DIO - Strange Highways (Vertigo) - 18/10/2014 @ 20h59
Quand on a passé le cap fatidique de la trentaine, il faut s'avouer les choses et assumer ses goûts et ses passions en dépit de la dictature du bon goût : J'aime le Heavy Metal ! Voilà c'est dit !
Et là attention, je parle bel et bien de Heavy Metal dit Traditionnel ! Le Heavy Metal dans sa forme la plus pure qui soit : Black Sabbath, Judas Priest, Iron Maiden, Accept, Manowar même, tiens ! (Bon, concernant ce dernier, c'est surtout pour déconner...quoique... !)
Si l'introduction de cette chronique a des allures de Coming-Out, c'est parce que j' étais adolescent dans les années 90 : pas franchement l' âge d'or du style ! Et surtout que j'ai fait mes armes dans les scènes Hardcore/Punk et Indie Rock où le Heavy Metal et le Hard Rock étaient méprisés.
Or l'adolescent est faible, angoissé à l'idée d'être rejeté ou de ne pas être «cool» (et aussi un peu con, il faut bien le dire!). Amener une K7 d'Iron Maiden à une soirée, c'était s'exposer aux moqueries et à la lapidation publique. Ingrat que j'étais, j'ai passé sous silence cette inavouable passion pour ces groupes qui pourtant, au début de la décennie, m'ont montré la voie à suivre... car c'est par le Heavy Metal que j'ai découvert qu'il existait une alternative à la daube qu'on nous servait à la radio ! (comme la majorité de ceux qui s'en moquaient ! Sales hypocrites !!!)
Fort heureusement, l'adolescence n'étant pas une maladie incurable, et pour peu qu'on soit un minimum intelligent, on finit par comprendre qu'on n'a pas à renier ses racines, qu'il y a du bon et du mauvais dans pratiquement tous les styles et que la vie est trop courte pour se cloîtrer dans une chapelle musicale.
Chaque style a des gimmicks et des clichés qu'on peut facilement tourner en dérision. Il y aura toujours une majorité (enfin j'espère !) de vrais passionnés et une minorité de connards suffisants et prétentieux, grandes gueules très fortiches quand il s'agit d'étaler leur pseudo-culture au comptoir du bistrot, mais beaucoup moins balèzes pour partager une discussion sincère et passionnée.
Peu de temps après la mort de Dio, lors de l'entracte d'un concert de Punk Rock, j'ai perdu un quart d'heure de ma vie à « discuter » du grand Ronnie avec l'un de ces spécimens : Pour lui le Heavy Metal était, de mémoire : « juste bon pour les ploucs à coupe mulet qui font des tours de mobylettes dans leurs villages pourris, c'est la musique des beaufs !»
Musique de beaufs ! Vraiment ? Venant d'un Redskin de sous-préfecture, suivant à la lettre les clichés de sa « tribu », soit : Foot, Bières et Bastons contre des ennemis imaginaires... j'ai trouvé ça gonflé ! En grattant le vernis, on découvre bien vite que, en dehors de 3 disques de Oï ! qui se battent en duel sur son étagère, le mec n'est qu'une coquille vide, uniquement attiré par les trois préceptes (bien beaufs pour le coup!) cités plus haut !
Cet « échange de point de vue » très intéressant fut, pour moi, l'un des nombreux éléments déclencheurs d'un certain ras le bol de la scène Punk Rock, HxC, Garage... et si j'aime et aimerai toujours profondément ces styles, je ne supporte plus la stupidité et la superficialité qui s'y est invitée depuis quelques années, j'y reviendrai quand l'air y sera plus respirable... à bientôt !
Avec le recul, il est évident que c'est ce ras le bol (et peut être un peu la crise de la trentaine, demandez donc à ma femme !) qui a déclenché chez moi ce besoin viscéral de retour au source : ce besoin viscéral de ressortir les cartons du grenier et de replonger dans les disques qui ont bercé mon adolescence !

Ronnie James Dio, c'est d'abord un souvenir d'enfant tenace : le clip de Love Is All, l'énorme tube de Roger Glover & The Butterfly Ball, la première fois qu'un morceau me touche réellement et qu'une voix me colle la chair de poule. Bien sûr, je n'ai découvert l'identité et la carrière du chanteur que bien plus tard, par le biais des premiers magazines métal que j'ai lu.
Et quelle carrière ! Elf, Rainbow et Black Sabbath... avant de se lancer en solo en 83 et de sortir coup sur coup les deux indispensables que sont Holy Diver et The Last In Line.
C'est ma mère, sponsor officiel de ma passion naissante pour le Métal, qui m'offre Strange Highways, en K7 ! Nous sommes en 1993, l'album sort après l'éphémère reformation du Black Sab' version Dio-Iommi-Butler-Appice responsable du mésestimé Dehumanizer en 1992.
Accompagné du fidèle Vinny Appice à la batterie, de Tracy Grijalva à la guitare et de Jeff Pilson (Dokken, MSG...) à la basse, notre chasseur de dragons préféré nous offre un pur album de Heavy Metal, puissant et racé, qui sera pourtant bien mal évalué à l'époque.
Sauf que moi, du haut de mes 13 ans, je me balance pas mal des critiques et de la hype : je suis emballé par l'ambiance de ce disque, le son de la guitare, la voix magistrale de Dio.
Et, même si ça peut sembler secondaire, quand on est adolescent, l'imagerie est importante : la pochette (vraiment abominable pour le coup, mais que j'adorais à l'époque!), les textes, l'ambiance vaguement ésotérique, le délire donjon et dragons et tout le toutim... pour un gamin comme moi, bien plus fasciné par Gremlins, Conan le Barbare ou Terminator que par les ronds de jambes de Jean Pierre Papin... c'était du pain béni !

