Xavier (chant), Arno (visuels), Marion (basse et chant) et Ben (batterie - OVERMARS par ZOZO - 3505 lectures
Bah oui bandes de sales porteurs de vestes de patches, les Lyonnais d’Overmars ne font pas strictement du metal. Tiens, quand j’y réfléchi, l’adverbe ‘strictement’ ne colle d’ailleurs nulle part dans le petit monde distordu de ce groupe de post-hardcore-machin-truc-bidule. Quant à ceux qui se grattaient déjà la tête à l’écoute de leur premier album Affliction, Endocrine, Vertigo, attendez vous à vous mettre la tête dans le sac avec Born Again, un soit-disant EP composé en fait d’un seul – et suffocant ! – titre de quarante minutes. Cela méritait bien un ch’tit interview. Et quelques piques, renvoyées en mode lifté à l’envoyeur.
Bon, alors ‘Born Again’ c’est quoi exactement ? Le successeur de Affliction, Endocrine, Vertigo ? Un album à part entière ? Un EP ? Une expérimentation sauvage ? Rien de tout ça ?
Xavier : Pour moi c'est un EP et un exercice de style, du moins à la base.
A part fumer beaucoup d’herbe et se chauffer en faisant des parties de Mortal Kombat IV, en quoi la composition d’un titre aussi long diffère d’un morceau au format plus court ? Comment éviter d’empiler riffs sur riffs ?
Ben : En fait le secret, c'est de fumer encore plus... et puis du café par litres...
Avez-vous déjà compté le nombre de fois où le nom de ‘Neurosis’ apparaît dans les chroniques consacrées à ‘Born Again’ déjà parues ?
Ben : 7254 fois et demi.
Tiphaine : Il y a « Neurosis » mais il y a aussi « Klaus Schulze » maintenant !!!
Arno : c'est quoi Neurosis?
Xavier : A peu près à chaque fois… Aller, disons dans 80-90% des cas. On s'en sort pas trop mal ce coup-là, on évite assez les comparaisons avec Isis et Cult Of Luna. Un peu moins de ''post hardcore' aussi, c'est appréciable. Ce terme qui semble englober tout ce qui est lourd et lent avec des ambiances devient à mes yeux aussi vulgaire et péjoratif que ''screamo' et ''metalcore'. Je comprends bien que les journalistes aient besoin d'étiquettes pour labelliser leurs chroniques mais un peu plus d'imagination et surtout moins de systématisme n'auraient pas fait de mal. Et un peu de recherche aussi… Surtout du côté de la scène hardcore ricain, surtout celle de NY, des années 90. On parlait déjà un peu de ''post hardcore' mais à propos de Fugazi, Quicksand, Rorchach, Orange 9 mm, Crown Of Thornz, Mind Over Matter… J'aime bien ces groupes mais pas grand-chose à voir avec notre musique, hein ? D'ailleurs, pour les curieux, il y a une très bonne compilation surtout sur Wreck Age il y a près de 10 ans qui retrace une partie de cette scène new-yorkaise. Bon, je tape un peu sur les journalistes mais les groupes ont eux aussi leur part de responsabilité. Certes, Neurosis, Isis et Cult Of Luna ont ouvert des portes. Certes ces groupes sont très intéressants et dégagent quelque chose de fort. Certes je comprends qu'on puisse s'en influencer (Neurosis et les 1ers Isis ont contribué en partie à la construction d'Overmars) mais putain, écoutez autre chose ! Faites un groupe pour jouer quelque chose qui vous appartient et vous représente vraiment, pas pour faire des copies de seconde zone. Carton jaune aussi aux labels qui, frustrés de ne pas avoir les originaux, se rabattent sur les copies et inondent le marché déjà saturé du disque de groupes à l'intérêt et à la créativité limités. Et carton rouge pour ceux qui ont les originaux au catalogue mais signent quand même les ersatz histoire de plumer le pauvre et naïf fan et consommateur un peu plus. Que la justice divine du p2p leur fasse payer leur vanité. Et que les plus vieux d'entre nous se rappellent le mal que certains labels comme Roadrunner ont pu faire au death metal de par leur politique de tentative de profit continu. Certains groupes doivent encore les remercier aujourd'hui. Même histoire sur d'autres style aujourd'hui. Bref, je m'emballe, je m'emballe mais tout le buzz autour du ''post hardcore', du ''sludge', du ''doom', du ''drone', du ''screamo', blablabla me saoule et m'étouffe avec une production plus quantitative que qualitative, parfois cachée par une esthétique et des concepts racoleurs (masquant le manque abyssal d'âme de certains groupes hype du moment). J'assume totalement mon discours de vieux con prétentieux à ce sujet. Histoire de me radoucir un peu, il y a quand même quelques groupes dans tout ce merdier que j'apprécie.
