BUZZOV.EN - ...At A Loss (Off The Records) - 13/12/2014 @ 20h40
Le Sludge et tous les groupes Post/Core/Black/Crust... qui sortent par paquet de cent ces derniers temps vous sortent par les yeux ?
Vous n'avez pas tord... cependant, les pionniers de ce style, sorte d'enfant bâtard et consanguin du Doom et du Punk/Hardcore méritent qu'on s'y attarde, ne serait-ce que pour la sincérité de leur démarche. Le Sludge... (un terme qui à l'époque n'existait même pas) était alors synonyme de chaos, de nihilisme et d'une misanthropie non feinte et représentait pour les membres de ces groupes le prolongement logique de leurs vies d'inadaptés sociaux. Si Eyehategod et toute la scène de La Nouvelle Orléans placèrent la barre très haut, leurs potes de Buzzov.en n'avaient pas à rougir sur ce point précis !
Le groupe se forme en 1991 à Wilmington en Caroline du Nord autour de Kirk Fisher, guitariste chanteur bipolaire, bien frappadingue et ayant une fâcheuse tendance à la toxicomanie. Buzzov.en est SON groupe et les divers musiciens qui l'entoureront ne seront que de passage.
Buzzov.en commence par tourner intensivement : les concerts sont réputés violents et dangereux, le comportement erratique et hors de contrôle de Fisher n'étant pas étranger à l'aura de malaise qui entoure le groupe.
Après une démo et 2 Ep, le groupe sort To A Frown (1993), un premier album essentiel pour qui veut comprendre les origines du Sludge. (avec le Take As Needed For Pain de Eyehategod qui sorti la même année, vous avez la bible du style!)
Suivra Sore en 1994, leur meilleur album pour beaucoup. L'album sortira chez Roadrunner... Autant dire que les tour-managers du label star des 90's en matière de Métal ont dû s'arracher les cheveux d'avoir à gérer cette belle brochette de tarés ! Roadrunner ne donna pas de suite au contrat, sans déc' ?
Après 3 autres Ep, Buzzov.en sort ...At A Loss en 1998, celui par lequel j'ai découvert le groupe et qui reste mon préféré à ce jour.
Pour cet album, Fisher (rebaptisé pour l'occasion Reverend Dirtkicker!) revient à la formule trio des débuts et s'entoure de Simple Man (?) à la batterie et surtout de Dave « Dixie »Collins (futur Weedeater, Bongzilla et Hail!Hornet) à la basse, un mec autant, voire plus frappé du ciboulot que le compositeur en chef... c'est du propre !
Sauf que le Dixie est un pur bassiste : son jeu aux doigts et le son de sa basse amèneront une vraie valeur ajoutée au groupe.
Comme sur les albums précédents, c'est Billy Anderson, ex-bassiste des Melvins, LE producteur de toute la scène Sludge et affiliée qui se colle derrière la console pour concocter le son baveux et près de l'os qui convient au style.
Bien sûr tous les éléments inhérents au genre sont ici présents : riffs Sabbathiens, guitares ultra heavy accordées plusieurs tons en dessous, chant hurlé voire vomi, grosse distorsion, larsens perçants et ruades Punk/Hardcore... mais cela ne signifie pas pour autant que Buzzov.en est un clone de Eyehategod.
Là où ce dernier construit des morceaux relativement complexes et basés sur plusieurs riffs de guitare, Buzzov.en privilégie des structures plus simples et traditionnelles.
Les riffs de Fisher sont plus directs, plus rock et catchy (toutes proportions gardées hein!) que chez EHG. En cela, les influences de Buzzov.en s'orientent plus vers le Punk voire le Crust que vers le Hardcore.
L'album débute sur ...At A Loss, un titre court et ultra efficace pour une entrée en matière « coup de poing dans la gueule » !
Le cauchemar commence sur A Lack Of... (en manque de quoi ? Je me le demande !) un titre alternant couplets dominés par la basse saturée de Dixie où Fisher chante son mal être et refrain explosif à base de hurlements désespérés et de guitares-massues... glauque mais jouissif !
Retour à un certain groove sur Kakkila (bon c'est pas Kool &The Gang hein!), sur ce titre la basse de Dixie est fabuleuse.
Retour au Doom sur Loricet : trois accords monolithiques répétés à l'envie sur un tempo ultra lent, c'est éprouvant mais ça fonctionne.
