SEPTIC FLESH - A Fallen Temple + The Eldest Cosmonaut (Holy) - 19/10/2013 @ 22h23
C'est l'histoire d'un printemps décisif. Septic Flesh et Holy records entament l'année 1997 en conquérants. Relocalisé dans de nouveaux locaux flambants neufs, le label parisien dote son catalogue VPC d'une couverture couleur en papier glacé. A cette époque la presse généraliste commence à s'ouvrir à l'underground et accorde de plus en plus d'espace aux groupes qui nous sont cher (l'influence de Metallian). L'évolution médiatique de Septic Flesh est limpide. En dépit de ses charmes nostalgico-mythologiques, l'excellent Esoptron n'avait en 1995 accroché que les encarts extrêmes. Pour Ophidian Wheel le vent du changement s'est levé. Fini le ghetto UG, cette fois il est question d'interviews et de chroniques dithyrambiques. Une embellie totalement justifiée en regard de la spectaculaire progression des Grecs. Avec son 3ème opus, Septic Flesh a atteint le sommet de son art. Ophidian Wheel où la fusion ultime du death metal et des musiques gothique/expérimentale. Un magnifique album-concept doté d'un équilibre parfait entre la musique et le chant, grâce à une production enfin à la hauteur (du à un changement de studio/producteur). On pouvait se douter que les Grecs n'en resteraient pas là et iraient de l'avant. En revanche, on ne s'attendait pas à ce qu'ils remettent le couvert aussi vite. Explications.
Présenté comme le 4ème album de Septic Flesh, A Fallen Temple est sorti en mars 1998, un an à peine après son glorieux prédécesseur. Si battre le fer pendant qu'il est chaud était surement le mot d'ordre, les motifs d'un retour aussi rapide ne manquent pas. Tout d'abord faute de pouvoir tourner, les Grecs consacraient tous leurs efforts au processus de composition, organisant leur emploi du temps en fonction de Chris Antoniou, dont les périodes de disponibilité dépendaient encore de ses études universitaires en Angleterre. Des créatifs autonomes aux talents complémentaires, de surcroit parfaitement organisés, ça vous rend de suite les choses plus simples. Il y a aussi ces certitudes acquises au gré de leurs expériences (individuelles et en tant que groupe). Par exemple la fermeture du Storm studio, où Magus Wampyr Daoloth (Necromantia) avait enregistré les 2 premiers albums, leur a permis de découvrir le Praxis studio où Lambros Sphiris leur a offert une production enfin digne de leur talent. On le constate, tous ces faits conduisent à une issue rapide. Mais ce n'est pas tout, j'ai gardé le meilleur pour la fin. A Fallen Temple n'est pas le 4ème album de Septic Flesh. Kôa? Keskidi? Farpaitement, il s'agit en fait d'une collection de morceaux présentant tour à tour le passé et le futur du groupe. Une semi-compilation.
Précédé dans la démarche par son collègue de label Godsend (voir la chronique de A Wayfarer's Tears), Septic Flesh nous propose cette fois un enregistrement tenant plus du laboratoire d'expérimentations que du véritable album, une sorte de prolongement ou d'additif à Ophidian Wheel. Ici les Grecs renoncent à la cohésion et l'unité qui faisaient la force des albums précédents pour repousser leurs limites et nous présenter séparément les différentes facettes de leur musique. A Fallen Temple est construit en 3 parties aux intitulés explicites et dont les sessions se sont étalées de septembre à décembre 1997. The New Order dévoile 4 nouveaux morceaux chargés de nous préparer à leur évolution future. Testimonial relève d'une autre démarche, car il s'agit de leur très rare EP de 1991 entièrement réenregistré. End of the Circle complète la partie New Order avec 2 morceaux: une suite et un mix alternatif. Concernant le packaging, le bassiste Spiros Antoniou (qui n'était pas encore devenu le graphiste suremployé connu sous le pseudo de Seth Siro Anton) délaisse pour la 1ère fois la peinture au profit de l'infographie sur un livret toujours plus illustré. Maintenant installez vous confortablement, ces hédonistes disciples de Morphée vont délivrer leur nouvelle représentation...
