrière son armada de consoles (en fait, deux macintosh Laptop, quelques filtres et une Groove Box) pour se préparer à la prestation que le groupe DALEK donnait ce soir-là. D'ailleurs, le «groupe» se résumait – comme pour une majeure partie de la tournée européenne – à Oktopus et Dälek, sans Still (habituellement aux platines…). Les Sratchs très spéciaux de Still (se rajoutant savamment aux couches d'Oktopus) ont vraiment fait défaut durant ces presque une heure trente de concert. Durant les chargements des séquences sur ordi, Oktopus s'était improvisé DJ (ne l'appelle-t-on pas d'ailleurs à l'origine «DJ Oktopus» ?). Au grand désarroi de certaines mauvaises langues qui pensaient avoir affaire à une première partie bien trop statique… Durant une demi-heure, (DJ) Oktopus nous a gratifié de quelques titres tout particulièrement en vogue. De THE DILLINGER ESCAPE PLAN + MIKE PATTON à ISIS (version «Celestial»), en passant par le Shoegazing planant et prenant de MY BLOODY VALENTINE, il fut clair qu'il y en avait pour tous les goûts.
Ce fut donc à 22h00 que le personnage de Dälek fit son entrée sur scène. Débutant la prestation par un «Asylum (Permanent Underclass)» tiré du troisième opus «Absence», DALEK a comblé dès le départ l'ensemble des auditeurs, même ceux qui ont pu trouver cette attente pré-concert un peu trop longue. La façon dont le public se mouvait (un déhanché pour beaucoup aux accents très Hip-Hop, voire même Rap, de rigueur ce soir) prouvait que tous, sans exception (même ces quelques détracteurs dont j'ai parlé précédemment) étaient dédiés à la cause DALEK. Il faut dire que le rendu sur scène est bien meilleur que sur album. Ce Live d'été a permis au duo de laisser la part belle à «Absence», joué dans sa quasi-totalité (le LP le plus sombre à mon avis…).
Le chant très rageur de Dälek posé sur la rythmique déstructurée, les nappes et les samples contrôlés par un Oktopus en pleine forme (mimant parfois un Dälek au micro…) ne pouvait de toute façon ne laisser personne indemne. Quelques parties presque improvisées par Oktopus (quelques dissonances ajoutées ça et là…) ont rendu de plus le concert particulièrement attrayant. Quant à Dälek, que ce soit derrière le micro ou sur le côté attendant de revenir en force, ou encore levant les yeux au ciel comme pour contenir une hargne et une colère sans limites, il est certain que le personnage en impose. DALEK reste et restera pour moi un groupe charismatique. Interprétant sans failles et avec plus de feelings encore ses titres, tels que le très groovy «Distorted Prose», le très direct « A Beast Caged» ou encore le plus ancien (tiré du premier opus «Negro Necro Nekros») et très engagé « Three Rocks Blessed», DALEK restera à l'aise pendant toute la prestation et a prouvé qu'il maîtrisait à merveille son Set.
Le seul problème est qu'à La Guinguette Pirate, la sortie des artistes se fait par l'avant de la scène. Bien qu'ayant annoncé son tout dernier titre, le combo ne pouvait décemment pas laissé un public encore sous le choc… Craignant pour sa vie, DALEK a donc décidé d'interpréter une toute dernière composition pour un public parisien ébahi et encore sous hypnose…