Titre de l'album
Foued : « Hilal » est le nom de notre premier album et cela pour deux raisons. D'une part, en français « Hilal » signifie « Croissant » ou « Croissant de Lune ». Le sujet dont traite l'album à travers son concept se situe en Mésopotamie – qui porte également le nom de « Croissant fertile ». Etant le berceau du monde arabe cela explique notamment sa forte présence symbolique dans cette région du monde.
D'autre part le logo du groupe représente une eclipse de lune dont la forme la plus connue est le croissant de lune. Ce titre a donc beaucoup de signification dans l'écriture et l'esprit d' « Arkan ».
Artwork
Foued : La pochette de l'album a été réalisée en collaboration avec EvilCampbell design. Elle met en avant le logo « Arkan » gravé dans la pierre calcaire utilisée dans la construction architecturale dans les pays du Moyen-Orient durant l'antiquité. Nous voulions qu'elle soit la plus représentative de l'esprit d'Arkan qui mêle musique traditionnelle arabe à un métal puissant et moderne. Ce mélange est personnifié à travers l'incrustation de notre logo dans un dessin calligraphié, la calligraphie étant l'art graphique de la culture arabe par excellence. Le reste du livret s'appuie aussi sur cette démarche très sobre et présente des calligraphies, des symboles arabes et un Oud (instrument de musique à cordes pincées, similaire au luth en Occident) afin d'appuyer le côté oriental de la musique du groupe. Le travail correspond ainsi plus à image souhaitée par le groupe qu'à une représentation des paroles du disque.
Ce travail avec l'artiste avait débouché sur un graphisme plus proche de la thématique de l'album, mais nous ne l'avons finalement utilisé que comme interface graphique du site Internet. Ne voulant pas proposer quelque chose de trop classique, nous nous sommes donc orientés vers le visuel actuel qui à notre sens représente parfaitement notre musique.
Production / Studio
Foued : Nous avons choisi d'enregistrer en Suède et au Studio Fredman pour des raisons très différentes l'une de l'autre.
La première raison est que nous souhaitions travailler avec Fredrik Nordstrom pour la production de l'album. Et c'est un rêve que nous sommes fiers d'avoir pu concrétiser. Notre choix s'est porté sur lui pour la qualité indéniable de son son. Créateur du son métal suédois avec notamment At the Gate, il reste la référence pour tout le monde. Ses dernières productions parlent d'ailleurs en son nom.
Il y a également une raison qui nous a poussés à aller en Suède et cela relève plus de la symbolique – comme beaucoup de choses autour du groupe. Nous voulions absolument que notre projet de lier le sud et le nord se concrétise géographiquement et quoi de mieux que d'aller le plus haut possible en Europe pour l'enregistrement de notre album, d'autant que nous avions également effectué certains enregistrement en Algérie au Studio Aminos. La boucle est donc bouclée.
Le résultat correspond bien sûr parfaitement à nos attentes et le travail de mastering effectué par Jacob Hansen (Danemark) n'est finalement qu'une délicieuse cerise sur le gateau, harmonisant à la perfection les différentes couleurs sonores de l'album.
Pour revenir à notre expérience studio, travailler avec un monstre comme Nordstrom n'est pas chose aisée. On craignait que l'ambiance soit tendue, le barrage de la langue aidant. Et au final pas du tout. Ce qui caractérise le Studio Fredman c'est l'excellente ambiance qui y règne. Malgré les tensions de fin d'enregistrement, le producteur comme son assistant n'ont jamais rien fait d'autre que nous soutenir moralement. Et d'ailleurs que ce soit à coup de juron en suédois, de pets tonitruants ou de rots cadavériques, notre expérience s'apparente plus à des vacances qu'à l'aboutissement de plus de deux ans de compositions.
Musique, Cinéma/DVD, livres, jeux…
Abder : A dire vrai, quand tu es en studio tu as deux attitudes possibles. La première, tu soutiens tous les musiciens qui enregistrent en améliorant au maximum leur quotidien et en les soutenant pendant leurs prises, quitte à parfois froisser leur égo.
Soit tu vis ta vie en vacances à coup de jeu vidéo, de films de jeux de société ou que sais-je.
Pendant la journée nous étions tellement concentrés sur nos parties ou sur les parties de l'autre que nous ne pouvions rien faire d'autre après les journées de prises ou de mix, on était tellement exténués qu'on se mettait devant un film juste les 10 minutes nécessaires à l'endormissement.
Pour la petite histoire, j'ai vu qu'il y avait le jeu Guitar Hero avec la guitare qui va bien, mais je crois qu'elle a surtout fait office de décoration pendant notre séjour.
Track by track 1. Groans of the Abyss
Abder : C'est une chanson dont la structure nous a paru très limpide. Le travail d'arrangement n'a, par contre, pas été aussi simple! L'intégration des chants féminins exécutés sur tout l'album par Sarah de The Outburst nous a pris plus de temps que la composition des parties metal. Son implication et ses qualités techniques nous ont d'ailleurs beaucoup apporté. Dans tous les cas très rapidement il s'est révélé comme le morceau d'ouverture. Pour l'intro du morceau nous voulions que l'auditeur se sente transporté en peu de temps dans un souk marocain, comme celui de Marrakech par exemple. Au milieu d'une place, un conteur appelle la foule en criant: ''Approchez, approchez, venez écouter l'histoire de nos ancêtres !'', tout ça en arabe bien entendu.