The New Order
2 compositions signées Sotiris ouvrent le bal. Si Brotherhood of the Fallen Knights semble faire le lien avec Ophidian Wheel, les Grecs sèment déjà certains indices. Passé une intrigante introduction atmosphérique, ce morceau exempté d'arrangements fait la part belle à de nombreuses mélodies de guitares. On note l'absence de chant féminin et une présence accrue du chant clair de Sotiris. Arrive alors l'hymne de l'album, The Eldest Cosmonaut (dont on reparlera plus loin). Très accessible, cette compo bénéficie d'arrangements discrets mais efficaces et joue sur l'alternance du chant clair et de l'apport de la fantastique Natalie Rassoulis, fidèle au poste. Mais quelque chose cloche... Les Grecs ont choisi de se passer (sur cette version) des vocaux death de Spiros! Des morceaux de plus en plus formatés, des mélodies prenant le pas sur des rythmiques simplifiées et maintenant ça, c'en est trop pour les fans de la première heure... qui auraient tort de partir si vite (voir Testimonial). Signé Spiros, Marble Smiling Face reprend là où Brotherhood s'est arrêté, avec un chant entièrement masculin et des arrangements en retrait. On note qu'une facette plus ouvertement gothique est développée (les arpèges) avec une présence accrue de la basse. Si la musique de Septic Flesh se fait plus accessible, le groupe n'en a pas pour autant renié son identité et la qualité d'écriture est indiscutable. Reconnaissables entre mille, leurs mélodies classieuses emportent toujours la mise. Chargés de nous préparer à un Revolution DNA déconcertant, ces morceaux s'effacent au profit du 1er chapitre de la saga Underworld composée par Chris Antoniou. Cette composition expérimentale fait la part belle au chant, partagé entre Natalie Rassoulis et un nouveau venu, le bariton Kostas Tzanokostakis. Très théâtrale, oscillant entre classicisme et avant-gardisme, Underworld témoigne d'un potentiel qui ne tardera pas à pleinement s'exprimer dans un side-project: Chaostar.
Testimonial
Succédant à une Demo encore fortement influencée par le Death Metal US, l'EP Temple of the Lost Race parait en septembre 1991. La réédition de cet enregistrement depuis longtemps épuisé (sorti chez Black Power) était réclamée de longue date par les die-hard fans. Septic Flesh ressuscite donc ici son passé, avec la manière. Ajoutés en bonus de la réédition 2002 de Mystic Places of Dawn, ces 4 morceaux révélaient la forte identité de Septic Flesh. Sur A Fallen Temple les Grecs ne se sont vraiment pas foutu de nous et nous offrent des versions entièrement revues et corrigées, avec un ordre de passage également modifié. Après Underworld, on se fait surprendre par un Temple of the Lost Race démarrant pied au plancher. Sacré contraste. Méconnaissable, ce morceau a été purgé de pas moins de 3 minutes de musique. Grosse patate et énorme travail rythmique, mélodies/arrangements en retrait, vocaux exclusivement death... les amateurs du 1er album Mystic Places of Dawn seront ravis et les autres aussi! Les 2 compos suivantes, The Crypt (originellement nommée Another Reality) et Setting of the Two Suns (qui plaira aux fans d'Esoptron), restent assez fidèles aux versions d'origine, développant mélodies et atmosphères. Très soignés, les soli mettent l'accent sur le feeling au détriment de l'aspect originel plus démonstratif. Quant à Erebus, cette compo a elle aussi été profondément remaniée (2 minutes en moins). Fidèle à l'originale dans son entame, elle évolue à la faveur d'un break monumental où Spiros multiplie les pistes vocales pour nous offrir l'une des plus belles cascades de growls entendue depuis des lustres. Le final alterne soli et frénésie rythmique. Du bel ouvrage susceptible de plaire aux fans de Septic Flesh toutes époques confondues.