Titre Rapide et à la production bien craspec, Flow évoque une version plus lourde du Crust Anglais, Discharge en tête.
Vient Crawl Away et devinez quoi ? Retour au Doom ! Bravo ! A ce stade on pige le délire de Buzzov.en : enchaîner titres courts et rapides au feeling Punk avec des pièces de Doom Métal étouffantes et écrasantes. Rien de révolutionnaire bien sûr mais ça marche parfaitement.
Crawl Away est d'ailleurs un des meilleurs moments de l'album : riff poisseux évoquant le meilleur de Down et de C.O.C (et par extension Saint Vitus), rythme pachydermique et accélération sur la fin du titre...
L'album alterne donc entre giclées de Punk Métal franches et directes : Whiskey Fit, Dirtkicker et son feeling très NOLA, Red Green (reprise des Big Boys) et Doomcore fataliste : Useless, Don't Bring Me Down, Left Behind...
Bien qu'éprouvant à l'écoute ...At A Loss est un album fascinant pour qui veut bien plonger dans cet univers carrément hostile, certes, mais enclin d'une authenticité qui fait grandement défaut à certains groupes actuels.
En 2001, Buzzov.en enregistrera un quatrième album (Revelation : Sick Again) qui dormira 10 ans dans les cartons d'Hydra Head (label d'Aaron Turner de Isis) pour d'obscures histoires contractuelles : il sortira finalement en 2011.
Ce sera le dernier album de Buzzov.en, le Reverend Fisher perdant complétement les pédales au cours des années 2000 : la came, la taule et les hôpitaux psychiatriques ayant ravagé le peu de raison qui lui restait encore.
Le groupe se reforma pour quelques concerts en 2010, depuis, silence radio.
Rédigé par : DaleNixon | 1998 | Nb de lectures : 2871
Depuis toujours mon album préféré du groupe, que je préfère à Sore. Un must!
DaleNixon Membre enregistré
Posté le: 15/12/2014 à 19h22 - (31514)
Tout pareil...mais les deux albums précédents sont très bien aussi, hein!
Jus de cadavre Membre enregistré
Posté le: 09/05/2016 à 19h02 - (31942)
Ah le sludge des débuts (avant que tout ça ne s’intellectualise beaucoup trop !)... Quel pied !
Sale, lourd et "dangeureux"... Je me souviens du concert de Weedeater au Roadburn y'a quelques années, je me suis dis pendant le concert "putain j'ai l'impression qu'il peut se passer n'importe quoi, que ça peut partir en vrille pour rien, tellement les mecs sont ravagés !"
Et Dixie qui se jette en courant sur un camion qui passe devant la salle après le concert (véridique)... Voila...
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Vous n'avez pas tord... cependant, les pionniers de ce style, sorte d'enfant bâtard et consanguin du Doom et du Punk/Hardcore méritent qu'on s'y attarde, ne serait-ce que pour la sincérité de leur démarche. Le Sludge... (un terme qui à l'époque n'existait même pas) était alors synonyme de chaos, de nihilisme et d'une misanthropie non feinte et représentait pour les membres de ces groupes le prolongement logique de leurs vies d'inadaptés sociaux. Si Eyehategod et toute la scène de La Nouvelle Orléans placèrent la barre très haut, leurs potes de Buzzov.en n'avaient pas à rougir sur ce point précis !
Le groupe se forme en 1991 à Wilmington en Caroline du Nord autour de Kirk Fisher, guitariste chanteur bipolaire, bien frappadingue et ayant une fâcheuse tendance à la toxicomanie. Buzzov.en est SON groupe et les divers musiciens qui l'entoureront ne seront que de passage.
Buzzov.en commence par tourner intensivement : les concerts sont réputés violents et dangereux, le comportement erratique et hors de contrôle de Fisher n'étant pas étranger à l'aura de malaise qui entoure le groupe.
Après une démo et 2 Ep, le groupe sort To A Frown (1993), un premier album essentiel pour qui veut comprendre les origines du Sludge. (avec le Take As Needed For Pain de Eyehategod qui sorti la même année, vous avez la bible du style!)
Suivra Sore en 1994, leur meilleur album pour beaucoup. L'album sortira chez Roadrunner... Autant dire que les tour-managers du label star des 90's en matière de Métal ont dû s'arracher les cheveux d'avoir à gérer cette belle brochette de tarés ! Roadrunner ne donna pas de suite au contrat, sans déc' ?
