ASPHYX - The Rack (Century Media) - 25/10/2014 @ 21h23
Je suis resté longtemps sans voix quand certaines personnes me demandaient pourquoi la musique tient une place aussi importante dans ma vie. Il est bien entendu qu'il ne peut y avoir une seule et unique réponse à cette vaste question métaphysique (et un peu chiante), mais j'en connais au moins une : c'est la faculté que peuvent avoir quelques notes de musique à me ramener à une période précise de mon existence et à créer un tourbillon de souvenirs lié à des lieux, à des personnes, à une soirée ou un instant précis...impossible pour moi d'écouter Chaos AD ou Reign In Blood sans me remémorer les premières répétitions maladroites de mes premiers groupes et les excursions que mes potes et moi faisions en forêt, des packs de mauvaises bières dans les bras, à brailler comme des dégénérés consanguins en surjouant la possession démoniaque autour d'un grand feu... poilade garantie ! Alors oui, par contre, les meufs ne se battaient pas pour traîner avec nous... c'est sûr !
Dans le cas du métal, et particulièrement dans le Death, qui utilise une imagerie très forte, la simple vision d'une pochette et, dans ce cas précis, d'un logo, peuvent suffire à m'évoquer des souvenirs lointains.
Il aura fallu que je tombe sur une chronique de Deathhammer, deuxième album post reformation des hollandais de Asphyx, pour réaliser que j'avais totalement occulté ce groupe pendant près de 20 ans, alors qu'il s'agit là d'un des premiers combos Death Metal que j'ai pu écouter !
Je n'étais alors pas bien haut : 12 ans, à tout péter ! Je trainais alors parfois avec des « Thrashers »bien plus vieux que moi (au moins 3 ans de plus ! Des ancêtres quoi! je devais sûrement les faire marrer!) qui me laissaient écouter leur impressionnante collection musicale (au moins 20 K7!!!).
Parmi ces K7 : The Rack d'Asphyx que j'écoutais bien plus que les autres ! Pourquoi ? Aucune idée ! A 12 piges, on n'analyse pas ce genre de chose, le cynisme et l'attitude blasée ne viendront que bien plus tard. A 12 piges, on aime ou on déteste : pas de juste milieu, et c'est très bien comme ça !
Asphyx est un groupe Néerlandais, formé en 87 par le batteur Bob Bagchus, seul membre ayant été de toutes les incarnations du groupe. Après 2 démos et l'album Embrace The Death qui ne sortira qu'en 1996, Bagchus et le guitariste Eric Daniels, sont rejoint par le bassiste/chanteur Martin Van Drunen. Du fait de sa participation aux deux premiers albums de Pestilence, ce dernier jouit déjà d'une certaine notoriété au sein de la scène Death Metal. Sans doute lassé de se fader l'ultra prétention d'un Mameli désireux de devenir l'égal d'un John Coltrane, Asphyx sera pour lui le parfait exutoire pour pratiquer un Death Métal de tradition, direct et anti-technique.
Dès la courte introduction terminée, les premières mesures de Vermin nous rassurent quant aux intentions d'Asphyx : le son de guitare bien baveux, dopé à la pédale Boss Heavy Metal, évoque immédiatement le fameux son Suédois des studios Sunlights. La rythmique oscille entre Speed et Mid Tempo bien soutenu et l'incroyable voix arrachée de Van Drunen sublime le tout.
Diabolical Existence attaque sur un riff bien Evil, quasi Black-Métal avant de ralentir brutalement. Sur ce titre on remarque la basse de Van Drunen, bien présente dans le mix, chose suffisamment rare dans le style pour être soulignée!
C'est sur Evocation et Wasteland Of Terror que Asphyx dévoile sa face Doom par le biais de passages ultra lourds et suffocants. On pense au début de Paradise Lost et d'Anathema, la touche dépressive en moins... faut pas déconner !
On pense à Obituary sur The Sickening Dwell, certains riffs et le grain de voix de Van Drunen se rapprochant particulièrement de John Tardy sur ce titre.
Ode To Nameless Grave est une pièce instrumentale laissant percer des mélodies de guitare particulièrement funeste.
Retour en terrain Doom/Death sur Pages In Blood, la voix de Van Drunen y est diabolique !