Décider de laisser Nicolas de Kill The Thrill produire le disque, c’était par volonté de s’écarter encore plus d’un son typiquement metal ? Le besoin d'être chapeauté par un musicien à l'univers musical proche ? L'assurance de se faire un max de gonzesses et de s'envoyer des bennes entières de coke ?
Xavier : Ta deuxième option est pas mal. Quant à nos activités sexuelles et stupéfiantes, nous préférons rester discrets à ce sujet.
Mettons que je sois tordu (mettons) : aurais-je raison de voir les paroles de ‘Born Again’ comme une apologie de l’auto-mutilation ? Cultiver ses blessures (physiques et morales) pour se sentir encore plus en vie ?
Xavier : Tu ne tapes pas loin, tu pourrais presque répondre à ma place. Une apologie ? Hmmm… je ne le vois pas vraiment comme ça mais pourquoi pas ? Ce n'est pas tellement cultiver ses blessures le fond du propos, mais plutôt leur identification. Savoir pourquoi et de quoi on souffre pour se soigner. Accepter parfois de toucher le fond (ou croire qu'on le touche) pour mieux rebondir et s'élever. Ça vaut pour moi, pas forcément pour les autres membres du groupe. A un moment de ma vie, je me blindais contre tout pour me protéger et ne pas souffrir (moralement). La contrepartie, c'était d'être pratiquement insensible à tout. J'ai voulu tenter l'inverse, ressentir des choses plus agréables et accepter en échange de morfler de temps à autre. Ça demande du temps, d'apprendre à encaisser, d'accepter de parfois se battre mais j'y vois plus d'avantages et de gratifications que de résister à tout.
Arno : On devrait faire une édition collector avec un fouet.
Le côté nettement plus littéral du texte de ‘Born Again’ est-il la preuve que tu en as désormais fini avec les titres alambiqués style « I Like To Do The Tirelipimpon With My Cousin The Dog With No Legs » que l’on pouvait trouver sur vos skeuds précédents
Xavier : Les titres longs c'était un jeu au début du groupe. Ça me faisait marrer. Et ça cernait également l'idée générale du texte. Benjamin, en tant qu'auteur de certains textes, est aussi responsable de ces titres à rallonge. Mon nouveau centre d'intérêt, ce sont les titres avec des parenthèses et des sous-titres. C'est pas mal aussi. Enfin, j'aime bien… Mais de manière plus pragmatique, aujourd'hui je m'en fous complètement. Que le titre se limite à un mot ou s'étende à « I Like To Do The Tirelipimpon With My Cousin The Dog With No Legs », il est ce qu'il est et ça me va.
D’où vient la pochette bizarre et bien malsaine de ‘Born Again’ ? Et pourquoi une pochette différente pour le LP ? D’ailleurs, comment fait-on pour sortir une version LP d’un seul titre de 40 minutes ? On le coupe en deux ?
Ben : La pochette est d'Ivan Brun, un vieil activiste de la scène punk lyonnaise ayant officié entre autres dans Coche Bomba et Vömit For Breakfast... La pochette du LP est de Marion « coldwave » forever.
Arno : C'est Ivan qui va être content de se faire traiter de vieux hé hé.
Sur Born Again tu partages équitablement le chant avec votre bassiste Marion. Alors ça y est, le féminisme a gagné la bataille au sein d’OVERMARS ?
Marion : le « féminisme » ne sait pas quoi répondre à ça…
Arno : Et une question à la con, une.