Super titre d'ouverture, Jesus Mary & The Holy Ghost attaque sur un tempo soutenu et un riff bien rock avant que le rythme ne se casse brutalement pour que Ronnie puisse prêcher de sa voix la plus agressive. La routine du morceau est cassé via des breaks de synthé ou de soli de guitare jamais indigestes, excellent !
Visiblement encore sous le coup de son second divorce avec Black Sabbath, c'est sur Firehead et surtout sur le chef d'oeuvre, Strange Highways, qu'on sent le plus l'influence de ces derniers. Si le premier titre n'aurait pas dépareillé au milieu de Dehumanizer, le second est une splendide ballade funeste, lente, lourde et menaçante qui évoque carrément la période Heaven & Hell de Sabbath ! (Si, si ! j'vous jure !)
Hollywood Black est un bon gros tube Heavy dont le refrain super efficace vous restera en tête TOUTE la journée ! Croyez moi, je l'ai testé pour vous !
Plus agressif, Evilution évoque par instant, les morceaux les plus plombés de Judas Priest.
Avec leurs riffs bien massifs, Pain et One Foot In The Grave reviennent sur des terres plus Sabbathiennes.
Passage obligé de tout album de Heavy Métal qui se respecte, Give Her The Gun est une pure Power Ballad : arpèges de guitare cristallin sur le couplet et explosion cathartique sur le refrain, discrètes notes de synthé, envolées lyriques les poings serrés et les cheveux au vent... vous voyez le délire ? Exercice hautement casse-gueule chez de nombreux groupes ! Mais le talent de compositeur et de chanteur de Dio est tel que ce titre passe sans encombre.
On termine par trois titres plus classiques bien qu'excellents : les très Heavy Blood From A Stone et Bring Down The Rain, et le plus speed et mélodique Here's To You, avec son petit côté Twisted Sister dans les choeurs.

Précisons que la production signée Mike Fraser (AC/DC, Aerosmith, Metallica... que des groupes obscurs !) claire, précise et puissante sied parfaitement à ce disque, étrangement mal aimé et éreinté par la critique de l'époque, alors que, dans le style, il n'a pas pris une ride.
Inutile de passer des heures sur la voix de Dio : cet homme était et restera, au côté de Bruce Dickinson et de Rob Halford, un des meilleurs (le meilleur?) chanteurs de Heavy Metal que la terre n'ait jamais porté, point barre ! Magistral sur chaque album auquel il a participé, Strange Highways ne fait pas exception à la règle.

Chronique totalement subjective ? Oui mec !

Chronique tenant plus de la plaidoirie que de l'analyse musicale ? Carrément ! Et je l'assume ! Car la condescendance teintée d'ignorance que pratique une certaine « police du bon goût » est insupportable !

Vive Dio ! Vive le Heavy ! Death To False Metal !




Rédigé par : DaleNixon | 1993 | Nb de lectures : 2196


Auteur
Commentaire
Le Chef
Membre enregistré
Posté le: 19/10/2014 à 07h18 - (31297)
Mon préféré de Dio, découvert à sa sortie. Contrairement aux classiques qui ont pour ma part un coté "heavy warrior" un peu trop prononcé celui-ci est plus sombre, puissant et je suis bien d'accord il n'a pas vieilli le bougre. Vraiment dommage qu'il soit si mésestimé.



Le Chef
Membre enregistré
Posté le: 19/10/2014 à 07h20 - (31298)
L'album en écoute ici :
www.youtube.com/watch?v=gRrTiDfb5Io&list=PLuuTzaS_dW949cfZ3T4o06sTZQQR6dT7J

Moshimosher
Membre enregistré
Posté le: 19/10/2014 à 16h40 - (31311)
Superbe chronique qui donne envie de l'écouter, cet album... donc, je file direct vers le lien YouTube donné par Le Chef ! :)

EvilDevil
IP:70.52.206.125
Invité
Posté le: 20/10/2014 à 03h54 - (31323)
Un des plus mauvais albums de Dio!!! Mauvais riffs et mauvaises chansons appuyés par un guitariste sans réel talent!!! J`ai vu Ronnie en spectacle lors de cette tournée et le lamentable Tracy G. réussissait à massacrer les classiques du nain par son manque de talent!!! Un album digne du aussi très mauvais "angry machine"!! À oublier même si vous êtes un fan de DIO!!

Burn
IP:82.66.214.120
Invité
Posté le: 20/10/2014 à 14h54 - (31327)
Très bon album, oui !

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