On termine sur le morceau titre : The Rack, culminant à 9 mn ! Synthèse parfaite du style du groupe.
En réécoutant The Rack, je me demande comment j'ai pu me passer de ce disque pendant toutes ces années. En 1991, il n'était évidemment pas question de parler de Old School, le Death Métal étant alors un style nouveau et en plein essort.
Mais en 2014, le Death Métal ayant naturellement évolué en devenant de plus en plus rapide, technique et brutal et en s'inspirant d'autres courants, on peut sans problème qualifier Asphyx de Death Métal Old School, une étiquette qu' ils revendiquent et assument pleinement.
Ici, nulle trace de blast beat, de batterie triggée, de surenchère technique pénible et de la production froide et clinique propre à certains groupes actuels. Asphyx préserve un certain esprit punk, le sens du groove, une structure classique des morceaux ainsi qu'une production organique et chaleureuse... en écoutant The Rack au casque, on peut entendre ici et là des approximations et des tempos partant légèrement en vrille... peu importe !
Peu importe, car à aucun moment le groupe ne triche : tout ici est d'une désarmante sincérité et l'essence même du style est préservée : ce disque pue la mort, suinte la mort, évoque la mort...c'est quand même la moindre des choses quand on joue du DEATH ! Merde quoi !
En 92, Asphyx sortira Last One On Earth avant de commettre une grossière erreur en se séparant de Martin Van Drunen.
Si les albums suivants ne sont pas totalement ratés, la voix hyper singulière de Van Drunen, immédiatement identifiable, était une part bien trop importante de l'identité du groupe pour s 'en séparer.
Asphyx se reformera en 2008 et sortira les deux albums géniaux que sont Death... The Brutal Way et Deathhammer (meilleur titre d'album de tout les temps!!!)
the Rack, un très bon album de Asphyx bien que je prefere "Last One On Earth", il reste un très bon album de Asphyx, je retient principalement The Rack, Vemin, Pages In Blood et Diabolical Existence, une terreur!
Sinon l'identité du groupe est vraiment spécial puisque les principaux leaders ont tous quitté le groupe et certain sont ensuite revenu.
- Martin Van Drunen qui a pourtant était viré après "Last One on Earth" est aujourd'hui le dernier leaders.
- Eric Daniels qui était le seul membres d'origine sur "Asphyx" en 1994, n'a pas prit par a la réformation. -- Bob Bagchus, le créateur et grand meneur du groupe qui vient de le quitter cet année, laissant le groupe continuer sans sont maître.
Sinon Asphyx quel groupe! Death et Doom font bon ménage, un patron du genre.
DaleNixon Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 00h39 - (31357)
Ah je ne savais pas pour Bagchus, merci pour l'info!
C'est très récent, non ?
jaquouille Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 07h30 - (31358)
très très bon album
marrant les souvenirs que certains albums peuvent engendrer... moi ça me fait surtout ça avec les films des années 80 : où, avec qui, etc...
forlorn Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 07h42 - (31359)
Bob Bagchus a quitté Asphyx en mars 2014, officiellement pour s'occuper de sa famille. Mais le fait est que depuis le retour d'Eric Daniels sur le devant de la scène, ils sont inséparables.
Après la création en 2009 d'un alter-ego, Grand Supreme Blood Court, les 2 Néerlandais ont lancé en 2013 un nouveau projet (black/doom): To the Gallows. Après le départ de Rogga Johansson au début de l'année, ils ont changé de patronyme et repris Soulburn (incarnation d'Asphyx de 1996 à 1999).
Pour plus d'infos voir le moteur de recherche.
TarGhost Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 09h27 - (31360)
Excellente chronique gorgée de références qui font écho chez moi aussi ! Notamment celles sur les escapades forestières entre potes et l'association ad vitam eternam entre certains albums et des moments-clés de vie : tiens d'ailleurs, n'appelle-t-on pas cela...la nostalgie ? ;)
Concernant "The rack", c'est celui, aux côtés de "Last one on earth" que je préfère chez ASPHYX. Le cahier des charges y est respecté à la lettre : le son grassouillet, les riffs simples et efficaces au groove imparable et surtout les vocalises au goût unique d'un des meilleurs growleurs de tous les temps, Martin Van Drunen.
