Un premier EP bétonné à tous les niveaux, des influences qui font preuve d'un bon goût certain (WILL HAVEN, BOTCH, BREACH et compagnie), un humour raffiné, il n'en fallait pas plus pour que la curiosité de votre serviteur soit titillée. Voici donc un sympathique entretien avec les non-moins sympathiques gaziers de SULLIVAN14...

Bonjour à vous, et merci de m'accorder quelques instants pour répondre à mes questions. Alors, pour commencer, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs? Genre la jeune histoire du groupe, vos influences...
Antoine : Cela fait 10 ans qu'on joue avec Mathieu, Gilles et François, on a commencé par du néo, du thrash (Deftones, Will Haven, Limp Bizkit, Korn, Coal Chamber d'un côté, Sepultura, Pantera de l'autre) comme tous les jeunes de l'époque, on faisait ça pour s'amuser parce qu'avant tout c'était un groupe de potes qui faisaient du bruit pour s'amuser. Quelques concerts, rien de fou, puis on a vécu 3 années de hiatus à cause de nos études respectives (attention y'a un kiné et un docteur en chimie).
On reprend les choses sérieuses fin 2005, mais un an plus tard, Gilles (batterie) ne peut plus concilier sa vie reproductive, son boulot qui lui prend énormément de temps et la musique. On traverse le désert pendant 4 mois et on rencontre ce vieux breton de Pascal avec qui on accroche très rapidement il y a un an (déjà). Ensuite je te résume ça en un triptyque des 3P : plaisir, passion, pédoph… euh travail.

Votre nom, Sullivan14, me rappelle les plus grands, tels que Sum41 ou Blink182. Alors, hommage à ces punks nihilistes ou avez-vous un autre éclairage quant à sa signification?
A : Tu as oublié East17 et U2.
Mathieu : En fait, je me promenais avec François à une fête de la musique, entre deux groupes bien hardcore reprenant du Kyo et du Vegastar, on voit un splendide roadie portant un maillot de foot avec le flocage Kévin 17. Et c'est le drame : on a trouvé un nom de groupe Sullivan14.
A : Comme nous vouons depuis toujours un culte aux prénoms américains (Troy, Dylan, Beverly, etc.) et prénoms de merde (Djayzon, Jordan, Pascal, etc.), on s'est dit que ce n'était pas si con.

Ce EP est votre première sortie, alors qu'il sonne relativement abouti à tous les niveaux (compos, production, artwork). C'était important de proposer du matériel de qualité d'entrée de jeu?
A : Lorsque nous faisons quelque chose, nous partons du principe qu'il faut tout faire à fond, tout pousser jusqu'au bout. On voulait sortir un truc dont nous serions fiers. Nous avons été surpris par la prod, dans le sens où nous pensions qu'elle serait super, mais de là à ce qu'elle dépasse nos espérances...
M : Sympa pour le « relativement », pour nous c'est abouti, dans le sens où c'est ce qu'on voulait, voire mieux. Bien que j'aurais préféré faire de la bonne grosse merde, on se serait moins fait chier.

Un mot sur l'artwork?
A : C'est Gilles (ancien batteur pour ceux qui suivent) qui nous l'a fait, il est graphiste ce con. Comme le monde est bien fait, il connaissait forcément le style et l'ambiance générale, il n'a pas eu trop de mal pour l'inspiration. On est super content qu'il ait bossé sur l'artwork : 1) parce qu'il déchire, 2) parce qu'il a aussi participé à l'écriture du disque.

D'ailleurs, comment s'est déroulé l'enregistrement aux studios Sainte-Marthe?
Pour l'enregistrement, on connaissait le Sainte Marthe de par les prods de groupes qu'on aime beaucoup (Sna-Fu, Hangman's Chair, Comity entre autres), vu qu'on voulait enregistrer live, on savait où l'on allait et à quoi le résultat pouvait ressembler. Et puis on suit les aventures du Sainte Marthe depuis ses débuts (Miserecords), c'était un peu le rêve d'y aller.
On a enregistré live avec Guillaume Mauduit sur deux week-ends, c'était super intéressant et instructif. On s'est bien poilé avec lui, il nous a énormément aidé à nous creuser le cerveau pour améliorer la prod, a donné son avis (même si on ne l'autorisait pas à parler) et nous aider à aboutir à ce résultat final. Gros bisou d'ailleurs Guillaume.
Heureusement qu'on avait bossé comme des clandestins avant d'entrer en studio, on a fini dans les temps, tout en ayant le temps de remettre certaines choses en question.