Xavier : C'est le genre de remarque qui nous gonfle royalement et de plus en plus avec le temps. Le chant de Marion s'est imposé de lui-même sur Born Again, tout comme celui d'Arno que tu ne mentionnes pourtant pas. Et si jamais un des autres membres du groupe avait voulu ou souhaite, dans le futur, apporter sa contribution vocale et qu'elle sert la musique du groupe, il n'y a aucun problème à ça. Après, une présence féminine au sein du groupe soulève tout un tas de remarques, des plus sympathiques au plus désobligeantes. On en parle assez souvent avec Marion, et la place de « la meuf » (pour reprendre le terme employé par de nombreux internautes qui oublient que « la meuf » est également un être sensible et intelligent qui ne se résume pas à sa simple condition de « meuf ») est loin d'être confortable, surtout dans un milieu dominé par les paires de couilles. Malgré quelques intentions très louables dans certaines franges du milieu punk hardcore, qui pose de vraies question quant à la position des filles dans nos microcosmes et dans la vraie vie en générale, nous sommes une majorité de mecs, avec nos réflexes et nos réflexions de mecs, nos habitudes de mecs, nos comportements de mecs. En faisant un raccourci pas si facile que ça, je pourrais résumer cela à « nous ne sommes pas très fins, et encore moins avec les filles ». La plupart du temps, ce n'est pas gravissime mais la répétition engendre la fatigue et le découragement face aux comportements de la majorité. Et quand certains prix Nobel comme ce courageux rédacteur anonyme de Muzik Industry extrapole ses soucis de quéquette dans une chronique lapidaire de notre concert avec Monarch à Paris (groupe comprenant également en son sein « une meuf ») et crache toute sa frustration de la gent féminine (un souci avec ton identité (a)sexuelle mon gars ?) en les traitant quasiment de salope sans utiliser directement le mot mais ne se privant pas de les taxer d'allumeuses, là y a un vrai problème. Qu'il n'ait pas aimé le concert, c'est une chose que nous concevons parfaitement, qu'il fustige de la sorte Emilie de Monarch en bombant le torse et en mettant en relief ses embryons de virilité, c'en est une autre. Marion a un peu moins chargé mais nos mamans ont a priori humidifié les rêves pleins de frustration de ce sympathique chroniqueur qui aurait peut-être besoin de niquer, d'ailleurs. Que sa rédaction lui paye un abonnement sur un site spécialisé en femmes mâtures ou mieux, l'amène consulter une pro si ça peut le soulager. Bref… tout ça pour dire que les remarques sexistes, volontaires ou pas, sont plus que lourdes à force et que nous en avons marre. Reprenez tout ce que je viens de dire et remplacez les mots « filles » par « homosexuel » ou « Noir », « meuf » par « pédés » ou « négros » et mecs par « hétéro » ou « Blancs ». Vous verrez, c'est très parlant aussi.
L’annonce du deal passé entre Appease Me et Candlelight, avec distribution mondiale et tout le tralala, s’est faite en fanfare. Au final, on a presque l’impression que cela vous a porté plus préjudice qu’autre chose… Un groupe comme OVERMARS n'est-il pas par nature condamné au DIY ?
Xavier : Attention sujet sensible mais intéressant. Préjudice ? Oui et non. Oui dans le sens où on s'est fait un peu cracher dessus par certains puristes, pourrir de manière peu franche, pris quelques procès d'intention alimentés par quelques propos que j'ai pu tenir en interview ou sur des forums (et interprété au bon vouloir des lecteurs même si je reconnais quelques maladresses de forme de ma part). Mais au final, cela ne dépasse guère le Rhône-Alpes, avec quelques exclaves dans quelques grandes villes françaises. Pas bien grave au final mais fatiguant à la longue vu que nous sommes quand même très attachés au milieu DIY et que certaines attaques sont blessantes. Mais bon… ces attaques sont surtout dues à l'ignorance (de ce qui se passe hors de ce milieu… et de ce qui peut se raconter entre nous) et à une volonté communautariste et protectionniste de certains acteurs de ce milieu. Ce avec quoi je ne suis pas d'accord. J'ai beaucoup de mal avec le communautarisme et le concept de communauté en général. Ça draîne trop de mauvaise foi, même pour nous qui pratiquons ce concept à merveille (il serait de mauvaise foi de ne pas le reconnaître). C'était préjudiciable aussi dans le sens où Candlelight n'avait pas grand-chose à foutre de nous, n'a pas bossé l'abum correctement et nous reprochait (surtout à Appease Me) des ventes faibles. Nous avons fait notre part du boulot en répondant à toutes les demandes promotionnelles et en tournant pas mal par nos propres moyens. De ce côté-là (tournées), nous ne leur avons rien coûté. Et quand nous les sollicitions pour des tournées, on nous proposait de partir avec Decapitated et Gorerotted (et en plus on aurait dû payer pour). On n'a rien contre ces groupes mais aurait-ce été bénéfique pour nous que de s'embarquer sur une telle tournée. J'avoue que je doute et que surtout ça ne nous emballait pas (même si j'aime bien Decapitated). Après, soyons bon joueurs. Le deal via Candlelight nous a quand même donné beaucoup plus de lisibilité, surtout pour un public qui connaît mal notre réseau d'origine. Cela nous a permis de nous frotter à d'autres publics (metal pour le coup), d'autres lieux, d'autres pratiques (sans tout forcément cautionner, loin de là). De faire beaucoup de rencontres aussi. Et les rencontres restent quand même une des raisons principales de faire un groupe. D'un côté bassement mercantile, Candlelight a été très réglo concernant les royalties et communiquait bien dessus. C'est peut-être le seul point où ils communiquaient bien, d'ailleurs. Au final, je ne regrette absolument pas cette expérience. Elle a été riche d'enseignements et a permis au groupe de se poser de vraies questions et d'essayer de se positionner un peu plus sur ce que nous souhaitons. Pas évident quand on est sept personnes.