La suite des évènements, que ce soit toujours sous la forme d'ASPHYX ou de SOULBURN me laissent de marbre. Tiens, ça tombe bien, c'est bientôt la Toussaint.
DaleNixon Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 10h10 - (31361)
Ah Ah je m'attendais à ce qu'on évoque la nostalgie
GabinEastwood Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 10h10 - (31362)
Excellent album d'ASPHYX qui montrait dès ce premier opus qu'il allait falloir compter avec eux. Même si à titre personnel je lui préfère "Last one on earth" plus abouti et puissant, il y'a suffisamment de bonnes choses sur ce disque pour accrocher totalement !
hammerbattalion Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 14h48 - (31368)
Les références et les anecdotes me rappellent aussi des souvenirs. Par contre, à l'époque je trouvais ce groupe tout moisi, fin de deuxième division, trop de concurrence pitêt. Ce n'est qu'à la sortie de Death---The brutal Way que je m'y suis remis. Et donc je trouve The Rack crado, simpliste, méchant, bête à bouffer du foin, du bon death en somme!
DaleNixon Membre enregistré
Posté le: 26/10/2014 à 16h22 - (31371)
"crado, simpliste, méchant, bête à bouffer du foin, du bon death en somme!"
Voilà t'as tout compris ! c'est parfaitement bien résumé!
hammerbattalion Membre enregistré
Posté le: 28/10/2014 à 14h59 - (31375)
En tous cas, bravo tes kros, comme celles de forlorn et de quelques autres contributeurs, sont un vrai régal à lire.
diesirae Membre enregistré
Posté le: 28/10/2014 à 21h57 - (31376)
J'étais ultra fan de ce disque à l'époque où il est sorti. Par contre je trouve qu'il a pas très bien vieilli contrairement à d'autres classiques du genre. Peu importe ça reste un monstre. Super kro au passage.
RBD Membre enregistré
Posté le: 21/11/2014 à 21h50 - (31440)
Ah... A l'époque, les fans de Death autour de moi n'aimaient pas trop Asphyx et l'instabilité du line-up n'a pas aidé à suivre le groupe. Alors même que tout n'est pas à jeter dans l'intervalle jusqu'à la reformation mais bref... L'absence complète du groupe a permis à tout le monde de prendre conscience qu'il y avait quand même un manque.
Je pense que je ne suis pas le seul à avoir le DVD réalisé après la reformation, où le groupe retrace longuement son histoire, et Martin van Drunen y explique que c'est lui qui était parti sur un coup de tête, en réalité.
Sur l'album itself, j'adore son côté sincère, ce mélange d'inspiration incontestable dans la composition avec quelques petites imperfections de jeunesse qui attachent, le chant d'un Martin van Drunen en pleine bourre, et un style résolument indifférent aux facilités de l'accélération... Même si le suivant est certainement encore meilleur.
Niveau de modération : Commentaires non modérés par l'administration du site
Ce commentaire est soumis à la lecture et à l'approbation des modérateurs.
S'il ne suit pas les règles suivantes : Pas de pub, pas de lien web, pas d'annonces de concerts, il ne sera pas retenu. Plus d'infos
Dans le cas du métal, et particulièrement dans le Death, qui utilise une imagerie très forte, la simple vision d'une pochette et, dans ce cas précis, d'un logo, peuvent suffire à m'évoquer des souvenirs lointains.
Il aura fallu que je tombe sur une chronique de Deathhammer, deuxième album post reformation des hollandais de Asphyx, pour réaliser que j'avais totalement occulté ce groupe pendant près de 20 ans, alors qu'il s'agit là d'un des premiers combos Death Metal que j'ai pu écouter !
Je n'étais alors pas bien haut : 12 ans, à tout péter ! Je trainais alors parfois avec des « Thrashers »bien plus vieux que moi (au moins 3 ans de plus ! Des ancêtres quoi! je devais sûrement les faire marrer!) qui me laissaient écouter leur impressionnante collection musicale (au moins 20 K7!!!).
