Ilhan, Steph, Valentin, Phil - MONSIEUR PO par VISION OF BEUH - 2045 lectures
Fortement inspir� par la sc�ne edge metal des 90's, les parisiens de MONSIEUR PO nous on concoct� un excellent premier MCD. Entretien avec le groupe pour en savoir un peu plus sur leur identit�...


Pouvez-vous présenter le groupe, son historique et son line-up ?
Le groupe s'est formé fin 2002, on jouait déjà dans des groupes du même style avant. De ce line-up originel, il ne reste que Phil (guitare) et Ilhan (basse). Valentin (guitare) est arrivé plus tard en 2006, et les deux nouveaux Steph (chant) et Dagulard (batterie) sont arrivés début 2008. Le meilleur terme, je pense, pour parler de ce groupe est le terme passionné, je pense qu'on sort du cliché « groupe myspace ». Depuis le début, on gère tout nous-mêmes, que ce soit la promo, les dates de concerts, ou même l'enregistrement du MCD.
On a sorti une démo 4 titres en 2004, participé a plusieurs compilations, fait une tournée européenne en 2005 et notre MCD est sorti début 2008. Voilà dans les grandes lignes…


Quatre ans se sont écoulés entre votre première démo et ce MCD. Est-ce dû principalement aux revirements de line up ?
Ilhan : En grande partie.
Après la démo on a pas mal joué, et notamment fait une petite tournée européenne organisée par nous-mêmes. Après cette série de concerts il y a eu un coup de bourre, certains musiciens étaient moins motivés et on n'a pas avancé. Cette baisse de motivation était un signe avant-coureur des problèmes de line-up qui ont suivi. La première démo du MCD date de 2006, il y a eu ensuite un changement de batteur, et finalement on a enregistré le MCD début 2007. On allait le sortir en septembre 2007 mais les départs du chanteur et du batteur (et oui encore !!!), ont retardé sa sortie jusqu'à mars 2008.

Phil: Pas mal de période de stagnation, comme dans la plupart des groupes j'imagine. Après si on ajoute à ça les changements de line up, c'est clair que ça nous a pas facilité la tâche. Réapprendre les morceaux à chaque changement de membre, ça devient vite usant, surtout pour les membres les plus anciens qui aimeraient aller de l'avant.
Les prédécesseurs de Dagulard et Stef ont quitté le groupe peu de temps après l'enregistrement du MCD. On s'est retrouvé avec un CD à vendre mais sans pouvoir le défendre sur scène. Le temps de trouver les bons "gars" et de bosser un set pour le live, il y aura eu quand même presque 10 mois. Du coup le CD "sort" avec 10 mois de retard.


J'ai vu dans votre bio que Dagulard (ancien batteur de Sublime Cadaveric Decompostion et 7th Nemesis) joue dans Monsieur Po. C'est plutôt étonnant qu'un batteur de brutal death et de grind incorpore un groupe hardcore.
Ilhan: Dagulard, en plus d'être un bon batteur, est quelqu'un d'ouvert et ayant des goûts éclectiques, comme tout le monde dans le groupe. Je le connaissais depuis super longtemps, et on joue ensemble dans un autre groupe du nom de Lycosia (metal goth, et oui…) depuis un an. Quand j'ai appris qu'il ne jouait plus dans 7th Nemesis, il m'a semblé tout naturel de lui proposer de jouer avec Monsieur Po. Il me semble d'ailleurs qu'avant de jouer dans Sublime Cadaveric Decomposition, il officiait dans un groupe plus hardcore.

Phil: C'est pas si étonnant que ça, on fait pas du "hardcore" à proprement parler, on a pas mal de parties plutôt métal. On fait un style étiqueté métal-hardcore qui fait un peu un grand pont entre les deux styles, pour au final donner un style qui a sa propre identité et est quand même reconnaissable à l'écoute.

Valentin: Au-delà du style en lui-même, j'arrive pas à définir les personnes avec qui je joue par rapport à un style prédéfini. Dagulard a beau avoir joué dans des formations brutales grind death et compagnie, ça l'empêche pas de jouer autre chose dans l'absolu, donc si un jour on décide de se faire un petit projet salsa, à partir du moment où ça le botte je me poserai pas la question de savoir si c'est surprenant ou pas. En gros, on fait ce qu'on aime.