End of the Circle & The Eldest Cosmonaut
Avec le 2ème chapitre de la saga Underworld, Chris poursuit son travail d'exploration. Très travaillées, ses partitions sont changeantes, imprévisibles, à l'instar du travail vocal, remarquable. Natalie et Kostas sont renversant de classe et d'originalité, dans un style toujours plus théâtral et barré n'ayant pas grand chose à envier à certains travaux norvégiens (voir les soeurs Edvardsen dans The 3rd and the Mortal et Atrox). Quant au 10ème et dernier morceau de l'album, Septic Flesh propose une autre approche de The Eldest Cosmonaut. Cette fois Spiros tient son rôle, partageant la vedette avec Natalie et Sotiris, certaines parties instrumentales sont abandonnées et la programmation rythmique est volontairement exagérée. Une version intéressante qui toutefois ne sera pas la version définitive adoubée par les Grecs. En effet 6 mois plus tard, Holy records décide de sortir un pack limité à 3000 exemplaires (j'ai le n°41) comportant un EP et une VHS. Ça fera sans doute sourire les plus jeunes, mais courant 90s les VHS proposant un unique clip en version PAL puis SECAM s'éditaient et se vendaient. The Eldest Cosmonaut est donc sans surprise le morceau choisi pour donner vie au groupe sur pellicule. On y découvre pour l'occasion un batteur de session. L'EP dévoile un superbe visuel ainsi qu'un picture-disc. Il débute par le mix définitif de The Eldest Cosmonaut (- de guitares, + de vocaux de Spiros) et se poursuit par la fin de la saga Underworld. 14 minutes inédites réparties sur 2 morceaux: Act III et Finale. J'avoue avoir un faible pour l'impressionnant Act III qui développe des ambiances plus contrastées et voit la participation de Spiros. Quant à la version remasterisée de Woman of the Rings, ceux qui ne connaissent pas l'originale* découvriront un titre (enregistré sans Chris) faisant le lien entre Esoptron et Ophidian Wheel. Du tout bon.
* disponible sur le Volume 1 de la Holy Bible, paru en 1996 et entièrement composé d'inédits (voir ma chronique)
"Il est très probable que le prochain album soit homogène et mélodique. Il est possible que A Fallen Temple soit le dernier album avec des morceaux aussi brutaux." Sotiris Vayenas (dans le n°33 d'avril 1998 de Hard Rock mag)
On l'a vu, Septic Flesh a sacrifié l'unité de styles présente sur Ophidian Wheel pour s'éparpiller dans toutes les directions. Ce parti-pris visant à séparer les différentes composantes de leur musique était annonciateur de changements importants. Beaucoup craignaient la disparition des éléments death metal, y compris les fameux growls de Spiros. C'est effectivement ce qui s'est produit avec d'une part la création de Chaostar, side-project de Chris Antoniou consacré à la musique expérimentale, et d'autre part la sortie de l'album Revolution DNA qui fit beaucoup jaser en 1999. En conclusion A Fallen Temple se situe à la croisée des genres et des époques, il s'agit du dernier enregistrement du Septic Flesh originel. Il attend désormais vos commentaires enflammés.
magnifique chro très complète
Cet album m'avait déconcerté à sa sortie , je vois que je ne suis pas le seul, malgré des critiques dithyrambiques.
Le point positif sera la tournée française qui s'ensuivra. Malgré les cassages de cordes et déjà quelques problèmes techniques le public ne leur en voudra pas.
Moshimosher Membre enregistré
Posté le: 20/10/2013 à 11h42 - (30029)
Magnifique "album" :) je regrette juste de ne pas avoir le EP :( J'espère qu'il sera aussi réédité...
forlorn Membre enregistré
Posté le: 20/10/2013 à 12h01 - (30031)
@ Moshimosher:
L'EP se compose de 4 morceaux:
- The Eldest Cosmonaut: figure déjà en 2 versions sur A Fallen Temple
- Underworld Act III et Finale: figurent sur la compilation 'Underworld' de Chaostar parue en 2007 et comprenant des morceaux 'orchestraux' de Septic Flesh
- Woman of the Rings: figure sur le Volume 1 de la Holy Bible (1996) ainsi que sur la réédition 2013 d'Esoptron.
Youpimatin Membre enregistré
Posté le: 20/10/2013 à 14h38 - (30034)
Des compléments essentiels à Ophidian Wheel !
Moshimosher Membre enregistré
Posté le: 20/10/2013 à 15h28 - (30036)
@forlorn : merci pour les infos :)
Joss Membre enregistré
Posté le: 21/10/2013 à 23h33 - (30039)
Très bien aussi A fallen Temple, malgré son côté décousu. Je suis particulièrement fan des 3 premiers morceaux, même si je trouve Underworld très réussie.
Sinon j'aime bien ces chroniques qui nous remémorent certaines particularité de l'époque. Notamment le coup de la VHS avec un clip unique. J'ai eu ça pour l'édition limitée du "Lesbian Show" de Nightfall (énorme déception à l'époque après le fabuleux Athenian Echoes).
Strat Membre enregistré
Posté le: 22/10/2013 à 14h31 - (30041)
Merci pour cette chronique qui reflète bien cette période d'entre deux chaises du groupe.