Après 3 autres Ep, Buzzov.en sort ...At A Loss en 1998, celui par lequel j'ai découvert le groupe et qui reste mon préféré à ce jour.
Pour cet album, Fisher (rebaptisé pour l'occasion Reverend Dirtkicker!) revient à la formule trio des débuts et s'entoure de Simple Man (?) à la batterie et surtout de Dave « Dixie »Collins (futur Weedeater, Bongzilla et Hail!Hornet) à la basse, un mec autant, voire plus frappé du ciboulot que le compositeur en chef... c'est du propre !
Sauf que le Dixie est un pur bassiste : son jeu aux doigts et le son de sa basse amèneront une vraie valeur ajoutée au groupe.
Comme sur les albums précédents, c'est Billy Anderson, ex-bassiste des Melvins, LE producteur de toute la scène Sludge et affiliée qui se colle derrière la console pour concocter le son baveux et près de l'os qui convient au style.
Bien sûr tous les éléments inhérents au genre sont ici présents : riffs Sabbathiens, guitares ultra heavy accordées plusieurs tons en dessous, chant hurlé voire vomi, grosse distorsion, larsens perçants et ruades Punk/Hardcore... mais cela ne signifie pas pour autant que Buzzov.en est un clone de Eyehategod.
Là où ce dernier construit des morceaux relativement complexes et basés sur plusieurs riffs de guitare, Buzzov.en privilégie des structures plus simples et traditionnelles.
Les riffs de Fisher sont plus directs, plus rock et catchy (toutes proportions gardées hein!) que chez EHG. En cela, les influences de Buzzov.en s'orientent plus vers le Punk voire le Crust que vers le Hardcore.
L'album débute sur ...At A Loss, un titre court et ultra efficace pour une entrée en matière « coup de poing dans la gueule » !
Le cauchemar commence sur A Lack Of... (en manque de quoi ? Je me le demande !) un titre alternant couplets dominés par la basse saturée de Dixie où Fisher chante son mal être et refrain explosif à base de hurlements désespérés et de guitares-massues... glauque mais jouissif !
Retour à un certain groove sur Kakkila (bon c'est pas Kool &The Gang hein!), sur ce titre la basse de Dixie est fabuleuse.
Retour au Doom sur Loricet : trois accords monolithiques répétés à l'envie sur un tempo ultra lent, c'est éprouvant mais ça fonctionne.
Titre Rapide et à la production bien craspec, Flow évoque une version plus lourde du Crust Anglais, Discharge en tête.
Vient Crawl Away et devinez quoi ? Retour au Doom ! Bravo ! A ce stade on pige le délire de Buzzov.en : enchaîner titres courts et rapides au feeling Punk avec des pièces de Doom Métal étouffantes et écrasantes. Rien de révolutionnaire bien sûr mais ça marche parfaitement.
Crawl Away est d'ailleurs un des meilleurs moments de l'album : riff poisseux évoquant le meilleur de Down et de C.O.C (et par extension Saint Vitus), rythme pachydermique et accélération sur la fin du titre...
L'album alterne donc entre giclées de Punk Métal franches et directes : Whiskey Fit, Dirtkicker et son feeling très NOLA, Red Green (reprise des Big Boys) et Doomcore fataliste : Useless, Don't Bring Me Down, Left Behind...
Bien qu'éprouvant à l'écoute ...At A Loss est un album fascinant pour qui veut bien plonger dans cet univers carrément hostile, certes, mais enclin d'une authenticité qui fait grandement défaut à certains groupes actuels.
En 2001, Buzzov.en enregistrera un quatrième album (Revelation : Sick Again) qui dormira 10 ans dans les cartons d'Hydra Head (label d'Aaron Turner de Isis) pour d'obscures histoires contractuelles : il sortira finalement en 2011.
Ce sera le dernier album de Buzzov.en, le Reverend Fisher perdant complétement les pédales au cours des années 2000 : la came, la taule et les hôpitaux psychiatriques ayant ravagé le peu de raison qui lui restait encore.
Le groupe se reforma pour quelques concerts en 2010, depuis, silence radio.
Rédigé par : DaleNixon | 1998 | Nb de lectures : 2871