Comment s'est passé l'enregistrement de « There Was Life » ? Où a t-il eu lieu ? Des anecdotes à faire partager à nos lecteurs ?
Phil: Batterie enregistrée dans un local de répète par un des guitaristes, idem pour les guitares et basses qui ont été prises dans sa chambre, le chant quant à lui a été enregistré dans un "vrai" studio à Paris. Ensuite on a filé les pistes à Robin d'Extreme Cherokee qui nous les a mixées.


Comment se passe le processus de composition ?
Ilhan : En général un musicien propose une composition déjà toute faite ou bien avancée. On la complète et on la réarrange en répétition. On utilise aussi pas mal le net pour s'envoyer les démos de nos morceaux ou certains riffs. Cela nous permet aussi de discuter des divers arrangements ou changements que l'on peut apporter au morceau.
A partir du moment où un riff ne plaît pas à une personne dans le groupe, on ne l'utilise pas ou on essaye de l'arranger autrement. Avant, toute la composition se faisait entre Ilhan et Phil, maintenant tous les musiciens participent, et c'est un énorme plus.

Valentin: Super classique. Ca vient principalement de riffs de guitare autour desquels les morceaux évoluent et se construisent naturellement avec les idées de chacun. On s'envoie des bouts de riff ou des morceaux presque finis ou alors direct en répète, mais bon c'est cool tout le monde met la main à la pâte.

Ilhan : Dans le groupe on a toujours pris le parti de laisser le chanteur laisser exprimer ce qu'il veut sur les chansons. C'est tout de suite plus expressif, plus « vrai ». Même si bien sûr, on garde un droit de veto (rires).
Après dernièrement certains nouveaux morceaux ont une signification particulière pour moi, je donne donc quelques idées directrices sur mon état d'esprit au moment de la composition du titre. Mais Stef est tout à fait libre d'interpréter à sa manière.


Autour de quels axes sont tournées vos paroles ? Qui les écrit ?
Stef: Pour parler du MCD, c'est Vince, l'ancien chanteur qui s'y est collé.
Il a une grande influence de la culture japonaise d'où le choix de certains titres (Seppuku et Hasaki). Sinon différents thèmes y sont abordés, comme l'injustice, les inégalités, la vengeance, les illusions, les peurs... En gros je ressens ce "There was life…" comme un appel à prendre ses propres responsabilités, vis-à-vis du monde qui nous entoure, ne pas attendre mais prendre ce qu'il y a à prendre, donner ce qu'il y a à donner en restant intègre, en restant conscient de chaque chose qu'on fait, qu'on pense ou qu'on dise et qui contribue a toute cette misère humaine, sociale, écologique, on est tous interdépendants et tout est lié. Lutter ou plutôt prendre conscience de sa propre ignorance, qui est souvent la source de toute nos peurs et souffrances.

Personnellement, je n'ai pas de message particulier à véhiculer, de morale ou quoi, je n'ai pas l'ambition de changer les gens ou encore le monde, mais je sais que ce que je suis ou fait a un effet direct sur tout ce/ceux qui m'entourent, là est ma responsabilité.
Les relations humaines, les souffrances ou bonheurs qui en découlent sont des sujets qui m'intéressent, ils sont palpables et réels et pourtant si difficiles à comprendre. On parle, on communique avec des mots, mais souvent ces mots représentent une autre image dans nos têtes, ont une autre signification, un autre passé, une autre expérience… c'est un bordel!!
C'est un défi pour moi car j'ai beaucoup de mal à communiquer avec les gens en fait!
L'écriture est un moyen de plus pour me libérer de ce bordel interne et de partager des émotions que je sens.


Votre musique est clairement influencée par le edge metal. Vous semblez avoir été bercés par la clique du H8000 crew ? D'ailleurs le titre « The Harvest » m'a beaucoup fait penser à Length Of Time.
Phil: "The Harvest", je l'ai faite y a un moment déjà, j'avais trouvé cette intro avec un côté un petit peu stoner dans ma chambre, ensuite on a étoffé en répète, j'avais trouvé le gros machin métal du milieu chez moi au Plessis Bouchard en pensant à des dragons, à la fin du morceau Ilhan avait trouvé le truc avec plein de notes qui sonnait cool, voilà...
Après moi je suis pas fichu de savoir si ce que je compose comme riff est influencé par tel ou tel groupe, je dois pas avoir assez l'oreille musicale pour ça (rires).
J'écoutais pas mal Congress à une époque, il se trouve qu'on a eu l'occasion de jouer avec eux il y a genre 3 ans à Paris et j'ai été assez déçu, il restait qu'un membre d'origine je crois.

