Il faut toujours un début à tout. Après avoir écumé les genres extrême divers et variés, l’envie de goûter à un genre plus doux, mais néanmoins râpeux, me titillât le palet il y a de cela 11 ans. L’envie de découvrir ce style qu’est le stoner-rock. Alors je me suis penché sur le truc le plus connu, et à force d’en avoir entendu parlé via les magazines, c’est en toute logique que je me suis penché sur les QUEENS OF THE STONE AGE. Le groupe n’en était pas à son premier coup d’essai, certes, avec déjà 2 CD unanimement acclamé sous le coude, mais venait de sortir sa 3eme rondelle prénommé « Songs For A Deaf ». Je connaissais un poil de l’historique du groupe (KYUSS, toussa) via des interviews et chroniques parues dans les canards metal que je lisais (à l’époque), mais mes goûts du moment ne m’avaient pas donné envie d’approfondir ma culture musicale. Un raisonnement bien sot, je vous l’accorde, mais qui sera rattrapé quelques années plus tard.

Sur ce 3eme album, une nouveauté, de taille pour moi, allait encore plus attiser ma curiosité : la présence derrière les futs de Dave Grohl (FOO FIGHTERS ; ex-NIRVANA). Pas que je sois une groupie du drummer, mais merde, ce mec a quand même bercé mon adolescence, et puis il reste un sacrée cogneur, alors le voir au côté de QOTSA ça donne envie. Mais avant de passer à la caisse de l’espace culturel Leclerc avec mon exemplaire à la main, un truc confirma mes désirs : le clip vidéo pour le titre « No One Knows ». Dans son style bien perché par sa mise en scène, il mettait surtout en image un des titres les plus accessibles et également un des meilleurs de l’album. Une bonne mise en jambe pour se lancer à corps perdu dans cette rondelle, tout de rouge vêtue, qui confirmera que ma curiosité n’était point vaine.

En effet, une fois le compact-disc inséré dans le mange disque, c’est un « You Think I Ain't Worth a Dollar, But I Feel Like a Millionaire » direct et rock’n’roll qui me saute à la gorge. Une entrée en matière des plus efficace et qui met bien dans le bain. Je découvre, et apprécie, vraiment cette tonalité rugueuse et chaude dans le son du groupe. En plus de créer une ambiance véritablement unique, elle s’inscrit comme une marque distincte qui sait donner cette couleur unique à l’album. Et pourtant « Songs For A Deaf » est un album bizarre. Bizarre par son ambiance si unique, ses morceaux enivrants, durs, sensibles, flirtant (à mon avis) souvent avec la drogue, et leur interprétation bourré de feeling. On ne ressort pas de « Songs For A Deaf » comme ça, tranquille, les mains dans les fouilles, non, on en ressort un peu bouleversé quand même.

Sous un concept étonnant, l’album se veut entrecoupé de passages « dj radio », comme pour donner cette impression qu’on passe d’un chanel radio à l’autre, paumé en plein désert en bagnole. Le genre de truc qui colle parfaitement à l’aura du disque. Ronronnant de bout en bout, « Songs For A Deaf » renferme une multitude d’ambiances, tantôt rauques, tantôt douces et légèrement sucrées, mais laisse surtout transparaître une sensation quasi-hypnotisante au fil des écoutes. « Songs For A Deaf » nous balade entre noirceur (« The Sky Is Fallin » ; « Songs For A Deaf »), folie douce (« Six Shooter ») à la verve punk, morceaux catchy (« Go With The Flow » ; « Another Love Song »), ou encore ambiances décalées (« EverybodyGonna Be Happy »). Mais entre tout cela, on a droit de vrais morceaux rock, fleurant bon le sable chaud du désert et son aridité, bercé par le chant si singulier de Josh Homme, marqué par le jeu de Nick Oliveri, et un Dave Grohl qui fait admirablement bien le taf.

La sensation de tenir là un album vraiment mortel s’est fait ressentir dès la fin de la première écoute. Il n’y avait plus aucun doute, cet album m’avait grave marqué. Encore aujourd’hui il ne se passe une semaine sans qu’il ne tourne au moins une fois. La preuve d’un grand album, pour un grand groupe.


Rédigé par : Velvet Kevorkian | 2002 | Nb de lectures : 2264