PRIDE & GLORY - Pride & Glory (Geffen) - 30/11/2013 @ 22h58
C'est l'histoire d'un gamin du New Jersey. Son nom? Jeffrey Phillip Wielandt. A l'adolescence il prend des cours de guitare classique puis forme son 1er groupe. Stone Henge écume les fêtes, jouant des reprises de Rush, Black Sabbath et Ozzy Osbourne. En 1985, il travaille dans un supermarché tout en composant ses premiers morceaux avec le groupe Zyris. C'est à cette époque qu'il choisit Zakari Wyland comme nom de scène. C'est une référence au docteur Zachary Smith, un personnage de Lost in Space, une série TV des années 60s (interprété par Gary Oldman dans le remake cinématographique de 1998). Zyris parvient à étendre sa notoriété et jouer en dehors du New Jersey. Il l'ignore, mais un évènement majeur est sur le point de changer sa vie... Au printemps 1987 le sous-estimé Jake E. Lee abandonne son poste de guitariste d'Ozzy Osbourne. De leur côté les photographes Dave Feld et Mark Weiss assistent à un concert de Zyris et conseillent à Zakari Wyland d'auditionner pour le Madman. Agé d'à peine 20 ans, le Yankee travaille dans une station-service. N'ayant rien à perdre, il tente sa chance et remporte les auditions. Son intégration est officialisée en mai 1987 et il profite de cette occasion pour changer légalement de nom. Jeffrey Phillip Wielandt est devenu Zakk Wylde.
En 1988 il participe à l'écriture de No Rest for the Wicked, un 5ème album de rodage aux ventes honorables qui fera couler l'encre (le morceau Miracle Man chargeant le télé-évangéliste Jimmy Swaggart, un farouche opposant d'Ozzy qui tombera peu après pour une affaire de prostitution). L'année suivante, le grand blond fait l'expérience de sa 1ère tournée mondiale, qui plus est en cotoyant sur scène le légendaire Geezer Butler (en remplacement de Bod Daisley). Elle est immortalisée par un EP live: Just Say Ozzy. Zakk Wylde s'épanouit au contact du Madman et le prouve avec le formidable No More Tears. Composé en collaboration avec Lemmy Kilmister (Motörhead) et Mike Inez (futur Alice in Chains), ce 6ème album d'Ozzy casse la baraque (+ de 4 millions de copies vendues), devenant son plus grand succès depuis Blizzard of Ozz. Mais après la tournée, le Madman annonce sa retraite, permettant à Zakk Wylde de pleinement se consacrer à son side-project: le power trio Lynyrd Skynhead. Passionné de blues, de country et par dessus tout de rock sudiste, le Yankee s'est entouré du bassiste James Lomenzo (ex-White Lion) et du batteur Greg deAngelo, pour retourner aux fondamentaux (tout gérer soi-même, tourner dans les clubs, etc). Authenticité et confidentialité sont de mise pour Wylde's Things, un enregistrement rare comprenant inédits et hommages aux anciens (Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band...). En concert ça donnait ÇA.
En août 1993, Zakk Wylde est appelé pour remplacer un Dickey Betts malade au sein du Allman Brothers Band. Ne pouvant refuser un tel honneur, il met fin à Lynyrd Skynhead. [A noter qu'il n'en est déjà plus à sa 1ère participation de prestige: voir l'album solo de Bill Ward (batteur originel de Black Sabbath) ou le projet instrumental C.P.R. => Randy Coven / Al Pitrelli / John O'Reilly]. Mais l'aventure tourne court, Zakk Wylde ne donnant qu'un seul concert avec cette légende du rock sudiste. Aussi quelques mois plus tard, il rappelle James Lomenzo et débauche le batteur Brian Tichy, musicien de session aperçu avec Stevie Salas et Sass Jordan. Cette fois Zakk Wylde rebaptise son projet Pride & Glory. Qu'est ce que ce groupe a dans les tripes? Pourquoi le père Zakk s'est-il approprié le chant? Ce grand amateur de Gibson Les Paul nous explique.