Ilhan : Perso j'ai clairement été influencé par toute la scène edgemetal des années 90's et début 2000.
Après ça j'ai toujours été quelqu'un d'éclectique même si mes influences principales se situent dans les sphères hardcore ou métal. Au niveau de la composition on ne se fixe aucune limite, peu importe tant que ça a un sens dans la compo et que ça sonne bien.


Les membres de Monsieur Po jouent dans d'autres formations. C'est pas trop dur d'associer tous les emplois du temps ?
Phil: Si, c'est assez difficile, faut gérer avec les répétitions, concerts, tournées, des autres formations des différents membres. Mais en ce moment on arrive à se caler deux répètes par semaine, ce qui est plutôt pas mal. Mais ce qui rajoute encore plus de difficulté, c'est que certains membres bossent aussi. Parfois perso j'ai l'impression d'être pris dans un ouragan et de pas avoir une minute à moi pour souffler, prendre du recul... Entre le taf, les répètes, concerts à préparer/organiser, etc. J'ai beaucoup moins de temps pour lire, mater des films etc. c'est un peu frustrant.

Stef: Pour résumer, Phil a du mal à gérer pour ses rendez-vous amoureux... alors que moi j'ai arrêté de travailler pour ça... (rires)

Valentin: Pour l'instant ça roule, y a pas eu vraiment d'accrocs, les plannings se gèrent plutôt bien.
Le côté qui est parfois difficile, c'est de devoir être assez frais au niveau de la composition. Pouvoir amener des idées dans des styles pas forcément proches mais pas si éloignés que ça.
Parfois c'est chaud à ce niveau-là en tant que guitariste, de pas avoir le cerveau saturé de riffs et de compos appartenant à plusieurs groupes et d'être assez frais pour être à fond dans chacun d'entre eux. Quand les semaines sont chargées niveau répètes, composition etc et qu'un jour se présente où t'as rien de prévu avec un de tes groupes, j'ai parfois envie de faire une "pause musique" genre "m'emmerdez pas aujourd'hui je touche pas à ma guitare".

Ilhan : De mon côté ça se passe nickel. En général les concerts sont prévus en avance et je détermine clairement à quels moments je risque de tourner ou d'être occupé par tel groupe ou tel groupe.
Nos différents groupes répétant dans le même local, ça facilite les choses.


La scène est votre principal centre de jeu. Une tournée est à prévoir ?
Phil : On essaie de caler un truc pour fin septembre sud de la France/Espagne. On va aussi essayer de se faire quelques dates de chauffe cet été et à la rentrée avant la tournée pour pouvoir faire tourner les morceaux en live avec le nouveau line up.
Ca se passe plutôt bien à ce niveau-là, du coup on a hâte de jouer et on attend la tournée avec impatience.


Et l'album ? Une petite prévision de sortie ?
Phil: On va composer pour le moment. L'idéal serait d'avoir un max de morceaux pour ensuite choisir ce qu'on mettra sur un album.
Moi, j'aimerais bien multiplier les sorties, un peu comme le font pas mal de groupes punk rock garage, ces groupes qui sortent plusieurs trucs plus ou moins en même temps, des 45 tours, des splits, des albums, des compiles... Enfin avoir une discographie étoffée, plein de disques avec plein de pochettes cools, ce qui demande beaucoup de travail de composition et de temps.

Valentin: Rien de prévu, pas de deadline, on va y aller un peu au feeling je pense, pour l'instant on se concentre sur les dates, on a pas joué des masses avec les galères de line up donc là, c'est le moment pour pouvoir enfin profiter de la scène. Niveau compos on avance tranquillement et quand on aura suffisamment de titres, on verra ce qu'on en fera. Faire plein de sorties ça me botte, faire un album ça me botte aussi, bref on verra tout ça au feeling.

Ilhan: Durant ces périodes de galères de line-up on a pas chaumé, on a donc déjà quelques nouvelles compos prêtes, et un stock de riffs et de compos à finir assez important. La matière est là, reste plus qu'à mettre tout ça en place avec le nouveau line-up. Ce qui va d'ailleurs assez vite, quatre nouveaux titres sont déjà joués sur scène. Je pense qu'on enregistrera une démo pour un futur album d'ici la fin de l'année, histoire de démarcher un label.


Merci pour le temps consacré à l'interview. Le dernier mot est pour vous.
Valentin: Merci à toi pour l'interview, j'espère qu'on a pas été trop chiants dans nos réponses et puis sinon rendez-vous sur scène quelque part près de chez vous les kidz et les meufs.


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