Personnellement je n'ai jamais considéré ces deux EP comme un quatrième album, même si j'ai aimé certains titres à leurs sorties.
C'est un pur produit de SEPTIC FLESH au sommet de son art, entre un Esoptron et la délicatesse et maitrise d'un Ophidian Wheel.
Comme Forlorn l'as cité, à l'époque il était considéré comme collector que de posséder la VHS du clip, je sais de quoi je parle, je fais partie de ceux qui ont achetés quelques VHS. Encore une fois ce petit clin d'oeil arrive à nous replonger des années à arrière et à nous encrer dans la période de la sortie de ces EP.
Le premier EP "A Fallen Temple" représente pour moi le meilleur EP du groupe, bien que je préfère la version vidéo de "The Eldest Cosmonaut" qui arrangé ainsi arrive à me faire voyager et dont la voix gutturale de Seth me sert de guide.
Un EP qui fait 10 titres est tout de même rare (bien que un même titre apparait plusieurs fois) et la longueur de ce dernier est tel qu'il as le don de nous faire gouter à plusieurs ambiances, entre un "Brotherhood..." assez direct, un "Marble Smiling Face" efficace, le tout parsemé par les actes de "Underworld".
Froid et direct, le second EP cité ici, "The Eldest Cosmonaut" arrive quand même à nous réchauffer car les arrangements et riffs de "l'étudiant Chris" font miracles, comme à son habitude.
Cet EP est toutefois en en déça par rapport à "A Fallen Temple" même si "Woman of the Rings" relève la sauce, titre que je n'ai jamais entendu auparavant.
Par contre le "mais" sera cette fois ci sur les morceaux de "Underworld", les trois actes.
J'aime le premier album de CHAOSTAR, acheté à sa sortie, mais pour moi les différents actes d'Underworld n'ont pas leurs place sur ces EP car même si ces derniers regorgent de qualité, il faut l'avouer, ces derniers ont aussi la manière de cassé le rythme et la mélodie lancée par les titres précédents.
Ce sont donc des bons EP, qui ont servis de terrains d’expérimentation pour le groupe, et qui donnera naissance à CHAOSTAR et au rejeton appelé "Revoluation DNA".
@Joss : j'ai commencé à écouté Nightfall avec Lesbian Show, dont je possède aussi le "pack VHS", je n'ai donc pas pu avoir le recul nécessaire par rapport aux albums précédents, mais le fait est que j'ai toujours trouvé "Lesbian Fall" comme frais, possédant d'une bonne qualité d'enregistrement, et dont les compositions avaient le mérite de sortir du lot.
Joss Membre enregistré
Posté le: 22/10/2013 à 14h41 - (30042)
Cela dit je ne l'ai pas écouté depuis des années, alors que Athenian Echoes m'a suivit bien plus longtemps. Faudrait que je réécoute mais il fait partie des albums que j'ai très peur de ressortir :-)
forlorn Membre enregistré
Posté le: 22/10/2013 à 16h41 - (30043)
Même vécu/point de vue que Joss sur Nightfall (la kro AE + EA est pour bientôt). J'aurais voulu aimer Lesbian Show mais sans succès (j'ai revendu ce pack assez vite). Le début d'une période d'errements stylistiques qui leur coutera très cher (4 membres + départ d'Holy records)... Mais on aura l'occasion d'en reparler, retour à Septic Flesh. ^^
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Présenté comme le 4ème album de Septic Flesh, A Fallen Temple est sorti en mars 1998, un an à peine après son glorieux prédécesseur. Si battre le fer pendant qu'il est chaud était surement le mot d'ordre, les motifs d'un retour aussi rapide ne manquent pas. Tout d'abord faute de pouvoir tourner, les Grecs consacraient tous leurs efforts au processus de composition, organisant leur emploi du temps en fonction de Chris Antoniou, dont les périodes de disponibilité dépendaient encore de ses études universitaires en Angleterre. Des créatifs autonomes aux talents complémentaires, de surcroit parfaitement organisés, ça vous rend de suite les choses plus simples. Il y a aussi ces certitudes acquises au gré de leurs expériences (individuelles et en tant que groupe). Par exemple la fermeture du Storm studio, où Magus Wampyr Daoloth (Necromantia) avait enregistré les 2 premiers albums, leur a permis de découvrir le Praxis studio où Lambros Sphiris leur a offert une production enfin digne de leur talent. On le constate, tous ces faits conduisent à une issue rapide. Mais ce n'est pas tout, j'ai gardé le meilleur pour la fin. A Fallen Temple n'est pas le 4ème album de Septic Flesh. Kôa? Keskidi? Farpaitement, il s'agit en fait d'une collection de morceaux présentant tour à tour le passé et le futur du groupe. Une semi-compilation.