"Nous sommes de simples ouvriers du rock, des bouffeurs de bidoche, de patates et des buveurs de bière. Putain c'est ça l'esprit du rock n' roll tel que je l'aime. (...) Le rock est aujourd'hui trop compliqué, à cause de l'ego de certaines stars et c'est quelque chose que je vomis. (...) Aux chiottes ces cons."
Zakk Wylde (dans le n°24 de septembre 1994 de Hard Force mag)
"Je n'ai jamais éprouvé le besoin d'avoir un chanteur à part entière dans Pride & Glory car je sais très bien ce que je veux et je vais au charbon... quitte à me planter. (...) J'ai déjà eu des offres de chanteurs extérieurs, mais ils auraient tous clamé 'je chante dans le groupe du guitariste d'Ozzy!' et je leur aurais cassé la gueule."
On l'a compris avec ce power-trio, Zakk Wylde compte revenir aux racines du rock US. Voyons maintenant comment il s'y est pris. Signé chez Geffen (Aerosmith, Guns N' Roses, Nirvana, White Zombie), Pride & Glory enregistre son 1er album éponyme au printemps 1994 avec une production de Rick Parashar (Temple of the Dog, Pearl Jam, Alice in Chains) assisté de Jon Plum au mixage. Quant au mastering, il est l'oeuvre du légendaire George Marino (décédé en juin 2012). J'évoquais plus haut l'authenticité du projet de Zakk Wylde, elle transpire par tous les pores: de leurs propos à la musique, en passant par leurs visuels (voir le clip de Losin' Your Mind en fin de kro). Si l'on connaissait (au moins partiellement) ses talents de guitariste, on le découvre chanteur, mais aussi musicien polyvalent (piano, mandoline, banjo et harmonica). 3 des 14 morceaux (The Chosen One, Sweet Jesus et Fadin' Away) bénéficient du concours de l'orchestre de Seattle conduit par Paul Buckmaster. Zakk Wylde abat ici crânement ses cartes et vous savez quoi? Sa formule southern avec supplément de distorsion est particulièrement savoureuse. Pride & Glory ne manque pas d'arguments. A commencer par une entame absolument énorme et un dosage des différents ingrédients qui garantit une certaine longévité à un opus consistant et goûtu (75 minutes). Pour peu qu'on apprécie cet univers musical, comment pourrait-on lui reprocher son caractère rabelaisien?
Losin' Your Mind, LE tube de l'album, dispose d'un super refrain et d'un phrasé au banjo qui se grave durablement dans notre esprit. Horse Called War possède une super énergie, avec là encore un bon refrain et une exhibition instrumentale. Shine On associe à un riff épais un harmonica et des percussions omniprésents. Lovin' Women est une ballade acoustique ensoleillée saupoudrée de mandoline et d'harmonica. Harvester of Pain synthétise le style Pride & Glory, ce mélange de distorsion et de mélodies. Le sabbathien The Chosen One met en avant un excédent de graisse, avec un James Lomenzo à la fête. Un super morceau enrobé de judicieuses orchestrations. Conduite par le piano, la ballade Sweet Jesus nous offre une nouvelle respiration avant l'arrivée de Troubled Wine et son riff pachydermique. Machine Gun Man est une ode bluesy qui sert de transition à l'arrivée d'une nouvelle ballade Cry Me a River (Springsteen es-tu là?). Arrive alors une nouvelle démonstration de force avec l'écrasante rythmique de Toe'n the Line. Le pachyderme laisse ici place à son ancêtre, le mammouth. A noter l'emploi de vocoder pour ce big rock nerveux qui en fout clairement partout. L'enchainement Found a Friend / Fadin' Away constitue un crescendo émotionnel qui culmine à la faveur d'une envolée vocale ici ou d'un superbe solo là. Pride & Glory s'achève avec Hate Your Guts, une countryjoke de bon alois.