Et niveau composition, comment cela se passe-t-il chez vous?
A : Mathieu est le leader incontestable et incontesté du groupe. Il décide qui joue quoi, quand, comment.
M : Et qui a la permission de parler! Alors ta gueule!
Une seule règle : le plan/riff/idée, appelle cela comme tu veux, doit plaire à tout le monde, sinon on passe à autre chose, c'est important que chacun s'y retrouve.
A : Autrement, on joue vachement chez nous, avec Mathieu, on bosse souvent à deux et on arrive avec pas mal de matériel en studio, pour proposer et expérimenter. On voit une chanson comme un riff de départ qui évolue, les notions de couplet et refrain n'existent pas, la seule ligne directrice serait peut-être le chant qui reste toujours le même, là où les riffs changent constamment.

Vous me semblez, à la lecture de vos titres ("Drink Before Driving", "Francis Heaulme"), développer un certain humour noir. Me trompé-je?
A : Nous sommes fans invétérés des Vuillemin, Tronchet, Claude Serre et tout ce qui touche à l'humour noir, nous sommes toujours à la limite du correct et c'est ça qui est le meilleur. Donc ça a forcément eu un impact sur notre musique.
M : T'as oublié « Chez Francisque ».

D’ailleurs, de quoi peut bien parler une chanson nommée "Francis Heaulme"?
Francis Heaulme : D'amour avec un grand H. C'est juste l'histoire d'un gars qui avait une façon différente de voyager, et que la société a injustement enfermé pour ça...

Et pour "Trong Hau Mon May", ça signifie rien d'immoral en thaïlandais?
M : Non, puisque c'est du vietnamien.
A : Qui veut dire « Dans ton cul ». Seulement, on n'a pas précisé si c'était le tien ou celui d'une fillette de Phuket (c'est pour la rime).
M : Putain, arrête avec tes blagues de pédophile, c'est pas parce qu'on trouve que Dutroux est beau gosse qu'on peut en rire!

Comment se sont déroulés vos premiers concerts?
A : Bah, avec le line up actuel, on a participé au FallenFest, parce qu'il y avait possibilité de chopper l'enregistrement du concert (en vue de l'entrée en studio), c'était aussi l'opportunité de tester des morceaux live. Sinon, on a joué dimanche dernier, je te dirais que nous considérons que nos morceaux ne sont pas super faciles d'accès, bon rien à voir avec Dillinger évidemment, mais cela ne doit pas être facile de tout comprendre. Les réactions sont plutôt encourageantes.

Vous serez présents sur la compilation "post hardcore et affiliés", Falling Down. Avec lesquels des groupes présents aimeriez-vous partager l'affiche?
A : Knut, AmenRa et Impure Wilhelmina. Et Dirge aussi merde ! Sinon, on joue avec General Lee, le 1er mai =)
M : I Pilot Daemon, vraiment classe ce qu'ils font.

Quels musiciens vous ont donné envie de vous mettre à votre instrument?
A : Avec Mathieu, on a commencé la gratte ensemble sur fond de Nirvana, Soundgarden, Weezer, RATM, alors je ne dirais pas que ce sont des musiciens mais plus des groupes qui m'ont poussé à faire de la musique.
M : Moi, c'est vraiment Nirvana, ça m'arrive même encore d'écouter Bleach et In Utero.

Y'a quoi sur la platine d'un Sullivan14 en ce moment?
A : PJ Harvey (White Chalk), Envy (tous), Torche (Meanderthal et In Return), Dysby, Pneu, Far (Water and Solutions), Deftones (White Pony) et le dernier WHVN pour me tailler les veines en me disant que leur prod est à chier.
M : The Psyke Project, The Hives, WHVN sauf le dernier (ça doit faire 10 ans que j'écoute, je ne m'en lasse pas), sans oublier du Converge en veux-tu en voilà.

Et niveau projets, vous avez quoi en prévision?
A : On vise un studio début juin avant les vacances, pour un ou deux morceaux.

Merci à vous, si vous avez quelque chose à rajouter c'est ici!
Merci à toi pour le soutien, c'est aussi grâce à vous (TOUS les webzines) qu'on découvre des groupes, qu'on rencontre du monde, cela contribue plus qu'il n'y paraît à l'évolution de la scène française.