Précédé dans la démarche par son collègue de label Godsend (voir la chronique de A Wayfarer's Tears), Septic Flesh nous propose cette fois un enregistrement tenant plus du laboratoire d'expérimentations que du véritable album, une sorte de prolongement ou d'additif à Ophidian Wheel. Ici les Grecs renoncent à la cohésion et l'unité qui faisaient la force des albums précédents pour repousser leurs limites et nous présenter séparément les différentes facettes de leur musique. A Fallen Temple est construit en 3 parties aux intitulés explicites et dont les sessions se sont étalées de septembre à décembre 1997. The New Order dévoile 4 nouveaux morceaux chargés de nous préparer à leur évolution future. Testimonial relève d'une autre démarche, car il s'agit de leur très rare EP de 1991 entièrement réenregistré. End of the Circle complète la partie New Order avec 2 morceaux: une suite et un mix alternatif. Concernant le packaging, le bassiste Spiros Antoniou (qui n'était pas encore devenu le graphiste suremployé connu sous le pseudo de Seth Siro Anton) délaisse pour la 1ère fois la peinture au profit de l'infographie sur un livret toujours plus illustré. Maintenant installez vous confortablement, ces hédonistes disciples de Morphée vont délivrer leur nouvelle représentation...
The New Order
2 compositions signées Sotiris ouvrent le bal. Si Brotherhood of the Fallen Knights semble faire le lien avec Ophidian Wheel, les Grecs sèment déjà certains indices. Passé une intrigante introduction atmosphérique, ce morceau exempté d'arrangements fait la part belle à de nombreuses mélodies de guitares. On note l'absence de chant féminin et une présence accrue du chant clair de Sotiris. Arrive alors l'hymne de l'album, The Eldest Cosmonaut (dont on reparlera plus loin). Très accessible, cette compo bénéficie d'arrangements discrets mais efficaces et joue sur l'alternance du chant clair et de l'apport de la fantastique Natalie Rassoulis, fidèle au poste. Mais quelque chose cloche... Les Grecs ont choisi de se passer (sur cette version) des vocaux death de Spiros! Des morceaux de plus en plus formatés, des mélodies prenant le pas sur des rythmiques simplifiées et maintenant ça, c'en est trop pour les fans de la première heure... qui auraient tort de partir si vite (voir Testimonial). Signé Spiros, Marble Smiling Face reprend là où Brotherhood s'est arrêté, avec un chant entièrement masculin et des arrangements en retrait. On note qu'une facette plus ouvertement gothique est développée (les arpèges) avec une présence accrue de la basse. Si la musique de Septic Flesh se fait plus accessible, le groupe n'en a pas pour autant renié son identité et la qualité d'écriture est indiscutable. Reconnaissables entre mille, leurs mélodies classieuses emportent toujours la mise. Chargés de nous préparer à un Revolution DNA déconcertant, ces morceaux s'effacent au profit du 1er chapitre de la saga Underworld composée par Chris Antoniou. Cette composition expérimentale fait la part belle au chant, partagé entre Natalie Rassoulis et un nouveau venu, le bariton Kostas Tzanokostakis. Très théâtrale, oscillant entre classicisme et avant-gardisme, Underworld témoigne d'un potentiel qui ne tardera pas à pleinement s'exprimer dans un side-project: Chaostar.