Par la suite le groupe tourne aux States et en Europe, assurant la première partie d'Aerosmith (promo Get a Grip) et enchainant les festivals (dont un Castle Donington millésimé). Mais alors qu'on imagine Pride & Glory parti pour durer, une succession d'évènements va en décider autrement. Début 1995 Ozzy sort de sa retraite et rappelle Zakk Wylde. Fin de l'aventure Pride & Glory. L'enregistrement de l'album Ozzmosis à peine achevé, Zakk Wylde se voit sollicité par les Guns N' Roses en quête d'un partenaire de jeu pour Slash (après le saccage de Gilby Clarke par Axl). Tiraillé entre sa loyauté pour son père adoptif et l'opportunité de jouer avec l'un des plus grands groupes de rock du monde, Zakk tergiverse. Résultat Ozzy engage Joe Holmes pour le remplacer et les Guns N' Roses renoncent à cette idée (2 solistes sans fil directeur ça n'aurait pas pu fonctionner). Mais ce n'est pas tout. A bout de patience Slash lache GNR et se lance à son tour en solo. Le comble étant qu'il débauche la section rythmique James Lomenzo/Brian Tichy pour assurer la promo de son album It's Five O'Clock Somewhere. Pas rancunier, Zakk Wylde fait contre mauvaise fortune bon coeur et choisit d'enregistrer un album solo, Book of Shadows, qui voit finalement le concours de James Lomenzo et sort en 1996. Cette parenthèse refermée, le Yankee cherche cette fois à fonder un groupe qu'il espère durable. Son nom? Black Label Society.
L'album de Pride & Glory a été plus d'une fois réédité. En 1999 Spitfire le ressort dans une version double CD. Le 1er contenant 13 des 14 morceaux d'origine (dont une version longue de Toe'n the Line), tandis que le 2nd comprend le 14ème morceau (Found a Friend) associé à 2 chutes studio (Torn & Tattered et The Hammer & the Nail) et 3 reprises (Black Sabbath, Led Zeppelin et The Beatles). Si vous souhaitez en apprendre plus sur Zakk Wylde et découvrir les origines de Black Label Society c'est par ici. Si vous aimez le rock sudiste, le blues et la country, je ne peux que vous conseiller ce superbe opus à classer dans ce que Zakk Wylde a fait de mieux.
Rédigé par : forlorn | 1994 | Nb de lectures : 2360
Zakari Wyland !!!! Ouarf, le nom de scène. J'ai appris plein de choses sur ta kro. Mon premier contact avec le sieur a été sur M6 la diffusion d'un concert d'Ozzy au stade olympique de Moscou, dans le cadre d'un festival pour la paix (88,89?), avec Bon Jovi, Cinderella, Scorpions, Skid Row et Gorki Park. La légende dit que Scott Mac Ghee, le tout puissant manager de tous ces groupes, en a profité pour implanter la cocaïne en U.R.S.S.
Bref, une excellente prestation du guitariste, puis naturellement la bombe No More Tears. J'ai ensuite acheté ce premier album que j'ai beaucoup apprécié, je l'ai pourtant revendu un peu plus tard (sais plus pourquoi), en tout cas, je le trouve bien meilleur et plus spontané que ce qu'il a fait ensuite avec Ozzy ou BLS.
Comme beaucoup ici, j'ai assisté à ses deux horribles prestations au Hellfest, trop de tout, l'overdose totale d'harmoniques et de larsens.
Bon souvenir que cet album!
jujulafripouille Membre enregistré
Posté le: 01/12/2013 à 09h16 - (30248)
acheté en k7 a l'époque, une tuerie, ensuite j'ai acheté le double cd tellement la k7 était morte à force d'écoutes, maintenant les cds sont tout rayés tellement je les ai eu en voiture. Pour moi, avec no more tears, le meilleur du Monsieur
Moshimosher Membre enregistré
Posté le: 01/12/2013 à 13h59 - (30251)
De Zakk je n'ai que Book of Shadows (qui est excellent), mais Pride and Glory est prévu depuis un certain temps déjà et je sens que je ne vais pas tarder à me le prendre... :) Hé, hé, hé... impatient ! En tout cas, ça fait bizarre de le voir sans barbe... :)
GabinEastwood Membre enregistré
Posté le: 02/12/2013 à 09h05 - (30261)
Une tuerie ce disque, à la fois hard et metal on y trouve du blues, de la folk et du banjo !
