On en parlait récemment [voir le Top 5 consacré aux Metal Explosion], l'apparition de Metallian a largement contribué à nous ouvrir les portes de l'underground, pour notre plus grand bénéfice et celui de nos labels, dont les distros tournèrent ensuite à plein régime. La belle époque. Mais lorsque Metallian a débarqué en kiosque en novembre 1995, de sampler il n'était pas encore question (ce sera pour l'année suivante). Le contenu du mag était encore modeste (40 pages) et on le parcourait alors de fond en comble avec enthousiasme, au point de connaître la moindre pub par coeur. J'annonce de suite la couleur, Sadist est l'une des découvertes les plus marquantes que j'ai pu faire dans ces pages. En matière de technicité et de créativité, ce groupe italien n'avait alors pas grand chose à envier à ses homologues floridiens (la sainte trinitéDeath/Cynic/Atheist). En compagnie de formations hors-normes telles que Coroner et Pestilence, Sadist était à l'avant-garde d'une scène européenne alors en pleine ébullition. Paru en février 1996, le 2ème album de Sadist, Tribe, reste à ce jour leur travail le plus créatif et ambitieux, un monument dont je ne manquerais pas de vous parler très prochainement. Alors pourquoi privilégier cette Demo? C'est la chance. Etre limité dans mes moyens (on parle d'argent de poche et de travaux saisonniers là) n'a jamais entravé mon goût de l'exploration. Concrètement, ce défrichage de nouveaux horizons passait depuis peu par l'achat de Demos K7 et lorsque j'ai reçu le catalogue VPC Holy records de l'Eté 1997, une chose inhabituelle a attiré mon attention: un retour de stock. Les Demos étant généralement pressées à faible tirage, un retour de stock n'est pas censé se produire, surtout pour le matériel d'un groupe culte, auteur de 2 albums acclamés. J'ai donc foncé et fait l'acquisition de Black Screams (contre 30 francs + fdp), une Demo qui reste l'une des pièces de choix de ma discothèque. Sur ce, on enchaine avec la bio.
Compositeur émérite et leader dans l'âme, le batteur Marco Pesenti, surnommé Peso, est l'un des musiciens les plus influents de la scène italienne. En 1990 ce dernier met fin, provisoirement, à l'aventure Necrodeath, groupe formé en 1984 sous le nom de Ghostrider (les 2 étant devenues des entités distinctes depuis). Désormais libre, Peso réunit des membres de Necrodeath et Schizo dans un collectif à géométrie variable, Mondocane, sorte d'alternative italienne au M.O.D. de Billy Milano. Pour les curieux, le résultat, Project One, est disponible en téléchargement libre (voir le Blog VS). Cette sympathique récréation expédiée, Peso se concentre sur son nouveau projet. Sadist nait à Gênes de sa rencontre avec Tommy (diminutif de Tommaso) Talamanca, talentueux multi-instrumentiste au CV encore vierge. Le bassiste Andy (diminutif d'Andrea) Marchini et le vocaliste Fabio Bocchiddi complètent la formation qui ne tarde pas à être remarquée par Obscure Plasma. Basée à Milan, cette éphémère structure avait du nez. On lui doit par exemple Dream II de Pan.Thy.Monium, le split Rotting Christ/Monumentum et surtout le Live in Leipzig de Mayhem. En septembre 1991 Sadist enregistre Black Screams sur vinyle, pressé à 2500 copies. L'année suivante cette Demo est rééditée par les Californiens de Wild Rags au format K7. Cette version dispose de 2 avantages: un visuel et un 3ème morceau supplémentaire. Pour l'anecdote, le dessin signé par le bassiste Andy m'évoque ceux de bouquins d'Heroic Fantasy dont je raffolais à l'époque, les Livres dont vous êtes le Héros (le premier pas vers les jeux de rôle). Dans le livret on retrouve les textes des morceaux, la photo du groupe et des remerciements fournis, mais rien concernant le lieu d'enregistrement. On saura s'en passer. Les crédits révèlent l'importance de Peso, ce dernier étant impliqué dans la plupart des musiques et des textes.