Quant au fait d'être condamné au DIY, on ne le vit pas comme tel. Nous le sommes, selon nos propres termes et la manière dont on voit le truc, par choix. Nous ne voulons pas (et ne pouvons pas) tourner plus que nous avons pu le faire. Nous refusons d'avoir un manager et préférons nous occuper nous-même de nos affaires. Mis à part quelques rares concerts, nous bookons nous-même nos tournées même si l'idée de bosser avec un agent de booking (ce que nous faisons pour certaines dates et certaines salles en France) ne me déplaît pas, tant que nous nous entendons et que le booker comprenne ce que nous souhaitons. Il nous arrive d'avoir des propositions de tournées alléchantes sur le papier (avec de gros groupes, dans de belles salles) mais nous n'acceptons rien aveuglément et sommes très tatillons sur les conditions qu'on nous propose. Par exemple nous refusons de payer pour tourner, ou de tourner sans être défrayés. Etre nourris et hébergés nous semble primordial aussi. Tout ça même si ça peut nous exposer à une plus large audience. Evidemment c'est source de nombreuses discussions où tout le monde n'est pas forcément d'accord à la base mais c'est ce qu'il en ressort. Il est TRES IMPORTANT que les fans de musique entrevoient les coulisses de ce bizness. Quand vous allez voir votre groupe préféré en concert et qu'en 1ère partie, vous découvrez un jeune groupe, souvent peu connu, ne pensez pas qu'il est là parce qu'on l'a invité. Ça arrive des fois mais la plupart du temps, le groupe (ou son label) contacte un tourneur, lui demande d'accompagner un plus gros groupe sur la route. Et ça se monnaye. Plus ou moins cher. On appelle ça le « tour-support ». Y a plusieurs cas de figures : soit y a de la place dans le tour-bus et t'embarques dedans à raison de X euros par jours (en gros tu payes ta place, les frais de route et le droit de jouer avec machin), soit le tourneur te dis ok, t'as le droit de jouer et ça coûte tant par date (ou tant la tournée) mais tu te démerdes pour ton transport, ta bouffe et ton hébergement. Des fois tu es plus chanceux et on t'invite : tu ne payes pas ton droit de jouer mais tous tes frais de route sont à ta charge. Et tu te démerdes pour ton hébergement. Ou alors tu payes juste ton droit d'entrée dans le tour-bus. Evidemment, t'es pas défrayé et encore moins payé. Ça tu l'es si vraiment le groupe de tête d'affiche t'aime beaucoup et fait en sorte que tu n'aies rien à débourser, voire même faire un peu de bénef. C'est rare. Entretemps, tu peux être invité, payer ta place dans le bus mais être payé chaque soir. Par rapport aux labels avec qui nous travaillons, une bonne communication et un bon rapport vaut bien plus qu'un nom et un roaster prestigieux. Mais nous y sommes sensibles aussi, ne nous voilons pas la face. La collaboration avec Appease Me est très appréciable par le fait que je communique beaucoup avec Vindsval, qu'il me tient au courant des avancées et actions du label, que j'essaye de m'y impliquer comme je peux (promo, distrib) et pas seulement être passif et attendre le relevé de ventes. Alors certes, nous ne correspondons peut-être pas aux canons DIY tels que nous les connaissons dans les milieux les plus radicaux et politisés, nous n'épousons pas leur esthétique, mais dans le fond nous avons de nombreuses aspirations communes, plus qu'avec Candlelight par exemple. On a pu nous reprocher d'avoir le cul entre deux chaises, nous inciter à choisir notre camp (dans ce cas-là je me sens une âme de titiste), d'avoir des propos durs quant au milieu DIY mais je le répète, on s'en sent proche et on tend davantage vers ses pratiques que celles des majors. Faut juste comprendre qu'il y a un tas de paliers entre ces deux mondes et que le manichéisme ne peut pas être de mise.