Un côté barré et redneck totalement assumé, j'adore !
Super kro Forlorn et encore pour moi le summum du père Zakk avec No More Tears
Stéphane Membre enregistré
Posté le: 02/12/2013 à 21h38 - (30268)
Très belle chronique mon cher Forlorn!
Pour moi Pride & Glory reste le sommet de la carrière solo de Zakk en solo, avec le sublime album acoustique "Book of shadows". Il avait un jeu de guitare bien plus riche et varié que dans BLS, et chantait BEAUCOUP mieux à cette époque-là (aaah ce timbre rock sudiste à la Blackfoot). J'ai essayé d'écouter sa dernière sortie acoustique, même là c'est un carnage : il chante dans sa barbe, n'articule plus, n'a plus aucune nuance, c'est tout en voix nasillarde insupportable (cette mauvaise imitation d'Ozzy qu'il nous sert depuis plusieurs années). Un beau gâchis...
forlorn Membre enregistré
Posté le: 03/12/2013 à 17h36 - (30269)
@ Stéphane: Tu fais bien d'évoquer Blackfoot parce que j'ai carrément oublié d'en parler (surement du au fait que je ne me suis pas encore affranchi de leur musique). Du coup je complète ici avec un nouvel extrait de l'interview accordée à Hard Force mag:
Nombreux sont ceux qui comparent Pride & Glory à du SKYNYRD, mais j'y retrouve davantage de BLACKFOOT (époque "Tomcattin"), surtout dans ta voix. Tu joues également sur 'After the Reign' du nouvel album de BLACKFOOT du même nom. Un plaisir?
J'adore Blackfoot et Ricky est un bon pote. En fait je ne trouve pas que notre album sonne très Skynyrd car le son y est trop sale et gras. Comme nous ne sommes qu'un trio nous nous rapprochons plus du son de la grande période de Blackfoot. Je dois dire que je suis extrêmement porté sur la distorsion et je prends cette comparaison avec Blackfoot comme un compliment.
Stéphane Membre enregistré
Posté le: 05/12/2013 à 18h38 - (30272)
Tu peux y aller Forlorn, BLACKFOOT c'était du grand Hard Rock sudiste! Un groupe un peu trop oublié d'ailleurs, je trouve.
EvilDevil IP:70.52.206.125 Invité
Posté le: 08/12/2013 à 03h49 - (30275)
Ce que Wylde à fait de mieux avec son "book of shadow"!! Un petit chef d`oeuvre de metal bluesé!Après, ce fut les désastreux BLS, j`ai laissé tombé ce mec!!
forlorn Membre enregistré
Posté le: 11/06/2015 à 00h43 - (31692)
Rajout dans ma chronique d'un lien renvoyant à un concert de Lynyrd Skynhead début 1993.
Sinon mieux vaut tard que jamais, j'ai enfin découvert Book of Shadows. Une tuerie, incontournable!
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En 1988 il participe à l'écriture de No Rest for the Wicked, un 5ème album de rodage aux ventes honorables qui fera couler l'encre (le morceau Miracle Man chargeant le télé-évangéliste Jimmy Swaggart, un farouche opposant d'Ozzy qui tombera peu après pour une affaire de prostitution). L'année suivante, le grand blond fait l'expérience de sa 1ère tournée mondiale, qui plus est en cotoyant sur scène le légendaire Geezer Butler (en remplacement de Bod Daisley). Elle est immortalisée par un EP live: Just Say Ozzy. Zakk Wylde s'épanouit au contact du Madman et le prouve avec le formidable No More Tears. Composé en collaboration avec Lemmy Kilmister (Motörhead) et Mike Inez (futur Alice in Chains), ce 6ème album d'Ozzy casse la baraque (+ de 4 millions de copies vendues), devenant son plus grand succès depuis Blizzard of Ozz. Mais après la tournée, le Madman annonce sa retraite, permettant à Zakk Wylde de pleinement se consacrer à son side-project: le power trio Lynyrd Skynhead. Passionné de blues, de country et par dessus tout de rock sudiste, le Yankee s'est entouré du bassiste James Lomenzo (ex-White Lion) et du batteur Greg deAngelo, pour retourner aux fondamentaux (tout gérer soi-même, tourner dans les clubs, etc). Authenticité et confidentialité sont de mise pour Wylde's Things, un enregistrement rare comprenant inédits et hommages aux anciens (Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band...). En concert ça donnait ÇA.