Mais venons-en au plat de résistance, la musique. Le morceau-titre Black Screams ouvre les hostilités et Sadist marque les esprits d'entrée de jeu en dévoilant un univers très singulier. Par où commencer? La musique des Italiens est faite de contrastes et d'humeurs. Leurs partis pris en matière de production et de mixage sont aussi surprenants. La marque de fabrique de Sadist repose sur 2 choses: une basse omniprésente mixée au premier plan, l'alliance de rythmiques ultra raw et de mélodies travaillées. Les influences black/thrash de Peso se trouvent renforcées par les arrangements aux claviers et les vocaux parfois bestiaux de Fabio Bocchiddi (surement fan de Glen Benton). Black Screams est un morceau remarquablement construit, riche sans être surchargé, captivant de bout en bout, aussi je m'interroge sur le fait qu'il soit l'unique titre écarté des rééditions de 2006. Quoi qu'il en soit le second morceau Dreaming Deformities enfonce le clou, augmentant l'intensité d'un bon cran avant la surprise du chef, Musicians Against Yuppies (dieudonnesque avant l'heure) que je considère comme l'un des meilleurs morceaux de Sadist. Tommy Talamanca se taille évidemment la part du lion [rythmiques crasseuses, soli flamboyants, parties acoustiques de toute beauté et passages de piano/claviers bienvenus], mais sa section rythmique n'est pas en reste. J'ai rarement eu l'occasion d'entendre un enregistrement de metal extrême où le bassiste était aussi présent. Je regrette qu'un tel fait d'arme n'ait pas bénéficié d'une plus grande exposition. Bien des groupes et producteurs auraient du s'en inspirer, accordant plus d'espace à un instrument sous-employé à mon sens. Andy Marchini était un de 'mes' bass-hero à l'époque et ses parties slappées sur le controversé Musicians Against Yuppies m'ont marqué durablement. Quant à Peso son expérience lui permet de rester au service des compositions, alternant sobriété et dextérité. Son boulot est irréprochable car il exploite parfaitement son kit.
En conclusion Black Screams constitue un formidable prélude à leur référentiel 1er album Above the Light. Imaginez une version plus roots, dotée d'une basse envahissante et de claviers plus discrets et vous y serez. Mais trêve de blabla le mieux reste encore de vous faire votre propre idée du Sadist originel en testant les liens ci-dessous. Quant à la suite de l'histoire, le départ du vocaliste Fabio Bocchiddi en pleine tournée contraint le bassiste Andy Marchini à le remplacer au pied levé. C'est sous la forme d'un power-trio que les Italiens enregistreront Above the Light l'année suivante... Vous aimez le techno-death? Sadist est un incontournable.
Ah, Sadist, Mondo Cane et surtout Necrodeath, çà me rappelle plein de choses, même si je ne suis pas fan du style pratiqué par les Italiens. Je serais curieux de connaître les chiffres de ventes de leurs albums, tout gratteux/batteur/bassiste ne juraient que par la trinité que tu as citée, ou par les Sadist à l'époque, et le Spheres de Pestilence plus tard.
Moshimosher Membre enregistré
Posté le: 06/10/2013 à 14h17 - (29952)
De très bonnes ambiances !!! Je ne connaissais Sadist que de nom mais, vraiment, je trouve ça très intéressant :) Un groupe sur lequel il va falloir que je me penche...
(J'ai bien aimé la référence aux Livres dont vous êtes le Héros :) Je me souviens encore du Labyrinthe de la Mort que mon frère avait ramené chez nous... Les illustrations en noir et blanc de ces livres font, indiscutablement, parties de mon éducation esthétique... Un peu comme les animés japonais et les illustrations de Boris Vallejo :))
forlorn Membre enregistré
Posté le: 06/10/2013 à 17h19 - (29959)
@ Moshimosher: J'en ai toujours un bon stock chez moi. D'ailleurs c'était plutôt réducteur de ma part de qualifier ces bouquins d' 'heroic fantasy' car certaines séries s'en distinguent franchement en développant des épisodes de l'histoire mondiale, diverses mythologies ou en adaptant la littérature classique. Même au sein de la série la plus développée 'Défis Fantastiques' on trouve des bouquins en marge comme 'La Galaxie Tragique' (SF) ou le fameux 'Manoir de l'Enfer' (qui aurait inspiré Resident Evil).
Youpimatin Membre enregistré
Posté le: 06/10/2013 à 18h37 - (29962)
Superbe chro pour la naissance de ce qui reste un album culte "Above the Light" !!
Moshimosher Membre enregistré
Posté le: 06/10/2013 à 19h35 - (29964)
@forlorn: effectivement, les Livres dont vous êtes le Héros sont allés dans plein de directions à la fois :) Aaaaa... Que de souvenirs...
death_denied Membre enregistré
Posté le: 09/10/2013 à 17h07 - (29972)
Ouaouh, moi qui suis fan de SADIST (sauf de leur album Lego) je ne savais pas l'existence de cette démo, je croyais que tout commençait avec Above the light.
Merci de m'avoir fait découvrir ça !
Morbid Tankard Membre enregistré
Posté le: 15/10/2013 à 13h55 - (30013)
'Above the light' = magnifique. Le suivant est excellent aussi. Après, ça part en couille.