Ben : Perso, je pense qu'on s'est un peu emballé avec tout ces trucs de labels et tout ça, du coup, on est plus vraiment DIY (dommage) mais nous ne sommes pas encore totalement des sell out (dommage)... Alors pour l'instant on a rien... Dommage. Je ne crache pas dans la soupe, je suis très content d'avoir fait tout ces trucs... Je suis juste un nostalgique indécrottable, c'est tout.
Xavier : Tu vois… sujet sensible, hein ? ! Et puis ce qu'on met derrière le terme DIY diffère d'une personne à l'autre dans ce groupe. Mais on doit certainement être trop lâches ou trop pragmatiques pour être DIY au sens punk hardcore radical.
Arno : En fanfare ça me paraît un peu beaucoup pour pas grand-chose. On a d'abord signé sur Appease Me pour des raisons d'affinité, après ils ont été repris par Candlelight. On s'est dit pourquoi pas, on n'a pas vendu assez de disque pour eux et finalement retour à la case départ et finalement ce n'est pas plus mal. On n'avait quand même pas grand-chose à foutre chez eux.
‘Affliction’ était accompagné d’un DVD au contenu, errrr, très psychédélique. Vu l’importance que prennent justement les projections lors de vos concerts, j’imagine l’idéal serait que chacune de vos sorties soient accompagnées d’un DVD ‘compagnon’ non ?
Arno : Psyché, je ne sais pas … Mais ouais, ça serait pas mal, surtout que pour ce DVD, c'est aussi une archive puisque c'est des morceaux qu'on ne rejouera certainement pas en live. Donc, oui, pourquoi pas pour le prochain, une archive de "Born Again" dans un théâtre antique ou dans le désert sous champi. Mais bon on a déjà galéré avec Candlelight pour leur imposer le DVD (merci Appease Me au passage), alors pour le prochain, on en sait rien.
11. Plutôt que ces trucs bizarres mettant mal à l’aise, ne serait-il pas temps pour vous de détourner par exemple l’imagerie ‘Hello Kitty’ comme un certain groupe bordelais que je ne nommerai pas (même sous la torture) histoire de devenir enfin branchés ?
Ben : Mais on est branchés... En fait on est même avant-garde... C'est pour ça que cela ne se voit pas trop.
OVERMARS est-il un groupe désespérément sérieux ? Y a-t-il vraiment de la place pour l’esprit rock n’roll dans votre musique ?
Xavier : Notre musique est pleine d'humour mais définitivement, non elle n'y laisse pas de place pour l'esprit rock'n'roll.
Ben : Sans mentir, on est rarement sérieux entre nous, on n'a pas la volonté de faire un groupe sérieux mais... mais la vie est tellement merdique (et ce n'est pas parti pour s'arranger) qu'on a le devoir de crier au monde qu'on va vers notre perte.
Arno : On est aussi drôle dans la vie que notre musique est glauque.
Lors de vos premiers concerts, tu distribuais parfois au public certains de texte imprimés sur des feuilles de volantes. Quel était le but de la manœuvre ? Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
Xavier : Communiquer ! Faire prendre conscience aux gens qu'un groupe, c'est de la musique ET des textes. Et aussi des gens derrière, avec leurs idées et leurs sensibilités. Y avait aussi une tradition punk hardcore à laquelle je suis attaché. Je ne le fais plus maintenant, surtout par paresse et manque d'organisation mais aussi parce que les textes s'y prêtent moins (moins « politisés », plus personnels). En plus, ils sont tous disponibles sur notre site. Mais bon… je ne suis pas contre le fait d'y revenir tôt au tard, tout comme les « egozines » qu'on réalisait et distribuait, il y a quelques années.
Ben : Avant on était un minimum politisé... maintenant... on est plutôt des clowns. C'est d'ailleurs pour ça que je réponds à cette itw.
Arno : Fumier de Ben, moi perso je mettrais plus ça sur le dos de la flemmardise. Après je dis ça j'dis rien.
Entre deux tournées aux Bahamas en première partie des Eagles, vous avez surtout donné pas mal de concerts en Europe de l’Est et en Angleterre. Quelques petites anecdotes croustillantes ou lieux qui vous ont particulièrement marqué ?
Ben : Le ferry !
Arno : Définitivement Xavier qui se fout à poil en fin de concert devant 3 gamines de 18 piges dans un Bar de marin à Tourlaville.