Parmi ces K7 : The Rack d'Asphyx que j'écoutais bien plus que les autres ! Pourquoi ? Aucune idée ! A 12 piges, on n'analyse pas ce genre de chose, le cynisme et l'attitude blasée ne viendront que bien plus tard. A 12 piges, on aime ou on déteste : pas de juste milieu, et c'est très bien comme ça !
Asphyx est un groupe Néerlandais, formé en 87 par le batteur Bob Bagchus, seul membre ayant été de toutes les incarnations du groupe. Après 2 démos et l'album Embrace The Death qui ne sortira qu'en 1996, Bagchus et le guitariste Eric Daniels, sont rejoint par le bassiste/chanteur Martin Van Drunen. Du fait de sa participation aux deux premiers albums de Pestilence, ce dernier jouit déjà d'une certaine notoriété au sein de la scène Death Metal. Sans doute lassé de se fader l'ultra prétention d'un Mameli désireux de devenir l'égal d'un John Coltrane, Asphyx sera pour lui le parfait exutoire pour pratiquer un Death Métal de tradition, direct et anti-technique.
Dès la courte introduction terminée, les premières mesures de Vermin nous rassurent quant aux intentions d'Asphyx : le son de guitare bien baveux, dopé à la pédale Boss Heavy Metal, évoque immédiatement le fameux son Suédois des studios Sunlights. La rythmique oscille entre Speed et Mid Tempo bien soutenu et l'incroyable voix arrachée de Van Drunen sublime le tout.
Diabolical Existence attaque sur un riff bien Evil, quasi Black-Métal avant de ralentir brutalement. Sur ce titre on remarque la basse de Van Drunen, bien présente dans le mix, chose suffisamment rare dans le style pour être soulignée!
C'est sur Evocation et Wasteland Of Terror que Asphyx dévoile sa face Doom par le biais de passages ultra lourds et suffocants. On pense au début de Paradise Lost et d'Anathema, la touche dépressive en moins... faut pas déconner !
On pense à Obituary sur The Sickening Dwell, certains riffs et le grain de voix de Van Drunen se rapprochant particulièrement de John Tardy sur ce titre.
Ode To Nameless Grave est une pièce instrumentale laissant percer des mélodies de guitare particulièrement funeste.
Retour en terrain Doom/Death sur Pages In Blood, la voix de Van Drunen y est diabolique !
On termine sur le morceau titre : The Rack, culminant à 9 mn ! Synthèse parfaite du style du groupe.
En réécoutant The Rack, je me demande comment j'ai pu me passer de ce disque pendant toutes ces années. En 1991, il n'était évidemment pas question de parler de Old School, le Death Métal étant alors un style nouveau et en plein essort.
Mais en 2014, le Death Métal ayant naturellement évolué en devenant de plus en plus rapide, technique et brutal et en s'inspirant d'autres courants, on peut sans problème qualifier Asphyx de Death Métal Old School, une étiquette qu' ils revendiquent et assument pleinement.
Ici, nulle trace de blast beat, de batterie triggée, de surenchère technique pénible et de la production froide et clinique propre à certains groupes actuels. Asphyx préserve un certain esprit punk, le sens du groove, une structure classique des morceaux ainsi qu'une production organique et chaleureuse... en écoutant The Rack au casque, on peut entendre ici et là des approximations et des tempos partant légèrement en vrille... peu importe !
Peu importe, car à aucun moment le groupe ne triche : tout ici est d'une désarmante sincérité et l'essence même du style est préservée : ce disque pue la mort, suinte la mort, évoque la mort...c'est quand même la moindre des choses quand on joue du DEATH ! Merde quoi !
En 92, Asphyx sortira Last One On Earth avant de commettre une grossière erreur en se séparant de Martin Van Drunen.
Si les albums suivants ne sont pas totalement ratés, la voix hyper singulière de Van Drunen, immédiatement identifiable, était une part bien trop importante de l'identité du groupe pour s 'en séparer.
Asphyx se reformera en 2008 et sortira les deux albums géniaux que sont Death... The Brutal Way et Deathhammer (meilleur titre d'album de tout les temps!!!)
Album en écoute intégrale: https://www.youtube.com/watch?v=voXBC1uN-pA
Rédigé par : DaleNixon | 1991 | Nb de lectures : 2416