2. Lords Decline
Florent : Ce morceau a en premier lieu été composé à la guitare acoustique. Au fil du processus de composition, nous nous sommes rendu compte que nous pouvions le faire évoluer rythmiquement afin de lui donner un côté un peu plus agressif. Lords Decline se nourrit d'inspiration diverses allant de la musique orientale et flamenco (comme en atteste la fin du morceau) au Death metal en passant par des passages plus atmosphériques. Le chant d'Abder est particulièrement mis en avant ce qui s'explique par la première mouture acoustique de ce morceau.
3. Mistress of the Damned Souls
Florent : Mistress of the Damned Souls est le premier morceau composé d'Hilal. On voulait tous faire de cette chanson une composition assez brute. Son côté rythmique a pour origine ses paroles qui font appel à des sentiments simples : celui de la révolte et de l'injustice, sentiments que ressent l'un des personnages qui est une des principales divinités mésopotamienne, rejetée par ses aînés et contrainte à régner aux enfers.
Le principal attrait de ce titre est donc rythmique. Foued a fourni un gros travail de composition sur ce morceau qui fait très souvent son petit effet en live.
4. Lamma Bada
Abder : La musique d'Arkan se veut être une fusion entre le métal et la musique de nos origines : le Chaabi. Quoi donc de plus naturel que de reprendre sur cet album un grand classique de la musique orientale : Lamma Bada Yatathana? Pour réaliser ce morceau, Mus a repris les lignes mélodiques de ce standard au Oud et nous avons fait appel à un chanteur traditionnel tunisien pour reproduire fidèlement la version originale. Ce morceau symbolise donc la base commune qui nous rassemble tous autour de ce projet.
5. Tied Fates
Florent : Ce morceau, comme la plupart des morceaux d'Hilal, a beaucoup évolué avec le temps. Partant d'une base très Death metal et très brute, cette chanson s'est progressivement ouverte et enrichie musicalement grâce à un gros travail d'arrangement.
Les paroles ont elles aussi suivi cette évolution. Tied Fates traite de la manipulation des sentiments et de l'ascendant moral qui peut être exercée sur autrui à travers deux personnages divins. Ce qui est assez particulier dans la mythologie Sumérienne, c'est que les divinités sont loin d'être des êtres parfaits et sans défaut. Au contraire, la colère, la manipulation et la haine sont des sentiments pleinement assumés.
6. The Seven Gates
Florent: The Seven Gates est sûrement l'un des morceaux rythmiquement les plus intéressants de l'album. Là encore Foued s'est surpassé en terme de composition afin de montrer l'étendu et la variété de son jeu. Pour autant, ce morceau ne laisse pas de côté l'aspect mélodique de la musique d'Arkan. Ce contraste s'explique notamment par le thème abordé par cette chanson : la dualité de deux notions contradictoires que sont la haine et la fratrie.
7. Athaoura "Shaped by the Hands of Gods"
Abder : Athaoura est un peu notre Lamma Badaa à nous. Nous voulions vraiment que l'auditeur à l'écoute de notre album soit transporté dans notre univers particulier et très hétérogène. Ce morceau symbolise la complainte de l'homme envers ses dieux, la révolte avant la punition. Le but est de replonger constamment l'auditeur au cœur de nos racines musicales puis de le surprendre par l'arrivée du morceau suivant.
8. Chaos Cypher
Florent : Ce morceau est de loin le plus brutal de l'album mais également le plus atmosphérique. Il se compose principalement de deux parties. La première est très brutale et laisse la part belle au blast et aux vocaux Death metal. Elle aborde le thème de la trahison et de la vengeance.
La deuxième partie du morceau est quant à elle beaucoup plus atmosphérique. Ce passage est assez envoûtant et dégage une atmosphère très particulière sur scène. Le rôle du chant féminin est prédominant. Sarah a d'ailleurs eu carte blanche. Son travail est époustouflant.
HILAL : THE CRESCENT MOON 9. Defying the Idols
Florent : Defying the Idols est la première partie du morceau « Hilal : The Crescent Moon ». C'est le morceau le plus important et le plus riche de l'album car il symbolise plus de 2 ans de composition.
Il fait la synthèse entre « Burning Flesh » et ce qui sera le prochain album d'Arkan.
Defying the Idols commence par une intro flamenco agrémenté d'une rythmique électro. La suite du morceau se veut plutôt rythmique. On remarque la présence de Sarah sur le refrain qui apporte une touche mélancolique assez ensorcelante. Cette partie se termine par un surprenant solo de Mus fortement influencé dans cet exercice par Pink Floyd, un des groupes qu'il affectionne.
10. El Houdou
Florent : Cette deuxième partie de quelques secondes sert de pont entre Defying the Idols et Native Order, littéralement « El Houdou » signifie « le calme avant la tempête ».
11. Native Order
Florent : Cette dernière partie d'Hilal : The Crescent Moon est l'une des plus complexes d'Hilal dans sa structure. Bizarrement, c'est pourtant l'une des compositions qui a la moins changée avec le temps. Abder assure les vocaux sur le refrain et réussit à lui donner une véritable énergie. Le morceau finit progressivement par un chaos assourdissant se traduisant dans les paroles par le jugement dernier de l'espèce humaine.
12. Amaloun Jadid
Abder : Ce morceau reprend la thématique de Lamma Bada mais s'adapte à l'univers d'Arkan. Après avoir été repris tel quel, nous voulions lui donner une couleur plus personnelle. Le résultat qui paraîtra surprenant pour les puristes nous semble correspondre à notre message. Le solo de fin joué par Mus est une improvisation. La ligne initiale collait parfaitement mélodiquement au titre, mais pour des raisons essentiellement sentimentale, Mus a préféré remplacer le solo initial. Te dire que le résultat final nous a donné des frissons serait trahir un secret. Mais en même temps je pense qu'il n'y aurait pas pu avoir meilleure façon de finir Hilal.