Si je vous METAL et que je vous dis James, Tony, Ronnie, Rob ou Bruce, je suis quasiment sur que vous aller me dire Hetfield, Iommi, Dio, Halford et Dickinson. Certains musiciens légendaires du metal nous sont tellement familiers qu'on associe difficilement leurs prénoms à quelqu'un d'autre qu'eux. Max par exemple... est ce qu'il y a un autre Max plus célèbre dans le metal que notre cher vieux Tonton Cavalera ?
Récemment, je discutais avec un metalleux plus jeune que moi et le sujet de la conversation portait sur le SEPULTURA de la "grande époque". Plus le temps passait et plus je voyais que le jeune padawan ne réalisait pas combien SEPULTURA avait été un groupe important dans les 90's. Difficile pourtant d'en vouloir à ce jeune homme : Il ne connaissait que les versions d'"Arise" ou "Desperate Cry" jouées par SOULFY... très, très loin de la puissance et du charisme de ce que pouvait envoyer SEPULTURA à l'époque... et sur "Under Siege" en particulier. Heureusement pour mon jeune camarade, la K7 originale se trouve aujourd'hui compilée sur le "Chaos DVD"... tout ce qui doit être fait, mérite d'être bien fait comme on dit !

Lorsque j'ai revu récemment "Under Siege", je me suis rappelé que lorsque j'avais découvert "Under Siege" je l'avais trouvé vraiment unique et différent...et avec le recul, je me suis rendu compte que la raison n'était pas seulement musicale. Pour moi qui ne connaissait SEPULTURA qu'au travers des photos et des interviews, je n'avais qu'une vision parcellaire de ce que pouvait être l'image du groupe.
Avec leurs mines patibulaires et leur looks de bagnards du Thrash, les Brésiliens m'apparaissaient comme de sérieux Tough guys.
Avec "Under Siege", on découvrait un groupe passionné mais sans prise de tête, complétement en phase avec leur style de musique...mais aussi avec cet "exotisme" Brésilien tout particulier. Déjà très attaché à ses racines, le groupe évoquait son quotidien à Sao Paulo, ses débuts en détaillant l'arrivée de Paulo et d'Andreas et leur vision de la musique via SEPULTURA.
Je me souviens avoir regardé cette vidéo avec des personnes qui n'étaient pas spécialement fan de Thrash voire de Metal, et à chaque fois, tout le monde était interpellé par ce groupe étrange qui malgré la brutalité de son propos musical sans concession drivait quelque chose de singulier qui ne s'apparentait à aucun autre groupe de la même mouvance.
Et pourtant à aucun moment ici, SEPUTLURA ne baisse son froc et ne ralentit le tempo de ses sauvages cavalcades. Les versions ultra speedée de "Mass Hypnossis" ou de "Escape to the void" démontrant d'une manière plus qu'évidente que les Brésiliens avaient à l'époque un appétit d'ogre dés lors qu'il s'agissait du live...

Véritable rouleau compresseur boosté à la nitroglycérine, SEPULTURA nous démontrait tout au long de ce "Under Siege" qu'ils pouvaient se targuer à l'époque d'avoir un des répertoires les plus viril qui soit. De "Arise" jusqu’à la reprise finale d' "Orgasmatron", SEPULTURA enquillait les perles et corroborait les dires des Metalheads qui plaçaient le groupe en tête des meilleures (qui à dit LA meilleure) formation Thrash du monde. Morceaux de tueurs superbement composés, solides techniques musicales (Igor et Andreas en tête), charisme absolument stupéfiant et personnalité hors du commun... et tout ça à un peu plus de 20 ans... le talent n'attend définitivement pas le nombre des années.
Impossible de parler de ce live sans relever l'incroyable jeu d'Igor Cavalera, impérial de bout en bout et visiblement, à l'époque, difficilement fatigable. Pas forcément très technique, le batteur se détachait des autres cogneur grâce à sa frappe lourde et puissante, son énergie qui lui faisait accélérer de manière significative le tempo des morceaux, ses breaks reconnaissables entre milles, et son jeu de tom très dur et très appuyé. Je ne compte plus le nombre de batteur de metal qui ne cessaient de tarir d'éloges sur lui, Igor déclarant par dessus le marché, n'avoir jamais pris de cours de batterie de sa vie.
Rigoureux et solide derrière son instrument, Andreas assurait autant en rythmique que lors de ses solos Mélodico/chaotiques où il exprimait d'une manière éclatante toute sa forte personnalité musicale. Car derrière les plans de Shred et les arpèges en son clair, se terrait un musicien aux influences multiples et un metalleux pur jus sachant exactement comme doit sonner un riff ivol ! Bref le six cordiste de rêve pour jouer de la mule.
Si Paulo Jr a autant la parole que ses camarades dans "Under siege", il est clair qu'il est pas évident de l'entendre dés lors que tout le monde est à burne. Pourtant, difficile d'imaginer à l'époque SEPULTURA sans l'épaisse tignasse du bassiste fouettant l'air ambiant. Personnage humble et sympathique, son jeu avait le mérite d'arrondir les sonorités abruptes des guitares de Max et Andreas. Restait le dernier, et pas des moindres...

Je crois que je pourrais parler pendant de longues minutes du Max de cette époque, tant il cristallisait pour de nombreux metalleux une sorte de "champion" susceptible de prendre une place parmi les légendes du metal.
Malgré son jeune age, Max avait à l'époque un discours réfléchi, à la fois très ouvert sur le monde qui l'entourait et très pointu dés lors qu'il évoquait sa passion du metal. D'obscurs groupes de Death Suédois aux références absolue du Thrash de l'époque, nombreux étaient ceux qui reconnaissait SEPULTURA et son leader comme des "trues", à la fois hardcore dans leur façon de concevoir la musique et attachés à une certaine idée de l'underground.
Bien sur, il y avait quelques gaziers qui trouvaient qu'ils n'étaient plus aussi brutaux qu'a leur débuts...ou qu'ils n'étaient pas assez originaux (eh oui, faut pas oublier qu'Araya et King parlaient à l'époque de SEP' avec une condescendance assez moche).
Sans être non plus le Kant du metal, Max ramenait ses paroles et sa musique à ce qu'elle était certainement : Une expression sans compromis de sa vision d'un monde souvent terriblement injuste, explosion violente d'une catharsis belliqueuse visant à ce que les gens communiquent en s'amusant et pas en se tapant dessus. C'est cette idée simple que le chanteur défend avec conviction lorsqu'il répond à l'interview, lorsqu'il "reprend" un videur un peu trop zélé, ou lorsqu'il accueille l'enthousiasme "débordant" des fans à la fin du concert.
Mais tout cela a une véritable valeur quand on le voit sur scène...la bonne époque où il assurait de sa main de fer TOUTES les rythmiques et hurlait avec férocité TOUTES ses paroles. Le bon vieux temps...

A l'image de la compilation d'extraits "Live on tour" sur le dernier morceau "Orgasmatron", SEPULTURA affichait une complicité presque adolescente où la violence musicale était le ciment de leur fraternité décibellique. Un must absolu.





Rédigé par : Pamalach | 1992 | Nb de lectures : 2671