Xavier : Tu veux parler de trucs comme oublier une guitare sur un parking, se faire virer d'une banquette d'un squat parce que c'est là que dort le chien habituellement, jouer au milieu d'une horde de zombies dont un monte sur scène, se prend les pieds dans les pédales et câbles et hurle « White power ! », avoir l'impression de changer de continent et d'époque quand on passe de l'Autriche à la Slovaquie, finir à l'hôpital en manquant de se crever un œil avec un pied de micro et en arrosant le public de sang, penser qu'on va dormir dans une chouette baraque en bord de mer et finir dans un squat tenant à peine debout avec pour seul habitant un clebs et son paquet de croquettes, faire un remake de Spinal Tap dans les couloirs du 013 à Tilburg tellement c'est grand, jouer dans une pièce à peine plus grande que mes chiottes (mais faire un très bon concert quand même), faire les cons devant le Arnold Schwarzenegger Stadium à Graz (qui désormais ne s'appelle plus le Arnold Schwarzenegger Stadium), casser le camion au bout de 15kms de route, le 1er jour d'un week-end de tournée, manger des tapas devant un rip off d'El Chato et des vieux qui dansent, marcher des plombes pour aller dans une boîte metal à Barcelone alors que notre guide nous annonçait 15 minutes de marche, entendre un gendarme nous dire que Metallica c'est de la merde depuis qu'ils ont viré commercial, faire engueuler involontairement un douanier suisse par son supérieur hiérarchique (quel grand plaisir), assister à une simulation de suicide au lave-vitre qui vire plutôt à l'irritation de langue, finir à poil en plein mois de janvier avec le caleçon emmêlé aux câbles des micros… ouais, on a quelques histoires comme ça. Pour info, l'Angleterre on y allé qu'une seule fois pour une seule date.
Vous avez un certain nombre de splits annoncés. Comment ces nouveaux titres sonnent-ils et comment avez-vous choisi les groupes avec lesquels vous les partagiez ? Cela a dû vous sembler comme un titre de punk-rock à deux accords à côté de ‘Born Again’...
Ben : ALERTA ANTIFASCISTA !!!
Xavier : Ce sont surtout des histoires de propositions et de rencontres. Pour le split avec Kill The Thrill, c'est une proposition de Green War, un label lyonnais. Je connais Nico, le gars qui s'occupe de ce label et on s'entend bien avec KTT donc tout roule. Le split sur Alerta Antifascista avec Icos est une proposition du label, qu'on apprécie beaucoup par ailleurs. Quant à Icos, ça nous permettra de faire connaissance. Et pour finir, celui avec Starkweather est né d'une appréciation mutuelle de nos deux groupes.
Enfin une question essentielle que tout le monde se pose : quand verra-t-on une gonzesse à poil sur la pochette d’un album d’OVERMARS ?
Ben : Jamais ! Y'a des limites à pas dépasser. On a fait énormément de concessions (à mon sens) depuis le début d'Overmars, mais on est en train d'arriver à une limite de beaufferie... Si on va plus loin, on court à la catastrophe. Avec l'âge, on est plus indulgent sur certaines choses, mais on sera toujours plus punks que metalheads, donc nos blagues phallocrates et patriarcales restent entre nous.
Xavier : Le seul à se mettre à poil sur scène, c'est moi et c'est arrivé en janvier 2004. Aujourd'hui, si mes abdos ne sont pas trop relâchés, je peux tomber le t-shirt et exhiber mes poils et tatous.
Arno : ça c'est bien une question de métalleux à la con hé hé.
Une message pour les sales métalleux de VS ? Et oseras-tu un jour avouer ton passé peu glorieux de chanteur de grind au sein des mythiques MAGGOTS, auteur de ce hit immortel qu’était « Brutal Sodomy » ?
Xavier : Erreur mec ! Erreur ! Je n'ai jamais chanté dans Maggots, ou alors sur un morceau sur scène. Mon passé de chanteur de death-grind, c'était dans Explicit Hate, entre 1992 et 1995. Seuls les authentiques anciens savent. En revanche, y avait bien des gens d'Explicit Hate dans Maggots.
Ben : Salut les métalleux... Message : est-ce que vous n'en voulez pas trop aux emokids à franges de vous avoir piqué vous futales moule-burnes ? Merci pour l'itw en tout cas.
Arno : Le métal est mort le jour où Reign In Blood est sorti. Tout ce qui vient après c'est du bavardage. Alors mon message c'est : passez au reggae.