En août 1993, Zakk Wylde est appelé pour remplacer un Dickey Betts malade au sein du Allman Brothers Band. Ne pouvant refuser un tel honneur, il met fin à Lynyrd Skynhead. [A noter qu'il n'en est déjà plus à sa 1ère participation de prestige: voir l'album solo de Bill Ward (batteur originel de Black Sabbath) ou le projet instrumental C.P.R. => Randy Coven / Al Pitrelli / John O'Reilly]. Mais l'aventure tourne court, Zakk Wylde ne donnant qu'un seul concert avec cette légende du rock sudiste. Aussi quelques mois plus tard, il rappelle James Lomenzo et débauche le batteur Brian Tichy, musicien de session aperçu avec Stevie Salas et Sass Jordan. Cette fois Zakk Wylde rebaptise son projet Pride & Glory. Qu'est ce que ce groupe a dans les tripes? Pourquoi le père Zakk s'est-il approprié le chant? Ce grand amateur de Gibson Les Paul nous explique.
"Nous sommes de simples ouvriers du rock, des bouffeurs de bidoche, de patates et des buveurs de bière. Putain c'est ça l'esprit du rock n' roll tel que je l'aime. (...) Le rock est aujourd'hui trop compliqué, à cause de l'ego de certaines stars et c'est quelque chose que je vomis. (...) Aux chiottes ces cons."
Zakk Wylde (dans le n°24 de septembre 1994 de Hard Force mag)
"Je n'ai jamais éprouvé le besoin d'avoir un chanteur à part entière dans Pride & Glory car je sais très bien ce que je veux et je vais au charbon... quitte à me planter. (...) J'ai déjà eu des offres de chanteurs extérieurs, mais ils auraient tous clamé 'je chante dans le groupe du guitariste d'Ozzy!' et je leur aurais cassé la gueule."
On l'a compris avec ce power-trio, Zakk Wylde compte revenir aux racines du rock US. Voyons maintenant comment il s'y est pris. Signé chez Geffen (Aerosmith, Guns N' Roses, Nirvana, White Zombie), Pride & Glory enregistre son 1er album éponyme au printemps 1994 avec une production de Rick Parashar (Temple of the Dog, Pearl Jam, Alice in Chains) assisté de Jon Plum au mixage. Quant au mastering, il est l'oeuvre du légendaire George Marino (décédé en juin 2012). J'évoquais plus haut l'authenticité du projet de Zakk Wylde, elle transpire par tous les pores: de leurs propos à la musique, en passant par leurs visuels (voir le clip de Losin' Your Mind en fin de kro). Si l'on connaissait (au moins partiellement) ses talents de guitariste, on le découvre chanteur, mais aussi musicien polyvalent (piano, mandoline, banjo et harmonica). 3 des 14 morceaux (The Chosen One, Sweet Jesus et Fadin' Away) bénéficient du concours de l'orchestre de Seattle conduit par Paul Buckmaster. Zakk Wylde abat ici crânement ses cartes et vous savez quoi? Sa formule southern avec supplément de distorsion est particulièrement savoureuse. Pride & Glory ne manque pas d'arguments. A commencer par une entame absolument énorme et un dosage des différents ingrédients qui garantit une certaine longévité à un opus consistant et goûtu (75 minutes). Pour peu qu'on apprécie cet univers musical, comment pourrait-on lui reprocher son caractère rabelaisien?