Testimonial
Succédant à une Demo encore fortement influencée par le Death Metal US, l'EP Temple of the Lost Race parait en septembre 1991. La réédition de cet enregistrement depuis longtemps épuisé (sorti chez Black Power) était réclamée de longue date par les die-hard fans. Septic Flesh ressuscite donc ici son passé, avec la manière. Ajoutés en bonus de la réédition 2002 de Mystic Places of Dawn, ces 4 morceaux révélaient la forte identité de Septic Flesh. Sur A Fallen Temple les Grecs ne se sont vraiment pas foutu de nous et nous offrent des versions entièrement revues et corrigées, avec un ordre de passage également modifié. Après Underworld, on se fait surprendre par un Temple of the Lost Race démarrant pied au plancher. Sacré contraste. Méconnaissable, ce morceau a été purgé de pas moins de 3 minutes de musique. Grosse patate et énorme travail rythmique, mélodies/arrangements en retrait, vocaux exclusivement death... les amateurs du 1er album Mystic Places of Dawn seront ravis et les autres aussi! Les 2 compos suivantes, The Crypt (originellement nommée Another Reality) et Setting of the Two Suns (qui plaira aux fans d'Esoptron), restent assez fidèles aux versions d'origine, développant mélodies et atmosphères. Très soignés, les soli mettent l'accent sur le feeling au détriment de l'aspect originel plus démonstratif. Quant à Erebus, cette compo a elle aussi été profondément remaniée (2 minutes en moins). Fidèle à l'originale dans son entame, elle évolue à la faveur d'un break monumental où Spiros multiplie les pistes vocales pour nous offrir l'une des plus belles cascades de growls entendue depuis des lustres. Le final alterne soli et frénésie rythmique. Du bel ouvrage susceptible de plaire aux fans de Septic Flesh toutes époques confondues.
End of the Circle & The Eldest Cosmonaut
Avec le 2ème chapitre de la saga Underworld, Chris poursuit son travail d'exploration. Très travaillées, ses partitions sont changeantes, imprévisibles, à l'instar du travail vocal, remarquable. Natalie et Kostas sont renversant de classe et d'originalité, dans un style toujours plus théâtral et barré n'ayant pas grand chose à envier à certains travaux norvégiens (voir les soeurs Edvardsen dans The 3rd and the Mortal et Atrox). Quant au 10ème et dernier morceau de l'album, Septic Flesh propose une autre approche de The Eldest Cosmonaut. Cette fois Spiros tient son rôle, partageant la vedette avec Natalie et Sotiris, certaines parties instrumentales sont abandonnées et la programmation rythmique est volontairement exagérée. Une version intéressante qui toutefois ne sera pas la version définitive adoubée par les Grecs. En effet 6 mois plus tard, Holy records décide de sortir un pack limité à 3000 exemplaires (j'ai le n°41) comportant un EP et une VHS. Ça fera sans doute sourire les plus jeunes, mais courant 90s les VHS proposant un unique clip en version PAL puis SECAM s'éditaient et se vendaient. The Eldest Cosmonaut est donc sans surprise le morceau choisi pour donner vie au groupe sur pellicule. On y découvre pour l'occasion un batteur de session. L'EP dévoile un superbe visuel ainsi qu'un picture-disc. Il débute par le mix définitif de The Eldest Cosmonaut (- de guitares, + de vocaux de Spiros) et se poursuit par la fin de la saga Underworld. 14 minutes inédites réparties sur 2 morceaux: Act III et Finale. J'avoue avoir un faible pour l'impressionnant Act III qui développe des ambiances plus contrastées et voit la participation de Spiros. Quant à la version remasterisée de Woman of the Rings, ceux qui ne connaissent pas l'originale* découvriront un titre (enregistré sans Chris) faisant le lien entre Esoptron et Ophidian Wheel. Du tout bon.
* disponible sur le Volume 1 de la Holy Bible, paru en 1996 et entièrement composé d'inédits (voir ma chronique)
"Il est très probable que le prochain album soit homogène et mélodique. Il est possible que A Fallen Temple soit le dernier album avec des morceaux aussi brutaux." Sotiris Vayenas (dans le n°33 d'avril 1998 de Hard Rock mag)
On l'a vu, Septic Flesh a sacrifié l'unité de styles présente sur Ophidian Wheel pour s'éparpiller dans toutes les directions. Ce parti-pris visant à séparer les différentes composantes de leur musique était annonciateur de changements importants. Beaucoup craignaient la disparition des éléments death metal, y compris les fameux growls de Spiros. C'est effectivement ce qui s'est produit avec d'une part la création de Chaostar, side-project de Chris Antoniou consacré à la musique expérimentale, et d'autre part la sortie de l'album Revolution DNA qui fit beaucoup jaser en 1999. En conclusion A Fallen Temple se situe à la croisée des genres et des époques, il s'agit du dernier enregistrement du Septic Flesh originel. Il attend désormais vos commentaires enflammés.
Erebus (version 1998): https://www.youtube.com/watch?v=0UPFN9p1Tok
Rédigé par : forlorn | 1998 | Nb de lectures : 2390