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Compositeur émérite et leader dans l'âme, le batteur Marco Pesenti, surnommé Peso, est l'un des musiciens les plus influents de la scène italienne. En 1990 ce dernier met fin, provisoirement, à l'aventure Necrodeath, groupe formé en 1984 sous le nom de Ghostrider (les 2 étant devenues des entités distinctes depuis). Désormais libre, Peso réunit des membres de Necrodeath et Schizo dans un collectif à géométrie variable, Mondocane, sorte d'alternative italienne au M.O.D. de Billy Milano. Pour les curieux, le résultat, Project One, est disponible en téléchargement libre (voir le Blog VS). Cette sympathique récréation expédiée, Peso se concentre sur son nouveau projet. Sadist nait à Gênes de sa rencontre avec Tommy (diminutif de Tommaso) Talamanca, talentueux multi-instrumentiste au CV encore vierge. Le bassiste Andy (diminutif d'Andrea) Marchini et le vocaliste Fabio Bocchiddi complètent la formation qui ne tarde pas à être remarquée par Obscure Plasma. Basée à Milan, cette éphémère structure avait du nez. On lui doit par exemple Dream II de Pan.Thy.Monium, le split Rotting Christ/Monumentum et surtout le Live in Leipzig de Mayhem. En septembre 1991 Sadist enregistre Black Screams sur vinyle, pressé à 2500 copies. L'année suivante cette Demo est rééditée par les Californiens de Wild Rags au format K7. Cette version dispose de 2 avantages: un visuel et un 3ème morceau supplémentaire. Pour l'anecdote, le dessin signé par le bassiste Andy m'évoque ceux de bouquins d'Heroic Fantasy dont je raffolais à l'époque, les Livres dont vous êtes le Héros (le premier pas vers les jeux de rôle). Dans le livret on retrouve les textes des morceaux, la photo du groupe et des remerciements fournis, mais rien concernant le lieu d'enregistrement. On saura s'en passer. Les crédits révèlent l'importance de Peso, ce dernier étant impliqué dans la plupart des musiques et des textes.
Mais venons-en au plat de résistance, la musique. Le morceau-titre Black Screams ouvre les hostilités et Sadist marque les esprits d'entrée de jeu en dévoilant un univers très singulier. Par où commencer? La musique des Italiens est faite de contrastes et d'humeurs. Leurs partis pris en matière de production et de mixage sont aussi surprenants. La marque de fabrique de Sadist repose sur 2 choses: une basse omniprésente mixée au premier plan, l'alliance de rythmiques ultra raw et de mélodies travaillées. Les influences black/thrash de Peso se trouvent renforcées par les arrangements aux claviers et les vocaux parfois bestiaux de Fabio Bocchiddi (surement fan de Glen Benton). Black Screams est un morceau remarquablement construit, riche sans être surchargé, captivant de bout en bout, aussi je m'interroge sur le fait qu'il soit l'unique titre écarté des rééditions de 2006. Quoi qu'il en soit le second morceau Dreaming Deformities enfonce le clou, augmentant l'intensité d'un bon cran avant la surprise du chef, Musicians Against Yuppies (dieudonnesque avant l'heure) que je considère comme l'un des meilleurs morceaux de Sadist. Tommy Talamanca se taille évidemment la part du lion [rythmiques crasseuses, soli flamboyants, parties acoustiques de toute beauté et passages de piano/claviers bienvenus], mais sa section rythmique n'est pas en reste. J'ai rarement eu l'occasion d'entendre un enregistrement de metal extrême où le bassiste était aussi présent. Je regrette qu'un tel fait d'arme n'ait pas bénéficié d'une plus grande exposition. Bien des groupes et producteurs auraient du s'en inspirer, accordant plus d'espace à un instrument sous-employé à mon sens. Andy Marchini était un de 'mes' bass-hero à l'époque et ses parties slappées sur le controversé Musicians Against Yuppies m'ont marqué durablement. Quant à Peso son expérience lui permet de rester au service des compositions, alternant sobriété et dextérité. Son boulot est irréprochable car il exploite parfaitement son kit.
En conclusion Black Screams constitue un formidable prélude à leur référentiel 1er album Above the Light. Imaginez une version plus roots, dotée d'une basse envahissante et de claviers plus discrets et vous y serez. Mais trêve de blabla le mieux reste encore de vous faire votre propre idée du Sadist originel en testant les liens ci-dessous. Quant à la suite de l'histoire, le départ du vocaliste Fabio Bocchiddi en pleine tournée contraint le bassiste Andy Marchini à le remplacer au pied levé. C'est sous la forme d'un power-trio que les Italiens enregistreront Above the Light l'année suivante... Vous aimez le techno-death? Sadist est un incontournable.
Black Screams: https://www.youtube.com/watch?v=QbuOGNX1GHA
Dreaming Deformities: https://www.youtube.com/watch?v=hrM5wEpJ_SE
Rédigé par : forlorn | 1991 | Nb de lectures : 2068