Losin' Your Mind, LE tube de l'album, dispose d'un super refrain et d'un phrasé au banjo qui se grave durablement dans notre esprit. Horse Called War possède une super énergie, avec là encore un bon refrain et une exhibition instrumentale. Shine On associe à un riff épais un harmonica et des percussions omniprésents. Lovin' Women est une ballade acoustique ensoleillée saupoudrée de mandoline et d'harmonica. Harvester of Pain synthétise le style Pride & Glory, ce mélange de distorsion et de mélodies. Le sabbathien The Chosen One met en avant un excédent de graisse, avec un James Lomenzo à la fête. Un super morceau enrobé de judicieuses orchestrations. Conduite par le piano, la ballade Sweet Jesus nous offre une nouvelle respiration avant l'arrivée de Troubled Wine et son riff pachydermique. Machine Gun Man est une ode bluesy qui sert de transition à l'arrivée d'une nouvelle ballade Cry Me a River (Springsteen es-tu là?). Arrive alors une nouvelle démonstration de force avec l'écrasante rythmique de Toe'n the Line. Le pachyderme laisse ici place à son ancêtre, le mammouth. A noter l'emploi de vocoder pour ce big rock nerveux qui en fout clairement partout. L'enchainement Found a Friend / Fadin' Away constitue un crescendo émotionnel qui culmine à la faveur d'une envolée vocale ici ou d'un superbe solo là. Pride & Glory s'achève avec Hate Your Guts, une countryjoke de bon alois.
Par la suite le groupe tourne aux States et en Europe, assurant la première partie d'Aerosmith (promo Get a Grip) et enchainant les festivals (dont un Castle Donington millésimé). Mais alors qu'on imagine Pride & Glory parti pour durer, une succession d'évènements va en décider autrement. Début 1995 Ozzy sort de sa retraite et rappelle Zakk Wylde. Fin de l'aventure Pride & Glory. L'enregistrement de l'album Ozzmosis à peine achevé, Zakk Wylde se voit sollicité par les Guns N' Roses en quête d'un partenaire de jeu pour Slash (après le saccage de Gilby Clarke par Axl). Tiraillé entre sa loyauté pour son père adoptif et l'opportunité de jouer avec l'un des plus grands groupes de rock du monde, Zakk tergiverse. Résultat Ozzy engage Joe Holmes pour le remplacer et les Guns N' Roses renoncent à cette idée (2 solistes sans fil directeur ça n'aurait pas pu fonctionner). Mais ce n'est pas tout. A bout de patience Slash lache GNR et se lance à son tour en solo. Le comble étant qu'il débauche la section rythmique James Lomenzo/Brian Tichy pour assurer la promo de son album It's Five O'Clock Somewhere. Pas rancunier, Zakk Wylde fait contre mauvaise fortune bon coeur et choisit d'enregistrer un album solo, Book of Shadows, qui voit finalement le concours de James Lomenzo et sort en 1996. Cette parenthèse refermée, le Yankee cherche cette fois à fonder un groupe qu'il espère durable. Son nom? Black Label Society.
L'album de Pride & Glory a été plus d'une fois réédité. En 1999 Spitfire le ressort dans une version double CD. Le 1er contenant 13 des 14 morceaux d'origine (dont une version longue de Toe'n the Line), tandis que le 2nd comprend le 14ème morceau (Found a Friend) associé à 2 chutes studio (Torn & Tattered et The Hammer & the Nail) et 3 reprises (Black Sabbath, Led Zeppelin et The Beatles). Si vous souhaitez en apprendre plus sur Zakk Wylde et découvrir les origines de Black Label Society c'est par ici. Si vous aimez le rock sudiste, le blues et la country, je ne peux que vous conseiller ce superbe opus à classer dans ce que Zakk Wylde a fait de mieux.
Rédigé par : forlorn | 1994 | Nb de lectures : 2360